1 – Houria Bouteldja développe un discours tendanciellement antisémite  :

A grand renfort d’essentialisme, elle explique dans son livre (p49) qu’on reconnait les juifs (qu’elle présente comme un corps social, concept organiciste cher au national socialisme) à « leur capacité à se fondre dans la blanchéité ». Elle parle ainsi de « leur zèle » à devenir les « dhimmis de la République » qu’elle considère comme « une trahison ». Selon elle « vous [les juifs] avez renoncé à déchoir les blancs de leur trône et leur avez prêté allégeance. ». Lors d’un de ses discours publics à Paris, elle a expliqué qu’il y avait un « sous-problème juif » imbriqué au « problème blanc ».

Comme Alain Soral, elle assimile les juifs à la politique coloniale israélienne (p.51), et entretient une confusion constante entre antisionisme et antisémitisme notamment par la dénonciation d’un « philosémitisme d’Etat ». Dans un tweet du 30 mai 2015, le PIR déclare que « les juifs sont les boucliers, les tirailleurs de la politique impérialiste française et de sa politique islamophobe ».
Tout au long de son livre, Houria Bouteldja entretient un rapport obsessionnel à Hitler et la Shoah, qu’elle considère comme « une religion civile européenne » (« le temps du blasphème est venu », affirme-t-elle p59).

L’essai devient carrément glauque quand elle écrit p.54, toujours au sujet des juifs : « Après tout, vos renoncements vous regardent. Le pire, c’est mon regard, lorsque dans la rue, je croise un enfant portant une kippa.Cet instant furtif où je m’arrête pour le regarder. »

2 – Houria Bouteldja et le PIR sont farouchement opposés aux couples mixtes et rejettent le concept de métissage, qu’ils considèrent comme une arme coloniale. Dans un entretien avec la revue Vacarme, Houria Bouteldja défend à nouveau le « corps social indigène » en affirmant que « la perspective décoloniale, c’est s’autoriser à se marier avec quelqu’un de sa communauté », avec la centralité absolue du mariage comme modèle de relation de couple.
Dans son livre (p.76), elle brosse un tableau apocalyptique des unions mixtes : « Sait-on combien de nos sœurs se sont suicidées, prises dans le feu de la bataille des deux patriarcats ? »
La solution qu’elle propose pour rendre possible les mariages mixtes est la conversion religieuse, qu’elle considère comme la seule option crédible au rééquilibrage des dominations coloniales dans le couple.
Lien : http://www.vacarme.org/article2738.html

3 – Houria Bouteldja et le PIR considèrent que l’homosexualité en tant que catégorie politique comme une arme de la colonisation, utilisée pour diviser le « corps social indigène ».
Elle affirme page 81 : « Les blancs lorsqu’ils se réjouissent du coming-out du male indigène, c’est à la fois par homophobie et par racisme. Comme chacun sait « la tarlouze » n’est pas tout à fait un « homme », ainsi, l’Arabe qui perd sa puissance virile n’est plus un homme. Et ca c’est bien. […] on ne s’étonnera pas de la compétition viriliste et homophobe qui s’installera dans le camp d’en face et qui prendra un plaisir vicieux à surjouer une sexualité fabriquée par le regard colonial « 
C’est tout au long de ce passage qu’elle valide l’idée que le virilisme homophobe puisse être une arme « décoloniale », et qu’assumer son homosexualité puisse être considéré comme une trahison.
Lors d’un passage page 81, elle s’extasie sur l’intervention d’Ahmadinejad à l’ONU où ce dernier affirme « Il n’y pas d’homosexuels en Iran » (après qu’il ait été questionné au sujet d’une série de pendaisons publiques). Dans sa grille de lecture anti-impérialiste et décoloniale, elle qualifie cette réponse de « mensonge artisanal », de « mauvaise foi exquise » face au « mensonge industriel » des américains sur le scandale de la prison d’Abou Ghraib.

4 – Houria Bouteldja défend des positions fortement anti-féministes et profondément réactionnaires en ce qui concerne le statut des femmes, quand elle ne s’oppose pas frontalement aux féministes qu’elle accuse dans son livre p82 de s’attaquer aux «mecs de banlieue » uniquement par « solidarité de race » avec les « hommes blancs », elle n’hésite pas à affirmer à plusieurs reprises que le corps de la « femme indigène » ne lui appartient pas : p72 : »Mon corps ne m’appartient pas. Aucun magistère moral ne me fera endosser un mot d’ordre conçu par et pour des féministes blanches. […] J’appartiens à ma famille, à mon clan, à mon quartier, à ma race, à l’Algérie, à l’islam »
Elle dit ainsi à propos du féminisme que « Nous reprocher de ne pas être féministes, c’est comme reprocher à un pauvre de ne pas manger de caviar. » (http://indigenes-republique.fr/pierre-djemila-dominique-et-mohamed/). Comme si lutte contre le patriarcat était un luxe…
Lors de la soirée de présentation de son livre au lieu dit elle affirme que « les hommes sont sexistes parce qu’ils sont le produit d’un système patriarcal, tout simplement. Pour les hommes de notre communauté, parce qu’en plus il y a le racisme, ils développent un virilisme sans doute plus accentué. » Elle considère ainsi que le sexisme des hommes de « sa communauté » est le fruit du racisme : « Comment agir quand la stratégie de survie du dernier consiste à exposer ses pectoraux, à faire étalage de sa virilité ?» Ainsi les seules perspectives de lutte contre le patriarcat pour les femmes « indigènes » seraient de passer d’une part par l’ « allégeance communautaire » afin d’envoyer un « message clair à la société blanche » et par la simple « négociation entre les hommes et les femmes ». Elle donne ainsi deux exemples de libération de la femme, l’un étant le port du hijab qui serait « l’une des expressions de ce compromis », l’autre étant le mariage avec un homme de sa communauté : « Le sms d’une copine quand elle s’est mariée avec un homme de sa communauté : « Enfin libre ! ». » Quelle autonomie laissée aux luttes féministes !

5 – Houria Bouteldja défend une une conception interclassiste essentialiste et délirante de son fameux « corps social ». Page 26 de son livre, cette attachée commerciale parisienne déclare :
« Je fais partie de la strate la plus basse des profiteurs. Au-dessus de moi, il y a les profiteurs blancs. Le peuple blanc, propriétaire de la France : prolétaires, fonctionnaires, classes moyennes. Mes oppresseurs. Ils sont les petits actionnaires de la grande entreprise de spoliation du monde.
Au dessus, il y a la classe des grands possédants, des capitalistes, des grands financiers qui ont su négocier avec les classes subalternes blanches en échange de leur complicité une meilleure répartition des richesses du gigantesque hold-up et la participation très encadrée au processus de décision politique qu’on appelle fièrement la démocratie »

6 – Houria Bouteldja et le PIR défendent l’alliance avec des organisations réactionnaires nationalistes ou religieuses :
– des groupes comme l’UOIF (qui a lancé des fatwas contre les émeutiers en 2005) et le CCIF, qui compte parmi les principales officines des Frères Musulmans en France, puissante organisation politique, religieuse et conservatrice originaire d’Egypte, aujourd’hui proches d’Ennahdha en Tunisie et de l’AKP de Erdogan.
– des groupes comme Participation et Spiritualité Musulmane, qui a appelé à la Manif pour Tous, soutient l’Alliance Vita (l’un des principaux lobbys français anti-IVG), et dont l’organisation a assassiné des militants étudiants au Maroc dans les années 90.
– le Hezbollah, groupe islamiste chiite et un parti politique libanais qui combat en Syrie au côté de Bachar el-Assad.
Sur Dieudonné : Lorsque le PIR s’exprime sur Dieudonné, il ne lui reproche essentiellement que son alliance avec Alain Soral, en déniant à la fois ce qui précède sa rencontre avec Egalité et Réconciliation, sur le fait qu’il puisse avoir une pensée propre, comme si ne pouvait être antisémite, nationaliste, homophobe et néo-fasciste que sous l’influence du « blanc soralien ».

Voir p.73 à 85 de l’ouvrage « la fabrique du musulman » de Nedjib Sidi Moussa (éditions Libertalia) : https://drive.google.com/file/d/0Bw8s7gWZJrE3dWFNR3NueHV6MkE/view

Sur l’UOIF : https://www.streetpress.com/sujet/1425034331-pourquoi-je-n-irai-pas-au-rassemblement-contre-l-islamophobie-aux-cotes-de-l-uoif
Sur Participation et Spiritualité Musulmane : http://confusionnisme.info/2015/03/03/assez-de-participation-et-spiritualite-musulmanes-dans-nos-luttes/
Sur le PIR et Dieudonné : http://indigenes-republique.fr/dieudonne-au-prisme-de-la-gauche-blanche-ou-comment-penser-linternationalisme-domestique/

7 – Le PIR est un parti autoritaire, réformiste, dont le principal objectif est la captation du pouvoir et l’encadrement des luttes:

Toute la stratégie du PIR et du mouvement décolonial se base sur le fait de promouvoir la race comme catégorie politique, en partant du principe qu’il existerait une démarcation consubstantielle entre ce qu’ils appellent la gauche blanche et les « indigènes », regroupés « naturellement » derrière les militants décoloniaux.

Plus globalement, ce rôle de représentants de la race se concrétiserait par le fait d’assurer la médiation avec les organisations de gauche, qui ne serviraient pour Houria Bouteldja que les intérêts des blancs   (spéciale dédicace aux camarades syndicalistes).

Cet objectif est assumé explicitement dans le point V de leur programme « Un Parti pour construire une Direction politique indigène », dans lequel le PIR décrète :  » La constitution d’une identité politique commune des indigènes exige l’existence d’un pôle unifié représentatif. » qu’ils concrétisent en affirmant que « Le PIR se donne pour tâche de contribuer à la formation d’une Direction politique unifiée. »

C’est depuis ces positions qu’Houria Bouteldja et les cadres du PIR tentent de mettre la main sur la mémoire de la guerre d’Algérie, sur les mouvements de l’immigration des années 70, sur la Marche de 83, et les émeutes de 2005 qu’ils tentent de faire passer pour une révolte raciale et décoloniale.
C’est évidemment autour des meurtres policiers que le PIR essaye aujourd’hui de poser son assise sur la mobilisation via le label de « l’antiracisme politique ». Cette hégémonie et cette fonction de récupération politique est d’ailleurs amèrement constatée jusque dans les groupes et les organisations qui partagent ses analyses sur la race et l’oppression coloniale.
https://quartierslibres.wordpress.com/2017/03/17/tribune-libre-ils-ont-commence-indigenes-ils-sont-maintenant-indigestes-ils-finiront-indignes/

Contrairement à se qu’il prétend vendre par l’amour, le PIR n’a donc absolument rien de révolutionnaire, comme en témoigne son programme (http://indigenes-republique.fr/le-p-i-r/nos-principes/ ) :

• « Le PIR a pour objectif politique l’avènement d’une majorité politique contrôlant les principaux leviers institutionnels et déterminée à engager les profondes réformes institutionnelles, sociales, économiques et culturelles, nécessaires pour poursuivre le processus décolonial, dans ses différentes dimensions, et combattre les inégalités raciales. »

• La fonction d’encadrement, elle, est pleinement exprimée dans le point suivant :  » Le PIR agit pour former et développer un réseau de cadres et de militants politiques aguerris, sérieux, responsables, créatifs et disciplinés. »

• C’est dans cette idée que le PIR a embauchée une société de sécurité privée pour encadrer la Marche pour la Justice et la Dignité du 19 mars 2016. Ce n’est pas une pratique nouvelle : en novembre 2015, durant la Marche pour l’Egalité et la Dignité (annoncée à l’occasion des dix ans du PIR), Houria Bouteldja et les membres du MAFED avaient déjà embauché une société privée pour faire le service d’ordre du cortège.
• Dans une émission radio internet au sujet de la Marche de 2015, Stella Magliani-Belkacem (soutien inconditionnel du PIR dont elle a préfacé l’ouvrage de lancement aux éditions la Fabrique) le clame d’ailleurs haut et fort : « Il n’y pas plus légaliste que nous, on marche en rangs serrés ! » (minute 53 : https://soundcloud.com/user28001656/marche-de-la-dignite-kiyemis-et-stella-magliani-belkacem-chez-bienvenue-chez-oam-radio-fpp)

  • Pour toutes ces raisons, nous appelons à critiquer et s’opposer le plus largement possible à l’intervention d’Houria Bouteldja et des membres du PIR à Rennes 2, ainsi que dans les espaces où le mouvement s’organise.

• Des révolutionnaires rennais-es

PS : Nous pouvons mettre en ligne l’intégralité des pages que nous citons, afin de prouver que ces phrases ne sont en aucun cas « sorties de leur contexte ».