– Samedi 25 février 2017

« Je me suis rendue à la manifestation contre le FN qui a débuté à 15H. Par la suite, je souhaitais rentrer chez moi vers 18h30. C’est alors que j’ai voulu franchir un barrage des forces de l’ordre qui m’ont demandé de montrer, lors d’un contrôle d’identité, l’intérieur de mon sac et ont procédé à une fouille au corps. Je tiens à préciser que j’ai voulu m’y opposer puisqu’ils n’étaient que des hommes, mais ils ont rigolé et m’ont rétorqué que c’était soit eux, soit une longue attente avant qu’une femme arrive. Je me suis laissée faire bêtement n’ayant rien a me reprocher. Il a commencé la fouille en partant de mes pieds et est remonté en insistant fortement sur ma poitrine, il était en train d’éclater de rire avec ses collègues. Je l’ai regardé avec insistance et lui fait comprendre que ça serait bien si il arrêtait immédiatement de me tripoter. À ce moment là, il a sortit sa matraque et a commencé à s’acharner sur mon pied gauche afin que je perde l’équilibre pour retrouver sa place de dominant. Il m’a ensuite laissée partir sans aucun soucis, il avait l’air d’être dans une tranquillité déconcertante. À ce jour, je me retrouve avec une entorse sévère avérée avec suspicion de traumatisme nerveux : déchirure ou extension nerveuse. […] C’était des CRS qui étaient casqués et ils portaient un bouclier. Ils étaient une quinzaine.

[Les policiers contrôlaient de façon] totalement arbitraire, ils m’ont demandé ma carté d’identité que j’ai donné sans broncher. La fouille a duré assez longtemps, d’abord de face et ensuite de dos, et il m’a demandé d’écarter les bras et jambes. Il est passé très vite sur les bras et les jambes et s’est longuement attardé sur mes hanches et poitrine. II y avait quelques personnes qui sont passés sans problème qui n’étaient pas de la manifestation et qui ne faisaient pas vraiment attention à ce qui se passait

Ce qui a déclenché les coups

Le fait que je lui ai demandé d’arrêter de me tripoter, plus une insulte parce qu’il n’arrêtait pas. Oui, il a frappé plusieurs fois jusqu’à ce que je tombe au sol et à continué quelques secondes quand j’étais au sol. Ca les faisait surement rire de me toucher et de me frapper ? Je ne sais pas. Quand j’étais au sol, il m’a sorti « fais pas ta pleureuse » et quand il m’a laissé partir, j’ai entendu de loin « ça vaut bien pour tout ce qu’ils ont cassé » […] Après, je suis rentrée chez moi en boitant. Je suis allée à l’hôpital deux jours plus tard.

Pas de plainte

J’en ai parlé à des amis qui ne sont pas engagés et d’autres si. Aujourd’hui, la justice française est corrompue, les scandales actuels nous soulignent ce fait. De plus, mon contexte familial est compliqué. Mon dossier serait empilé parmi tant d’autre, sans résultat. Je voudrais montrer aux gens que la police n’est pas celle qui nous protège, elle est celle qui nous tue parce que nous sommes des femmes, des étrangers, des musulmans ou des pauvres. Elle protège les intérêts du capital ,de l’Etat et ne remplit plus sa mission première qui est de protéger la population. Le certificat médical je n’en ai pas eu puisque je ne travaille pas et je ne suis plus en cours traditionnel. Je dois revoir mon médecin, je peux lui demander. »

– 3 février 2017

« J’aimerais raconter comment un flic, un CRS, a jugé bon de me foutre sa main au niveau de la chatte pour que j’arrête de leur dire que c’était d’ignobles sexistes suite à leurs insultes, et après qu’il ai tenté de m’exploser la tête sur un rebord de fenêtre, mais pour l’instant je sais pas trop comment faire. […] Je vais vous raconter aussi ce que ça fait quand ils t’embarquent à 4 flics dans une voiture, posent un bouclier devant la caméra juste après que le collègue m’ait agressée, de constater qu’ils en avaient absolument rien à foutre et que ça les faisait rire (ça m’a pas étonnée, faut pas non plus abuser, je connais le fonctionnement de la police). Je vais aussi vous parler de la médecin en GAV (oui, ils m’ont embarquée: outrage. Le flic a dit un truc sexiste auquel je rétorque et c’est moi qu’on embarque pour outrage), qui, quand je lui hurle que je veux aller aux urgences psy me rétorque « oh ben vous avez l’air bien énervée ». Ahah ouais bien vu, y a un flic qui vient de m’agresser et de toute évidence, bien que tu sois médecin, tu t’en fous. Quand je lui raconte ce qui s’est passé, la médecin me dit « oh mais non c’est pas possible, moi je les connais, ils sont tous adorables ». Je vous parle même pas de quand j’ai vu l’officier de police judiciaire pour qu’il m’interroge. Je lui dis ce qu’il s’est passé, encore choquée, et évidemment il minimise mes propos et dit clairement que je mens. Il ne me propose évidemment pas de porter plainte. Mais vous savez ce qui m’énerve le plus? C’est que si je décide de porter plainte (ce que je ferais pas, je connais toujours bien le fonctionnement de la police), on me dira « bah vous pouvez pas le reconnaitre, alors vous foutez quoi là? » (va reconnaitre un CRS sans matricule masqué). Si j’explique que j’ai hurlé suite à l’agression, que y’a aucun moyen que ses collègues aient pas calculé, on m’écoutera pas. Non seulement l’agresseur devrait être jugé (mais pas par la Justice complice hein), mais tous ses collègues présents aussi parce que de toute façon ils le défendent. »

17 mars 2016

« Au cours d’une manifestation, je me suis faite interpeller par la BAC. Un des BACeux m’a trainée au sol sur environ 15 mètres en m’éloignant du cortège, pendant que l’un de ses collègues m’assénait un coup de matraque derrière la cuisse. Ils m’ont relevée, puis m’ont emmenée un peu plus loin. Un des BACeux me dit « tiens, je croyais que vous étiez un garçon ». Un autre répond en rigolant : « d’ailleurs, on n’a pas vérifié si c’était une fille ! ». Un autre renchérit en riant « ah non, on n’a pas vérifié ! ». Plusieurs autres ont rit grassement. Lorsqu’ils ont estimé que nous étions à distance suffisante du cortège, ils ont voulu me fouiller. J’ai refusé en disant qu’ils n’en avaient pas le droit, que je devais être fouillée par une femme. D’ailleurs, eux-mêmes l’avaient dit quelques dizaines de secondes plus tôt, mais comme aucune femme n’était avec eux, ils ont décidé que tant pis, c’est un homme qui me toucherait. Ils ont argué une imbécillité du style « pour une palpation de sécurité, ça peut être un homme, c’est pour une fouille intégrale qu’il faut une femme ». Après atermoiements, j’ai cédé, en me disant que je préférais ne pas aggraver mon cas. J’ai eu tort, même si bien entendu je ne reprocherais jamais à une femme de finir par céder dans ces circonstances.
C’est donc un homme qui m’a fouillé. Pendant la fouille, un des BACeux s’est marré « vous inquiétez pas, vous l’excitez pas du tout notre collègue », un autre a ajouté « il préfère les femmes », ce qu’a répété un troisième. En me palpant le haut du corps, il a effleuré mes seins sur le côté. Quand bien même il n’a pas spécialement insisté sur l’ensemble de la fouille ni sur mes parties intimes, je refuse de minimiser son attitude et la dégueulasserie de ses mains sales. C’est un homme qui m’a fouillée, c’est un attouchement, point.

9 Juin 2016

« Interpellée au cours d’une nasse, c’est la BAC qui s’est chargée de s’amuser. Après m’avoir sortie de la nasse, un membre de la BAC est resté près de moi en attendant de m’emmener vers le fourgon cellulaire. Alors qu’on ne bougeait pas et que j’étais menottée aux serflex, il me tenais néanmoins le bras, pas fermement, au contraire, très doucement.
N’appréciant pas ce contact, je lui ai demandé: « vous êtes obligé de me tenir alors qu’on n’avance pas ? ». La réponse a fusé aussitôt « oh bah oui, on part en parade nuptiale ! ».

Le 16 juin, devant le tribunal correctionnel de Nantes, j’ai fait part aux magistrats présents du premier récit ci-dessus. Le 20 décembre, j’ai fait de même pour le second récit. Lesdits magistrats m’ont écoutée sans réagir. J’accepte donc que ces récits servent à d’autres que moi pour des procédures judiciaires ou pour tout autre situation qui l’exigera.

[…] De la même façon que les meurtres et mutilations policières sont largement impunis, les violences sexuelles faites aux femmes par les policiers ne sont pas non plus sanctionnées, si tant est qu’elles arrivent sur le bureau du juge. Parce que la justice ne peut pas croire que les représentants de l’ordre soit capables de telles horreurs, ou bien parce que l’admettre ébranlerait la confiance des citoyen-ne-s envers « leur » police, elle ne traite que très peu ces affaires, et quand elle le fait les condamnations sont fort rares. Ces témoignages peuvent donc être produits en justice afin d’appuyer l’argument selon lequel les violences sexuelles faites aux femmes par les flics existent bel et bien et sont même tout à fait banales. En outre, faire part publiquement des attouchements subis par la police peut permettre que d’autres prennent la parole à ce sujet, que d’autres femmes ne se sentent non pas honteuses de s’être faites toucher, mais scandalisées et en colère. A vrai dire, quand j’ai fini par me laisser palper par un BACeux, j’étais un peu mal après, en me disant que je n’aurais jamais du le faire, que j’ai céder aux pressions bêtement. Bref, je me sentais faible. Je regrette tout de même d’avoir cédé, mais je n’en ai plus honte. Nous n’avons pas à avoir honte de quoi que ce soit que peuvent nous infliger ces représentants du patriarcat, mais nous pouvons être en colère et combattre leurs humiliations sexuelles pied à pied.
L’idée, c’est aussi que ces exactions commises par la police soient connues de toutes et tous. Plus il y aura de récits de victimes d’agressions sexuelles par la police, plus il sera difficile d’arguer que ce ne peut être le fait que de quelques policiers, qu’ils ne sont pas tous comme ça, et qu’il ne faut pas faire de généralité.
[…] Si la police est garante de l’ordre, alors le fait de manifester, par différents moyens, sa volonté de domination sur les femmes, fait d’elle la représentante du patriarcat. Oui les policiers, de par l’usage effréné de leurs armes de guerre, de par leur attitude envers les femmes allant du regard graveleux aux attouchements et au viol, de par leur façon de se comporter en hommes virils qui posent leurs couilles sur la table, de par leur excitation crade au combat, sont bien les archétypes de l’homme machiste et concupiscent. C’est tout ce qu’ils représentent qui fait de mon féminisme un combat profondément anti-flic.