Appel anarchiste contre le sommet du g20 à hambourg
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : Actions directesContre-sommetsContrôle socialFrontexGuerreImmigration/sans-papierEs/frontieresResistances
Lieux : HambourgInternational
Ils ressentiront la rage de la rue lorsqu’ils se dépêcheront d’envoyer leurs troupes dans les rues désertes et discuteront des attaques nocturnes de ces dernières semaines [1].
Cet appel ne veut pas se perdre comme tant d’autres dans des rencontres similaires, dans une analyse de la rencontre du G20 ou de la politique menée par leurs participants. L’injustice dans le monde a déjà été mille fois commentée et celui qui ne ressent aucun besoin de passer à l’action n’a pas besoin d’un énième texte.
Nous voulons parler de ceux qui sont déjà impliqués dans la lutte contre le capitalisme et ses États étant en conformité avec leur société – donc nous souhaitons parler des États-Unis.
Depuis Seattle en 1999, les contre-sommets étaient un catalyseur de la révolte radicale, des individus et des groupes se réunissaient, discutaient, étaient soudés derrière les barricades et ramenaient les flammes de la révolte dans leurs régions. De même que les coups de feu de Göteborg et de Gênes, ou les nombreux indic’ qui se sont introduits clandestinement n’ont pas pu mettre un coup d’arrêt au développement d’un réseau émeutier dans toute l’Europe des courants autonomes, anarchistes et anti-autoritaires.
Puis des critiques de l’événement ont commencé à circuler, comme si quelqu’un avait justement plaidé pour agir en touristes de l’émeute dans une ville quelconque. C’est au milieu d’effluves de champagne de quelques gestionnaires du mouvement que les manifs contre le G20 ont été préparées à Cannes et à Nice en 2011. Il fallait que tout change, s’améliore, se politise. A l’époque, aucun retour ni aucune analyse n’a par la suite été diffusé. La résistance s’était arrêtée purement et simplement, il y avait seulement les ONG habituelles qui passaient leur programme.
Désormais, c’est donc à Hambourg que ça se passe, et les responsables meurtriers du quartier général des services secrets, les services de police et les commandements militaires se tirent les cheveux. Ils craignent que nous venions. Mais nous n’avons pas de leadership qui peut être éliminé, notre résistance ne dépend pas du comportement de cadres de quelques individus isolés. Peut-être que rien ne se passera si toi, qui lis ce texte en ce moment, ne vas pas t’activer. N’attend pas que d’autres personnes préparent quelque chose à ta place, de sorte que tu n’es plus qu’à bondir dessus.
Il y aura sûrement une grande manif d’idiots de la gauche, qui veulent mettre en scène leur rituel démocratique, comme un certain M. Marx ou Lénine l’avaient appliqué il y a 150 ans. Et peut-être que nous serons là aussi, à la manif, ou aux abords, ou derrière les lignes des flics. Il y a encore du temps pour y réfléchir et s’y préparer.
En revanche, nous appelons à une campagne en vue du G20 contre toute forme de domination. Nous voulons détruire jusqu’au mois de juillet 2017 (et même si ça ne peut être que symbolique….) la domination du patriarcat sur les femmes, la domination de l’État aux frontières et dans les centres urbains, la domination du travail sur nos vies quotidiennes, la domination de l’argent sur nos comportements au sein de la société, la domination des marchandises sur nos vies, la domination des flics dans nos têtes quant à la peur de la répression.
A Hambourg et dans chaque ville et village, un nombre interminable de cibles se prêtent à la destruction., donc nous devrions commencer maintenant. Ainsi, en juillet 2017, le fossé entre le monde du G20 et le reste du monde sera devenu si grand que nous n’aurons plus besoin de contre-sommet pour nous retrouver. La campagne combative contre le G8 à Heiligendamm en 2007 pourrait servir de modèle car, mis à part une procédure d’enquête absurde, elle a transmis une nouvelle génération de combattant-e-s par des actions clandestines auto-déterminées et les reculs des flics de Rostock fuyant une pluie de cailloux, un sentiment de notre propre force et des possibilités d’organisation horizontale.
De plus, nous appelons également à un approfondissement théorique de notre praxis, où la présence ou l’absence d’anarchie devrait être revue quant à son acceptation, lors des révoltes comme en France récemment, des spectacles comme en mars 2015 à Francfort, des rituels comme le 1er mai, ou des luttes de quartier au quotidien ou dans la lutte contre les nazis. Car partout où nous ne sommes pas présents, nous ne pouvons pas nous plaindre de la prédominance des réformistes. Là où l’on trouve seulement des phrases vides de sens accompagnées d’un (A), le bavardage superficiel au sujet du « consensus d’action » peut se faire entendre par des distanciations qui s’en suivent. Un tel discours devrait dépasser les rares références au G20 faites jusqu’à présent (et qui méritent d’être saluées) dans les communiqués de revendication d’attaque.
Notre lutte contre le sommet du G20 ne cherche à remporter aucune « victoire », au sens d’empêcher la tenue de cet événement. Cela pourrait tout simplement être le début de quelque chose qui pourrait aussi commencer n’importe quel autre jour : l’auto-détermination de l’individu sur l’existant et l’auto-organisation dans les structures collectives. Il faudrait faire attention à ne pas restreindre l’appel à cela, donc,
Attaquons le G20 !
Dévastons Hambourg !
Détruisons l’Europe forteresse !
[Traduction de l’allemand de linksunten indymedia.org]
NdT :
[1] Dans cet appel publié fin août 2016, les compagnon-ne-s font référence aux attaques nocturnes contre le sommet du G20 réalisées les semaines précédentes. Nous en faisons une liste, forcément incomplète, ci-dessous :
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Hambourg, 30 mai 2016 : le commissariat en pré-fabriqué du quartier de Rissen est en partie incendié. Les dégâts sont importants.
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Hambourg, 6 juillet 2016 : deux guichets automatiques de la HVV, compagnie de transports de la ville, sont incendiés.
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Berlin, 15 août 2016 : la permanence électorale d’un politicard du SPD (soc’-dém) et l’agence de l’entreprise ‘Krüger’, qui tirent profit du contrôle et de l’enfermement des prisonniers, perdent leurs vitres. Davantage d’explications de l’action sont détaillées dans le communiqué.
Pour donner un plus large aperçu de la conflictualité en lien avec le prochain G20, nous avons choisi d’actualiser cette chronologie d’actions directes et de désordre en vue de la réunion des puissants à venir. Elle s’arrête à la fin de l’année 2016.
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Berlin, 8 septembre 2016 : incendie d’une antenne-radio de la police fédérale.
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Hambourg, 23 septembre 2016 : des voitures personnelles du chef de police, Enno Treumann, qui sera notamment en charge des opérations de maintien de l’ordre lors du G20 début juillet prochain à Hambourg, ont été détruites par le feu. Le communiqué de revendication de l’attaque ici.
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Dresde, 3 novembre 2016 : un collabo de l’armée part en fumée. Il s’agit d’un véhicule de THYSSENKRUPP, entreprise connue pour son implication dans l’industrie d’armement.
- Berlin, 6 novembre 2016: incendie de plusieurs véhicules de la DEUTSCHE TELEKOM, connue pour apporter un soutien technique et logistique à l’agence de sécurité européenne FRONTEX.
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Berlin, 12 novembre 2016 : un collabo de l’armée et des frontières, THALES, perd un véhicule dans un incendie. Comme le dit si bien le communiqué de revendication, il s’agissait « de prendre le philosophe de la Grèce Antique aux mots : ?νιαρ?ν ?ργ?α (« l’inactivité est une souffrance). ».
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Berlin, 23 novembre 2016 : Attaque des nouveaux bureaux de l’entreprise de btp HOCHTIEF.
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Berlin, 25 novembre 2016 : incendie d’une pelleteuse de chantier à la Cuvry-Brache, symbole de la gentrification
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Hambourg, 26 novembre 2016 : un groupe d’individus masqués attaquent la « Messe », le pavillon d’exposition qui doit accueillir dans moins de deux semaines un sommet de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). C’est aussi le bâtiment dans lequel se tiendra le sommet du G20 début juillet prochain. Cf Photos des dégâts et texte en français.
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Athènes (Grèce), 30 novembre 2016 : le bureau de l’entreprise de sécurité S.C.S, situé dans le quartier de Zografou, perd ses vitres.
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Leipzig, 6 décembre 2016 : trois véhicules de la police municipale (« Ordnungsamt ») sont incendiés sur un parking.
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Berlin, 7 décembre 2016 : Attaque incendiaire contre le bureau de police de recouvrement des amendes
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Lund (Suède), 27 décembre 2016 : Banque attaquée en vue du G20 à Hambourg.
Du 10 au 14 septembre 2003, avait lieu le sommet de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) à Cancun (Mexique). Auparavant, du 4 au 6 septembre, les ministres des affaires extérieures de l’Union Européenne se réunissaient à Riva del Garda, une petite ville de la région du Trentino (nord de l’Italie), afin d’adopter une position commune. Des anarchistes de Rovereto – la “grande ville” la plus proche de Riva, avec Trente – ont rédigé le texte ci-dessous à propos des sommets en général et de celui-ci en particulier.
L’illusion d’un centre
Le capitalisme est un rapport social et pas une citadelle des puissants. C’est en partant de cette banalité qu’on peut affronter la question des sommets et des contre-sommets. Représenter la domination capitaliste et étatique comme une sorte de quartier général (s’agissant du G8, de l’OMC et de n’importe quel autre organisme similaire) est fonctionnel pour ceux qui voudraient opposer à un tel centre de décision un autre centre : les structures politiques du soi-disant mouvement ou, mieux, leurs porte-paroles. En somme, c’est fonctionnel pour ceux qui proposent simplement un changement de personnel dirigeant. Cette logique, en plus d’être réformiste dans son essence et dans ses fins, se révèle collaborationniste et autoritaire dans ses méthodes, puisqu’elle vise à centraliser la contestation. De là découle l’intérêt, pour ces sinistres [1] opposants si impatients d’être entendus par les “maîtres de la terre”, d’investir de l’argent et faire du battage politique autour des sommets dans lesquels les puissants se donnent de plus en plus souvent rendez-vous avec leurs comparses. Qu’au cours de ces sommets il s’agisse simplement de formaliser des décisions prises ailleurs ne perturbe certainement pas les différents représentants des “social forum” : du reste, même leur opposition est totalement formelle, consistant en des séminaires payants dans lesquels on démontre que le néolibéralisme a tort et que l’humanité a raison ou, pour les plus vifs, en quelque performance combative opportunément accordée par la police. D’ailleurs, comment une contestation subventionnée par les institutions, représentée par des conseillers municipaux et des parlementaires, et protégée par les fossoyeurs historiques du mouvement ouvrier (on fait référence ici au service d’ordre confié à la CGIL [la CGT italienne ; NdNF] en collaboration avec les flics) pourrait-elle être réelle ? Le paradoxe est qu’on appelle les gens à descendre dans la rue au nom d’un autre monde possible, avec pourtant l’intention… qu’il ne s’y passe absolument rien. Chaque fois qu’une foule plus ou moins océanique se déplace placidement, surveillée à vue, on crie que c’est une grande victoire pour le mouvement. Pourtant ces pacificateurs sociaux savent très bien que leur capacité à se poser comme des interlocuteurs des institutions ne dépend pas tant du nombre de personnes qu’ils rassemblent dans la rue (des millions de manifestants contre la dernière agression militaire contre l’Irak n’ont pas beaucoup préoccupé les gouvernements impliqués dans la guerre), mais plutôt de la force de médiation et de répression qu’ils réussissent à mettre en pratique – ou à justifier – contre toute rébellion sociale. En fait, si on parle tant des sommets et des contre-sommets, si les représentants des social forum sont accueillis aux tables des négociations et flattés par les médias, c’est uniquement parce qu’à Seattle pour la première fois puis à d’autres occasions, il s’est passé quelque chose : des milliers de compagnons et de jeunes pauvres ont attaqué les structures du capital et de l’État, ont renversé les plans policiers de l’urbanisme ouvrant des espaces de communication et se sont affrontés avec les serfs en uniforme. Sans cette menace subversive – signe, au même titre que les nombreuses explosions insurrectionnelles qui ont secoué les dernières années, de l’époque dans laquelle nous sommes entrés – les dirigeants ne sauraient que faire des différents Casarini et Agnoletto [strong]. Ne s’est-il pas passé quelque chose d’identique avec les syndicats ? Écoutés et engraissés par le capital lors des périodes de grande conflictualité sociale dans le but de diviser, démoraliser et dénoncer les prolétaires rebelles, ils ont été rangés au grenier dans des temps plus récents ; c’est pour cela qu’ils sont maintenant contraints de gueuler à nouveau contre ces attaques patronales qu’ils ont eux-mêmes justifiées et ratifiées.
la suite là : http://www.non-fides.fr/?Notes-sur-les-sommets-et-les
Il fallait bien que les donneurs de leçons de non-fides viennent mettre leur grain de sel…
Ielles n’ont rien de mieux à faire que de troller Indy Nantes?
Marx et Lénine n’auraient rien voulu d’autre que “mettre en scène leur rituel démocratique” ? Décidément la culture, c’est comme la confiture…
Je me permet de copier ce lien vers un teaser (en anglais) appelant au contre-sommet : http://www.liveleak.com/view?i=fa9_1485352794
Teaser initialement publié ici : https://nantes.indymedia.org/articles/36731