Intervention anti-raciste dans un local marseillais (mille bâbords)
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Category: Global
Themes: Actions directesAntifascismeRacismeResistances
Places: Marseille
ANTI-RACIALISATEURS ET ANTI-RACIALISATRICES STAY et PROTECT your HOME !
Anti-racialisateurs et anti-racialisatrices vous n’aurez jamais la parole, vous n’aurez jamais notre écoute parce que :
Le capitalisme se fonde sur le pillage, l’esclavage et le colonialisme. « L’abolition de l’esclavage » et les « décolonisations » n’ont pas démoli le racisme structurel et ses répercussions pour le moins d’actualité. Les privilèges des pays occidentaux impérialistes demeurent à un niveau international. Nous refusons votre vision européano-centrée et réactionnaire de la lutte des classes. Il vous suffirait de sortir de votre entre-soi confortable pour voir la réalité dans les rues de Marseille. Nous refusons votre course à l’opprimé et votre incapacité à reconnaître vos privilèges de petits gauchistes blancs de classe moyenne. Nous n’avons pas de temps à perdre avec les négationnistes. Nous saboterons toutes vos initiatives.
Nous revendiquons notre autodétermination, notre émancipation, notre libération par nous-mêmes et pour nous-mêmes. Nous n’avons pas besoin de votre validation quant aux termes que nous utilisons pour définir qui nous sommes, ce que nous sommes et ce pour quoi nous luttons.
En somme on vous chie dessus bande de racistes réactionnaires négationnistes néo-colons…. Finalement il va vous falloir assumer : Vous n’êtes qu’un des bras armé (de vos claviers) de la république laïcarde qui nous fait gerber !
« Le capitalisme se fonde sur le pillage, l’esclavage et le colonialisme ».
Certainement pas ! Confondre causes et conséquences n’a jamais rien valu à tous points de vue ! Le capitalisme se fonde sur l’exploitation d’une classe ne possédant que sa force de travail à vendre par une autre classe qui possède les machines, le Capital pour utiliser cette force de travail. C’est là le principe central de la lutte des classes, et pas une soi-disant « lutte contre le racisme » qui ne mène, en ce qui concerne les auteurs de ce texte, qu’à essayer de retourner le racisme contre d’autres ! Le racisme, ça n’est pas considérer qu’il existe des « races supérieures », c’est considérer que les divisions sociales sont fondées sur des critères physiques comme la couleur de la peau ! Et les auteurs de ce texte sont racistes quand ils parlent des « blancs », que ça leur plaise ou non !
Quant à parler de « classes moyennes », on peut attendre longtemps la définition de ce que signifie ce truc-machin inepte ! Je connais le prolétariat, la bourgeoisie, la paysannerie et la petite-bourgeoisie : ce sont des catégories sociales qui sont clairement définissables. Les « classes moyennes », qu’est-ce que c’est ?
« Les privilèges des pays occidentaux impérialistes », on aimerait les connaître ! C’est beau de traiter d’autres de « petits gauchistes blancs » sans savoir d’ailleurs ce que ça signifie, mais l’idée qu’il existerait des « pays privilégiés » et des « pays impérialistes » – et donc d’autres qui ne le seraient pas ! -, ça sort de chez les Gauchistes staliniens, justement, tous ceux qui reprennent l’idéologie du PCF en s’en démarquant sur sa « gauche »! Il faudrait peut-être un jour pour les auteurs de ce texte arrêter la bêtise et l’ignorance et comprendre un tout petit peu ce qu’ils écrivent ! Pour l’édification des foules, ça fait longtemps que les révolutionnaires savent que TOUS LES PAYS SONT IMPÉRIALISTES, du plus petit au plus grand !
On peut dire que le tableau politique laissé par les auteurs de ce texte est plus qu’édifiant, et comme souvent, ils accusent les autres d’être… ce qu’eux-mêmes sont : des petits-bourgeois racistes et réactionnaires !
C’est même pas un fake, au delà ce que l’on peu penser du débat, ces gens là ont décidé de casser la vitrine et de défoncer la bibliothèque d’un lieu qui accueille les collectifs issus de luttes sociales à Marseille depuis plus de 20 ans.
Le plus absurde c’est que ce lieu héberge aussi bon nombre de groupes questionnant la réalité du racisme et les auteurs de ce texte ont décidé de gazer des gens participants aux débat qui étaient venu critiquer le texte d’appel à cette réunion.
Et le pire de tout ça c’est qu’ils finissent par se venter fièrement de leur idiotie sur des médias militants.
agression qui est tout sauf “”Anti-Raciste””
sinon point autre : des modos ont censuré pour moins que ça ici
Révolutionnaires contre le racialisme et son immonde
S’opposer au racialisme : discussion
*Face à l’atonie généralisée, il s’agit d’amorcer la discussion pour trouver comment refuser plus efficacement la logique racialiste qui ne peut, au mieux, qu’accompagner le devenir du capitalisme, et d’aider à tracer des lignes de démarcations pour ouvrir un champ d’intervention possible.
Le texte intitulé Jusqu’ici tout va bien ? (disponible sur tuttovabene.noblogs.org) est une prise de position minimale écrite cet été dans une dynamique de regroupement d’horizons politiques et géographiques variés. Il a été diffusé pour susciter discussions et prises de positions, pour servir de point de départ à l’expression large et ferme d’un clivage nécessaire et d’un refus commun indispensable pour rouvrir les perspectives révolutionnaires qui font particulièrement défaut en cette période.
L’analyse qui y est développée ne fait que se confirmer. De l’intérieur des milieux militants comme à travers l’idéologie dominante véhiculée par les médias ou les instances de pouvoir, le communautarisme et les identités se retrouvent promues comme antidotes face au manque partagé de perspectives, l’antisémitisme se normalise en même temps que l’excuse religieuse et communautaire à l’homophobie ou au sexisme. La ségrégation se présente comme l’alpha et l’omega de l’antiracisme. On fait délibérément table rase de ce qui a pu se construire dans les luttes de l’immigration depuis les années 70 — dont aucune ne fut « racialisée » ou « racialisante » — dans lesquelles l’autonomie passait aussi par comment se nommer et par le choix au moins partiel des terrains de lutte et des manières d’y mener bataille. Personne alors ne se considérait comme « racisé » ni ne défendait la religion en protestant contre « l’islamophobie ».
Aujourd’hui un paternalisme dégoulinant règne dans les rapports aux migrants. Le fait qu’ils soient en lutte ou pas n’est même plus la question.
On mythologise les « quartiers populaires » comme d’autres les diabolisent et on essaye désespérément d’atteindre ou d’enrôler ce qui est désormais considéré comme radicalement « autre », en se rangeant derrière des leaders auto-proclamés des « vrais jeunes de banlieue » auxquels quelques naïfs et beaucoup de politiciens accordent une légitimité aussi utile à la carrière des uns et des autres que réellement aberrante.
Alors que beaucoup se représentent et se comportent comme les « petits blancs » du cauchemar racialiste qu’ils contribuent à construire et à diffuser, il est de bon ton dorénavant de différencier systématiquement les « jeunes des quartiers » des « militants », comme si les militants ne pouvaient pas provenir des banlieues et comme si les habitants des banlieues ne pouvaient pas être militants, comme si la question se situait au niveau de ces identités faussement évidentes à prétention sociologique, dans une lecture aussi simpliste que fausse et stérile qui renvoie les uns et les autres à de pathétiques stéréotypes confits d’impuissances.
Dans cette pauvre époque, « le prisme de la race » prospère en même temps que la néo-bourgeoisie en mal d’ascension sociale et politique qui en fait la propagande, l’université devient le lieu privilégié d’inspiration des militants, des communicants en politique sont promus égéries de la révolution, des spectacles de stand-up pitoyables se font passer pour des moments d’élaboration subversive, les alliances les plus incongrues, y compris avec des officines de propagande religieuse comme le CCIF ou des associations d’entrepreneurs de banlieue comme les « Pas sans nous » semblent s’imposer comme nécessaires, les problématiques de la « discrimination », bien qu’intrinsèquement réformistes et internes au capitalisme et à l’État semblent être devenues le seul axe acceptable de critique de ce monde… et la confusion s’accroît.
Le texte Jusqu’ici tout va bien ?, qui n’a que l’ambition raisonnable d’initier débats, réflexions et discussions à poursuivre pour clarifier les positions, a été majoritairement refusé sur les différentes plateformes militantes pour des raisons aberrantes (quand les raisons ont été données). Nous invitons tous ceux qu’il intéresse à le diffuser par les moyens de leur choix, à s’en emparer et à le prolonger comme bon leur semble.
C’est pour poursuivre la proposition qu’un débat est organisé :
Vendredi 28 octobre à 19 h
à Mille Bâbords
61 rue Consolat, 13 001 Marseille
tuttovabene chez riseup.net
le “””racisme structurel””” existait il avant les colonisations, avant le capitalisme ?
Tentative de mise à sac, coups, gazage et vitrine détruite
Vendredi 28 octobre se tenait sur Marseille, dans le local militant « Mille Babords » une réunion publique autour du texte « Jusqu’ici tout va bien ? ». La discussion n’avait pas encore commencé lorsqu’un groupe
d’une trentaine de personne a fait irruption dans le lieu. Ce groupe entendait empêcher la discussion prévue et à fait ce qu’il a pu, par des manœuvres aussi pénibles que ridicules, pour y parvenir.
Après l’encerclement de l’assistance sous forme de happening, dans un simulacre de nasse, des cris et slogans divers ont fusé : « Notre race existe », « Ce débat n’aura pas lieu », « Pas l’histoire vous ne
referez », « Votre avis on s’en fout », « Regardez vos privilèges », « On reste, on existe », « Négationniste » (dont nous ne savons s’il s’agit d’une assignation ou d’un mot d’ordre). Le tout accompagné du lâché d’un court texte au format A6 (voir photo). Face à notre patience amusée, le premier acte de leur tragi-comédie
n’ayant pas donné les résultats escomptés, la phase 2 a commencé. Aux insultes ont succédés les boules puantes, et des coups répétés, dont certains au visage avec arme, des chaises ont été jetés sur l’assistance, les tables ont été systématiquement jetées au sol, y compris sur une personne en béquille, du gaz lacrymogène a été répandu dans le local et des personnes ont été gazées au visage (yeux et bouche). Les tables de presse, la bibliothèque de Mille bâbords ont été saccagées, des revues et des livres jetés et piétinés. Et pour terminer, ils ont défoncés la vitrine du local.
Lors de l’agression, les « petit-e-s blanch-e-s » du racialisme « détenteurs-trices de leur privilège » attendaient dehors « en observation » pendant que les « tirailleurs » de l’identitarisme se présentant comme “racisé-e-s” étaient à l’intérieur à la manoeuvre. Si ce n’est pas le fruit du hasard c’est sans doute qu’on est jamais mieux racialisé que par soi-même.
Malgré cette attaque, une intéressante discussion a finalement pu se tenir, comme ce sera le cas partout et à chaque fois que cela s’avèrera nécessaire. Face à ces actes extrêmement graves, dont le but avoué est d’empêcher toute discussion critique sur le racialisme, chacun, politiquement et pratiquement, est appelé à prendre ses responsabilités.
N’hésitez pas à contacter Mille Babords pour leur apporter tout votre soutien.
Des organisateurs et des participants à la soirée
Les Je-suis-Charlie, les petits Zemmours et Onfray du milieu gauchiste ont enfin eu ce qu’il méritait.
Facile de pleurnicher et de parler de “débat dans le calme” lorsqu’on ne se mange pas le racisme dans la gueule et que vos fesses ne sont pas dans la ligne de mire.
Bah ouais, écraser les concernés en parlant plus fort qu’eux pour dire de la merde c’est violent, et ça vous revient dans la gueule !
CHEH !!!!!
http://www.hostingpics.net/viewer.php?id=521289image11.jpg
Il a fallu retirer pas mal de commentaires encore une fois;
encore une fois, non indymedia nantes n’est ni un défouloir ni un foirum. Le texte a été validé sans connaissance de ce qui s’est passé sur place ni comment l’ont vécu les différent-e-s protagonistes. Sa validation n’est pas une prise de position. Nous ne sommes pas journalistes, pas plus que des cautions. D’autres commentaires permettent de comprendre ce qui s’est passé, et permettent aux lecteurices de confronter les deux réalités et se faire leur propre opinion. Pour éviter de continuer dans un mode trollage insultant nous passons les commentaires en mode “validation à postériori”. Il est donc toujours possible de commenter, mais ne seront validés que les commentaires qui apporteront un suplément d’inforation (pas de délation) ou bien une explication politique. Et comme nous ne passons pas notre vie sur l’ordinateur, ce ne sera pas fait instantanément.
Le fait que des copins et des copines de marseille revendiquent leur action n’est surement pas pour “se venter fièrement”. Mais vous avez lu ou pas l’article de Mille Babords qui presente l’initiative?!!! http://www.millebabords.org/spip.php?article29999
Ou l’article en question?!!! https://tuttovabene.noblogs.org/
Un article où ils soutiennent que parler de “racisme”, “islamophobie”, ou “post-colonialisme” soit RÉACTIONNAIRE!!! Et cet article n’était pas “objet de debat” mais la “base minimale” à partir de laquelle parler de racisme! La question n’est pas si c’est légitime ou pas attaquer un lieu soit disant militant, mais comment un debat à la limite de la faferie a été accepté par ce lieu!!!! D’ailleurs ce n’est pas la premiere fois que ce lieu reçoit des critiques pour la publications d’articles douteuses! Pendant que l’extreme droite prendre de plus en plus de pouvoir, on doit aussi voir des “militants” faire rentrer ces thématiques de merde dans le milieu radicale sous le voile de discours révolutionnaires??!!!!
Vendredi 28 octobre 2016 avait lieu à Mille Bâbords un débat à partir du texte « Jusqu’ici tout va bien » dans le cadre d’une soirée intitulée « S’opposer au racialisme : discussion ». Dès le départ de la soirée, un groupe de personnes a fait violemment irruption dans le local dans le but d’empêcher le débat, en hurlant notamment « La discussion n’aura pas lieu ». Voir le tract laissé sur place.
Résultats : livres et revues piétinés, affiches arrachées, tables renversées, coups et menaces, utilisation de gazeuse, vitrine brisée volontairement…
Depuis 16 ans que Mille Bâbords existe et que des débats (très) contradictoires s’y déroulent, c’est la première fois qu’une attaque physique se substitue à l’échange d’arguments même vifs. Indépendamment de la question de fond, les méthodes mises en œuvre sont inacceptables.
Quelle que soit la discussion, la porte reste ouverte dans le respect des personnes et des objectifs mentionnés dans la charte : « Le champ que Mille Bâbords se propose de couvrir est celui de toutes les pensées et mouvements engagés dans une critique et une lutte contre les différentes formes d’exploitation, d’oppression, d’injustice, d’aliénation physique et morale. »
Dans ce cadre, et en accord avec la multiplicité des positionnements politiques des membres de l’équipe de Mille Bâbords, l’association se refuse à s’inscrire dans un courant politique particulier. Elle continuera à accueillir des débats et événements en adéquation avec sa charte.
Les personnes qui se reconnaissent dans le projet de Mille Bâbords peuvent manifester leur solidarité morale et/ou financière. Nous ne solliciterons pas notre assurance – les dégâts s’élevant à plusieurs centaines d’euros – qui exigerait un dépôt de plainte auquel nous nous refusons évidemment.
L’équipe de Mille Bâbords, Marseille le 30 octobre 2016
http://www.millebabords.org/spip.php?article30041
https://mignonchatonblog.wordpress.com/2016/08/29/pour-en-finir-avec-le-mot-racialisateur/
Face à l’émergence politique de la question raciale en France, on peut voir se dégager plusieurs types de réponses de gauche, qui ont toutes en communs d’être des d’avatars « respectables » d’un même discours raciste. Un même discours raciste qui fait des immigrés et des fils d’immigrés des facteurs de division et qui justifie leur invisibilisation, donc leur exclusion de la sphère politique.
Mais c’est encore le raciste Alain Soral qui synthétise le mieux ce discours, citons le donc ici :
« Le regroupement familial ne fut pas une naïveté humaniste de grand bourgeois qui plane, mais un projet pervers, dégueulasse : transformer les banlieues rouges à très forte conscience et solidarité de classe (avec un PCF à 30 %) en banlieues beurs.
Car on ne dira jamais assez à quel point la maghrébisation, l’africanisation, la tiers-mondisation de la France ont fait baisser vertigineusement le niveau de civisme et de civilité de la population française. » [1]
Alain Soral, peu soucieux de parler d’exploitation et de restructuration du capitalisme et de l’organisation du travail, met sur les dos de l’immigration la détérioration de la conscience de classe. Discours raciste- populiste classique dira t- on, mais pourtant ce discours n’est pas cantonné à l’extrême- droite si l’on y regarde de plus près. Nous allons voir comment cet argument de la division, au cœur de ce discours, est repris à gauche, et même à l’extrême- gauche sous des formes respectables.
Le discours humaniste social- démocrate [2] fait du racisme une cause morale abstraite, soluble dans un grand fourre- tout qui regrouperait indistinctement toutes les formes de dominations, réduites à de simples discriminations [3] et les dépolitise ainsi en empêchant de les analyser dans leurs spécificités respectives.
Il est assez proche, finalement, du discours anarchiste- individualiste à ce sujet, dans la mesure où l’anarchisme individualiste ne s’est ouvert ni à la critique de l’économie politique (comme les communistes- libertaires), ni aux sciences- sociales : dépourvue de méthode et de critique de la méthode, ce courant est donc resté bloqué au paradigme de la philosophie des Lumières et sa réflexion est essentiellement moraliste.
De façon assez parlante, l’anarchisme-individualiste et la sociale- démocratie ont également en commun le fait d’être les courants idéologiques les plus virulents contre la non-mixité politique, allant jusqu’à la comparer au fascisme [4].
De son côté, le discours marxiste- orthodoxe [5], s’il n’essaie évidemment pas d’évacuer en douce la question de classe, essaye d’y inféoder la question raciale en faisant du racisme un simple faux discours dont le seul effet néfaste serait de briser la solidarité au sein du prolétariat. Le racisme n’est donc pas traité pour lui- même, comme rapport de domination particulier, mais comme simple idéologie, qui ne serait problématique que du point de vue de la classe.
Bien que ces discours soient de gauche, l’accusation de division, typique de l’argumentaire raciste, n’est jamais bien loin. Pour la gauche, le racisme reste au mieux une lutte secondaire, et sa mise sous tutelle paternaliste est obligatoire. Les racisés doivent accepter de rester de simples victimes du Racisme, dont on prend généreusement soin comme les petits- enfants de l’aide humanitaire, et ne doivent surtout pas tenter de se constituer en sujets politiques autonomes. Dès que les racisés n’acceptent plus de dissoudre la spécificité de leur oppression et de la rendre invisible ou secondaire voila que les potes d’hier auxquels il ne fallait pas toucher deviennent soudain ni plus ni moins que les nazis d’aujourd’hui pour avoir commis le crime de prétendre s’organiser en non- mixité.
Cette nostalgie de l’unité et de la conscience de classes perdues que déplore Alain Soral est partagée par de nombreux gauchistes qui, au lieu d’en rendre l’immigration responsable comme le fait l’extrême- droite, adoptent le discours, plus respectable, d’en rendre les mouvements antiracistes responsables. Ce sont donc les luttes spécifiques qui feraient barrage à l’unité du prolétariat. Au sujet de ce mythe de l’unité du prolétariat nous avions écrit :
Pour résumer, il faut bien comprendre que le prolétariat n’a pas été crée en bloc à un moment X originel, puis divisé artificiellement à un second moment Y par un faux discours dont il suffirait de dévoiler la fausseté pour que le prolétariat renoue avec son essence unitaire. Le critère vrai/faux qui opposerait le racisme à la solidarité de classe repose sur une conception idéaliste du social : pour un prolétaire blanc, le racisme offre de réels avantages à courts termes, comme toute attitude égoïste, parce que l’on ne fait pas croire aux prolétaires qu’ils sont en concurrence sur le marché du travail, ils le sont réellement.
La division du prolétariat est une division réelle, une réalité empirique, qu’on n’abolit pas, et qu’on ne dépasse pas, en lui opposant une essence qui existerait on ne sait où, dans un ciel des idées. On peut, à la limite, tenter de produire cette unité dans la lutte, mais cette lutte ne fera pas l’économie de la mise en jeu d’un certain nombre de contradictions internes à ce que l’on appelle le prolétariat.
Au delà de cette accusation de division des luttes, les deux seuls arguments, qui tournent en boucle, sont :
– « Mais les races n’existent pas biologiquement ! »
Merci, on le savait, on parle de catégories socialement construites qui font fonctionner des mécanismes que l’on essaie d’analyser, pour cela nous avons besoin d’en parler.
-« D’accord, mais même si ce sont des constructions sociales, ce ne sont pas des catégories binaires, il y a les métis par exemple, et tout un tas de facteurs qui rendent cette histoire plus-compliquée-que-ça. »
Merci, on le savait aussi, personne n’a dit que la racialisation était binaire, c’est un processus complexe, qui touches à beaucoup de formes de mécanismes de contrôle social, pas uniquement raciaux d’ailleurs. On essaie d’analyser tout cela, pour cela nous avons besoin d’en parler.
L’argument de « c’est- plus- compliquée- que- ça » est un argument fallacieux classique qui consiste à dire une évidence (« C’est plus compliqué ! », merci, on le savait) pour en tirer les mauvaises conclusions : du coup il faudrait nier cette question et elle disparaitra toute seule. Auquel cas nous répondons que, justement, il faut d’autant plus étudier cette question de fond en comble qu’elle est complexe.
On a donc vu récemment se populariser un concept pour disqualifier ceux qui tenteraient de politiser l’antiracisme : les « racialisateurs ».
Le fond du discours sous-tendu par ce terme est parfaitement similaire au vieux discours d’extrême- droite : il s’agit de dire qu’en fait ce sont les racisés qui sont un facteur de division (de la Nation, du Prolétariat, des luttes etc.), en tout cas au moins autant que le racisme institutionnel lui-même, y compris le racisme de gauche. [6].
Ce discours va même plus loin grâce au terme « racialisateur » on fait des racisés qui tentent de politiser leur oppression les nouveaux racistes.
Les prétextes ne manquent pas pour détailler les manifestations de ce nouveau racisme des racisés : non- mixité, religion, burkini, racisme anti- blancs…
De fait, cette idée n’est pas neuve, les féministes en font déjà les frais depuis longtemps avec l’appellation féminazies. On connaissait aussi les enfants- tyrans, terme qui désigne les enfants (c’est-à-dire sûrement une des catégories socialement les plus opprimée) qui ne supportent pas d’être assis sur des chaises 8 heures par jour pendant 18 ans… quelle bande de petits Hitler en culottes-courtes, en effet.
On peut décliner le concept autant de fois qu’il existe de formes d’oppressions : racialisateurs, féminazies, enfants- tyrans, homofascistes, transdictateurs, une vraie ligue de super- vilains post- modernistes.
Rien de neuf dans ce genre de réactions cela- dit : la situation de domination étant la norme, la rébellion est toujours vécue par les dominants comme une insupportable violence, une injustice qui leur est faite.
Le retournement de situation peut aller assez loin dans l’outrance, on peut donc lire ce genre de commentaires sur un site libertaire [7] :
« Vous êtes bien mignons mes chatons arrivistes avec vos « races » pas si mignonnes, mais votre place est parmi les stars, dans Ce soir ou jamais, sur Acrimed, Streetpress, dans les pépinières d’entreprises anti-discrimination, le community organising, etc. Laissez nous tranquille, parvenez enfin, nous on veut faire la révolution. »
Il aurait tout de même été dommage que la modération du site ne supprime une telle information : il existerait une discrimination positive à l’embauche dans des secteurs économiques valorisés, ouverts exclusivement aux racialisateurs, tandis que, c’est bien connu, les militants d’extrême- gauche auraient toutes les peines du monde à se reclasser.
Cela dit, sur cette question très intéressante des discriminations raciales dans le marché de l’emploi nous conseillons les ouvrages suivant [8].
Que ce genre de fausse polémique, foncièrement raciste, éclate, c’était inévitable ; qui dit racisme structurel dit racisme partout, y compris à la gauche de la gauche.
Si l’on ne peut pas totalement ni immédiatement agir sur la cause première, à savoir le racisme structurel, on peut cependant essayer d’isoler quelques causes secondaires qui ont facilité la croissance de cette pseudo- polémique, à savoir certaines formes d’opportunisme et d’avant- gardisme, ainsi que l’homogénéité sociale propres aux organisations idéologico- affinitaire.
En dehors du fait que l’émergence d’un antiracisme politique constitue une menace pour la stabilité des rapports raciaux au sein du gauchisme [9], cette émergence a aussi fait de ce sujet une thématique politique incontournable. Il faut donc s’y positionner le plus rapidement possible, quitte à donner la parole à n’importe qui, quitte à ce qu’il dise n’importe quoi, et d’ailleurs tant mieux : plus c’est polémique et plus ça buzz.
On a donc pu voir une partie des milieux libertaires [10] se mettre à discuter le plus sérieusement du monde des racialisateurs, sur la base de textes écrits par des personnes parfaitement ignorantes du sujet, au mépris de tout le travail déjà réalisé par des personnes concernées et des antiracistes sérieux.
On surf ainsi sur l’effet de mode pour produire du bavardage dans lequel on ne dit rien parce que le but n’est pas d’élaborer une méthode, ni même de produire un contenu, mais d’occuper une place.
De l’organisation d’un débat pour contester le terme d’islamophobie [11] en passant par le relais des pamphlets anti-racialistes [12] une partie du milieu libertaire bavarde tout seul sans prendre la peine de se renseigner, et se livre plus ou moins consciemment à une petite série de provocations racistes en règle.
Le problème est que ce genre de petites agressions racistes l’air de rien (racistes donc violentes) sont de nature à produire l’effet que les anti-racialistes prétendent dénoncer : à savoir le fait que beaucoup de personnes racisées de ces milieux, ou proches de ces milieux, vont se radicaliser dans des postures identitaires.
A ce sujet, l’auto- critique n’est visiblement toujours pas autorisée : il est permis, sur les sites d’informations libertaires, de critiquer publiquement l’antisémitisme, l’antiféminisme et l’homophobie d’organisations comme le Parti des Indigènes de la République en citant le nom de cette organisation et en la visant spécifiquement [13]. Mais lorsque des critiques du racisme ou de l’antisémitisme internes au milieu gauchiste essaient d’être publiées sur ces sites [14], curieusement, il ne faut surtout pas citer les organisations visées. Pourquoi ? Pour ne pas relayer, nous dit- on, des « embrouilles internes ». Parce que le racisme et l’antisémitisme, c’est bien connu, sont des embrouilles. On se croirait dans la célèbre scène du deuxième film OSS 117 :
« La Shoah ? Ah oui : quelle histoire ça aussi ! ».
Il faut peut- être être clair : ou bien on peut mettre en cause publiquement des organisations politiques parce que ce sont des personnalités publiques et que c’est leur rôle, justement, d’intervenir en tant que telle dans le champ politique, y compris en étant critiquées, ou bien on ne peut pas le faire. Il ne nous semble pas que les milieux libertaires soient moins sexistes, antisémites et racistes que le P.I.R alors pourquoi un traitement à deux vitesses ? Si ce n’est pas du copinage de milieu on ne sait pas ce que c’est, mais dans ce cas inutile d’essayer de le justifier politiquement. Et plus du copinage de milieu il y a aussi comme un arrière fond de racisme : ce ne sera ni la première fois ni la dernière fois qu’on essaie de faire du prolétariat colonial le bouc- émissaire sur le dos duquel rejeter le sexisme et l’antisémitisme français. Le P.I.R est donc devenu un repoussoir idéal, sujet de tous les fantasmes, ce qui empêche justement les racisés de pouvoir développer leur propre critique de cette organisation puisque le terrain est déjà piégé à l’avance par des arguments racistes. On se retrouve donc toujours pris entre deux chantages : devoir hurler contre le P.I.R avec les loups racistes de gauche, ou se taire et laisser passer toutes les prises de positions intolérables de cette organisation.
Ce repoussoir est une autre manière d’évacuer la question des rapports de domination dans les milieux libertaires. Evidemment, puisque les libertaires acceptent de reconnaître le fait que ces rapports sont structurels il faut bien qu’ils acceptent le fait qu’ils existent aussi dans leurs milieux, mais à entendre certains tout se passe comme si ces rapports n’existaient pas de façon concrète. Ils se contenteraient de planer au dessus de tout le monde, comme un esprit démoniaque qui frapperait au hasard. La seule manière de le conjurer est que chacun se livre au petit auto- examen quotidien de ses privilèges, et fasse sa petite déconstruction [15]. Les vrais racistes, sexistes, homophobes, antisémites incarnés sont toujours dehors. Et eux, on peut les citer.
En tentant de prendre le cortège de tête sur la question raciale (comme sur toutes les autres) avec un savant mélange d’opportunisme politicien, d’ignorance, de copinage, d’avant- gardisme, et de racisme, voila comment certaines franges du milieu libertaire peuvent saboter tranquillement tout le travail des antiracistes matérialistes. Travail de formation d’un antiracisme politique qui ne nierait pas la spécificité de la question raciale tout en cherchant à dégager ses intrications avec la question de classe, de sexe et toutes les autres. Mais encore faut- il élaborer cette intrication car celle- ci ne tombe visiblement pas sous le sens. Si c’était le cas cela ferait des décennies que le taux de syndicalisation serait à 90%, et les syndicats majoritairement investis par des femmes et des racisés qui en auraient la direction politique.
D’ailleurs il est assez intéressant de voir qu’aucun de ces pamphlets anti- racialisateurs ne traite ni de la question de classe ni de la question raciale : ils se content de faire jouer l’une contre l’autre. On n’est finalement pas loin du discours homophobe tenu par les anti- mariage- pour- tous qui se découvraient subitement une conscience sociale lorsqu’il s’agissait de souligner grassement que :
« Pendant qu’on parle de mariage gay on ne s’occupe pas des ouvriers de PSA et de Continental ».
On n’a, évidemment, jamais vu aucun de ces réactionnaire ouvriéristes de salon lors des manifs de soutien à PSA ou à Continental, la question de classe ne les intéressant que de façon populiste, lorsqu’elle permet d’être mise en concurrence avec d’autres luttes, en l’occurrence celle contre l’homophobie. Pour l’esprit de convergence des luttes on repassera donc.
Entre la gauche radicale et le prolétariat colonial il y a comme une relation d‘amour/haine étrange qui s’explique notamment du fait que la racialisation de la force de travail remet en question un certain nombre de fantasmes et de postures d’identifications populaires des militants.
Le prolétariat est une réalité segmentée, y compris par des coupes transversales à la classe : se déclasser, se mettre au RSA, ouvrir un squat, s’acheter un jogging, se mettre au graffiti et se faire des tatouages ne suffisent donc pas à vous transformer en ce lumpen viril que vous rêvez d’être.
Vous n’êtes pas, et vous ne serez jamais, un jeune de banlieue. Ouvrir un squat dans un quartier populaire en voie de gentrification pour y monopoliser l’espace politique en déclarant qu’il s’agit de VOS quartiers (vos parents sont dans l’immobilier ?) n’y changera rien. Jamais.
Du fantasme à la déception, et de la déception à la haine de l’objet de son fantasme il n’y a qu’un pas à chaque fois : les émeutes de 2005 avaient promus la figure du jeune- de- banlieue nouveau sujet révolutionnaire du fait de ses stigmates sociaux et raciaux (pauvre, viril et sauvage). La déception passée, voila que le sujet révolutionnaire de la veille se fait désormais taxer d’être le nouveau sujet fasciste du jour. Voila qui lui apprendra à refuser les avances qui lui avaient été faites si gentiment [16].
La question raciale reste une question irréductible, toute tentative de la diluer a été un échec, y compris avec l’antifascisme, qui semble constituer surtout un avatar de la réponse sociale- démocrate : dissoudre la spécificité des oppressions dans un fourre- tout qui permet leur mise sous tutelle par les groupes dominants.
Mais cette question revient sans cesse : au sein du prolétariat issu de l’immigration colonial c’est toujours de racisme dont on parle. Pas de fascisme : de racisme.
Ni le moralisme anarchiste, ni le marxisme orthodoxe, ni l’universalisme social- démocrate, ni l’antifascisme qui est son avatar jeune et gauchiste, ne sont parvenus à étouffer l’irréductibilité de la question raciale.
Ca ne veut pas dire que la question raciale existe hors de l’horizon du capitalisme, ça signifie simplement que son intrication avec le capitalisme est une intrication spécifique : elle doit d’abord être démêlée, décortiquée, analysée en elle-même.
Il serait peut- être temps d’accepter enfin de politiser cette lutte dans sa spécificité parce qu’on ne comblera pas le fossé entre la gauche et le prolétariat colonial en niant l’existence de ce fossé, on ne fera que continuer de le creuser.
Pour que la convergence des luttes puisse opérer, il faut visiblement (et c’est logique) qu’elle se fasse à partir d’un point de départ matériel, pas d’un principe abstrait.
Ce point de départ matériel, ou plutôt ces points de départ matériels, ce sont les différentes formes de dominations spécifiques, et leurs intrications respectives : si l’on veut poser une passerelle il faut qu’elle repose sur du concret à chacune de ses extrémités, il ne sert à rien de la balancer dans le vide en proclamant qu’elle doit tenir quand même.
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NOTES
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[1] Alain Soral. Abécédaire de la bêtise ambiante. Banlieue.
[2]Il est toujours délicat de parler de social- démocratie, comme de parler de communisme, dans la mesure où de grandes différences existent entre les idéologies originelles, les mobilisations sociales et politiques, et les politiques menées par différents gouvernements se réclamant de ces idéologies.
Certains considèrent que ce terme est aujourd’hui obsolète pour qualifier, en France, le parti socialiste. Certains font remonter à 1936 la trahison de la sociale- démocratie au projet de rupture avec le capitalisme. D’autres font remonter cette trahison à 1914 et au vote, par les partis sociaux- démocrates européens, des crédits de guerre.
La différence entre sociale- démocratie et communisme étant que le deuxième terme désigne toujours une frange importante du mouvement sociale, clairement anticapitaliste, tandis que même les franges les plus militantes de la sociale- démocratie semblent ralliées, au mieux, à une forme de démocratisme radical et populiste dérivé de la philosophie humaniste.
C’est à peu près ce discours que nous ciblons aujourd’hui, il n’existe donc pas sous la forme d’un corpus bien défini, ce qui rend bien sûr notre analyse très critiquable.
A ce sujet lire aussi notre article :
https://mignonchatonblog.wordpress.com/2016/07/23/lantiracisme-idealiste/
[3] A ce sujet voire notre premier article https://mignonchatonblog.wordpress.com/2016/07/23/pouvoir-domination-oppression/
[4] http://alainjakubowicz.fr/index.php/2016/08/24/camp-dete-decolonial-rosa-parks-doit-se-retourner-dans-sa-tombe/
[5] Par marxisme- orthodoxe on désigne les courants marxistes qui font de la classe le seul antagonisme sociale et politique auquel l’idée de révolution est suspendue, ou au moins le principal auquel les autres sont inféodés.
https://mignonchatonblog.wordpress.com/2016/07/23/lantiracisme-idealiste/
[6] https://mignonchatonblog.wordpress.com/2016/08/04/cest-toujours-les-memes/
[7] https://nantes.indymedia.org/articles/35456
[8] Adrea Rea. Maryse Triper. Sociologie de l’immigration. (Editions la Découverte. Collection Repères). 2003.
Mirna Safi. Les inégalités ethno- raciales. (Editions la Découverte. Collection Repères). 2013.
[9] On utilise ici gauchisme, gauche radicale et milieu libertaire comme de quasi- synonymes pour désigner la gauche de l’extrême- gauche classique. Un milieu ou une mouvance étant une réalité difficile à bien délimiter et catégoriser, même s’il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une réalité.
[10] Les Hiboux & Le Glock. Tiens, ça glisse ! Pamphlet ponctuel.
Assemblée en mixité révolutionnaire. Jusqu’ici tout va bien ? Pamphlet ponctuel
[11] Organisé le 13 juin 2016 à 19h30 au local Le Rémouleur.
[12] https://badkids.noblogs.org/post/2016/07/21/jusquici-tout-va-bien/
https://mars-infos.org/tiens-ca-glisse-ou-comment-a-trop-322
[13] https://paris-luttes.info/pour-une-approche-materialiste-de-3512
[14] http://nopasaran.samizdat.net/IMG/pdf/lcqv_1_.pdf
[15] Sur le contenu tendanciellement moraliste et dépolitisant de ces deux termes voir nos articles :
https://mignonchatonblog.wordpress.com/2016/07/23/post-modernisme-contre-universalisme-un-faux-debat/
https://mignonchatonblog.wordpress.com/2016/07/23/vous-avez-dit-privilege/
[16] J’assume l’aspect procès d’intention de ce passage, il est issue d’une réflexion subjective formée à posteriori de ma participation à ce « milieu » à un moment ou je n’envisageais pas forcément d’en faire la critique sous cet angle.
C’est tout le problème de la participation observante (une forme d’inversion de l’observation participante qui consiste à participer et à essayer d’avoir un recul critique a posteriori) : on n’est pas en permanence en train de prendre des notes et d’enregistrer des bandes sons pour avoir de bonnes sources à citer.
“Mais vous avez lu ou pas l’article de Mille Babords qui presente l’initiative?!!!”
“Un article où ils soutiennent que parler de “racisme”, “islamophobie”, ou “post-colonialisme” soit RÉACTIONNAIRE!!!”
Visiblement vous n’avez pas lu le texte, ou alors avec une grille de lecture bien enfoncée dans l’oeil jusqu’au cortex cérébral: où est-il soutenu que parler de racisme soit réactionnaire ? Nulpart.
Et ils laissent bien entendre que parler de “racisme”, “islamophobie”, ou “post-colonialisme” est RÉACTIONNAIRE, et peut-être même pire. Et le fait qu’il soit diffusé conjointement par Mille Bâbords et par non-fides n’est pas sans signification, puisqu’on y retrouve régulièrement ce genre de procédé.
Je cite : « dernier pamphlet explicitement antisémite d’Houria Bouteldja », « caractère ignoble », « idéologie racialisatrice », « positions intenables », « affirmations tautologiques et fausses évidences », « dans la droite ligne de l’ethno-différentialisme de la nouvelle droite », « Certains anarchistes en sont rendus à proscrire le slogan « ni dieu ni maître » [sic], etc.
Tout comme les pseudo-débats de la Discordia, il ne s’agit pas d’une base de discussion, c’est un procès où les antiracistes sont les accusés dès qu’ils ne se plient pas à une orthodoxie qu’on veut leur imposer.
Avec ce genre de provocation, il ne faut pas s’attendre que des antiracistes viennent se confesser et s’autoflageller en acceptant de telles bases de discussion. Pourquoi pas faire des bisous en plus ?