Le scot privatise la loire-atlantique
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Catégorie : Local
Lieux : Loire-atlantiqueNotre-Dame-des-Landes
Favoriser le bien être de la population ?
En incorporant le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le SCOT est loin de favoriser le bien être de la population. Un aéroport profite à une petite partie de la population et celle-ci dispose déjà d’un aéroport à Nantes Atlantique. Par contre, le budget investi dans l’aéroport et ses projets connexes priverait la population d’un grand nombre d’équipements nécessaires à son bien être : crèches, rénovation d’écoles, hôpitaux, maisons de retraite… De plus la destruction de terres agricoles tient d’une vision court termiste : les terres agricoles sont en train de disparaitre très rapidement et le bien être commence par l’alimentation. Favoriser le bien être de la population demanderait donc de rénover les infrastructures qui existent déjà et d’investir dans de véritables projets d’avenir qui profitent à l’intérêt général.
Garantir le fonctionnement de l’espace économique et le développement de l’emploi ?
Les conséquences du départ de l’aéroport existant sur l’emploi et l’économie au sud de Nantes, sont oubliées du projet de SCOT. La zone aéroportuaire existante est pourtant très dynamique économiquement et la ville de Bouguenais, où est implanté l’aéroport, souligne dans son Plan Local d’Urbanisme que « la présence de l’aéroport encourage l’implantation d’entreprises et crée une dynamique pour le développement économique de la commune ».
En effet, cette zone bénéficie de l’implantation d’une usine Airbus, d’un IRT, du siège mondial de Alstom-Général Electric énergies Marines renouvelables, d’une usine Daher et d’un tissus socio-économique de plus de 70 PME.
Au total, la zone aéroportuaire compte environ 8 300 emplois pour lesquels l’équipement aéroportuaire existant est un atout. L’aéroport constitue un moteur privilégié pour le développement économique régional, il est pris en compte pour le choix des localisations d’entreprises internationales comme Airbus, Daher ou GE.
Par ailleurs, très peu d’aménagements seraient nécessaires autour de l’aéroport actuel pour développer ce pôle économique international attractif (voir travaux de l’Atelier Citoyen sur le sujet : http://www.ateliercitoyen.org/index.php/category/economie/ ).
L’impact socio-économique du départ de l’aéroport n’a jamais été étudié et la CCI reconnait déjà le déséquilibre entre le Nord et le Sud de Nantes du point de vue de l’emploi. Cette délocalisation ne créerait pas d’emplois, au contraire. Elle fragiliserait en outre le tissu économique local et ne ferait que déplacer au minimum 2 000 emplois liés directement ou indirectement à la plateforme aéroportuaire existante.
Protéger l’environnement ?
En détruisant 1 600 hectares de territoire agricole, d’espaces naturels et de zones humides, il est impossible d’affirmer que le projet d’aéroport protège l’environnement.
Les abondants travaux des naturalistes ont montré la richesse biologique «incompensable » du bocage et des zones humides de Notre-Dame-des-Landes. Cette zone préservée depuis plus de 40 ans de toute politique d’aménagement a conservé une faune et une flore riches en diversité. Les naturalises y ont recensé 1 500 espèces dans cet espace souvent dépeint comme ordinaire. Il est selon les naturalistes du même niveau que les sites Natura 2000 du département. On y trouve, par exemple, des tritons marbrés, des crossopes aquatique, des tritons de Blasius, des campagnols, des buses variables… la présence d’espèces de plantes protégées doit aussi être notée comme la renoncule Grand Douve, la Rossolis à feuilles rondes, la Sibthorpie, la Calamagrostis des marais…
Un SCOT en faveur d’intérêts privés
Contrairement aux belles intentions énoncées en préambule, le projet de SCOT favorise des intérêts privés au détriment de l’intérêt général et de l’environnement. Même si l’aéroport du groupe Vinci, est un projet dépassé digne des 30 glorieuses, l’infrastructure se trouve au cœur du projet territorial de Nantes-Saint-Nazaire. Il fonctionne comme la « tête de gondole » d’un vaste projet de développement immobilier et commercial vers le nord de Nantes. L’aéroport est le seul projet phare du SCOT de Nantes Saint-Nazaire. Il est à la fois destructeur de terres agricoles et facteur d’étalement urbain.
L’étude des documents d’urbanisme montre que de nombreux projets entre Nantes et Notre-Dame-des-Landes spéculent sur l’arrivée prochaine de cet aéroport et des infrastructures qui accompagnent sa construction, continuant progressivement le massacre des terres agricoles et des espaces naturels par un étalement non maîtrisé de la métropole nantaise (cf cahier urbanisme de l’Atelier Citoyen).
Il ne s’agit pas de développer durablement la région mais bien de donner la possibilité aux investisseurs et aux promoteurs de bénéficier de l’étalement urbain et du grignotage des campagnes au lieu d’investir durablement dans le renouvellement urbain. L’agglomération nantaise est une des villes les moins denses et des plus embouteillées de France. En 50 ans, le territoire de l’agglomération nantaise s’est étendu en tache d’huile, il a été multiplié par 3,5 et sa densité moyenne a chuté, passant de 72 à 34 habitants/hectare urbanisé. A l’instar des cités de banlieue, des grands centres commerciaux et des zones pavillonnaires, l’agglomération nantaise s’étend avec un grand gâchis d’espace. Il en résulte d’importantes dépenses collectives pour financer la voirie, les réseaux, l’éclairage public, ainsi que l’entretien de l’espace public.
Si l’urbanisation des terres agricoles est plus rentable pour les promoteurs privés que la rénovation urbaine, combien coûte la constitution de cette trame lâche et étendue pour la collectivité ?
Quelles sont ces conséquences en termes d’embouteillage, de pollution de l’air, de qualité de vie, de lien sociaux et de pertes de productions agricoles ?
Profitons de cette enquête publique pour nous exprimer et montrer notre indignation face à la disparition de l’intérêt général et la privatisation du bien commun !
Elle se déroule actuellement du 19 septembre au 21 octobre 2016. Les registres papier sont dans les sièges des communautés de communes.
Et elle doit comporter une partie servant à l’État français dans sa réponse sur le contentieux environnemental sur Notre-Dame-des-Landes au niveau européen.
Consultez et dossiers et notez d’ores et déjà les rendez-vous à ce lien : :
http://www.nantessaintnazaire.fr/enquete-publique-scot/
Quelques pistes pour des interventions sur le SCOT proposées par F Verchère, en plus du fait de demander la prolongation de l’enquête :
“A vous de choisir ce qui vous intéresse dans ces suggestions et remarques. Inutile de vouloir tout reprendre, faites au mieux avec le ton qui vous paraît refléter votre état d’esprit : colère devant les manipulations et les mensonges, ironie devant tous les jolis mots utilisés dans un document, interrogations « neutres » sur des points précis, mise en lumière des contradictions etc…
Vous pouvez, si vous n’habitez pas en Loire-Atlantique, rappeler que l’on ne vous a pas demandé votre avis en juin dernier alors que vous devriez payer cet aéroport et que ses conséquences environnementales toucheraient notre écosystème commun. Et donc vous allez le donner votre avis !
1) sur la forme :
– Le dossier complet comprend plus de 1300 pages ;
– les résumés non techniques (qu’il faut savoir trouver !) ne peuvent suffire ;
– le temps d’enquête limité à un mois est insuffisant compte tenu de la complexité du dossier.
– On est perdu dans les documents différents : évaluation, rapport en trois volumes, PADD, DOO, cartes etc…
– Il y a beaucoup de répétitions entre les documents, beaucoup de jolies phrases avec tous les mots qu’il faut utiliser aujourd’hui : préserver, valoriser, emploi pour tous, emplois partout, écométropole, laboratoire de la transition énergétique et écologique etc…(regardez le sommaire des documents, le DOO par ex, c’est spectaculaire !)
Le SCOT , un très long discours qui dessine des lendemains qui chantent mais dans les faits ?
2) sur l’aéroport :
Il n’y a aucune prise en compte de tout ce qui s’est passé depuis des années. Toujours les mêmes arguments, y compris les mensonges habituels (le lac de Grandlieu par ex). Aucune prise en compte du rapport des inspecteurs de Ségolène Royal qui reconnaissaient que le débat public de 2003 avait été faussé, que le projet de NDDL était surdimensionné.
Affirmation permanente que le projet de NDDL sera sans impact sur l’eau, les zones humides, l’agriculture… que le SCOT prétend protéger bien sûr ! Aucun élément concret sur les projets annexes (tram-train, ligne grande vitesse, zones d’activité…) : on se contente de dire qu’on fera les études ultérieurement, que les emprises seront optimisées et que les effets négatifs seront compensés. On est prié d’y croire !
Possibilités de questions précises :
– demander des explications sur le « bilan carbone neutre » de l’aéroport ; s’offusquer que l’on parle climat et baisse des émissions de gaz à effet de serre et qu’on ne s’interroge pas sur la hausse programmée du trafic aérien ;
– demander comment on va faire baisser la part de la voiture alors qu’il faudrait aller à NDDL en voiture (vu le nombre de places de parkings prévues, ce sera le mode le plus utilisé) ;
– poser la question d’un éventuel Pont sur la Loire, inexistant dans le document mais demandé par la Région, la Chambre de Commerce ;
– demander des précisions sur le tram-train (coût, tracé, calendrier ?) ;
– regretter que la carte qui reprend tous les projets liés à NDDL soit si petite qu’elle est illisible ;
– demander comment on va améliorer la qualité de l’eau des rivières (l’Erdre notamment mais pas seulement) en artificialisant une double tête de bassin versant ;
– rappeler les avis scientifiques sur le caractère exceptionnel du bocage de NDDL et l’impossibilité de compenser sa destruction et celle des espèces qui y vivent ;
– demander les superficies exactes qui seront retirées à l’agriculture avec tous les projets liés à l’aéroport ;
3) sur les contradictions :
Le SCOT affirme la volonté de préserver les zones humides, les têtes de bassin versant, la baisse de la consommation d’énergie, les surfaces agricoles… tout en prévoyant plus de routes, plus de zones d’activités, un nouvel aéroport, de nouveaux terrains pour le Port, avec 100 000 habitants et 100 000 logements de plus… Les moyens d’y parvenir sont loin d’être clairs : une recette miracle ?
– Pourquoi le diagnostic préalable pointe-t-il des insuffisances mais sans que des leçons en soient tirées ?
4 exemples :
Pourquoi y-a-t-il eu plus de logements construits que ce que prévoyait le précédent SCOT mais toujours un retard de logements sociaux ?
Le bilan de l’évolution de l’agriculture est négatif, (l’activité agricole connaît toutefois des changements structurels importants, à l’image de l’ensemble de la France, marqués par une baisse importante du nombre d’exploitants agricoles, un vieillissement de l’âge moyen des exploitants, un agrandissement et un regroupement des exploitations, un développement des structures sociétaires, une baisse de la superficie agricole utilisée (SAU) avec le développement de friches et la périurbanisation..p.16) Comment le SCOT compte-t-il inverser la tendance ? Dire que l’on veut préserver les terres agricoles ne suffit pas. Encore faut-il qu’il y ait des agriculteurs…
Le coût du foncier est reconnu comme particulièrement élevé sur le pôle (diagnostic p.39). Silence total ensuite sur le sujet…
La pauvreté des ménages a crû sur le territoire (diagnostic p.42), quelle leçon et quelles actions ?
– Comment dire qu’on va faire baisser l’usage de la voiture avec une augmentation de la population, sans aucun rééquilibrage de l’emploi entre le Nord et le Sud de l’agglomération nantaise, et avec un aéroport au nord, donc des trajets routiers plus longs pour les usagers en l’absence des transports collectifs promis… ?
Le document du SCOT ressemble à un catalogue de bonnes intentions. On ne trouve guère de mesures concrètes, et pas de contraintes. Comment accorder de la crédibilité à ce document ?”
FV
Annexes :
– Avis délibéré de l’Autorité environnementale sur la révision du schéma de cohérence territoriale de Nantes Saint-Nazaire (44) http://acipa-ndl.us9.list-manage1.com/track/click?u=bd220ad52af99fb63d06b11d0&id=085efe385f&e=f8ca3bf126
– SCoT/Notre-Dame-des-Landes: la critique de l’Autorité environnementale (Ouest-France) http://acipa-ndl.us9.list-manage.com/track/click?u=bd220ad52af99fb63d06b11d0&id=f2e7b351b7&e=f8ca3bf126