Présidentielles, premier round : annulation du parti socialiste !
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Catégorie : Local
Thèmes : Actions directesAnti-répressionElectionsLoi travail 2016Resistances
Lieux : Nantes
Nous sommes des étudiants et des lycéens, des syndicalistes et des salariés en lutte, des chômeurs et précaires, des militants syndicaux, associatifs, des habitants de la ZAD, des intermittents, etc.
Depuis plusieurs semaines, nous nous organisons pour accueillir le PS comme il se doit en invoquant la multiplicité des pratiques politiques (manifs, blocages, occupations, ateliers, discussion) qui ont fait la vigueur de ce printemps.
Manifestement l’enthousiasme de nos échanges lors des réunions publiques a fait trembler en haut lieu. Dans les alcôves élyséennes, on a trouvé préférable d’assumer aujourd’hui le ridicule d’une annulation, plutôt que de donner demain l’image d’un parti et d’un gouvernement « encerclé » par une contestation multiforme et combative.
Nous prenons acte de l’annulation de l’université d’été du PS, pardon, de la « Belle alliance populaire ». Cette victoire par forfait nous indique qu’il est à portée de main d’empêcher que cette rentrée ne marque le retour de la politique classique. Il nous appartient de tout faire pour « continuer le début » comme on pouvait le lire sur les murs et les banderoles ces derniers mois.
Récemment sur les murs d’une permanence socialiste est apparu le grafitti suivant : « fin du PS, naissance de notre force ». Ce qui est né dans les rues ces derniers mois ne se laissera pas neutraliser par une campagne présidentielle de plus.
Nous invitons d’ores et déjà toutes les forces vives des régions pressenties pour les universités décentralisées de septembre à s’organiser pour empêcher leur tenue.
Quant à nous, puisque le PS nous laisse Nantes, nous ferons savoir après nous être réunis comment prolonger cette première victoire.
Le collectif à l’abordage.
stopunivpsnantes(at)riseup.net
Vers la disparition du PS : le parti au pouvoir a atteint un tel niveau de détestation qu’il ne peut même plus organiser sa propre université d’été. La fin est proche. Après cette annulation, une compilation savoureuse de réactions :
« On a des remontées de terrain qui nous disent que les gars veulent nous casser la figure s’ils nous reconnaissent dans la rue ou à la terrasse des cafés. Comment on va faire si c’est vrai ? On ne va quand même pas tous demander une protection policière ? »
Un député socialiste dans Le Monde
«Je ne sais pas qui a eu cette idée mais c’est une connerie d’avoir voulu organiser ça à Nantes. »
Confession d’un ministre au Figaro
« On se demande comment les socialistes vont réussir à faire campagne pour 2017.»
Libération
Depuis plusieurs semaines, on attaque nos permanences, on peut tirer dessus avec des armes, on cherche à interdire les meetings d’un parti représenté au Parlement, sans que cela ne choque personne. Je n’ai pas envie de subir une guérilla, cette suspension est une alerte. »
Jean-Christophe Cambadélis, patron du premier parti de France
« Depuis le début, je dis que Nantes, c’est compliqué à cause du calendrier (…), sauf si on arrête Notre-Dame-des-Landes. »
Jean-Vincent Place, écologiste tendance Valls
« Je suis choqué qu’en France, dans une ville comme Nantes, on ne puisse plus organiser un débat (…) parce qu’on est sous la menace d’acteurs violents. »
François de Rugy, acteur raté.
«Johanna Rolland se félicite, ce samedi après-midi, du choix du Parti socialiste de choisir Nantes comme futur site d’accueil de son université d’été. »
Ouest-France, 6 février 2016
« Report de l’université d’été, une décision responsable qui répond à ma demande. »
Johanna Rolland, 3 juillet 2016
« Depuis plusieurs jours, la direction du PS recevait des alertes du ministère de l’Intérieur. Des menaces circulaient sur les réseaux sociaux. Au dernier pointage, près de 50 attaques de permanences parlementaires ou de locaux du PS ont de fait été recensées en France. « L’université d’été devenait une cible », assure l’entourage du patron du PS. »
Le Parisien, 4 juillet 2016.
« Je suis étonnée et déçue. On avait déjà lancé une grosse commande de masques de ski et de kways noirs pour le mois d’aout. Cette décision est un coup dur pour le commerce nantais ! »
Jacqueline, vendeuse chez Go Sport
« Arrêtez tout avant qu’il ne soit trop tard ! »
Jean-Jacques, policier de la DGSI infiltré aux premières assemblées nantaises contre l’université d’été
« Nous exigeons le maintien de cette université indispensable au bon déroulement de l’année . » Nantes Révoltée
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Aux dernières nouvelles, il y aura des « universités d’été » décentralisées. Rien n’est perdu !
Elles auront lieu dans cinq à six villes à travers la France tout au long du mois de septembre. On espère que Nantes sera dans la sélection. Ce sera l’occasion d’un véritable championnat national de sabotage du PS.
Et une superbe occasion de commencer la campagne présidentielle en fanfare !
L’annulation, annoncée hier en catimini par Jean-Christophe Cambadélis, de l’université d’été du PS a pris tout le monde de court. À commencer par les partisans de la Belle Alliance Populaire qui, réunis samedi, s’étaient donnés rendez-vous pour la fin août à Nantes.
Le parti au pouvoir privé d’université d’été par quelques groupuscules de l’« ultra-gauche anti-démocratique » ? Voilà qui ne laisse pas de surprendre. D’autant que cette annonce survient précisément le lendemain d’une réunion de préparation, à Nantes, des opposants à ce raout, réunion où s’était pressée une foule bigarrée de syndicalistes, d’artistes, de zadistes, de Nuit Deboutistes, de militants, d’associatifs et autres ennemis de la « loi travaille ! ». Réunion, surtout, qui s’était tenue, comme il est de rigueur en plein état d’urgence, sous une scrupuleuse surveillance policière. Il faut dire que l’université d’été du PS allait se dérouler en même temps que les fêtes de l’Erdre, fêtes gratuites qui drainent en ville un public populaire qui aurait pu pousser l’ivresse jusqu’à des excès « révolutionnaires » contre le congrès et les congressistes. L’impopularité du pouvoir en place est-elle si grande qu’il ne puisse même plus se réunir sans un dispositif de sécurité digne des contre-sommets ? Est-il donc vrai que « tout le monde déteste de Parti Socialiste » ainsi que se plaisent à le hurler les manifestants des derniers mois ? Le graffiti « Vivement l’université d’été du PS ! », qui avait maculé la belle ville coloniale de Nantes un jour de défilé et suscité tant d’émois dans l’exécutif local et les journaux, aurait-il suffi à amener à une décision si grave ? Ou est-ce la proximité de la ZAD et des menaces d’expulsion qui ont contraint la Belle Alliance Populaire à une telle extrémité – au point que certains parlent déjà, à son sujet, de « Belle Alliance Impopulaire » voire de « Belle Alliance de Bâtards » (BAB), ainsi que se plaisent à l’appeler ceux qui scandent aussi « All Cops are Bastards » ? Alors que chaque déplacement de ministre est l’occasion d’une nouvelle humiliation pour l’intéressé, « on se demande comment les socialistes vont réussir à faire campagne pour 2017 », avouent nos confrères de Libération. Jusqu’où ira le Parti Socialiste dans la mise en œuvre de sa propre destitution ? Lundi Matin, qui avait relayé l’appel « À l’abordage » contre cette université d’été, ne pouvait pas passer sous silence ces questions angoissantes.
Renseignements pris, il semble que les craintes du gouvernement soient de nature plus fondamentales. Alors qu’il s’emploie avec l’aide des syndicats, de tour du bassin de l’Arsenal en manifestations en cage, à organiser une défaite estivale pour le mouvement contre la « loi travaille ! », l’université du PS se désignait naturellement comme le prochain rendez-vous pour l’ensemble de ceux qui, syndiqués hors contrôle, retraités politiquement actifs ou jeunes masqués, ont défrayé la chronique le 14 juin dernier à Paris. L’Union Départementale CGT 44 appelait d’ailleurs, elle aussi, « à l’abordage ». Mais surtout, ce nouveau rendez-vous, nous dit-on, donnait aux forces qui se sont levées partout dans le pays ces derniers mois une occasion évidente d’enjamber le gouffre des vacances et annonçait une année politiquement très chaude avec, à la clef, l’impossibilité de lancer une campagne présidentielle qui n’en finit plus de balbutier et ne convainc d’ores et déjà personne. « Il fallait impérativement dérober à l’adversaire toute cible logique », nous explique une source proche du dossier. Cette logique de guérilla, qui consiste pour le faible à empêcher le fort de le frapper à défaut de pouvoir l’attaquer de front, en dit long sur la situation actuelle du pouvoir en place. Alors que s’est répandue, ces derniers mois, l’idée que la « loi travaille ! » serait l’otage d’une lutte entre deux minorités – la minorité gouvernementale qui ne parvient plus à faire voter ses lois au Parlement et un mouvement loin d’être massif -, l’annulation de l’université d’été du PS indiquerait que la minorité gouvernementale serait elle-même en minorité par rapport au mouvement. Une situation inédite. Le temps risque de sembler bien long d’ici l’élection présidentielle.
Du côté des opposants à la « loi travaille ! », la reculade socialiste est prise avec philosophie. Les manifestations nassées ni la retraite en bon ordre des centrales syndicales ne les inquiètent. « Nous ne sommes pas dans une logique de mouvement, mais dans une logique de plateau », expliquent-ils. « L’intensité politique qui a monté ces derniers mois ne va pas se débander comme ça. Ceux qui gueulent sans y croire « ça va péter » ont tort : il faut plutôt dire « ça va durer » ! Tout a commencé parce que les politiques n’ont plus aucun titre à nous gouverner. C’est pour ça que cette loi, au fond, ne passe pas, même si elle passe au Parlement. Notre prochaine étape, c’est de réunir localement et nationalement toute la foule hétéroclite des cortèges de tête, pas juste les jeunes « autonomes » masqués. Tous ceux qui ont pris la tête des cortèges, qu’ils soient syndiqués ou pas, sont des « autonomes », parce qu’ils se sont rendus autonomes des cadres institués. Les occasions ne vont pas manquer, sauf à ce que le pouvoir devienne définitivement invisible. Notre prochain pas, c’est d’empêcher la campagne présidentielle parce qu’elle est là pour refermer les possibles que nous vivons depuis des mois et qui font qu’on respire tellement mieux dans ce pays. Empêcher le Parti Socialiste de gouverner, c’est bien. Reprendre notre vie en main, c’est mieux. » Les esprits les plus échaudés poussent carrément le bouchon jusqu’à parler de « destitution ». Dans leurs vues, la question n’est pas de conquérir le pouvoir au nom du peuple ainsi que le promet « cette vieille charogne de Mélenchon », mais de construire un processus tel que les gesticulations du pouvoir ne parviennent plus à embrayer sur la vie réelle et deviennent une sorte de divertissement pour les pensionnaires des maisons de retraite, « maintenant que les Guignols de l’info ont disparu ».
L’un d’entre eux n’hésite pas à nous lire un passage d’un vieux texte autonome de 1990 qu’il tient en main : « On pourra donc parler d’un mouvement autonome réellement constitué en force sociale active le jour où l’absence de tout exutoire politique à la puissance sociale des autonomies poussera les individus dépossédés à entrer dans une phase de désobéissance sociale massive, transgressant un à un les interdits du capitalisme. Pour la société politique en crise, l’heure de l’affrontement aura alors sonné. » Il conclut, sentencieux : « L’élection présidentielle n’aura pas lieu. »
https://lundi.am/Universite-d-ete-du-PS-la-destitution-est-en-marche
S’il est certain que le fait de vouloir “s’organiser pour les accueillir comme il se doit” a joué quelque chose dans cette annulation, il y a aussi d’autres raisons qui les poussent à annuler :
– le fait est que pour organiser un évènement de ce genre, il faut de la logistique au niveau local, avec des militant-e-s qui s’impliquent dans la préparation. Or, aussi pourri-e-s soit il-le-s, beaucoup de militant-e-s de la section 44 du PS sont en désacord avec une bonne partie des positions du gouvernement. Ce n’est donc pas sûr qu’au niveau il-le-s avaient les forces nécessaire à la préparation logostique, à moins que les petit-e-s chef-fe-s du coin ait bien voulu faire les “petites mains”
– la sécurisation de l’évènement est aussi un problème. Si, comme le dit Cambadellis, il y a toutes les raisons de faire confiance à Cazeneuve pour deployer les dispositifs sécuritaires nécessaires à leurs yeux. Ça la fout quand même mal pour un parti au pouvoir d’être obligé de se cacher derrrière plus d’un milier de flics pour pouvoir tenir son université d’été
– Le PS est au bord de l’implosion. Les débats à l’interne entre les différentes tendances sont houleux. L’annulation de l’université d’été arrange les tenants de la branche la plus à droite et la plus libérale du parti et évite bien des débats
– le calendrier mal choisi : comme dit dans l’article de lundi.am, l’organisation d’évènements à Nantes contre l’université d’été permettait aussi de se donner un rdv de rentrée et de redonner de la dynamique après les vacances au mouvement contre la loi travail. On peut aussi aujouter qu’avec l’annonce du début des travaux à l’automne et de l’expulsion de la ZAD, le gouvernement a de quoi redouter une jonction entre les deux mouvements à quelques mois des présidentielles.
et encore plein d’autres raisons…