A lire ici : https://distromapache.wordpress.com/2016/04/17/militante-feministe-de-montpellier-etranglee-et-frappee-par-un-militant-du-barricade/

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lec.fem.mat@riseup.net

Voici mon témoignage sur l’agression que j’ai subi mardi 9 février pendant le carnaval de Montpellier. Voilà presque un an qu’il y a des tensions entre les militantes féministes et le bar militant le Barricade. Jusqu’à présent il ne circulait que des rumeurs, souvent déformées (parfois volontairement). Arrivée au stade de la violence physique il est temps de clarifier et rendre publique cette affaire. Ainsi mettre fin au flou qui entoure cette histoire permettra à chacun.e de se positionner en connaissance de cause.

Trop souvent les violences faites aux femmes sont passées sous silence y compris à l’extrême gauche. Pourtant il est nécessaire de les publiciser pour que le malaise change de camp, et que ça ne soit pas l’agressée qui subisse l’isolement, comme c’est le cas jusqu’à présent, mais l’agresseur.

J’ai été violemment attaquée par un membre du Barricade (bar alternatif de Montpellier qui comprend des militants, de l’AL, CGA, PCM, et pas encartés) mardi 9 février au carnaval.
On était en groupe avec mes ami.e.s. Quand je me suis retrouvée seule avec une copine, c’est là que X du barricade m’a lâchement foncé dessus et m’a attaquée par derrière (petit détail: les capacités martiales entre nous deux sont un peu disproportionnées quand même!).
A savoir, quelques minutes juste avant m’agresser il était allé prendre la tête a un camarade qui soutient les féministes dans cette affaire. On remarquera que moi j’ai même pas eu droit a une prise de tête préalable, mais juste à de la pure violence physique.
J‘ai pris un coup sur la tête, puis, il m’a coincée dos a lui en m’étranglant avec son bras et en me menaçant a l’oreille « d’arrêter de les chercher » lui et son bar.
Je hurlais de me lâcher et j’appelais à l’aide. En me débâtant j’ai aussi pris un coup sur la hanche qui m’a laissé un gros bleu.
Il ne me lâchait pas, je ne pouvais presque pas respirer. Ma copine essaya de le pousser mais impossible de l’arrêter. Quand les gens autour ont commencé à comprendre ce qui se passait (ça a été un peu lent) il y a eu un mouvement de masse vers X, et c’est donc à ce moment-là qu’il m’a libérée pour aller hurler un peu plus loin comment il était fier de lui de m’avoir attaquée dans le dos.

Heureusement, l’acte ne resta pas longtemps sans réponse: de suite après mes ami.e.s sont venus me demander ce qui c’était passé et m’ont defendu en conséquence.
Les membres du Barricade qui étaient present.e.s n’ont pas réagit vis à vis de moi, à part l’un d’entre eux, le seul a avoir été correct ce soir là, qui m’a demandé inquiet ce qui c’était passé et qui est parti voir son pote qui malgré tout restait incontrôlable et agressif.
Les membres du Barricade sont évidement au courant de cette violence (plusieur.e.s étaient présent.e.s). Or, jusqu’à ce jour, aucune mesure n’a été prise à l’encontre de mon agresseur. De même, je n’ai reçu aucune excuse et ils n’ont fait aucune tentative de me contacter. Actuellement, je suis obligée de subir la présence de mon agresseur qui se balade sans honte avec ses ami.e.s du Barricade dans les mobilisations.
Selon eux, “il n’y a pas mort d’homme”…

Mais pourquoi cette agression?

J‘ai participé à l’écriture collective d’un mail interne en soutien à une camarade féministe.

En mai 2015 huit membres d’un cercle de lecture féministe matérialiste, qui se réunissait au Barricade, ont écrit un mail de soutien à une de leur camarade. J’ai participé a ce mail.
Cette camarade (qui était aussi animatrice des cours d’arabe au barricade) a été témoin d’une agression homophobe (coup et insultes) dans ce lieu, elle s’y est opposée. Elle l’a signalé aux membres du Barricade.
Par la suite, à une autre occasion, toujours au Barricade, elle fut l’objet de coup de pressions, insultes et intimidation de la part ce même type qu’on appellera Y (pote d’un membre du Barricade).
Après ce dernier incident, le Barricade restait sans réaction (à part répéter que c’était une embrouille de bourrés et de réprimander un de leur membre qui c’était énervé contre Y).
La camarade en question leur envoya donc un mail pour leur annoncer sa démission en tant que adhérente au Barricade et animatrice des cours d’arabe et pour expliquer pourquoi ces cours ne se tiendront plus au barricade. Vous pourrez lire son mail (et les autres mails que je cite) à la fin de ce texte en guise de temoignage.

Le lendemain le cercle de lecture devait se réunir mais à au lieu de faire la lecture comme prévu il adressa un mail interne à l’adresse du Barricade en soutien à leur camarade agressée (elle était présente lors de l’écriture de ce mail). Mail où on leur disait qu’on pouvait plus continuer nos ateliers de lecture dans leur bar vu la situation et à la fin on faisait une invitation à la discussion.

Ce mail fut très mal reçu par les membres du Barricade. A tel point que lorsque, peu après quand nous primes l’initiative d’inviter le Barricade a une discussion (je cite) «afin que des tensions ou des incompréhensions ne subsistent pas entre nous », trois mandatés de celui-ci sont venus pour nous informer qu’ils et elles ne répondraient pas à notre mail et que plusieures des signataires du mail de soutien à la camarade agressée « ne seraient plus les bienvenues » et ne seraient « plus servies au barricade »
Quand on a demandé qui ne servirait plus qui on nous a répondu qu’ils pouvaient pas nous le dire!
Le motif : le caractère « agressif » (sic!) du mail qui leur a été adressé… Notons que Y n’a pas fait l’objet d’un traitement similaire…
On en concluera donc que, pour le barricade, son comportement est moins agressif que notre mail, d’ailleurs très peu de temps après Y revenait au bar sans problème.

Climat de tension, sales méthodes : de l’acte individuel à la responsabilité collective

Suite à notre mail de soutien, on a prit connaissance que dans la liste mail interne du Barricade il y avait eu des réactions super violentes et méprisantes, des demandes d’exclusion collective ou nominatives, des insultes et des accusations de leur planter un couteau dans le dos et de créer la division.
Le seul membre du Barricade qui nous soutenait fut invité à quitter celui-ci…

Suite à notre exclusion annoncée à la réunion Barricade/Féministes, et en ayant appris les propos délirants échangés dans leur liste mail, nous fûmes plusieures à chercher à parler avec des membres du Barricade qui : soit refusaient clairement de nous adresser la parole, soit nous soutenaient qu’on avait été violentes et qu’ils n’avaient rien à se reprocher, soit, au mieux, qu’on avait abusé mais qu’on pourrait peut-être revenir au bar à la rentrée quand les membres du barricade seraient moins faché.e.s.

Ils nous reprochaient de pas être passées par la voie informelle et interpersonnelle pour leur parler des agressions de Y.
Aujourd’hui encore ils continuent de l’appeller “embrouille de bouré.e.s avec language sexiste” et notre mail interne “campagne de diffamation” et “agressivité”.

Ce n’est pas parce qu’on pouvait avoir des liens affinitaires avec certain.e.s membre du bar que c’était à travers l’affinitaire que ce problème devait être réglé. Une critique politique se règle formellement.
On ne s’adressait pas à UNE personne du bar mais au collectif gérant ce lieu, lieu où la charte qu’ils et elles ont écrit collectivement dit ne pas tolérer ce genre d’actes.
Leur approche relève de l’immaturité la plus totale, et de la ligne politique la plus floue.

Ces deux mails se transformèrent très vite, pour la plupart des membres du barricade, en tentatives personnelles de certaines d’entre nous pour « détruire le milieu militant ».
Décidément incapables de se placer sur un terrain politique, ils ne s’attaquent pas a nous collectivement mais à certaines parmi nous personnellement.

Depuis le tout début de cette histoire la personnalisation du conflit et sa dépolitisation fut leur stratégie principale en créant des boucs émissaires et en essayant de nous isoler, nous diviser et nous diffamer.

Le conflit a pris des proportions complètement délirantes et irrationelles, des mensonges et des déformations des faits ou de nos propos étaient le pain de tous les jours! Le Barricade avait plusieurs versions différentes des faits en fonction de l’interlocuteur (ici on apprenait que l’agressé était en fait un agresseur; là-bas que Y était effectivement un agresseur mais qu’il avait accepté de suivre une formation anti-patriarcale (?)…). D’ailleurs après avoir appris que Y devait être exclu, on a finalement appris qu’il ne l’avait jamais été.

Ce comportement a mené à une telle confusion que le débat politique, qui était déjà laborieux, fut saturé, et bientôt impossible, tellement ils l’avaient transformé en embrouilles interpersonnelles et tellement les faits avaient été deformés.

Mais ne nous y trompons pas, pour nous les conséquences immédiates furent éminament politiques ! Un climat de tension se mis en place (exclusion de fait de certaines activités politiques) : Ags ou rencontres qui s’organisaient dans le bar où on était plus les bienvenues, messages privés mensongers de la part de quelques membres du barricade à des connaissances en commun pour nous discréditer et lancer des rumeurs sur certaines d’entre nous, sans compter tou.te.s les militant.e.s qui nous disaient plus bonjour du jour au lendemain sans même chercher à nous parler de cette histoire… Bref, faits qualifiables de harcèlement jusque dans la vie privée…

Et pourquoi on a pas tout exposé dès le début?

Le fait que nous les féministes avions écrit deux mails qui restaient privés, le fait qu’on ait eu l’intention de régler ça en interne était un CHOIX.
On aurait pu crier sur tous les toits cette affaire et le positionnement dégueulasse du Barricade, mais contrairement à ça on a CHOISI, VOULU, arranger ce problème avec eux et elles.

Nous n’avons pas émis une critique envers ce collectif par radicalité gratuite ! Notre mail était avant tout une initiative à gérer le problème.

On s’imaginait que la critique allait pas leur plaire mais on pensait sincèrement (et naïvement) qu’on allait discuter, arranger nos différents, et régler cette affaire, que l’agresseur en question allait être viré et que nous on allait revenir.
Nous avons toutes été choquées par les proportions que ça a pris.
Le Barricade, étant incapable de se remettre en question, a préféré nous exclure et refuser le débat politique.
De notre côté on était fatiguées d’essayer de répondre rationnellement à des multiples attaques complètement délirantes et on pensait que rendre notre exclusion publique, allait empirer notre situation, déjà assez limite, dans la ville.
On peut juste constater qu’on avait tort et que, au lieu que le conflit se tasse, il n’a fait que s’accentuer jusqu’au stade ou l’un d’entre eux s’est cru en droit de m’étrangler.

Cette agression n’est donc pas un dérapage individuel déconnecté de tout contexte, mais une action objectivement encouragée par ce climat hostile de tension et d’acharnement créé et alimenté par les membres du Barricade et qui plus est, focalisait énormément sur moi.

Début décembre, ce climat a été ravivé et intensifié par le soutien du groupe de rap Rascacapac qui a refusé publiquement de jouer au Barricade “tant que dureront les problèmes de sexisme et d’homophobie dans ce lieu”.
Ils ont de suite reçu un message de la part d’un cadre du bar en exigant qu’ils retirent leurs propos ainsi que des messages privés diffamatoires accusant certaines féministes et leurs alliés de diverses choses délirantes.

Comment qualifier de “diviseuses de milieu” des militantes qui, après plusieurs tentatives de régler ce problème, se retrouvent insultées, méprisées, exclues, diffâmées par des membres du Barricade? Comment se taire suite à cet acharnement qui a aboutit à une agression physique?

Finalement, qui divise et passe son temps à exclure tous ceux et celles qui osent émettre une critique ? Qui a refusé dès le départ le réglement formel et démocratique en interne du différend politique?
Qui a rendu mon agression possible?

Le Barricade.

On nous a reproché de briser l’unité. Or, être uni.e.s doit supposer que l’on puisse formuler une critique, même virulente, par la voie formelle sans risquer de répression, c’est la différence fondamentale entre l’unité et la soumission.
On ne peut pas parler d’unité quand on exclut du débat les critiques des féministes et les féministes elles mêmes. Comment être uni.e.s en sachant qu’on peut se faire exclure pour une critique adressée par mail interne?

Comme l’aurait sûrement dit la Camarade Emma Goldman: “si je ne peux pas émettre une critique ce n’est pas mon local associatif avec buvette”!

Je m’en doutais qu’ils allaient finir par m’intimider physiquement un jour où ils auraient bu 2 verres de trop! Mais ma question était plutôt lequel allait craquer le premier… Bon, maintenant mystère résolu! Et vu qu’ils sont incapables de répondre sur un plan politique, faudra voir qui sera le prochain étrangleur après la publication de ce texte!

Pas suffisant de m’exclure de leur bar, et de fait d’une partie des activités politiques, maintenant je n’ai pas non plus le droit de participer à un évènement festif de la ville…
On ne peut que constater que leur très médiatisée formation interne “anti patriarcale” de décembre dernier n’a, hélas, pas porté ses fruits!

Après tout ce temps et malgré une agression physique avec des témoins le Barricade reste incapable de se remettre en cause.

Nous avions fait le choix de ne pas diffuser massivement cette affaire pour les raisons indiquées plus haut, mais aujourd’hui la situation est différente.
Un cap a été franchi : celui de la violence physique.

Donc on tient à dire collectivement qu’aucune de leurs agressions ne restera sans réponse.
On est prêtes et prêts à répondre de la même façon qu’au carnaval. On a eu le bon réflexe de défense et on assume les coups qu’on a porté envers ce crétin de X suite à mon agression et on recommencera si c’est nécessaire.

De leur côté certains du barricade disent qu'”il n’y a pas mort d’homme” et que nous aussi on a frappé.
Mais un coup n’en annule pas un autre, on n’est pas “quittes”.

Je ne pense pas que la violence ou l’intimidation soient des traits de caractère comme n’importe quel autre. Ils sont au contraire l’expression d’un rapport social, en l’occurrence le rapport homme/femme. Considérer la violence dont j’ai fait l’objet comme étant inhérente à la personnalité de mon agresseur c’est individualiser, essentialiser et dépolitiser le problème.
En plus d’être anti-matérialiste, il y a un aspect viriliste dans la minimisation d’une telle agression. Le “on est quittes vous avez aussi porté des coups” ou le “il n’y a pas mort d’homme” laissent entendre que la violence est une forme normale, banale de relation et de règlement des conflits. Comme si les deux violences (celle de l’agresseur et celle de l’agressée) avaient la même valeur et le même sens.
Ce que cache cet idéalisme viriliste c’est que la violence n’est pas neutre: il y a un agresseur et une agressée. Considérer la violence comme un mode normal de relation c’est banaliser l’une des formes les plus brutales de la domination masculine.

Ceux du Barricade qui renvoient dos a dos les violences de l’agresseur et de l’agressée utilisent strictement le même argumentaire que celui du procureur pour faire condamner Jacqueline Sauvage!
Une agression est un contenu politique en lui même car il rappelle, reproduit, une position sociale.

Aucun prétexte personnel d’alcool ou psychologisant n’est recevable.
Cette agression assumée individuellement porte la marque d’une responsabilité collective.

Dans le cas de quelques membres du Barricade cet idéalisme de la violence s’accompagne d’une vision fantasmée, stéréotypée du prolétariat. En effet, certains n’ont pas hésité à dire que le prolétariat était homophobe et sexiste et le présentent comme une sorte de fatalité.

Leur vision s’accompagne d’une certaine suffisance: la distinction se fait entre un prolétariat qui serait donc sexiste et homophobe, et des militant.e.s éduquées et formé.e.s qui ne le seraient pas. Finalement, dans la pratique, ces préjugés minables serviront surtout à justifier chez ces “militants éduqués” une tolérance envers le sexisme et l’homophobie (puisqu’il faut bien intégrer les pauvres prolos spontanément sexistes -en tous cas les mecs-). Et donc tant pis pour les prolétaires LGBT et les femmes qui représentent pourtant à eux deux la majorité de la classe.
Certes, l’idéologie dominante est celle de la classe dominante, cependant les contradictions dans la classe ne sont pas une fatalité ni un problème d’éducation.
Par ailleurs, ce genre de discours apparaît souvent dans des groupuscules interclassistes issus de mouvements étudiants par exemple. Ils sont caractéristiques d’un romantisme révolutionnaire “déconnecté des réalités populaires”.

Deux visions s’affrontent:
La vision idéaliste du Barricade pour qui le sexisme serait une idéologie à laquelle il suffirait de ne pas y adhérer.
Et la vision matérialiste qui, quant à elle, analyse le sexisme comme une relation sociale.

On ne peut pas se proclamer anti-sexiste tout en excluant des féministes car elles ont émis une critique par mail.
L’anti-sexisme est une pratique et non une simple auto-proclamation!

Certain.e.s militant.e.s, comme quelques un.e.s au Barricade, utilisent le chantage de l’unité pour faire taire les divergences. Au contraire je pense qu’ un éclatement sur la question du féminisme est le bienvenu.
Pour nous autres, communistes, l’unité à laquelle nous devons travailler, c’est celle du prolétariat. Pour ce faire, les luttes et les positions féministes doivent être une priorité car elles concernent la majorité du prolétariat et une place spécifique dans le capitalisme. Les tenants de la ligne tolérante envers le sexisme travaillent à la division de notre classe et à la contre révolution bourgeoise.
L’anti-féminisme est contre révolutionnaire camarades!

La violence, telle qu’elle a été pratiquée ici, et sa banalisation sont des dispositifs de reproduction de la domination masculine. De même que la marginalisation des revendications féministes dans notre camp.

La société individualise les violences faites aux femmes. Or ce témoignage n’est pas une situation isolée, dans d’autres villes, milieux, groupes, il existe des histoires similaires..

Il ne faut accepter ni la loi du silence ni les pressions à notre encontre. Nous, féministes, devons être dans la capacité de répondre à ça y compris physiquement car, que cette violence masculine soit exercée par un faf ou un gauchiste, c’est la même chose et la même autodéfense doit être appliquée.

Taire cette histoire en espérant que le conflit “se tasse” n’a servi qu’à me faire étrangler et frapper dans la plus grande indifférence. Se taire ne nous protège pas, il faut, au contraire, rompre l’isolement et créer de la solidarité entre nous. Le féminisme n’est pas une idéologie mais une pratique.
Les discriminations, intimidations et violences que subissent les féministes et les femmes en général doivent être dénoncées publiquement!

Ce n’est pas à nous de nous cacher!

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Annexes :

Mail de la camarade feministe agresée:

Ce mail est destiné aux membres du collectif « Le Barricade », aux participantEs aux cours d’arabe et aux personnes concernées de près par ce qui suit.

Je vais essayer d’être le plus clair et le moins long possible! Je raconte d’abord le récit avant de faire mes commentaires.

J’ai été témoin de tout ce qui suit (vu que je dois le redire et le réexpliquer puisque à priori mon témoignage n’a toujours aucun poids) :

« Le 28 février dernier avait eu lieu la soirée Ska au Barricade.. J’y étais.

Bonne soirée jusqu’au moment d’une embrouille qui m’a assez choqué.
Voilà ce qui s’est passé : B. avait posé sa bière par terre et s’est absenté un petit moment. A son retour quelqu’un allait s’asseoir sur sa bière, il a tendu la main pour prévenir cette personne de ce qui allait se passer. Il paraît que ‘malencontreusement’, dans cet élan, B. ait touché le cul de cette personne. Réaction de cette dernière, elle poussa B en criant sur lui qu’il devait pas lui toucher le cul et en le traitant de pédé. Le tout accompagné de gestes menaçants et violents. B. s’excusa. On calma tout aussi vite l’ambiance. B. continuait à s’excuser, et on demanda à la personne de s’excuser à son tour à B. Cette personne prit B. à part lui demandant s’il tenait vraiment à ce qu’elle s’excuse. B. d’un air naïf acquiesça. La personne prit B. à part au coin des rues Aristide Olivier et Serane, et d’un air violent lui demanda encore : « tu es sûr que tu veux que je m’excuse ? » avant de donner à B. une GROOOSSE gifle.

J’ai d’un coup sauté avec une amie pour arrêter cette violence. La personne ne cessait de crier que son corps était sacré et que personne n’a le droit de le toucher tout en traitant B. de pédé.

Criant contre cet acte homophobe et surtout violent, je fus encore plus choquée quand; pour me calmer, des personnes du collectif me dirent : « C’est pas grave, ça arrive.. Puis c’est quelqu’un qu’on connaît.. » « C’est un ami » « C’est le pote à J. » (qu’on m’a répété pas mal de fois). J’ai eu l’impression que ça ne choquait personne à part ceux et celles qui avaient tout vu. Le tout a été bâclé à une vitesse incroyable et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.

Samedi dernier ( le 2 mai), j’étais au barricade, quand je revis pour la première fois(depuis la soirée Ska) cette personne.

Je me suis empressée de demander à un des membres du collectif du barricade s’ils avaient reparlé de la violente altercation de la soirée Ska pour savoir si un positionnement a été pris. J’ai appris qu’apparemment cette discussion n’a pas eu lieu et J. (qui n’était pas là) se serait chargé de parler à son pote. Je suis donc allée en parler à J. après avoir croisé son pote (avec qui on a partagé un super regard delamortquitue), et à qui apparemment on n’avait pas reporté la même version des faits que moi (??????).. Je commence donc à lui raconter quand j’entends le pote s’embrouiller avec une amie dehors, je sors et là grosse engueulade avec deux des potes à J. (ils étaient 3 ce soir-là).

Selon lesquels : « Bah regarde-toi, tu cries parce que tu ne tolères pas que le gars soit là, eh bah nous on tape ! ». Normal !

Après avoir discuté avec différentes personnes, les tensions s’apaisent et le pote en question vient me parler, sauf que la discussion n’a pu aboutir à rien puisqu’il me racontait une toute autre histoire. Moi ayant été présente sait que ce n’est pas du tout ce qui s’est passé ( Selon lui c’est B. qu’il a poussé au début et a voulu le taper..). Et puis : « de toute façon, c’était juste une gifle que je lui ai donnée pas une droite » « et moi, c’est comme ca que je réagis quand quelqu’un me casse les pieds ».. J’ai abandonné donc tout espoir de discussion en entendant la déformation du récit.

J’ai appris plus tard par des camarades que cette personne m’avait traité de « pute », de « conne » et de « folle ».. J’ajoute aussi que pendant tout le long on n’arrêtait pas de me dire que « mais c’est bon ! Ca date d’il y a deux mois quoi ! » . En gros c’était moi le problème: le fait que je ramène sur le tapis une histoire qui aurait dû être réglé il y a deux mois…

Fin de soirée, ces personnes ont commencé à gueuler « allez les nègres », « pédé » , « non, J. nous a dit de ne pas dire des choses comme ca ici ».. Puis ils ont commencé à chanter. Une membre du bar me demanda ce qu’ils chantaient, je lui ai répondu que c’était du reggae tunisien.. Et là en allant essuyer la table( puisqu’on était en train de ranger), j’entends cette membre du bar qui dit à propos de moi que je n’ai rien fait de mal, que j’ai juste répondu à sa question.. Le gars qui a tapé B. commençait à gueuler plus fort. Et à nous, on continuait de dire: « Non mais c’est bon, on reste calme c’est la fin de soirée ».

En continuant le rangement, je me retourne et je vois un des potes à J. qui tient le poignée de V., puis je ne sais comment, un d’eux a commencé à gueuler : « allez p’tit pédé sors te battre, allez viens » et des provocations pareilles. J’ai retenu V. avec d’autres personnes présentes. « Non, mais c’est bon, c’est pas grave c’est la fin de soirée, on va se calmer et rentrer », nous répétait-on encore.. Je me suis énervée en criant qu’il n’y avait pas moyen, que je me fasse insulter, que V. ait été provoqué que B. ait été tapé et insulté et le tout par les mêmes personnes, et qu’on soit juste réduit au silence…. Les potes à J. engrainaient encore plus V., qui d’ailleurs est resté calme et n’est pas sorti dehors. (Peut-être est-ce que je ne reporte pas bien la violence de la situation, à savoir que j’avais une bouteille à la main et des lacrymos ont été sorties. )
Après un long moment, les potes à J. sont partis.
Nous sommes rentrés.
La réunion du barricade a eu lieu mardi, et paraît-il que je dois rencontrer J. pour répondre à des questions (sachant que je lui ai déjà tout raconté) le tout entrant dans le cadre d’une « commission enquête » comme il l’a appelé. »

Tout ceci était le récit, voilà mes commentaires très brefs dessus(je me suis retenue de faire un discours imagé et métaphorique ) :

Ces événements me perturbent beaucoup et prennent une tournure que je trouve incroyable et surtout décevante, car elle vient de la part de « camarades » de qui je me sentais proche surtout politiquement, dénonçant un certain décalage entre le discours et son application chez certainEs….

-> Je ne conçois pas que dans un local associatif autogéré avec buvette (et non pas bar si vous saisissez la nuance) disposant d’une charte, cette dernière ne soit pas appliquée ni après la première ni après la seconde soirée. (je commence bien à croire que c’est vraiment parce que c’est le pote à J. puisqu’il y a bien eu des cas de mis en retrait précédemment sans aucun problème apparemment pour appliquer la charte).

-> Je ne conçois pas que dans un local associatif autogéré avec buvette, espace militant, aucune démarche militante n’ait été menée pour rétablir le problème.

-> Je ne conçois pas qu’afin de régler le conflit, je doive rencontrer quelqu’un qui va m’interroger dans le cadre d’une «commission enquête »(j’y vois une reprise des procédures policières et judiciaires… ??! On prend ma déposition, celle de l’autre et je devrais le rerencontrer..??!!!! Je sais pas, mais moi je trouve ça hallucinant)..
De même, supposons que cela soit une démarche à faire (même si je ne le crois pas du tout), je dénonce le conflit d’intérêt: Pourquoi c’est J.? pourquoi c’est LA personne qui est en plein dedans jusqu’au cou qui me fait l’interrogatoire! Neutralité??!!!

-> Je ne conçois pas que durant tout ce temps ma parole n’ait eu aucun poids et soit encore objet de doute et d’enquête

-> Je ne conçois pas que des personnes du collectif « Le barricade » me disent que « de toutes les façons B. est chelou… », « en même temps le pote à J. ne l’a pas éclaté il l’a juste tapé », dans un ton qui justifie ce comportement de nature dégradant envers B. (Et que ces mêmes personnes n’aient pas été choquéEs ou alertéEs par ce qui s’était passé ce qui reste assez surprenant vu l’endroit et la conscience politique que les membres du barricade sont censés avoir. Mais plutôt que les reproches se soit tournés vers moi, décrédibilisant totalement ma parole et celle des autres personnes présentes)

-> Je ne conçois pas que des membres du collectif « Le barricade » présentE à la dernière soirée n’en disent plus rien (au nom d’affinités aussi??)

-> Je ne conçois pas qu’on cherche à chaque fois à tout calmer et à tout enfouir sans chercher à comprendre et régler le problème

-> Je ne conçois pas qu’on milite pour des valeurs et contre une société corrompue et qu’on ne cherche pas à dépasser ça dans ce qui est plus petit et représentatif de nos valeurs : le milieu militant.

Pour toutes ces raisons là et après ce qui s’est passé, je ne vais plus pouvoir maintenir mon statut d’adhérente ni d’animatrice de cours d’arabe dans un endroit où je ne peux pas me sentir sereine, où je peux être agressée et voir des gens être agressés et provoqués et juste devoir me calmer et me taire, et surtout, où les affinités passent avant les approches militantes (voir avant une certaine justice?).

Pour finir, je regretterai bien des délires et aussi un certain confort pour les cours d’arabe, mais ce sont des choses qui pour moi, ne font pas le poids devant des situations violentes et touchant à la dignité humaine sans aucune équité, au nom d’affinités.

Mail du cercle de lecture:

A l’attention du collectif “le Barricade”
Nous, le cercle de lecture féministe matérialiste du 8 mai, après avoir lu le mail d’une de nos camarades adressé au barricade et après avoir discuté entre nous, avons toutes décidé de ne plus continuer noslectures au Barricade pour les raisons suivantes :
En tant que féministes nous nous révoltons des faits qui ont eu lieu depuis la soirée Ska jusqu’à présent. Nous voulons avant tout pointer du doigt que notre camarade s’est faite agressée physiquement et verbalement, et a subi du sexisme a deux niveaux.
Tout d’abord par le biais d’insultes, d’intimidations verbales et physiques. Puis de la part de certainEs membres du Barricade qui n’ont pas réagit au moment des faits (qui leur ont pourtant été clairement rapportés sur le moment) et qui part la suite ont préféré minimiser (voire invisibiliser) les faits et « calmer » notre camarade en la faisant ainsi taire.
Il n’est donc plus pertinent pour nous de continuer à se réunir dans un lieu où l’on peut se faire traiter de « folle », « pute », « conne », «pédé » et avoir à sortir une bouteille pour se défendre, et où l’on doit batailler pour se faire entendre. Batailler pour se faire entendre à la soirée Ska, puis samedi dernier, puis être obligé d’écrire un long mail pendant une période de partiels en expliquant tout en détails. Et ce n’est que maintenant que les réactions apparaissent.
De plus en tant que féministes, mais aussi en tant que lesbiennes,bisexuelles, pansexuelles ou hétéra anti homophobe, nous dénonçons le fait qu’une agression homophobe (coups et insultes) soit tolérée voire protégée (pas de réaction sur le moment, pas de réaction après, pas de communication ni d’information sur les faits, pas de réaction pendant deux mois, aucune mesure entreprise).
On tient aussi à souligner les propos racistes « petits nègres » qui ont été tolérés (la personne qui l’a dit, à plusieurs reprises, était en train de gueuler).
Tout cela a été fait par la même personne, il est flagrant que la charte ne s’applique pas à tout le monde. La non réaction des membres du Barricade sur cette affaire (qui a duré bien trop longtemps) a été avant tout affinitaire et non pas politique. Il nous semble que si ça avait été Mister x l’histoire n’aurait pas été la même…
Il n’est pas normal que notre camarade ait du faire une multitude de démarches ne serait ce que pour que ce problème soit discuté en réunion du Barricade. D’autant plus que des membres du Barricade étaient présents les soirs cités.
La réaction du Barricade ne fut pas leur initiative, elle a été provoquée.
Des membres du Barricade étaient présents les soirs en question. Notre camarade a parlé avec plusieurs membres du Barricade de cette histoire les soirs en question. Nous ne comprenons pas comment ça se fait que tous et toutes les membres du barricade n’aient pas été misES au courant des faits (ou de la totalité des faits) dès la première fois.
En tant que matérialistes, on pense qu’une dialectique entre la théorie et la pratique est nécessaire et de toutes façons inévitable.
Nous restons évidemment ouvertes à la discussion, et on espère que les multiples réactions contribuent à un futur antisexiste, anti homophobe, anti raciste pas que dans une charte mais dans la pratique.
Féministement,
Les féministes matérialistes du cercle de lecture du 8 mai

Mail pour la reunion cercle de lecture/Barricade. Reunion où on nous annonca notre exclusion:

Bonjour, Le cercle de lectures féministes matérialistes du 8 mai souhaite rencontrer le collectif du barricade afin de discuter comme indiqué dans notre mail. Après concertations internes, nous vous proposons d’échanger mercredi soir vers 21h au pavillon populaire (ou un autre moment/lieu si cela vous arrange plus) Le mieux serait d’en discuter au plus vite afin que des tensions ou des incompréhensions ne subsistent pas entre nous. Cercle de lectures féministes matérialistes du 8 mai