– Un référendum, c’est l’échec de la lutte. Dans la grande ville allemande de Stuttgart, une lutte très ressemblante au mouvement anti-aéroport s’est opposée pendant des années à un projet pharaonique et inutile de gare ferroviaire. En 2010, des manifestations d’opposants réunissent des dizaines de milliers de personnes, des affrontements éclatent avec la police : comme à Nantes, le rapport de force est posé. Pour débloquer la situation, les autorités organisent un référendum local qui abouti à la victoire des partisans du projet en novembre 2011. Depuis, le coût des travaux a explosé : les promoteurs avaient menti sur les estimations. Le projet s’enlise, mais les élus locaux sont désormais contraints de mettre en œuvre le projet, et les opposants ne se relèveront pas de la victoire du “oui” au référendum.

http://www.rfi.fr/europe/20111127-allemagne-victoire-oui-referendum-nouvelle-gare-stuttgart

– Quelles seraient les modalités du référendum ? On entend parler d’une consultation locale, sans préciser quel serait son périmètre. La Région Pays de la Loire ? Le département Loire-Atlantique ? Le “Grand Ouest” ? Nantes ? Vigneux de Bretagne ? Le cadre du référendum sera l’objet de toutes les manipulations. Par exemple, on voit mal pourquoi les habitants de la Mayenne et de la Sarthe pourraient se prononcer sur le sujet – au risque de voter pour ou contre “les ZADistes”, puisque le projet ne représente aucun enjeu pour ces départements plus proches de Paris que de Nantes – mais pas ceux de Rennes ou de Brest. On peut aussi se questionner sur la légalité d’une telle manœuvre. Un juriste estime qu’un référendum local sur le projet d’aéroport est impossible en Droit : https://blogs.mediapart.fr/arnaud-gossement/blog/120216/notre-dame-des-landes-le-droit-permet-il-l-organisation-d-un-referendum-local

– Si le « oui » à l’aéroport l’emportait, ce qui est possible car les partisans de l’aéroport ont infiniment plus de ressources politiques et financières que les opposants pour gagner un référendum, dont ils aurait au préalable définies les modalités. Un référendum signifierait malgré tout, une suspension du proje du à l’échéance du vote. Hollande parle d’une consultation « d’ici le mois d’octobre ». En admettant que le « oui » à l’aéroport l’emporte, il semble hautement improbable que des expulsions – qui nécessiteraient l’un des plus gros déploiements policiers de l’histoire – interviennent durant la campagne présidentielle, qui commencera cet automne. Ainsi, si le projet n’est pas simplement enterré, il sera relégué après les élections, soit un répit pour les occupants de la zone au moins jusqu’à l’été 2017.

– Si le « non » à l’aéroport l’emportait. L’opposition à l’aéroport pourrait gagner, mais ce serait une victoire à la Pyrrhus, car il peut tout à fait y avoir une expulsion de la ZAD à moyen terme même avec l’abandon de l’aéroport. Valls et Retailleau le répètent suffisamment, il n’est plus vraiment question d’aéroport mais de faire respecter « l’autorité de l’État ». Il est donc peu probable que, même en cas d’abandon du projet, celles et ceux qui expérimentent un mode de vie anticapitaliste sur une zone autonome soient laissés en paix par les prochains gouvernements. Par ailleurs, un abandon du projet par voie de référendum viendrait effacer des années de lutte, d’actions, de manifs, d’occupations, et exclurait de la consultation des milliers de personnes mobilisées dans toute la France. C’est donc collectivement dans la rue et le bocage qu’il faut faire reculer le gouvernement, et non par un scrutin pipé, dont les règles seront définies par nos ennemis.

Ni aéroport, ni référendum, c’est par la lutte qu’on va gagner ! Vive la Commune de Notre-Dame-des-Landes !