Guerre, état d’urgence et colonialisme

L’état d’urgence nous vient tout droit de la guerre d’Algérie et de la colonisation. Ses mesures étaient déjà largement employées pour réprimer les mouvements de libération des peuples colonisés (Madagascar, Kanaky,…). Le simple fait que cet état d’urgence qui fut ré-activé suite à ces attentats trouve ses racines dans cette sale guerre montre qu’on ne peut déconnecter la situation actuelle de la question des guerres coloniales.

Guerre et colonisation sont en effet intimement liées : l’agression des peuples par la puissance coloniale française n’a jamais cessé. Même après les mouvements de décolonisation, la mainmise de l’État français sur ce qu’on peut difficilement appeler “anciennes” colonies est toujours d’actualité. Les entreprises du CAC40 et les réseaux mafieux (étatiques ou non) continuent d’exploiter les ressources et les peuples, choisissant de s’allier ou de placer des régimes leur permettant de maintenir les populations dans un état de soumission.

La crise générée par les capitalistes entraine l’accélération des conflits dans les pays riches en ressources humaines, minières et énergétiques au travers desquelles ils s’enrichissent, d’autant que leur économie en dépend. La guerre leur permet ainsi d’entretenir le marché de l’armement, de la sécurité et de vendre leur savoir-faire en gestion des populations. La destruction leur permet d’ouvrir un nouveau marché de la reconstruction.

Syrie, Irak, Mali, Sahel, Centrafrique, Côte d’ivoire, Mauritanie, Burkina Faso, Niger, Tchad, Golfe de Guinée, Liban, Sénégal, Gabon, Ethiopie, Somalie, Erythrée, Soudan, Congos, la liste est longue des pays où les puissances interviennent pour leurs intérêts, sous couvert de missions de pacification, “démocratisation” ou d’aide au “développement”.

Les guerres perpétuées par les chefs d’Etat au nom des peuples ont toujours pour conséquences que ceux-ci en payent chèrement le prix. Sarkozy avait commencé en Libye, mais depuis l’arrivée de Hollande au pouvoir les interventions de la France dans ces régions se multiplient, faisant de nous une cible stratégique.

La guerre comme politique intérieure

De cette situation, le gouvernement de la gauche coloniale entend bien tirer tous les partis possibles. La logique de guerre a toujours été une technique de choix pour tenter de faire adhérer la population à une unité nationale derrière des gouvernants que personne ne soutient plus. D’autant plus que la crise en cours amène une intensification des conflits sociaux, comme celui d’Air France l’a encore prouvé dernièrement. Cette intensification entraine une répression des luttes, comme le montre la condamnation des ouvriers de Goodyear, les nombreux procès contre les opposantEs à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, ou le déploiement militaire et les déportations massives à Calais.

Mais derrière cette prétendue union, se cache aussi une logique de “guerre des civilisations”, voulue par tous les participants, de Daesh à la France. Ils voudraient nous voire diviséEs pour mieux nous contrôler et nous enrôler, et entretiennent une peur mutuelle, continuant leur politique raciste qui est au coeur même de la constitution de la République. Cette politique est visible dans le traitement infligé aux personnes qui fuient ces guerres, le pillage des ressources et le réchauffement climatique.

Cette guerre contre son propre peuple s’accompagne de moyens toujours plus énormes. En désignant quiconque s’oppose à ses intérêts comme terroriste, les Etats assurent l’intensification de l’exploitation sur leur territoire. Comme on le voit, il n’y aura bientôt plus besoin d’état d’urgence, puisque toutes les mesures qui l’accompagnent seront entrées dans le droit commun, à coup de lois de surveillance et autres lois anti-terroristes, donnant toujours plus de pouvoir à la police pour réprimer nos luttes.

Ces guerres ne sont pas les notres. Face à une situation qui ne peut que dégénérer, au vu de la politique raciste entretenue par le gouvernement, la meilleure façon de résister au terrorisme des Etats, islamiques ou républicains mais tous fascisants, est encore d’exiger le retrait des troupes et des entreprises françaises, pour montrer que la solidarité entre les peuples n’est pas un vain mot, et d’exiger le retrait des lois scélérates qu’ils mettent en place.

Collectif nantais contre l’état d’urgence