Il y a exactement 60 ans avait lieu à Nantes un mouvement social qui a marqué l’histoire par son intensité.

Au beau milieu de l’été 1955, les ouvriers nantais des chantiers navals, à la suite de ceux de Saint Nazaire, se mettent en grève pendant des semaines. Ils seront rejoint par de nombreux nantais solidaires. Le conflit est dur : le 17 aout les manifestants attaquent des locaux du patronat.

Le lendemain, ils s’en prennent à la prison et au tribunal pour faire libérer leurs camarades réprimés. Les manifestations réunissent des dizaines de milliers de personnes à plusieurs reprises…

Le 19 aout, sur le Cours des 50 Otages, un maçon de 24 ans est fauché par une balle tiré par les CRS.

Il y a précisément 60 ans, au cœur de Nantes, la police tuait un manifestant.

Après la fin de la grève, la CGT déplorera « les idées anarcho-syndicalistes très fortes que les mouvements de 1955 ont encore développées » dans la classe ouvrière du département. Cette position des syndicats peut expliquer l’oubli qui frappe cette lutte pourtant historique par son ampleur, son intensité, et ses pratiques.

Et aujourd’hui, en 2015 ? La police continue de tirer sur la foule à coups de grenades et de balles en caoutchouc. Aujourd’hui encore, à Nantes comme ailleurs, la police tue et mutile. Les 5 personnes gravement blessées au visage par la police nantaise ces dernières années en témoignent.

Pour ne pas oublier la mort de Jean Rigollet, lui rendre hommage, et pour lutter aujourd’hui contre la militarisation et l’impunité policière, des personnes étaient réunies ce matin sur le Cours des 50 Otages.

Un bouquet de fleur et deux affiches ont été apposées, à côté de la plaque commémorative officielle, placée à l’emplacement du décès de Jean Rigollet.

La lutte continue !

« Il n’y a aucune forme d’organisation plus autonome que quinze mille ouvriers agissant unanimement dans la rue. (…) Nantes a fourni l’exemple [de] formes d’orga­nisation qui s’avèrent déjà les seules efficaces, et qui s’avéreront de plus en plus les seules possibles. »

(Cornélius Castoriadis, Les ouvriers face à la bureaucratie, revue “Socialisme ou Barbarie” n°18, janvier-mars 1956).