ENFIN, NOUS ÉCRIVONS L’HISTOIRE.

Le chantier du Center-Parcs dans la forêt des Chambarans est stoppé depuis plus de 6 mois maintenant. Il faut le souligner, car c’est un fait assez rare ces dernières années, nous avons gagné une bataille importante. Quand la Critique politique devient efficiente sur le terrain, dans l’histoire, c’est à ce moment là que nous pouvons parler de changements. C’est l’histoire qui se fait avec nous.
Fini les naufrages historiques.
Une victoire temporaire certes, mais qui permet d’ouvrir nos champs des possibles sur du concret à portée émancipatrice et révolutionnaire. Une victoire dans nos imaginaires; on pourrait dire SUR nos imaginaires, rabougris et en voie de normalisation accélérée. Le combat des mots et des idées (la Critique) n’a de chance d’avoir une portée révolutionnaire seulement si il touche le réel quelques fois (la Praxis). Quand la Pensée rencontre la pelle ou le cocktail, le mélange produit des situations politiques inédites où le rapport de force peut se renverser. Ce renversement n’est peut être qu’un flatus vocis, un pet de l’histoire pour l’histoire présente, mais il peut tout aussi bien être l’un des souffles déclencheurs qui produira de la critique en acte un peu partout en France comme ailleurs en Europe. Nous le dirons et le redirons aussi longtemps qu’il le faudra, ce sont les humain-e-s qui font l’histoire. Il n’y a de « destin » que dans les têtes et les cœurs des abstentionnistes de la vie et de ceux et celles qui détiennent le Pouvoir, c’est-à-dire le pouvoir d’agir sur la liberté d’autrui (et celles et ceux pour qui naturaliser cette emprise permet la légitimation de toutes les oppressions et ingérences, « on ne peut rien y changer, c’est le destin, la Nature, la Loi…»).
Nous disions que cette victoire est « temporaire ». Effectivement, le capitalisme est un corps à part entière et, attaqué d’un côté, il se défend de l’autre, contre-attaque de plus belle. Il ne s’effondrera pas tout seul, il est auto-apprenant et multiforme. Il alimente d’autres systèmes de domination pour perdurer (patriarcat, impérialisme, spectacle…). Tout ceci forme un système de “vases communicants des pouvoirs” où les forces oppressives interagissent et se renforcent, prennent des relais et investissent à chaque instant les vides-de-pouvoir qui se créé dans l’histoire. Ce système complexe nous le nommons la Société Dominante.

Tant qu’il n’y aura pas de changement total et radical, nous serons toujours en prison, qu’elle soit sur « zone », dans des appart’, ou derrière des barreaux.

Avoir bouté les capitalistes (privés et d’État) hors de la forêt des Avenières est un acte puissant puisqu’il est chaque matin renouvelé, mais il doit nous servir de marche-pied pour des Offensives plus massives, si nous ne voulons pas mourir par asphyxie dans notre ghetto libertaire entouré de clôture [1].
En étant plus précis sur ce que nous pensons des révolutions, on pourrait dire que le combat amorcera sa première victoire quand la lutte s’intensifiera; quand elle dépassera sa géographie propre pour se répandre en ville et en banlieue, dans les cœurs et les esprits; quand elle déboulonnera l’économie de ce pays; quand la rébellion, la résistance et l’autogestion seront des pratiques quotidiennes plutôt que des modes, des rêves et des postures;
Après, que le center-parcs des Chambarrans se fasse ou non, c’est un point de détail historique. En pratique, cependant si nous abattons des pouvoirs, nous abattons aussi leurs projets. Blesser Moloch,, le privé de ses bras (qui tapent), de ses pieds (qui avancent et détruisent) et de sa tête (qui commande); et tous les aménagements merdiques sauteront avec lui. Il nous restera a abattre l’idée même de projet et d’aménagement.

Tuer l’aménageur du futur en nous.

Nous en reparlerons plus loin.
Néanmoins, chacun des gestes effectués sur les ZAD, qu’ils soient anodins, destructeurs ou constructeurs sont des actes révolutionnaires en puissance car ils portent en eux la liberté de pouvoir se faire potentiellement sans oppression du système en place. Tous les actes en ces lieux, reprennent petit à petit un sens, une signification pour la personne qui l’exécute et la communauté qui la partage. Ils deviennent efficients dans la réalité, et portent en eux cette double qualité révolutionnaire, d’être à la fois responsabilisant et insouciant, les deux qualités qu’il manque à la plupart des actions exécutés dans un univers contrôlé et aseptisé comme la ville moderne partout présente: sur-vie citadine ou campagnardo-pavillonnaire rongée par le béton et l’asphalte.

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La vie en zad est un coup de poker permanent, elle mise tout le tapis à chaque alerte, à chaque action. Sans arrière pensée, sans issue certaine c’est l’existence pleine et non-séparée qui prend aux tripes, qui permet d’espérer et de s’enorgueillir des Changements propagés sur zone et AU-DELA DES FORËTS.
Renouvelée tous les matins au réveil dans les cabanes et les tentes, la vie sans quotidien est une preuve de plus – propagande par le fait – qu’il est possible et souhaitable de changer TOUT DE SUITE les formes et les structures de la société. Et quoi qu’en disent les petits chefs marxiens de tous poils, la fameuse “phase de transition” n’est qu’un prétexte pour celles et ceux qui veulent le pouvoir pour leur classe. Bureaucrates, technocrates, “communistes” ou capitalistes, tous sont à combattre.
Gagner cette guerre signifiera gagner sur la guerre (de tous contre tous) et nous savons qu’il faudra bien plus que des ZAD pour en finir.

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La ZAD, POTENTIEL CATALYSEUR D’UN MOUVEMENT RÉVOLUTIONNAIRE.

L’enjeu se situe réellement ici. Il ne s’agit pas de gagner 40 hectares de terres arables, ni de protéger seulement les tritons à crêtes, encore moins de recréer une communauté anarchiste de plus. Les refus de l’Aménagement – qui est la forme de la Domination capitaliste sur l’espace-de-vie – et les occupations qui en découlent, sont des failles dans le dispositif global du conditionnement. Pas tant par la destruction matérielle qu’ils provoquent, (quelques millions d’euros, c’est-à-dire des miettes). Pas non plus par l’image médiatique qui s’en dégage (qui est déjà bien périmée), mais plutôt par la mise en exergue des contradictions fondamentales du système. Ces refus forment des contre-points où les antagonismes deviennent visibles parce que directement reliés à l’espace physique, au topos, c’est un combat matérialiste.
Prenons l’exemple de la Barricade bien représentée sur les ZAD. Elle est cette prise de conscience collective qu’il n’y a pas d’alternative, c’est eux ou nous ! Elle matérialise l’opposition frontale (pour un temps donné) entre les refusant-e-s et celles et ceux qui continuent à participer ou à maintenir le système en place, les propagandé-e-s aurait dit Ellul. La barricade est l’arme par excellence des zadistes, parce qu’elle est cet anti-aménagement du territoire. Elle bloque l’espace aux capitalistes, et de surcroît charge les lieux d’un imaginaire collectif bien difficile à récupérer capitalistement parlant; elle comble le “vide” par un matériel ostentatoire, vindicatif et parfois utile! Une espèce de trou positif, la matérialisation d’un anarchisme pratique:

Elle est ce non-projet sans gouvernement qui émerge à chaque projet.

La passivité sociale, l’apathie syndicale, la dureté de l’installation sécuritaire et en dernier ressort la forte répression empêchent tout mouvement social de se développer. Une hypothèse serait que les ZAD sont un nouveau type de lutte permettant d’échapper, (de contourner) au conditionnement. Ces pratiques « fuyantes », ces zones encore non-cartographiées par les maîtres de la contrainte urbanistique (ou si peu) sont les nouveaux supports en relative sécurité permettant à la jeunesse enragée de trouver une accroche dans (ou plutôt sur) le réel. Les ZAD remplissent en partie les fonctions dévolues d’habitudes aux mouvements sociaux dont la lutte anti-CPE en était le dernier phénomène.
Elles forment des « portes d’entrées », des lieux politiques de prises de consciences pour toute une jeunesse en quêtes d’actions-qui-font-sens. Des lieux où quiconque a une sensibilité au monde, quiconque pense « qu’il y a un truc qui cloche » peut s’y retrouver d’une manière ou d’une autre.
« Plus de discours, plus d’idéologie, plus d’images, la Réalité en actes : des fois cruelle, des fois complexe, toujours sensible.»
Au dernier constat qui font histoire, il est important de remarquer qu’il y a bel et bien un Mouvement anti-Aménagement en France (et en Europe, ce qui est bon signe, vu que les dominations/exploitations elles, n’ont pas de frontières non plus). Cet élan de refus a su dépasser ses limites objectives (cloisonnement régional, réseau affinitaire…) pour révéler ce qu’il est essentiellement, à savoir un mouvement social d’un nouveau type (« une pratique innovante » dirait un sociologue prout-prout). Il touche une part non négligeable de la jeunesse en France (issue de la petite bourgeoise en grande partie mais aussi des classes pauvres vivant à la campagne) qui y voit une expérimentation concrète des espérances pour le futur, le moyen de mettre en pratique ce refus, de le rendre collectif, de lui donner un ancrage physique

ICI ET MAINTENANT.

Ainsi la lutte parcellaire de refus d’un projet se transforme petit à petit en une prise de conscience des enjeux politiques et de la réalité du système dans ce qu’il a de plus aliénant, dépossédant et dominant. Des consciences révolutionnaires écloses et des chambardements zadistes peuvent sortir une critique en actes totalisante et radicale. Ce mouvement Critique & Pratique plus lent mais plus tenace que les mouvements antérieurs peut toutefois s’emballer et, prenant de l’ampleur, il peut révéler ce qu’il porte en lui :
la négation totale de la société dominante, son renversement – Tout casser, tout brûler, tout réaffirmer, tout reconstruire – s’il en a les moyens internes…

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Un REFUS DE QUOI AU FAIT ?

Le Refus en acte prend souvent de multiples formes. Il est le plus souvent une réaction viscérale contre cette gangue merdique qui nous enserre et dont on ne voit même plus qu’elle existe tellement elle est de partout et tout le temps. Les réactions de refus ne se font plus à l’heure actuelle, sur le mode rationnel (ou si peu), la critique est absente au départ. Le système à bien fait les choses (dressage) et nous sommes tellement empêtrés, emprisonnés dans des contradictions artificielles, dans la dissonance et le “day dreaming” qu’il n’y a pas moyen de réfléchir globalement à toute cette merde…sinon le suicide ou la folie nous guette.
Non, le refus est d’abord celui des corps et des sentiments. Celui de la chair, celui de nos ressentis. C’est l’intuition qui est de mise plutôt que l’intention. Ce peut être le dernier rempart au conditionnement global, celui de nos complexités d’humain-e-s faits de corps et de ressentis refusant la domination. N’y pouvant plus ou n’y étant pas encore préparé. Les électrosensibles, les mouvements de rage des dominé-e-s, les colères, les cancers, les voitures qui crament… le refus sort de son trou quand la pression est intenable, quand le poids est trop lourd pour nos petits-êtres sensibles, quand l’indignation devient suffocante tellement elle a rongé nos volontés
…quand il devient difficile de vivre, même de survivre.
En ce qui nous concernent ici, c’est un refus de la destruction des lieux de vies (sauvages ou pas, là n’est pas la question) par le capitalisme. C’est tellement simple et c’est tellement ça qu’il n’y faut rien rajouter sous peine de resserrer le champ de la révolte pour la cantonner à des batailles corporatistes sans réel appui dans la population.

Ce refus n’est pas spécifiquement écolo, anti-tech ou libertaire, il est jeune et populaire. Et c’est sa force.

Ce refus viscéral doit renforcer maintenant sur un refus “plus raisonné” s’il ne veut pas s’épuiser. Car la rage, le dégoût, la colère sont des sentiments qui s’érodent avec le temps et l’aliénation (:changement de “propriétés” d’un corps, d’une terre….). Acquérir une (des) critique(s) permet d’objectiver ce refus, de le sortir de l’interpersonnel pour le communiquer globalement, “universellement”, créer des convergences, des analyses, de l’organisation.
Sortir la critique du ventre pour la porter à la bouche puis à la main.
Sans être trop stratégique, il nous faut compter maintenant les forces réelles et potentielles. Trouver les “camarades”, les “alliées objectifs”, les ami-e-s, les compagnon-ne-s et…cerner les ennemies inflexibles.
Dénicher de nouvelles forces, appuis, infrastructures militantes déjà existantes en se posant la question préalable du degré de confiance à investir à chaque fois. Faire tourner les informations (toutes?) parmi les forces en présence, via ses revues et ses mails, ses sites internet et le bouche-à-oreilles. Assurer une propagande efficace avec des affiches et des événements sur zone et au-delà des forêts. Trouver ses propres formes organisationnelles connues ou à expérimenter. Le but avoué de ce texte (et de bien d’autres) et d’être lu sur zone et dans les comités pour donner un encrage théorique radical à ce mouvement. Prenez-le, malgré le ton emphatique, comme une piste forestière incertaine, pleine de ronces et de bois mort. Non comme une autoroute déjà toute tracée à la Vinci.
Attention cependant, car à trop vouloir jouer aux petit-e-s stratèges on en oublie des fois la réalité concrète, faites d’humain-e-s et de non-humain-e-s impossibles à mettre en équation: que la spontanéité soit un moteur dans nos luttes, nous n’avons pas peur de le dire. La commission inutile est un outil dans se sens [2].
Une des tâches des travaux théoriques est la caractérisation de l’ennemi-e dans toutes ses formes complexes (de la société globale jusqu’à nos tréfonds intérieurs…etc). Sans ce travail, tous les actes épidermiques de protestation et de refus seront des coups d’épée dans l’eau. La récupération réformiste, la réaction bourgeoise et la répression vicieuse menaceront de nous anéantir sans que l’on puisse savoir d’où ça vient, où ça va, ni s’en prémunir.
Nous aurons beau ériger de splendides barricades romantico-révolutionnaires et se préparer militairement « à l’invasion bleu marine », devant un tel monstre protéiformes, il faut s’imposer l’humilité de ne pas savoir grand-chose (pas encore assez ) des capacités contre-révolutionnaires du capitalisme de l’Aménagement et de la société dominante qui le soutient.
On pourrait par exemple s’aider de repères historiques, quand la conjoncture économico-sociale était la même qu’aujourd’hui (à peu près) : une campagne rongée par le chômage de masse, de la pauvreté en hausse, les écarts sociaux entre les classes qui augmentent, la montée de la xénophobie et du sentiment d’impuissance…..ça vous rappelle des souvenirs ? Mais attention, il n’y aura plus jamais de IIIeme Reich ni de seconde guerre mondiale qu’on se le dise ! (pour tout les teubés néo-Nazi…).
Se servir du passé sans en déduire trop hâtivement des faits ni calquer des pratiques, mais plutôt dégager des tendances, des idées utiles adaptables au mouvement actuel. Comme par exemple se nourrir des pratiques (et des échecs) des mouvements d’occupation depuis l’avènement du capitalisme moderne (1950 à nos jours) (Plougoff, Larzac, Chooz B…). Mais encore une fois attention, rappelez-vous qu’à l’époque c’est en partie à cause de François Mitterrand élu comme président de la républik que le mouvement social est retombé comme un soufflet.
C’est qu’à trop vouloir se porter en négatif de projets capitalistes spécifiques (c’est-à-dire se laisser fixer théoriquement et géographiquement), on finit par être l’image miroir de celui-ci, et il suffit de casser le miroir pour annihiler son image….
A l’heure actuelle il suffirait par exemple, pour Pierre & Vacances, de retirer son projet dans les Chambarans pour amputer le mouvement d’une bonne partie de sa dynamique en Rhône-Alpes. A tous les promoteurs de contre-projets citoyennnistes comme anarchistes…ceci est une leçon d’histoire.
L’expansion et la convergence sont des moyens pour acquérir cette portée non-parcellaire si nous voulons faire de cette lutte un moment révolutionnaire: il faut le redire, nous ne nous battons pas spécifiquement contre Pierre & Vacances ou Vinci ou je ne sais quelles multinationales mais contre un système global.
Pour acquérir cette vision d’ensemble, le processus de lutte adopté par les ZAD est simple: partir du concret visible (Pierre & Vacances détruit et bétonne une forêt) pour aller vers du plus complexe et global (en passant par le Conseil Général, la répression policière et la propagande médiatique…). Cette approche permet une lente et certaine mise au clair – raisonnement logique – de la chaîne de cause à effet des oppressions qui va de la forêt des Avenières jusqu’à Bruxelles, qui va des contenus oppressifs aux formes pures de l’oppression (structures, institutions, rapports…etc). Il permet à tout un chacun-e d’acquérir une Vision en partant de quelque chose de sensible, qui touche au cœur (ex: la forêt se meurt ou des personnes sont frappées…)
Mais revenons au refus.
Lors de la manifestation du 2 Mai et l’occupation du Parc Hoche, on a put voir dans le cortège pratiquement l’ensemble des forces radicales de l’agglo grenobloise : des autonomes, des étudiant-e-s, des féministes radicales, des écolos radicales, des syndicats, des anti-tech, le Postillon…et bien d’autres. La présence de tout ces groupes est un indicateur de plus montrant l’enjeu de cette lutte. C’est que le milieu (mais c’est quoi au fait ?) à enfin compris que tout ce bazar n’est pas seulement provoqué par quelques jeunes sauvageon-ne-s voulant sauver Gaïa en nord-Isère! C’est bien plutôt une fronde globale contre tout ce qui constitue l’Emprise des Décideurs et Décideuses sur nos vies : on y brasse des thèmes aussi variés que l’écologie, le travail, les technologies, les rapports de dominations (sexistes entre autres). Les deux infokiosques présents sur la ZAD à ACAT’A et à la MaquiZad ne servent pas qu’à allumer le feu le soir. Les brochures sont lues, elles brassent plein de thèmes, questionnent et participent à la formation politique sur la zone.
Ce combat n’est au final qu’un moyen de démêler par un bout « facile » l ’écheveau embrouillé et hypercomplexe de la dominance de la société moderne. Extraire (par la pensée) — pour combattre — ce qui nous paraît pourri et nuisible en ce bas monde. En ça, les plus sceptique sur la portée révolutionnaire des zad pourrait reconnaître à la critique Zadiste de refaire jaillir des questions importantes, et de les porter sur l’espace public.
Parmi elle, la question du travail est centrale, elle est sur toutes les bouches : Faut-il travailler ? Pour produire quoi ? Pour qui ? Avec qui ? Elle est centrale parce qu’elle divise la population. Le travail, “la valeur travail” est ce qui reste de propagande bourgeoise distillée depuis plus de deux siècles chez les exploité-e-s (propagande qui fait le terrain de la Réaction). Elle instaure un faux-débat populiste entre “ceux qui bosse” et les “assisté-e-s”. Ainsi on évite les questions essentielles de la production et de la consommation, du salariat et de la société des loisirs pour s’enfermer dans des querelles énergivores – pauvres contre petit-e bourgeois-e-s – En ce sens le loisir (consommation d’espace) est aussi du travail, le pendant du salariat: A un rythme imposé et cadencé, le travail a bouffé nos temps de production comme les loisirs ont bouffé nos temps de repos.
Cependant, nous savons que ce qui se dit dans les bois, dans l’impétuosité des remous du temps, est ce refus tout bonnement du travail, de cette peste qu’on appelle le salariat et de tous les processus (a)sociaux qui en découle et lui sont liés.

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DE L’AMENAGEMENT EN MILIEU VIVANT, OU L’APPROPRIATION DE CE QUE NOUS SOMMES PAR LA VISION DU PROFIT.

« Tout ce qui existe est un matériau pour engendrer du capital. »

Les charognards capitalistes cherchent avant tout de la matière première pour continuer à faire de la plus-value. La sous-espèce des Aménageurs cherche spécifiquement du « milieu naturel », c’est-à-dire sans constructions humaines (ou très peu). Les aménageurs, ces néo-conquistadors évangélistes du Béton aiment particulièrement les zones peu peuplées ayant une forte potentialité attractive pour le touriste. (des lieux qui combleront ses désirs Géo-magazine.)
Après avoir choisi le site à aménager ;
Après avoir arrosé les communes en argent blanchi à coup de rénovation ou d’aménagement secondaire sur la voirie;
Après une bonne campagne d’acceptabilité: débat publique [3],manifestation artistique, atelier supposé « critique », publicité massive (ils appellent ça de l’information !);
Viendront, à un moment ou à un autre, les tractopelles et les bulldozers qui attaqueront la zone convoitée: là est le geste éco-obscène des “écoaménageurs”. Jamais un prospectus ou une pub pour un nouveau éco-lieu ne vous montreront le moment tabou de LA DESTRUCTION. C’est parce que c’est à ce moment précis que sont mis en exergue les contradictions fondamentales de l’aménagement découlant directement de la contradiction du capitalisme (avoir besoin des travailleureuses tout en les tuant…). Ils et elles auront beau rajouter des couches et des couches de peinture verte (déplacement des espèces, respect des lois environnementales, norme BBC…), la présence du bull est impardonnable [4]. Cet acte de destruction est toujours violent: il s’agit d’arrêter quelque chose de collectif (le mot “bien collectif” est incorrect parce que c’est déjà un terme d’aménageurs. Un “bien” est une chose inerte qui a acquis une valeur et est donc échangeable), quelque chose qui formait corps aux communs d’une région, telle une forêt communale, un champ collectivisé, ou bien encore une petite piste secrète pour se promener… L’arracher de l’usage (valeur d’usage) pour le rendre privé et/ou payant (ou encore pour en faire un site gratuit-consumériste type parcours de santé aménagé, bloc d’escalade aménagé). Donner une valeur d’échange à un espace accaparé. Et, pour maintenir cette violence dans le temps, ces conquistadors ont souvent recours aux murs, clôtures, vigiles, AU BETON (plus fort que la force humaine) et à la publicité (murs psychiques), tout ce qui forme la chape du Conditionnement invibilisé.
Sans ces murs, tous ces lieux retourneraient illico, par la pratique quotidienne des gens du coin, à la communauté.
Mais nous touchons ici au talon d’Achille de l’Aménagement car c’est au moment de la destruction que celui-ci est le plus vulnérable et qu’il peut être attaqué avec succès, soit physiquement soit par la propagande (ou les deux), n’ayant pas encore effacé l’histoire-du-lieu et construit sa légitimité sur zone. C’est quand le loup sort de sa tanière pour montrer ses crocs qu’il est le plus vulnérable. Là consiste la vulnérabilité de ce qui deviendra invisible (et donc intouchable) quelques mois ou quelques années plus tard. Ce n’est pas tant les structures construites énormissimes mais le geste destructeur et sa violence préemptrice qui sont invisibilisées car effacées de nos mémoires collectives. L’histoire elle-même s’aménage ! Pour les touristes ou les passants il y a là un stade, un centre de loisir, une autoroute, un point c’est tout ! Le profil du citoyen-consommateur est anhistorique, il n’a pas de passé collectif et politique. C’est une génération à chaque fois spontanée se projetant uniquement dans les marchandises acquises au gré des pseudo-envies, c’est-à-dire, une existence façonnée par la plus-value dé-possédante faite d’idéologie, de marque, de rhétorique, de spectacle d’aliénation. Le citoyen-consommateur n’acquiert rien, ne change rien : ceci est la consommation, ceci est le tourisme. Ceci n’est rien.
C’est qu’après avoir totalement asservi les temps humains aux flux mercantiles, le capitalisme cherche à soumettre l’espace terrestre. (Aujourd’hui par exemple nous employons notre temps, nous ne vivons plus dans celui-ci.) Non plus seulement le remplir de buildings, routes, de platanes et câbles, de marchandises… mais aussi le modifier, l’ingénier.

Modifier l’espace consiste d’abord à en modifier policièrement la perception.

L’espace serait cette marchandise appelé environnement. Celle-ci, comme toute marchandise aurait des sites de production (“valorisation”) et des moments de consommation (le “vivre-ensemble”, le loisir…), des producteurs et des consommatrices. Ces consommateurs en auraient “besoin” et en feraient la demande. Là est la litanie performative de l’aménageur, son négatif est notre combat.

DOIT-ON EN PASSER PAR LA ? PAR UNE ZAD ?

Les ZAD sont un moyen pour les jeunes en rupture issus de la petite bourgeoisie [5] de mettre en forme leur refus de ce monde.
Là est le grand problème des Zad, loin des villes, loin du social, loin de la majorité des classes pauvres, comment arriver à ne pas s’enfermer dans cette espèce de bourgeoisisme intello des fois prenant sur les ZAD :« ceux qui travaillent sont teubés, pourquoi ils viennent pas faire une cabane en forêt plutôt que d’aller taffer en usine? ». Comment ne pas reproduire les erreurs des mouvements de refus des années 70 en s’enlisant dans de vastes champs de ruines communautaires et sectaires ? Adoptant une posture hautaine du ON-A-TOUT-COMPRIS, C’EST-ÇA-LA-VIE. Comment ne pas devenir une caricature de pauvre intellectualisé (véhiculant l’image spectaculaire-bourgeoise du treillis-crade-déchiré-cheveux-en-pétard-pas-rasés)? Comment ne pas devenir “un tarpin” télégénique à la M6 ? Comment concilier les apports de la critique en acte, des consciences politiques radicales sans s’éloigner de des gen(te)s énervé-e-s?
Pour celles et ceux qui ne le savent pas, il est un fait historique maintes fois éprouvé que les révolutions éclosent quand la petite bourgeoisie décident de s’allier aux classes pauvres en lutte (Mai 68 par exemple). Les mouvements révolutionnaires sont des mouvements d’union des pratiques populaires et du radicalisme petit bourgeois (hé hé ça c’est nous).
L’enjeu stratégique est de savoir si l’implantation d’une ZAD sert ou dessert le(s) mouvement(s). Si ça les affaiblit (trop énergivore, pas assez de personnes) ou les renforcent. Analyser géographiquement et historiquement la région, sentir l’endroit, voir s’il y a des sympathisants, voire des militants aux alentours, analyser en détail le type de projets mortifères, sa configuration, les entreprises et les ramifications dans les mairies, permet d’orienter les choix.
Ne tombons pas sous le joug du spectaculaire, l’urgence n’est peut-être pas aux centaines d’arbres abattus (même si ça fait mal aux cœur) mais se trouve peut-être dans les vallées où de lourdes machines perforent les montagnes en descenderies pour un projet imminent de train super rapide…mais là n’est plus la question. Et toujours au fond cette bonne vieille “Fixation” (terminologie militaire) que le Pouvoir emploie bêtement depuis des dizaines d’années et où l’on tombe dedans bêtement à chaque fois! bref.
Ne soyons pas non plus focalisé-e-s sur des campement de type ZAD, bien d’autres outils existent. Le squat de maison, le campement action (fugace), le campement itinérant (caravane, randonnée…) l’achat de terres (type Larzac), le jardin collectif squatté (type Lentillères à Dijon), le campement de camion et de yourte….sont des alternatives à envisager selon le diagnostic. Malgré nos critiques, que nous espérons constructives, l’apport des ZAD aux mouvements de Refus est énorme, un nouvel éthos [6] se constitue. Un mélange entre l’esprit communautaire hippie des années 70, du nomadisme camtareux issue des teufs des années 90 et de l’anarchisme par le fait voire des campements action des mouvances autonomes des années 2000.
En ça il y a une progression depuis 40 ans dans les pratiques de résistance, les “zadistes” ont entre leurs mains de l’or: l’autonomie pratique (savoir construire sa maison, savoir cultiver, savoir “vivre”…) et l’autonomie politique (se donner collectivement ses propres règles et les moyens d’agir).
Nous ne savons si ils/elles en ont conscience mais il serait d’une importance vitale pour les générations futures que cet Esprit et ces Pratiques ne tombent pas comme d’hab’ dans le trou noir de l’oubli Politique où maintes pratiques sont déjà enterrées.
La ZAD est une commune libre autogérée en devenir. Elle l’est jusqu’à sa destruction par le pouvoir. Alors les habitant-es d’une zad sont chez elles, pas tout à fait en France, pas tout à fait ailleurs. Elles et ils savent que c’est une vie nomade qui les attendent, avec son lot de railleries, d’insultes par la Réaction partout présente en France. A dire vrai, ce ne sont pas les ZAD qui sont importantes pour nos luttes (elles sont seulement un moyen) mais plutôt la vigueur de toute cette population flottante disséminée en Europe et qui, au gré des rencontres, disséminent la révolte.

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LES ZAD COMME POSSIBLE COMMUNE LIBRE.

« Sous le nom de Commune de Paris, naquit une idée nouvelle, appelée à devenir le point de départ des révolutions futures.»

Pierre Kropotkine, La Commune de Paris 1880-1882.

«En allant sur la ZAD des Chambarans, je me suis senti naître une deuxième fois, comme en pleine possession de mes moyens d’exister.» Ce témoignage touchant d’une nouvelle habitante des bois permet de sentir à quelle point les ZAD se rapprochent des communes libres, c’est-à-dire des zones géographiquement situées où l’humain-e se réapproprie pleinement sa vie (et du coup libère son emprise sur les autres).
Les communes ne sont pas des communautés closes. Elles vivent grâce à un réseau étroit d’échange et de solidarité. Ça y brasse pas mal d’humain-e-s, de matos, d’idées. Ça transpire la lutte. Elles sont une des forme que peut adopter le mouvement social, elles ne peuvent vivre et s’épanouir sans lui. On a tort de voir les ZAD comme seulement des luttes anti-capitalistes. Ce qui s’y passe là-bas, au fond des bois, c’est la volonté d’en finir réellement (pratiquement) avec toutes les dominations connues et se prémunir des futures. Pour que ce potentiel libérateur puisse vivre et se répandre il faudra faire sécession sans se mettre au ban de la société mais plutôt mettre les institutions dominantes (État, travail, famille…) au ban de la plèbe.
Les ZAD comme commune libre en puissance, révèle la dualité présente dans toutes luttes : la négation en acte est une création.

DÉTRUIRE C’EST CRÉER,

il n’y a pas à opposer ces deux termes, ils sont comme un Janus: les deux faces d’une même pièce. Nous voyons bien tout ce qui a été détruit : un projet, une idée-du-lieu. Mais voit-on ce que nous sommes en train d’acheminer dans le réel?
Nous le répétons, les ZAD ne sont pas la création d’un “contre-projet”, nous ne les voyons pas comme telles. Se “projeter” c’est compter sur des futurs radieux et des lendemains qui chantent…

La création ici se vit AU PRÉSENT, au quotidien, SANS PLAN et SANS PLANIFICATEUR/ICES.

La chose la plus difficile à faire, bien plus difficile que n’importe quelle construction matérielle (et qui est en train de se passer!), c’est de couper-court à tous nos délires utopistes et castrateurs, de les faire cesser de maturer dans nos cerveaux trop bouillonnants. C’est tuer l’imaginaire préfa des cinématographes (Forest Warrior autant qu’Avatar) en nous, massacrer les cultures spectaculaires de la Télé-de-Papa et de youteubes. Vomir ces postures et ces rôles que nous jouons quand nous nous prenons pour des conquérant-e-s:

TUER LE HIPPIE [7] EN NOUS.

Des contre-mythes, des sous-réalités (bien plus réelles que la “réalité augmentée” des écrans), des Histoires, des récits, des contes, des paroles & écrits recensées sont à (ré)inventer et à (re)trouver par nous-mêmes. Sans médiations, sans intermédiaires (sans media!) elles se fabriqueront avec l’expérience & la puissance, en lieu et temps voulus. Nous ne pouvons en dire plus sans nous contredire… _

Pour qu’une commune puisse se développer, elle a besoin autant de ressources internes que de forces venant de l’extérieur [8].
Des bases arrières “safe” sont nécessaires, pour pouvoir se reposer, fournir des moyens de communications stables (internet, téléphones…), et assurer des ravitaillements réguliers. Il est primordial de nouer des liens avec les villageois-e-s et paysannes environnant-e-s. Sans parler politique, métaphysique, écologie et tout ce tralala militant, revenir aux choses simples. Car au-delà de la Réaction TF1-fabriquée venue court-circuiter les consciences campagnardes [9], il y a des sensibilités d’humain-e-s qui peuvent parfois se rapprocher des nôtres : entraide, partage, discussion, don & contre-don, sympathie, résistance, sensibilité environnementale…etc. Un villageois vient apporter des victuailles, des zadistes vont aider une mémée à jardiner; des tracteurs aident au transport de matos; des jeunes vont assainir une rivière, toutes ces petites choses qui font un quotidien et qui permettent d’assurer une accroche stable dans une région.
Il est vrai que depuis le début des années 2000, les Mouvements anti-aménagement (barrage de Millau, confédération paysanne, Notre-Dames des Landes, autoroute A51 et bien d’autres) remuent la pauvre-campagne française et permettent une repolitisation, quoique encore trop faible et pas assez radicale, de ce désert social délaissé par l’État (mais pas par la Réaction…le FN sera sûrement un ennemi qui compte (en plus de la FNSEA et du syndicat du BTP…) pour toutes les ZAD.

L’émancipation du prolétariat ne sera même pas envisageable tant que le mouvement révolutionnaire n’embrassera pas les villages.

Bien que cette sentence ait mal vieilli, dans la forme elle exprime ce que nous pensons dans le fond: Détruire les structures du pouvoir sans toucher les gens [10], leurs mœurs, leurs liens, leurs postures et leurs imaginaires ne servira qu’à renverser un gouvernement pour en mettre un autre à la place (aussi dé-gueux ?). Mais attention, ne tombons pas dans l’écueil inverse : il serait bon de ne pas idéaliser les campagnes et d’y plaquer de merdiques images d’Epinal du style : “Retour à la Terre” ou bien « la résistance campagnarde est la meilleure » [11].
De plus, les communes autogérées auront (et ont) besoin d’un réseau d’entraide dans les villes les plus proches : les comités de soutien peuvent servir à fournir des moyens logistiques, à relayer les infos de la zone et les jours d’avalanches policières, fournir un bon contingent de personnes fraîches et dispo.
Au niveau interne il s’agit avant tout d’assurer les besoins fondamentaux de manière assez confortable et pérenne : des logements confortables à l’abri de la pluie, de la nourriture variées et en quantité suffisante, des processus de décision horizontaux, des moyens de communication interne très développés (tous ces besoins sont aussi importants les uns que les autres et sont interdépendants car par exemple, on ne peut pas “faire la révolution” si on est obligé-e constamment d’assurer sa survie. Une révolution est possible seulement si les forces productives (on dirait maintenant « les infrastructures vitales ») sont assez “matures”, c’est-à-dire assez développées et adaptées à la demande des besoins de la communauté… aurait dit Marx.
Le renouvellement des personnes sur zone est très important, il permet d’apporter une fraîcheur d’esprit, un regard externe et de nouvelles énergies. C’est pour cela qu’il est absolument nécessaire de laisser des “portes d’entrée” sur zone. Assez souples (sans être trop “détendus”), ces lieux physiques et politiques servent à accepter et intégrer des nouvelles et nouveaux arrivant-e-s. Il faudrait essayer d’éviter des sous-cultures spectaculaires trop marquées (languages de contacts, sweet à capuches noir & treillis, privates jokes, postures méfiantes et/ou viriles. Mais sans se renier) en ces spots. Et trouver des outils de conscientisation autogérés et adaptatifs permettant une diffusion de la critique qui soit construite et raisonnée collectivement. Sans quoi on n’invite pas les gentes à se sentir bien sur zone et il y aurait un effort à faire des fois à la Maquizad qui peut ressembler en façade (que en façade?) à ce que les gentes ont imprimées dans leur imaginaire, c’est-à-dire un squat-shlag-bavaria-teuf-mecs-bourrés.

“Le confort de s’enfermer dans les rôles prémâchés de la société spectaculaire permet un conditionnement total de l’individu.”

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En tout cas et pour conclure, il ne sert à rien au bout du compte de radoter derrière son clavier d’ordinateur (auto-critique). Si nous voulons continuer à être maître de nos histoires, de notre histoire, il va falloir pratiquer, pratiquer avec des idées neuves et des envies tenaces. Les ZAD sont “has been” seulement dans l’imaginaire télé-visuel. Elles sont vivaces dans le monde réel. Elles auront, c’est sûr, dans les années à venir, un rôle important à jouer dans le possible mouvement révolutionnaire qui sapera, nous l’espérons, comme une lame de fond, les institutions et les structures les plus profondes du Pouvoir.

«Quand le castor a décidé de tomber le séquoia, il y arrive.» CHUCK NORRIS in FOREST WARRIOR (1996)

JUIN 2015.

Notes:

[1] Pierre & Vacances via sa filiale SNC Roybon Cottage prévoit l’installation de 7KM de clôtures tout autour de la zone occupée. (Voir zad-roybon.workpress.com)

[2] Voir l’Appel des Milles Forêts, Les Lutin-e-s noires en colère, Décembre 2014. Sur Indymedia Grenoble.

[3] Pour la construction d’un Center-Parcs dans le Jura, Pierre & Vacances nous promet un débat public via la Commission Nationale pour le Débat Public (CNDP).

[4] C’est pour cette raison qu’un chantier d’aménagement commence systématiquement par détruire le centre d’une zone, loin des routes et des regards, pour terminer à la périphérie…

[5] La petite bourgeoisie est définit ici comme la classe de celle et ceux qui concentre le capital social (diplômes, art, savoir, media…), mais n’ont pas de capitaux mobiliers ou immobiliers (ou très peu).

[6] Façon de vivre qui s’ancre à travers les générations; pratiques et lieux communs sociaux d’un groupe.

[7] « fils des media » aurait dit un-e des Diggers de San Franscisco

[8] Apparemment ce qui a en partie détruit la Commune de Paris vient du fait que les communard-e-s n’ont pas occupé-e-s la Banque de France. En échange elles et ils on reçu une grosse somme d’argent de la Banque. Or le reste de l’argent de l’institution (énormissime) servit à payer soldats et mercenaires pour le massacre, quelques semaines plus tard, du petit peuple de la Commune. (Voir L’Emancipation des travailleurs. Une histoire de la première Internationnale. Mathieu Léonard ed. La Fabrique, 2011.)

[9] Le but des mass media n’est pas tant de tuer les ZAD (euh, des fois quand même si.) mais les lynchages télévisuels de celles-ci sont simplement un effet de leurs intérêts internes : faire du fric donc faire de l’audimat. Pour cela, rien de tel que de gargariser le sentiment patriotique, de stigmatiser (bouc-émissaire) une couche de la population et de crier «Au loup»…Cependant dire du bien des ZAD permet au début, quand les nouvelles sont “fraîches” de faire un peu “d’actualité”, et nous l’avions bien vu avec le documentaire de France2 de l’émission “reportage”. Ils nous faudra toujours haïr la Télé, véritable girouette politique allant toujours dans le sens du vent du Pouvoir.

[10] Devons-nous rappeler que la population rurale forme encore 22% de la populations totale en France ou 46% si nous comptons le péri-urbain (soit environ 29 Millions d’habitant-e-s, source INSEE 2008 n°1374)

[11] Cette attitude qui frappe de tant à autre les militant-e-s des grandes villes, cache souvent la Maladie Professionnelle : la fatigue, le dégoût, la déprime liées aux nombreuses défaites des luttes sociales. Arrêtons de nous cacher derrière de faux prétextes: les luttes en ville sont AUSSI importante que les luttes campagnardes et il est tout à fait légitime de se préserver en partant à la campagne. Cela étant dit, nous crachons avec véhémence sur cette mode petite bourgeoise de “Retour à la Terre” et de sa rhétorique essentialiste (Nature /Magie /Élément /GaïA/ Prana /Blabla…) croyant avoir trouver la Solution Ultime des Vices de Babylone. Elle est emprunte d’un mépris profond lié à sa culture de classe et porte en elle des postures totalement pré-fabriquées.