Considérant :

1) Le développement de nouvelles guerres coloniales en Afrique et au Moyen-Orient dans lesquelles la France est de plus en plus impliquées. Ces guerres justifiées par des prétextes fallacieux (lutte contre le terrorisme, droit des femmes, défense de la démocratie, etc.), ne sont que des guerres de pillages.

2) La poursuite et la consolidation des rapports néocoloniaux entre la France et ses anciennes colonies. Ces rapports et la misère qu’ils produisent d’une part et les guerres de pillage d’autre part, produisent l’obligation pour des centaines de milliers de personnes de quitter leurs pays pour survivre. Confrontés aux politiques de fermeture des frontières et aux barrières militaires de l’agence FRONTEX, ces migrants sont contraints de prendre des risques de plus en plus grands. Telles sont les raisons des drames de la Méditerranée qui ne sont rien d’autre qu’un assassinat institutionnel de masses dont l’Europe et la France sont coupables et responsables.

3) La dégradation de la situation économique et sociale des classes et quartiers populaires marqués par des processus de paupérisation, de précarisation, de discriminations racistes et sexistes systémiques et de mises sous surveillance policières.

4) Le développement de politiques de racialisation d’État et municipales sous la forme de textes de lois, de décisions municipales, de déclarations d’élus ou de ministre désignant les Rroms et les musulmans comme boucs émissaires. Ce sont ces politiques « d’en haut » qui se transforment ensuite en racisme dans une partie importante de la population française. Elles constituent des autorisations au passage à l’acte racistes.

5) Les campagnes idéologiques récentes comme « Je suis Charlie » ou « l’esprit du 11 janvier » et leurs conséquences en termes d’augmentation de l’islamophobie et de mises en suspicion des musulmans réels ou supposés.

6) La reprise par une partie importante de la « gauche » de thèses réactionnaires comme celle de l’existence d’un « racisme anti-blanc », celle de l’existence d’un « danger pour la laïcité » provenant des quartiers populaires en général et des musulmans réels ou supposés en particulier, celle de la nécessité et de la légitimité d’une intervention militaire en Afrique ou au Moyen-Orient, etc.

7) L’état d’éparpillement de nos luttes leur caractère défensif et les divisions qui les affaiblissent.

L’ensemble de ces considérants conduisent les cinquièmes rencontres nationales des luttes de l’immigration à :

Appeler

1) À la création de collectifs du Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires dans chacune des villes de France afin de prendre en charge de manière convergente le combat contre les dominations de classe, de « race » et de sexe.

2) A soutenir les structures de lutte existante (Union Nationale des Sans-Papier, Comités de familles de crimes racistes et sécuritaires, organisations de lutte contre l’islamophobie, associations de Rroms, etc.) et à participer de manière active aux mobilisations qu’elles décident.

3) A participer au Forum du 9 mai de « Reprenons l’initiative » à Gennevilliers afin de définir si possible avec le plus d’alliés possibles l’antiracisme politique et conséquent dont nous avons besoin. Nous participerons à ce Forum pour y faire entendre nos positions : refus de l’intégrationnisme, dénonciation des politiques étatiques et municipales de racialisation à l’encontre des musulmans et des Rroms réels ou supposés, nécessité d’un mouvement antiraciste politique et non moral et/ou individuel, lutte contre les discriminations racistes et sexistes, abrogation de la loi de 2004 sur le foulard, condamnation de la thèse de l’existence d’un « racisme anti-blanc », etc.

Décident :

1) La tenue des sixièmes rencontres des luttes de l’immigration et des quartiers populaires au printemps prochain,

2) Le développement d’une politique de formation politique et d’éducation populaire sous la forme d’une caravane d’auto-formation parcourant l’ensemble du territoire et d’autres outils à produire (films, brochures, etc.),

3)  La formalisation et la diffusion d’un « programme en dix points » comme axe de construction du mouvement,

4) La mise en place d’un bulletin de liaison permettant de renforcer le réseau et de faire connaître nos prises de position publique,

5) L’animation d’une campagne de mobilisation à l’occasion des 10 ans des révoltes populaires de masses de novembre 2005,

6) Le lancement d’initiatives décentralisées dans des formes correspondant aux forces et aux réalités locales à l’occasion de la journée de la terre palestinienne  le 30 mars ; de l’anniversaire du massacre du 8 mai 1945 en Algérie, du 21 septembre jour du résultat de la plainte pour discrimination des Chibanis de la SNCF contre leur ancien employeur, de l’anniversaire de l’arrivée de la marche pour l’égalité et contre le racisme à Paris le 3 décembre.

7) Une mobilisation particulière pour exiger la libération de Georges Ibrahim Abdallah qui nous a l’honneur d’accepter la « présidence d’honneur » du FUIQP. Nous ferons tout pour être digne de cet honneur.

Nous sommes autonomes, nous ne sommes pas Charlie.

Exister c’est exister politiquement (Sayad)

 

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