Face à la répression, l’information est une arme : soutien à iaata.info
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Places: Toulouse
Ce jeudi 7 mai, la presse [1] a annoncé qu’un Toulousain était poursuivi par la justice pour « provocation publique à la commission d’un délit ou d’un crime ». Il est soupçonné d’être un « administrateur » de IAATA.info,un site d’information anti-autoritaire basé à Toulouse.
Cette poursuite serait liée à la publication d’un compte-rendu de la manif du 21 février 2015 à Toulouse. Cette manifestation était organisée un an après la manifestation nantaise contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes où 3 personnes avaient été éborgnées par des tirs de flashball. Elle avait pour mot d’ordre « Contre les violences policières et en soutien aux ZAD ».
L’article en question propose quelques pistes de résistance contre les techniques de maintien de l’ordre employées par la police. Ce sont ces mêmes techniques qui ont conduit à la mort de Rémi Fraisse le 26 octobre 2014 et qui entrainent la mutilation de nombreuses personnes, dans les manifestations et dans les quartiers populaires.
Rappelons que, suite à la mort de Rémi, rien qu’à Toulouse sur l’ensemble des manifestations de novembre ce sont près de 60 personnes qui ont déjà été poursuivies et 4 sont encore en prison.
Rappelons aussi que la police tue une dizaine de personnes chaque année [2].
En 2014, Amadou Koumé à Paris, Abdelhak Gorafia à Roissy, Pierre Cayet à Saint-Denis, Abdoulaye Camara au Havre, Morad à Marseille, Houcine Bouras à Colmar, Bilal Nzohabonayo à Tours, Rémi Fraisse sur la ZAD des Sivens,Timothée Lake à Toulouse sont morts entre les mains de la police, sans compter les nombreuses et nombreux mutilé-e-s et blessé-e-s par les armes policières.
Un grand nombre de personnes se battent depuis plusieurs années contre la police et sa violence. Les médias libres, les collectifs militants, les associations et les familles des victimes relaient régulièrement sur internet, par voie de tracts et d’affiches, des guides d’auto-défense juridiques, des conseils pour se protéger pendant les manifestations et des conseils pour sécuriser nos communications sur internet ou par téléphone. Les pratiques d’automedias sont d’autant plus importantes aujourd’hui que la police continue à mutiler et à tuer dans l’impunité. Il est inacceptable d’être poursuivi-e et arrêté-e pour « provocation publique à la commission d’un délit ou d’un crime », lorsqu’on appelle à se défendre face aux violences policières.
Depuis toujours, les mouvements sociaux et les personnes en lutte se réapproprient des medias pour permettre la diffusion de l’information alternative, la coordination dans les luttes, l’émergence d’une voix autre que celle des medias dominants. IAATA.info en est un exemple parmi d’autres.
IAATA est un site ouvert à la participation de tous et toutes, qui garantit l’anonymat des contributeur-ices et qui représente l’émanation collective d’une ville.
La police cherche à identifier un-e responsable auquel-le faire porter le chapeau, à l’isoler en individualisant les poursuites. Il n’y a pourtant nulle responsabilité éditoriale individuelle à trouver puisque ce site s’appuie comme d’autres sur un fonctionnement collectif, participatif, sans hiérarchie, dans la continuité d’une ligne anti-autoritaire.
A l’heure où l’État vote de nouvelles lois antiterroristes et la loi sur le renseignement, à l’heure où la liberté d’expression paraît n’appartenir qu’à certain-e-s, à l’heure où la justice relance l’affaire de Tarnac, à l’heure où les tribunaux poursuivent Le Jura Libertaire, il faut avoir une position claire.
L’armada sécuritaire du gouvernement nous concerne tous ! Montrons-leur notre détermination. Nous continuerons à soutenir et diffuser tous contenus relatifs à l’autodéfense face à la police et à la justice ! Nous continuerons à porter des projets de medias indépendants et anti-autoritaires face aux intimidations de l’État !
Attaquer l’un d’entre nous, c’est nous attaquer tou-te-s ! Solidarité avec les médias libres et avec tous les réprimé-e-s !
Le 9 mai 2015.
Premiers signataires :
Les collectifs d’animation et de modération de Rebellyon, Paris-Luttes.info, Brest-Info, Renverse.ch, la Rotative, Reims médias libres,IAATA ; Rennes Info, le Jura libertaire, « Article 11 », Soyons sauvages, Espoir Chiapas, Collectif Bon pied bon oeil, Atelier médias libres, « Courant Alternatif », Editions Acratie, Panthères enragées, Primitivi, éditions Albache, « Jef Klak », le Numéro Zéro, La Brique, « La Lettre à Lulu », Révolte numérique, Radio Zinzine, zad.nadir.org, Contre-faits, collectif Ciné 2000, l’Actu des luttes (FPP), Journal Résister (Nancy), Revue Lutopik, Le collectif Contre Les Abus Policiers – C.L.A.P33, L’Orchestre Poétique d’Avant-guerre O.P.A., L’Envolée pour en finir avec toutes les prisons, Lundi Matin, Radio Canut, Lignes de force, Demain le Grand Soir, Archyves, Revue « Z », Le Canard sauvage, Indymedia Nantes, Hors Sol Confusionnisme.info, Mille Babords, Iacam, « La Gazette de Gouzy », « le Monde libertaire », Regarde à Vue, radio Canal Sud, La Horde, radio La Locale (Ariège), le collectif de Infoaut, éditions Entremonde, éditions Libertalia, Acrimed, radio Bartas (Lozère), la plate-forme Antifa-net.fr, Les Morback Vénères, CQFD journal, Indymedia Lille…
Egalement soutenu par Alternative libertaire, la Fédération anarchiste, Coup pour coup 31, la CNT-AIT 63, la CNT interco du Jura, la mutuelle des fraudeurs de Lille, le CRIME (collectif Contre la Répression des Individus et des Mouvements d’Emancipation).
Ce texte a par ailleurs été publié sur le site de Radiorageuses, de Squat.net en français et portugais ainsi que sur Infokiosques.net. L’appel a déjà été traduit et diffusé en grec sur Provo.gr et Indymedia Athènes ainsi qu’en portugais.
P.-S.
Le collectif d’animation de iaata.info, a appris par la presse l’incrimination d’une personne pour une publication sur le site. Nous informerons plus précisément sur cette affaire dans les jours à venir.
Si vous souhaitez ajouter la signature de votre site, journal ou collectif, écrivez à paris-luttes-infos chez riseup.net.
Notes:
[1] Cf. notamment http://www.20minutes.fr/toulouse/1603847-20150507-toulouse-vade-mecum-parfait-casseur-conduit-tribunal et http://actu.cotetoulouse.fr/manif-anti-sivens-soupconne-davoir-donne-des-conseils-aux-manifestants-un-toulousain-convoque-devant-le-tribunal_12261/.
C’est de loin la menace judiciaire la plus inquiétante de ces dernières années contre un média alternatif français. Mercredi 7 mai, un Toulousain a été placé en garde à vue puis convoqué au tribunal le 29 juin (http://www.20minutes.fr/toulouse/1603847-20150507-toulouse-vade-mecum-parfait-casseur-conduit-tribunal). Il risque jusqu’à cinq ans de prison et 45 000 € d’amende (http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do;jsessionid=1EE90AFC369BADB366D62EAE3C98D558.tpdila17v_1?idArticle=LEGIARTI000029759703&cidTexte=LEGITEXT000006070722&dateTexte=20150512), la peine la plus grave pour une affaire qui ressort du droit de la presse. Il est accusé de « provocation à la commission d’un crime ou d’un délit ». A titre de comparaison, l’apologie de crime contre l’humanité est punie de la même peine.
Mais qu’a donc bien pu faire cette personne pour vivre durant deux mois avec la menace de plusieurs années de prison ? Elle est accusée (sans preuve quasiment) d’être le responsable éditorial de Iaata.info, un site d’info participatif, anti-autoritaire et au fonctionnement horizontal à Toulouse. Sur cette plate-forme collaborative, un article a été publié (https://iaata.info/21-fevrier-Lapins-de-Garenne-acte-590.html) relayant quelques conseils connus et rabâchés face aux techniques de maintien de l’ordre en manifestation, ce fameux savoir-faire que les gouvernants français souhaitent exporter partout, en particulier dans les dictatures.
Jusqu’à présent, les procès contre des médias alternatifs portaient en écrasante majorité sur des diffamations [1] Nous n’avons jamais eu connaissance à ce jour de l’utilisation du délit de « provocation à la commission d’un crime ou d’un délit ». Les conseils pour faire face à la police sont pourtant légions sur l’ensemble des médias proches des mouvements sociaux. Ils se multiplient au fur et à mesure que la violence policière s’aggrave, occasionnant chaque année en manifestation des centaines de blessé·e·s parfois graves, des incarcérations de plus en plus fréquentes, voire des fins tragiques comme celle de Rémi Fraisse. Menacer de prison ce qui constituait jusqu’alors une pratique courante et légitime est une étape supplémentaire dans la collusion entre la justice et la police [2].
Ces conseils face à la répression sont d’autant plus nécessaires que le maintien de l’ordre est de plus en plus politique. Les flics, CRS, gardes mobiles et autres « bakeux » dispersent violemment la moindre manifestation qui contrevient à la très singulière conception de « l’ordre » des autorités. Une répression sans cesse accrue qui tend à limiter radicalement « le droit de manifester » par l’exercice de la terreur (la mutilation au flashball par exemple) et de la répression aveugle (les peines de prison distribuées à tour de bras après les manifs qui dépassent le strict cadre de la promenade).
Dans ce contexte, les poursuites judiciaires faites à nos camarades de Iaata sont d’une gravité extrême. Que les médias « dominants » ou « bourgeois » ne s’en inquiètent pas ne serait pas étonnant, vu la lecture très restrictive qu’ils font souvent de la liberté d’expression [3] ou des manières convenables de s’opposer à des situations insupportables. Ils pourraient pourtant eux aussi, à l’occasion, faire les frais de la judiciarisation de tels propos.
Mais que les sites, journaux, maisons d’éditions, radios etc. « alternatifs » [4] ne se saisissent pas massivement de cette affaire serait extrêmement grave. Une telle condamnation nous placerait en permanence sous la menace de poursuites similaires. Un texte de soutien est déjà diffusé sur toute une série de sites : Face à la répression, l’information est une arme : soutien à Iaata.info. Le signer et le relayer est le plus évident des premiers gestes.
On ne peut que souhaiter que mille Iaata fleurissent. Et face à la violence du maintien de l’ordre, que mille conseils en manifestation soient diffusés partout !
L’Atelier médias libres.
Notes:
[1] Comme « Le Jura libertaire », poursuivi par Hortefeux pour diffamation contre la police. Le récit de son procès mercredi 7 mai est d’ailleurs édifiant.
[2] Et puis, à partir du même article de loi, pourquoi ne pas aussi poursuivre les réalisateurs de films qui montrent favorablement des personnes qui résistent à la police, en utilisant les mêmes techniques de renvoi de lacrymos à l’envoyeur ou de solidarité active face à des arrestations, ou même des cambrioleurs ?
[3] Notons que les scandaleuses peines de prison pour apologie de terrorisme n’ont pas ému les défenseurs de « Charlie ».
[4] Et les collectifs, organisations ou individus qui les utilisent au quotidien !
http://atelier.mediaslibres.org/Menace-de-prison-pour-avoir-relaye.html
Comme beaucoup nous avons appris par la presse que le site d’information que nous animons est poursuivi en justice.
Nous avons fouillé notre boîte aux lettres électronique et n’avons pourtant rien trouvé. Il aura fallu demander autour de nous pour apprendre qu’il s’agissait d’une personne militante à Toulouse, devenue, par la magie de l’enquête policière, notre « directeur de publication ». Faisons le point.
Iaata.info n’a jamais été contacté par les enquêteurs pour donner des informations concernants les auteur-es d’articles publiés. Les personnes en charge des serveurs de Mutu (https://mutu.mediaslibres.org/spip.php?article1) s’engagent de toute façon à ne pas enregistrer les adresses IP des utilisateur.ices de leurs services [1].
Le procès d’un article, un procès politique
Nous ne reviendrons pas sur l’article visé dans la procédure, le texte déjà publié (https://iaata.info/Face-a-la-repression-l-information-698.html) le fait déjà sufisamment bien.
Nous ne dirons pas non plus que la répression s’abat sur nous comme jamais, ni qu’avant c’était mieux, que la justice et la police étaient sympathiques. La tendance depuis longtemps à Toulouse comme ailleurs, est au sécuritaire. On arrête plus, on enferme plus, on donne plus d’amendes, on installe plus de caméras… Il suffit de jeter un coup d’oeil sur la rubrique “répression” de ce site (https://iaata.info/+-Repression-+.html) pour voir qu’elle s’exerce avec toujours plus d’ardeur sur les pauvres, avec ou sans travail, avec ou sans papier, sur les travailleurs et travailleuses du sexe, sur les migrant.e.s, sur les jeunes racisé-es des cités… Pourtant ce constat d’ensemble ne doit pas nous conduire à minimiser ce qui ce passe actuellement sur le terrain des luttes sociales.
Entre 2014 et 2015, la répression des oppositions à la construction du barrage de Sivens, dans le Tarn, n’a fait que s’amplifier. C’est dans ce contexte que s’inscrit cet énième procès contre la personne devenue “directrice de publication” de Iaata depuis quelques jours.
Depuis le mois d’août dernier, nous avons localement été confronté-es à :
– La violence régulière et croissante des forces de l’ordre, jusqu’à la mort d’un manifestant en octobre ;
– L’encadrement militaire de la ville de Toulouse contre les manifestations de protestation. Ici, nous n’avions pas connu ça. Nous avons eu le sentiment d’être dans un laboratoire d’entraînement visant à tester les limites d’acceptation de la population au déploiement policier ;
– La poursuite et la condamnation d’un très grand nombre de personnes avec des peines très lourdes, distribuées en comparution immédiate, dont de la prison ferme pour beaucoup ;
– Aujourd’hui une personne se retrouve prise dans les griffes de la justice à propos d’un article sur iaata.info
– … la suite ?
Iaata.info, un espace de libre contestation…
Iaata.info ne vit que parce que nous nous en servons, tous et toutes, dans nos luttes ou pour nos coups de gueule, quand on doit se défendre – face à la police et à la justice oui, mais aussi face à nos patrons, à nos gouvernants, à nos médias dominants… – ou quand on veut créer, initier, essayer, gagner parfois, parfois se planter !
Ce sont toutes nos possibilités de contestation qui sont attaquées, brimées, conditionnées. Tenir un espace où puissent s’exprimer des points de vue, où puissent se réfléchir des choses en dehors (et en complément) des appartenances diverses, des listes internet privées ou pas, des facebook et autres réseaux, est un enjeu crucial pour visibiliser une position contestataire. Nous ne défendons pas une liberté d’expression creuse de toute réalité.
Nous voulons être visibles, sur internet comme dans la rue et sur les murs. Nous voulons contribuer à faire vivre ce lieu, à la fois virtuel et concret, où s’échangent et se confrontent les moyens de se battre contre l’ordre que défendent la police et la justice.
Nous utilisons la liberté d’expression, une expression anti-autoritaire, et c’est bien ça qu’on nous repproche. Si un procès n’était pas prévu le 29 juin prochain, nous aurions volontiers rigolé d’un titre tel que « directeur de publication ». Iaata est un espace au service des luttes, pas un organe de presse. Nous n’avons ni directeur, ni comité éditorial, nous fonctionnons en collectif. Iaata n’est ni un individu, ni une somme d’individus. Toi, moi, ta voisine de table au resto, le type que tu croises au bar… Iaata, c’est nous.
…dans un monde hostile
Cet espace que nous avons voulu construire et faire vivre, sur Iaata.info, n’est pas isolé. À Lyon, à Genève, à Paris, à Reims, à Tours, à Brest et ailleurs, nous sommes nombreuses à souhaiter propager les tribunes dont nous nous doterons pour nous exprimer. La répression de ces espaces n’est pas, elle non plus, une nouveauté. Le Jura Libertaire jusqu’à récemment (http://juralib.noblogs.org/2015/05/12/in-memoriam-karim-boudouda-le-proces-du-jura-libertaire-3/) ou Rebellyon, il y a quelques années, ont aussi eu à gouter aux procédures judiciaires intentées par les pouvoirs publics. Nous pourrions encore citer l’acharnement judicaire qui dure depuis sept ans contre le livre L’insurrection qui vient (http://www.dailymotion.com/video/x2q6d7j_eric-hazan-sur-le-comite-invisible-tarnac-et-la-justice_news#from=embediframe), ou la criminalisation par la justice italienne de l’écrivain Erri de Luca (http://www.dailymotion.com/video/x2q6d7j_eric-hazan-sur-le-comite-invisible-tarnac-et-la-justice_news#from=embediframe) pour ses propos concernant la lutte contre le TAV du Val de Susa. Les exemples ne manquent pas. Ici aussi, c’est bien de censure politique dont il s’agit. Mais au delà, c’est aux espaces de création et de contestation que l’Etat, insatisfait de nos écarts de conduite à l’heure de l’Union nationale antiterroriste, s’en prend. Sa dernière trouvaille, la loi dite sur le Renseignement, actuellement en discussion au Parlement en “procédure d’urgence”, laisse rêveuse… Consistant à généraliser à outrance la surveillance, nous allons dorénavant devoir redoubler d’imagination et d’inventité pour garder privées quelques portions de nos vies (https://wiki.laquadrature.net/Portail:Loi_Renseignement). Car nous ne sommes pas prêt.e.s à nous taire, à nous soumettre. Iaata.info libre et anti-autoritaire, tient à le rester…
Aujourd’hui une personne semble devoir payer pour les autres. Nous ne laisserons pas individualiser ce procès, ni sur le fond, ni sur la forme. Ce sont les pratiques d’auto média, d’expresion et de contestation qui sont attaquées de front. Nous constatons jours après jours les attaques contre les maigres acquis de plusieurs décénies de luttes et la continuité de l’exploitation et des dominations séculaires. Nous ne nous tairons pas parce que nous n’avons pas peur.
Le collectif de modération de iaata.info journal collaboratif d’information, sans maître et sans “directeur de publication”
https://iaata.info/Censure-et-repression-a-Toulouse-iaata-info-sur-le-grill-704.html