Marseille – 7 mars 2015 – cr marche de nuit non-mixte
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Marseille – 7 mars 2015 – CR marche de nuit non-mixte
Tes mains sur mes hanches – Mon poing dans ta gueule
Nous sommes fatigué-e-s de devoir composer avec un monde hétéropatriarcal. Fatigué-e-s d’avoir peur en sortant le soir, fatigué-e de ne pas être écouté-e-s, d’être écrasé-e-s, invisibilisé-e-s, décrédibilisé-e-s. Nous gerbons l’État, sa parité et ses farces comico-tragiques visant à nous faire croire à de quelconques avancées. Nous n’en voulons pas. Nous avons soif de quelque chose qui ne peut naître que des cendres de ce dernier. Notre féminisme est insurrectionnel et en colère, il en a marre d’être compréhensif et pacifiste, il a soif d’efficacité, il a soif des larmes de ses agresseurs.
Ce 7 mars au soir, suite à l’appel ayant été lancé, nous avons donc décidé de rendre clair pour celleux qui l’ignoraient encore que les rues nous appartiennent.
Attends mec, j’t’explique : ta gueule!
Il faisait déjà nuit quand on s’est rassemblé-e-s devant le palais Longchamp à environ 400 meufs, gouines et personnes trans. L’ambiance est euphorique, tout le monde a l’air passablement ravi à l’idée de marcher sur la ville sans mec cis pour nous expliquer la vie. Pas mal de trucs avaient été organisés: des banderoles et des pancartes très créatives avec des discours affichés plutôt chouettes, des tracts avec des chants, une explication de la non-mixité de la marche et des infos légales en cas de problème ; une grande partie de tout ça était également expliqué en langue des signes. Malheureusement des personnes cissexistes avaient eu la très mauvaise idée de se ramener avec une pancarte en forme de chatte, excluant de fait pas mal de personnes trans présentes.
La manif est partie très motivée vers Réformés à la lueur de quelques torches enflammées DIY, au milieu de slogans et de chants : «La rue nous plaît, on veut marcher en paix», «Les filles avec nous» (mais malheureusement pas les personnes non-binaires ni les mecs trans…) pour motiver les gentes à l’extérieur de la manif, et encore des tas d’autres.
À ce moment là, notre petit groupe masqué et habillé en noir a commencé à tagguer des murs et un tram qui passait avec des slogans et des symboles féministes et trans. Au début les personnes autour de nous semblaient un peu décontenancées, mais assez vite pas mal de gent-e-s sont venu-e-s nous exprimer leur soutien. En montant vers la Plaine, deux BACqueux se sont permis de s’incruster dans la manif et de mater un long moment les personnes qui taggaient, avant de se faire encercler et virer par des participant-e-s qui leur ont rappelé bruyamment que la marche était non-mixte. Peu après, alors que les tags continuaient à fleurir sur les murs, la banque postale du coin a reçu en bonus quelques bombes de peinture rose.
Pas mal de mecs étaient présents sur les terrasses des bars ce samedi soir et un certain nombre a tenté de sortir des remarques sexistes ou d’embrouiller les manifestant-e-s. Les réactions véhémentes et solidaires des gent-e-s les ont vite forcés à s’écraser, comme ce type en scooter qui essayait de passer en force au milieu de la foule et s’est pris des coups de pancartes et une giclée de lacrymo d’un-e participant-e, ou encore ce mec qui râlait d’avoir la manif devant chez lui et s’est donc fait repeindre la façade de son bar. Il y a toutefois eu quelques trucs pourris à l’intérieur du cortège, notamment plusieurs personnes trans qui se sont faites mal genrer ou se sont prises des remarques sur leur présence. Et alors que plusieurs poubelles ont été allumé, des personnes au sein même du cortège ont cru bon de s’improviser flic/pompier et de les éteindre après notre passage; si ces personnes nous lisent, spécial dédicace, on n’a pas besoin de pacificateur-ice-s. Malgré tout, après presque trois heures de marche on a fini par descendre jusqu’au vieux port, où la manif s’est terminée calmement sans heurts avec les flics ni arrestations (à notre connaissance).
Ce qu’on retient de cette marche, c’est notamment une alliance contre les flics et les mecs relous et un respect des moyens d’action de chacun-e beaucoup plus grand qu’ailleurs, avec quand même quelques réformistes visiblement un peu perdues qui ont pris la tête à des gent-e-s parce qu’iels étaient masqué-e-s et faisaient des tags. L’organisation et la communication entre les manifestant-e-s (en général et dans notre petit groupe) fonctionnaient bien. Pas mal de précautions avaient été mises en place en cas de problème avec les flics et la justice, ce qui était rassurant même si elles n’ont heureusement pas eu à servir. Ça a été une expérience très positive pour nous, qui nous a donné beaucoup de force ainsi qu’apparemment à la plupart des participant-e-s. On espère qu’une nouvelle marche de ce genre aura lieu bientôt, malgré la déception de n’avoir pas eu d’autre compagnon-ne-s furtives. Faisons en sorte de propager un élan de destruction collective pour les prochaines occasions à venir.
Nous avons passé trop de temps à seulement nous défendre, place à l’offensive!
Nous en profitons pour communiquer notre soutien à Fran Thomson, prisonnière de longue peine et victime de la répression d’État sexiste.
Solidarité avec tout-e-s les victimes de l’hétéropatriarcat !
“Il y a toutefois eu quelques trucs pourris à l’intérieur du cortège, notamment plusieurs personnes trans qui se sont faites mal genrer ou se sont prises des remarques sur leur présence.”
Ben, euh, c’est pas juste “quelques trucs pourris”, presque rien quoi, on fera mieux demain ; ça c’est la régulière et répétitive approche morale, externalisatrice et dépolitisante. Ca démontre juste que nos chères unités fantasmatiques (peuple, classe, sexe, etc.) ne peut se constituer que sur le dos de quelques unes ou autres. Et que c’est le propre des “unités”. Accessoirement que ce sont toujours quand même les plus légitimes, celles qui se rapprochent le plus du sujet social idéal, qui parviennent à s’unir.
Et ces “quelques trucs pourrris” et habituels, c’est ce qui fait qu’il n’y a presque plus de nanas transses dans le mouvement alternoféministe.
Pour des séparatismes conséquents !
Et pareil pour les “qui se sont fait” ; on croyait naïvement que depuis longtemps en milieu féministe on n’usait plus de ces formes qui ramènent la violence sur les personnes cibles et dédouanent par invisibilité les qui la commettent. Mais voilà – le backlash est désormais partout et multiforme, donc bon, on en est de nouveau à “se faire”, okay.
Et donc re ; pour des séparatismes conséquentes, rigoureux, et la fin de la mixité transses cis’. Ou alors il ne faudra pas continuer à pleurer sur ce qu’on y subit.
“deux BACqueux se sont permis de s’incruster dans la manif […], avant de se faire encercler et virer par des participant-e-s qui leur ont rappelé bruyamment que la marche était non-mixte.”
Pourquoi, si c’était des policières femmes vous les auriez acceptées?
Ben au moins, si les flics étaient non-mixtes LGBT, c’est sur qu’on aurait moins de problèmes.