Grèce : compte-rendu des deux dernières audiences du procès de la mutinerie d’amygdaleza
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Category: Global
Themes: Immigration/sans-papierEs/frontieresPrisons / Centres de rétentionRépression
Places: AthènesGrèce
Compte-rendu des deux dernières audiences du procès de la mutinerie d’Amygdaleza
L’avant-dernière audience, le mardi 16/12, a commencé avec la déposition de la plupart des témoins de la défense. Plusieurs aspects de l’enfermement des immigrés à Amygdaleza ainsi que dans d’autres camps de détention ont été soulignés, tels les conditions misérables de vie et d’alimentation, l’absence de soins médicaux, la violence et les tortures de la part des gardes, les prisonniers morts dans les camps ou lors de leurs transferts à l’hôpital, etc. Ensuite, tous les immigrés présents ont témoigné. Ils ont tous refusé les accusations et ont attesté que des unités de MAT[1] les ont sortis violemment des containers[2], les ont faits allonger dans la cour et ont choisi d’arrêter dans le tas tout ceux qui n’étaient pas gravement blessés ou ne présentaient pas de marques visibles de coups donnés par les flics.
La dernière audience et jour de rendu de la décision (lundi 22/12) a commencée avec le réquisitoire de la procureur, laquelle a requise d’innocenter tous les accusés (pour toutes les charges) en-dehors de deux immigrés pour lesquels elle a recommandée l’accusation de simple évasion (délit), alors que l’accusation première était évasion avec violence (crime). Les avocats de la défense ont ensuite plaidé en relevant les contradictions et les mensonges flagrants des flics-témoins de la partie civile mais aussi du dossier d’accusation montée de toutes pièces – à la sous-direction de la sécurité d’Aigaleo -, tandis que les “séances d’identification” – qui n’ont jamais eu lieu – ont soi-disant eu lieu à Petrou Ralli[3]. En outre, de nombreux éléments ont été présentés quant aux conditions de vie et de tortures d’immigrés dans les camps de détention, sur la politique anti-immigrés globale qui mène à la mort de milliers d’immigré-e-s ou à leur enfermement dans des camps de détention. Il y a aussi eu un avocat raciste de la “défense” – nommé par tirage au sort par le barreau – qui a été “extrêmement” dérangé par la caractérisation de centres en camps de détention[4] et par les références des autres avocats aux conditions de vie misérables, insistant que bien qu’il peut défendre son client immigré, il est dans le même temps payé par l’argent public et que lors il défend aussi l’Etat. Il s’est bien entendu orné de divers qualificatifs (dans la salle d’audience mais aussi en-dehors) et inébranlable, a continué son petit discours provocant, jusqu’au point où la cour même l’a coupé à cause de la perturbation qu’il causait. Il s’agit bien d’un larbin de l’Etat qui pendant la plaidoirie d’un accusé immigré lui a demandé s’il voulait être rapatrié, faisant ainsi réagir d’autres avocats et les solidaires.
Le Tribunal Mixte Juges-Jurés a décidé à l’unanimité la relaxe de tous les immigrés pour toutes les accusation, en-dehors des deux qu’il a jugé coupables de simple évasion. Cette accusation prévoit une peine d’incarcération de un an maximum et a été prescrite, puisque les immigrés l’ont déjà purgée. Le rassemblement de solidarité comptait au plus 60 à 70 personnes, lesquelles ont remplies un pan de la salle et se sont tenues aux côtés des accusés. Ils ont salué à la fin les immigrés avec des slogans. Jusqu’au mercredi 24/12, les immigrés détenus préventifs sont restés dans les prisons de Korydallos et d’Avlona puisque la décision retranscrite officiellement du tribunal n’avait pas été envoyée. Mais, même si cela est fait, au-delà de la relaxe des immigrés pour les poursuites pénales, la détention administrative est aux aguets, avec de grandes chances que quasiment tous les immigrés détenus préventivement et sans-papiers ne soient pas remis en liberté. “Innocents” donc, mais prisonniers. Dans un état d’exception, faisant face en permanence à la gestion belliqueuse de l’Etat et des patrons. Au-delà donc de la relaxe des immigrés mis en cause pour les graves accusations et pour les longues peines d’enfermement, les paris de la solidarité restent nombreux et grands.
REMISE EN LIBERTÉ IMMÉDIATE DES IMMIGRÉS
DÉTRUISONS LES CAMPS DE DÉTENTION
Assemblée No Lager
Notes :
[1] Equivalent des CRS.
[2] Une partie du camp d’Amygdaleza est fait de containers, du même type utilisé dans la marine marchande.
[3] Centre de transfert à Athènes où les immigrés viennent faire leurs papiers. C’est aussi là où ils sont amenés après leur arrestation, avant d’être envoyé en camp.
[4] Les CRA sont appelés en grec “centres de détention”.
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