Sans doute que l’Etat préfère ne pas causer de morts. Ça cause de l’agitation sociale, ça coute plus cher en maintient de l’ordre, c’est pas bon pour les affaires. Mais l’Etat veut aussi avoir le contrôle le plus absolue de « son » territoire et des populations qui y vivent. Tout devient une question de réglages et de calcul. Avec un peu plus de puissance dans les flash balls, on peut avoir une maitrise un peu plus accrue d’une foule en colère avec seulement une petite probabilité de tuer quelqu’un. En utilisant plus de grenades on traumatise un peu plus de gens qui n’auront plus jamais envie de résister à l’Etat. En visant la tête plutôt que les jambes, il y a plus de risques de tuer quelqu’un mais on peut faire reculer les plus désespéré-e-s des révolté-e-s.

Quand on est prêt à utiliser la force pour imposer des projets capitalistes, il y a toujours un petit risque de tuer des gens. Quel risque est acceptable ? C’est ce que l’Etat va calculer après la mort de Rémi. En fonction de l’ampleur des manifestations, du nombre de vitrines cassées, du cout politique de l’opération et des difficultés du maintient de l’ordre, la probabilité acceptable de tuer quelqu’un ne sera peut-être plus la même, en meilleurs ou en pire. C’est ce qui fait que les organisations qui appellent au calme sont complètement irresponsables : elles préparent les conditions de nouveaux meurtres.

Pour beaucoup, si nous manifestons suite au meurtre de Rémi, ce n’est pas pour faire notre deuil : nous ne le connaissions pas. Les déclarations larmoyantes de certain-e-s élu-e-s sont malhonnête à ce sujet. Si nous manifestons c’est que nous avons la rage de voir à quel point l’Etat peut facilement nous tuer quand on se mets en travers de sa route. C’est aussi pour ne pas que l’Etat recommence trop souvent. La prochaine fois, ce sera peut-être notre tour.

Pour celles et ceux qui luttent, foutre le bordel, ça peut être une question de vie ou de mort.