Ce soir nous étions plus de 1500 à manifester dans les rues de nantes pour manifester notre tristesse et notre colère suite à l’assassinat de Rémi par la police sur la zad du Testet. Il y avait simultanément une vingtaine d’autres rassemblements au moins dans plein d’autres villes en France.

Juste avant 18h nous avons appris par les médias que le procureur cherchait encore pitoyablement à embrouiller l’assistance et à cacher comme il le pouvait que Rémi ait de toute évidence été tué par une grenade policière. On n’était déjà pas content, être pris ainsi pour des imbéciles n’a pas amélioré l’humeur générale.

Après quelques prises de parole, tout le monde est parti en manifestation dans les rues de Nantes derrière des banderoles comme « Vos armes non léthales tuent – on n’oubliera pas – résistance », «22 fevrier 3 yeux en moins, 26 octobre un mort», ou “Nantes-Toulouse-Montreuil. Solidarité contre les violences policières”. Des slogans contre la police et en mémoire de Rémi étaient hurlés par la foule tandis que la manif traversait les rues passantes au beau milieu des terrasses de bar et de restaus. Des inscriptions ont été faites un peu partout sur les murs de la ville. Dès qu’une voiture de police apparaissait, des dizaines de personnes couraient dans sa direction jusqu’à la voir repartir en trombe.

Et puis, au bout d’une bonne heure, un sacré paquet de vitrines de banques et d’autres enseignes de toutes ces boîtes qui se croient maîtres du monde et ravagent nos existences ont commencé à sauter l’une après l’autre dans les précieuses rues commerçantes du centre ville. La presse et la préfecture parleront comme toujours de quelques « casseurs isolés », de « violences à condamner » et espèrent que personne ne flairera l’arnaque. Nous, on sait que ces petits éclats de verres et ces morceaux de mobilier urbain mis en travers de la chaussée était bien plutôt le signe d’une colère partagée par les centaines de personnes qui battaient encore le pavé à ce moment là et qui ne se lâchaient pas. Et on est bien conscient aussi que tout cela n’est vraiment pas grand chose par rapport à ce qu’ils ravagent quotidiennement, par rapport à la mort de notre camarade et à toutes les personnes assassinées par la police chaque année dans ce pays et trop souvent oubliées.

Pas de chance pour les dirigeants, la date d’aujourd’hui suffisait à rappeler que parfois aussi, quand la police tue, le peuple se soulève : ce 27 octobre cela fait exactement 9 ans que Zyed et Bouna sont morts dans un transformateur à Clichy sous bois. De l’automne 2005 en France, à l’hiver 2008 en Grèce en passant par l’été 2014 Ferguson, il y a des spectres qu’aucun gouvernement ne souhaite réanimer. Ce qui est sûr c’est que ce soir, les flics faisaient profil bas. Certains au chaud dans leurs bureaux savaient pertinemment qu’il se sont mis dans un sacré pétrin et que leur bras armé n’avaient pas intérêt à prendre le risque de blesser de nouveau gravement qui que ce soit aujourd’hui.

Et puis ils espèrent encore enterrer cette histoire et la mémoire de Rémi. Cazeneuve compte d’ailleurs bien sur l’assistance responsable des porte-paroles politiques et associatifs et tape sur les doigts de ceux « qui se sont autorisés à tenir des propos approximatifs, irresponsables et polémiques. » Selon lui « Ces commentaires ne participent ni à la manifestation de la vérité, ni au nécessaire retour au calme.». Peut-être que certains responsables tomberont dans le panneau et t’aideront à faire avaler la pilule, mais nous, franchement Bernard, nous qui étions dans les rue ce soir, on appellera pas au calme. On ne va ni oublier, ni arrêter de manifester approximativement et de toute évidence, on est pas les seuls. Et tiens toi le pour dit, on ne laissera plus tes troupes revenir détruire nos vies, nos terres ou nos maisons…

Des manifestant-e-s du 27 octobre et des jours qui viennent.

Ps : une nouvelle manifestation est annoncées à Nantes ce samedi. Un appel circule pour que ce soit le cas aussi ailleurs en France.