Mexique: le silence est la pire des insultes
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : GuerreLuttes étudiantes/lycéennesRépression
Lieux : Mexique
Iguala, Etat du guerrero, Mexique, le 26 septembre 2014.
Quatre vingt étudiants de l’Ecole Normale Rurale de Ayotzinapa manifestaient contre la réforme de l’enseignement à Iguala. Ils tentaient aussi de récolter des fonds afin de rejoindre le cortège de México qui s’apprêtait à commémorer le 48ème anniversaire du massacre d’étudiants perpétré par le PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel de nouveau au pouvoir en ces heures sombres) le 2 octobre 1968 dans la capitale mexicaine où 1500 manifestants n’ont jamais réapparu après les 29 minutes de fusillade incessante de l’armée sur la place Tlatelolco.
Les étudiants de l’Ecole Normale âgés de 16 à 33 ans ont quitté la manifestation en bus. La police leur a coupé la route, trois jeunes sont sortis pour négocier le passage. Le premier est tombé net, une balle dans la tête. La police a mitraillé les bus faisant deux autres morts et 25 blessés. Ils ont ensuite canardé un bus de joueurs de foot locaux faisant trois autres morts.
Des témoins on vu des dizaines d’étudiants se faire embarqués dans des camions de polices fédérale (équivalent de la police nationale) et municipale. 57 étudiants ont été porté disparu, 14 ont réapparu. Le flou médiatique s’est alors installé : « 6 corps de vagabonds ont étés retrouvés calciné »… « le maire a pris la fuite »… »deux membres du narcotraffic avoue avoir tué 17 étudiants »… « une fosse commune contenant plus de 20 corps calcinés a été retrouvée »… »un corps d’étudiants de l’Ecole Normale a été retrouvé mort…sans visage »… « un membre du cartel Guerrero Unido aurait ordonné le massacre »… »les parents attaquent la mairie à coup de coktail molotov ».
L’histoire fait du bruit et dépasse les frontières. 22 policiers municipaux sont arrêtés. Hier au soir, une banderole déployée à Iguala s’adressant directement aux gouvernements fédéral et de l’Etat du Guerrero met en lumière le pire des scénario :
« Nous exigeons la libération des 22 policiers mis en examen. Nous vous donnons 24 heures pour les relâcher, sinon, attendez vous a en assumez les conséquences. Nous commencerons par divulguer les noms des gens qui nous soutenaient au sein du gouvernement…la guerre a commencé : Guerreros Unidos ». (Guerreros unidos est un cartel de la drogue qui a fait scission avec un des deux plus grands du pays en 2011.)
Le P.R.I. ne peut dès lors plus cacher le travail d’équipe que le gouvernement du Guerrero a mené avec le cartel le plus violent de la zone pour mater le mouvement social des étudiants.
Depuis que Calderon a déclaré la guerre aux cartels de la drogue du Mexique (sauf à celui du Chapo Guzman qui a financé sa campagne), 80 000 mexicains ont trouvé la mort. Des dizaines de fosses communes voient le jour dans tout le pays. Les enlèvements, le trafics de personnes, les disparitions forcées ont redoublé afin de renflouer les caisses et de financer la guerre des cartels attaqués. La violence s’est décuplée, a pris de nouvelles formes. Des dizaines de milliers de migrants centre américains servent de chair a canon dans cette guerre sans nom, leur transit par le Mexique vers la terre promise est devenue la plus dangereuse route du monde (une moyenne de 20 000 disparus tous les 6 mois depuis le début de la guerre selon la Commission pour les Droits de l’Homme au Mexique). Le visage de cette guerre est similaire à celui de l’holocauste.
Même le langage n’a pas imaginé de mots pour décrire une telle situation d’horreur, de violence, d’impunité, de pourrissement de toutes les sphères de l’Etat et de la société. La population mexicaine est prise en otage depuis maintenant 8 ans sans que la communauté internationale ne lève le petit doigt. La situation est devenue insupportable et a atteint un point de non retour.
Des centaines de milliers de morts de tous bords restent sans sépultures, les plus hautes sphères de l’Etat sont impliquées dans des massacres de masses et travaillent main dans la main avec des bourreaux qui sont prêts à tout pour passer de la drogue aux Etats-Unis, qui profite d’une telle situation pour piller davantage une terre qui recèle toutes les richesses (pétrole, uranium etc…)
Comment faire ? Que dire ? Le silence est la pire des insultes non ?
Sources :
http://www.jornada.unam.mx/2014/09/30/opinion/021a2pol
http://desinformemonos.org/2014/10/la-masacre-de-normalistas-es-un-mensaje-de-estado-padre-solalinde/
http://www.sinembargo.mx/06-10-2014/1135988
http://www2.gwu.edu/~nsarchiv/NSAEBB/NSAEBB201/index2.htm
http://www.redpolitica.mx/estados/quienes-son-los-guerreros-unidos-presuntos-agresores-de-estudiantes
http://www.maspormas.com/opinion/columnas/las-causas-de-la-masacre-de-iguala-por-diegoeosorno
http://cencos.wordpress.com/2013/11/29/inicia-ix-caravana-de-madres-centroamericanas-buscando-a-sus-hijos-desaparecidos-en-transito-por-mexico/
http://www.monde-diplomatique.fr/2014/03/MILL_ACKERMAN/50153
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