Toulouse : retour sur une après midi beaucoup trop fliquée
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : FlashballLogement/squatRépression
Lieux : Toulouse
Pour savoir ce qu’est la Campagne de Réquisitions d’Entraide et d’Autogestion, c’est ici
Cela faisait plusieurs jours que des personnes, obligées de quitter très bientôt leur maison précédente, s’étaient installées dans deux belles maisons bien vides. Vouées à la destruction ou à la spéculation immobilière, on sait bien ce que vont devenir ces bat’s.
Dans la matinée, les flics passent une première fois, demandent la preuve de la présence ici. Le ton reste au départ plutôt pas trop tendu, enfin, juste des flics qui parlent à des squatteur-euses, à ce qu’ils considèrent comme la ruine de cette société… Une sorte de mépris poli, avec la menace latente de leurs matraques…
Ils reviennent ensuite. Commence alors une longue après-midi. Ils mettent la pression. Un lourd dispositif est déployé. Devant les deux maisons, deux fourgons, six BACeux [1], dans une des rues adjacentes 8 fourgons de CRS [2] et de CSI [3] , 10 dans une autre rue.
Au bout d’un moment, les soutiens arrivant de plus en plus, ils décident de donner l’ultimatum, “soit on emploie la manière douce et vous sortez de vous même, soit on y va autrement”… Les personnes présentes préfèrent partir d’elles-mêmes, beaucoup d’affaires perso sont là, les enfants, les personnes plus âgées… Le chef des opérations, qui semblait être un commissaire divisionnaire, mais qui n’était pas le coutumier Syndic, exige qu’il y ait au moins une personne qui l’accompagne pour une audition, car les propriétaires ont porté plainte. On lui répond qu’il n’y a pas besoin d’audition, tout est déjà dit. Des véhicules se ramènent petit à petit pour aider à déménager et mettre les affaires en sécurité. Les bleus en profitent pour continuer à mettre la pression, comme à leur habitude. “Ça” demande de rester sur le trottoir, alors que près de 40 personnes sont là, “ça” menace de mettre des amendes de circulation… Bref, “ça” prend la tête quoi.
Quelques personnes se dirigent vers leur voiture, pour bouger d’ici, mais les BACeux déboulent d’on ne sait où, attrapent un pote et essaient de le mettre dans leur voiture. Les autres personnes près d’eux crient et essaient de dés-arrêter le pote. Les gens qui étaient devant les deux maisons accourent en soutien. Matraques, LBD [4] 40mm, grenade de dispersion sont sortis. Des coups et des insultes sont échangées. Ils arrivent à embarquer le copain. Puis les BACeux appellent leurs copains CRS et CSI, qui étaient encore près des deux maisons. Et là ça nous défonce dans tous les sens. Une camarade qui avait pris plusieurs photos des évènements se fait arracher son appareil photo, puis les keufs shootent dedans afin de le réduire en morceaux. Trois copains se prennent des coups, se font tabasser au sol puis embarqués, crane ouvert, arcades défoncées.
Un autre pote, alors qu’il était plutôt en train d’aller à l’opposé des flics, se fait mettre en joue par le LBD, tenu par un BAC, et se fait tiré dessus. Tir tendu, depuis l’autre coté de la route, c’est à dire à pas plus de 5 mètres. Un voisin voit toute la scène, et nous permet de soigner le pote, puis nous accompagne à l’hôpital. Au dernières nouvelles (mardi 22, 3h du mat’) une bonne partie de os autour de sa pommette droite, sous son œil, sont en bouillie. Il doit attendre quelques jours que ça dégonfle et que ça ne bouge plus à l’intérieur pour savoir de quelle manière vont l’opérer les chirurgiens. On donnera des nouvelles ici.
Les 4 personnes embarquées sont placées en GAV, apparemment pour violation de domicile. Pour eux aussi, on donnera des nouvelles ici.
On ressort de cette journée avec un flot d’émotions, allant de la tristesse, de la peur pour les potes embarqués qui risquent de se faire défoncer à nouveau au comico, de la peur pour la suite des blessures au visage du copain, de l’étourdissement par tellement de choses tellement vite, des interrogations “où va-t-on dormir demain”, et tellement la rage !! Ils nous ont tellement mis la rage !!
Si des personnes ont vu toute la scène et veulent bien témoigner, en prévision des potentielles poursuites et/ou d’une plainte pour coups et blessures, merci de nous envoyer vos témoignages à pantheres@riseup.net et caj31@riseup.net
Et tenez vous au courant, on aura besoin de soutien prochainement.
Solidarité partout, tout le temps. Tout pour tou.te.s Pouvoir au peuple. Pour la chute du capitalisme et de tout ce qui le maintiens.
une enragée présente
MISE A JOUR mardi 22.04.14 à 20h
3 des quatre personnes en GAV sont sorties. Une sans suites, une avec un rappel à la loi, et une avec une convocation pour un procès devant la chambre correctionnelle de Toulouse. A suivre.
Notes :
[1] BAC 31 : brigade anti-criminalité
[2] CRS : compagnie républicaine de sécurité, bande jaune sur le casque
[3] CSI 31 : compagnie de sécurisation et d’intervention, bande bleue sur le casque
[4] LBD : lanceur de balle de défense
Le lundi 21 avril avait lieu l’officialisation de deux maisons de la CREA dans le but d’héberger des familles à la rue.
Malheureusement, à cause de l’arrivée des proprios et de la police, les nouvelles et nouveaux habitantEs ont décidés de quitter les lieux. Face à la chaîne de solidarité pour aider au déménagement, l’arsenal policier en face était largement disproportionné : 9 cars de CRS, la BAC et les renseignements généraux.
En début de soirée, des militantEs partiEs chercher des voitures pour poursuivre le déménagement ont été attaquéEs par la BAC, à quelques mètres des maisons. Il y a eu plusieurs arrestations. Une solidarité s’est formée pour tenter de comprendre ces arrestations arbitraires. La BAC a alors sorti matraques, gaz lacrymo et un LBD 40mm. Une militante a demandé au policier porteur de l’arme d’arrêter de viser la tête car cela pouvait être dangereux mais cela n’a pas empêché le policier de maintenir l’arme à hauteur de visage.
La tension est montée d’un coup lorsque les policiers ont fait usage de leurs matraques, faisant au passage tomber le LBD à terre. Ils ont ensuite lancer une grenade assourdissante.
Les militantEs ont reculés et tentés de se protéger de la violence policière. PiégéEs entre deux lignes de CRS et la BAC, plusieurs personnes ont été matraquéEs et menottéEs au sol. L’appareil photo d’une militante a été arraché de ses mains, jeté au sol et piétiné par la BAC afin de détruire les preuves de violences policières.
Un policier a demandé à un militant d’évacuer les lieux, ce qui a été un prétexte pour tenter de le frapper avec sa matraque. Alors qu’il évacuait les lieux, il a été shooté au visage par un tir de LBD. Notre camarade s’est effondré au sol et a été secouru par des amiEs.
La police a bloqué l’accès aux secours et ce sont des voisinEs, choquéEs par la violence de la police, qui, par solidarité ont permis son évacuation aux urgences.
Touché en pleine face, plus de la moitié des os du visage ont explosé. Selon le médecin, à quelques centimètres près, les os du crâne auraient explosés à l’intérieur du cerveau, provoquant la mort.
En ce qui concerne son œil, cela semble en bonne voie mais il faut attendre plusieurs jours pour avoir un avis définitif.
Ce n’est pas une lâche tentative de meurtre qui fera arrêter le mouvement queer, vegan, antifa et la lutte pour le logement et des papiers pour toutEs !
Nous recherchons des personnes présentes à ce moment pour des témoignages.
pantheres@riseup.net
http://iaata.info/Y-militant-veganarchiste-shoote-au.html
A Toulouse, depuis plus de trois ans nous, familles avec enfants, étudiant.es précaires, travailleur.euses.s pauvres, galériens.nnes privé.e.s de papiers, réquisitionnons des bâtiments vides privés et publics pour nous loger, nous organiser et vivre selon nos propres moyens et nos propres besoins. Dans cette même logique, depuis plus de trois ans, insoumissibles aux logiques de l’Etat, du capital, et des politiques bourgeoises nous refusons de laisser organiser les conditions de notre misère et notre exploitation.
C’est ainsi, que lundi 21 avril, nous, habitant.e.s et soutiens du Centre Social Autogéré du 57 avenue Jean-Rieux étions obligé.es de rendre les clefs du bâtiment réquisitionné depuis octobre 2013 après que Mr Jean-Luc Moudenc, nouveau maire ressuscité de la droite toulousaine, ait personnellement « prié » le propriétaire de nous expulser sous menace d’un carnage policier. Il est clair que dans la logique de la Justice et que dans l’obsession personnelle et maladive de Mr Moudenc de « nettoyer sa ville », les intérêt des pauvres et leurs organisations ne valent rien.
C’est ainsi bien conscient de cela, que nous avions ouvert par nécessité, quelques jours auparavant, deux nouvelles réquisitions à la Roseraie que nous venions d’officialiser.
Mais dès dimanche soir et ce jusqu’à l’expulsion, se sont succédés autour de ces deux maisons : vrais et faux propriétaires, renforts massif d’agents immobiliers, policiers divers et variés s’étant tous accorder sur le même discours : notre impossibilité à rester dans les lieux quelque soient nos droits et nos déterminations. Le dispositif s’accélère le lundi après-midi lorsque nous nous trouvions à l’intérieur des bâtiments. Fort d’une plainte fallacieuse et illusoire pour violation de domicile déposée par les propriétaires, les renseignements généraux ont, dans un premier temps, tenté d’interroger plusieurs personnes identifiées de la CREA. Bredouilles, ils repartent pour mieux revenir une heure après accompagnés de plusieurs camions de CRS bloquant la rue et ordonnant l’expulsion immédiate et illégale des bâtiments, sans solution de relogement.
Après discussion, nous nous décidons à sortir des maisons, avec nos affaires et sans que personne ne soit embarqué, à qui serait intimé l’obligation de répondre de la plainte du propriétaire.
Une heure plus tard, nous nous trouvons tous dehors: habitant.tes, entourés de nos soutiens et de nombreux voisin.e.s. lorsque le lourd dispositif policier finit de se mettre en place. Nous nous interrogeons encore sur l’impressionnant arsenal mis en œuvre : plus d’une centaine de policiers de corps différents, une quinzaine de camions, brigades des CSI, BAC, Police nationale, gardes-mobiles, renseignements généraux, lorsqu’au même moment le gouvernement se pavane vulgairement dans les médias en parlant de « plans d’économies » et de « gestion sociale » du pays.
Nous déménageons nos affaires lorsque la BAC décide d’interpeller quelqu’un identifié comme « responsable ». En plus de la violence de l’intervention, s’en suit un déluge de coups de la part des tous les policiers : gaz lacrymos, tir de grenade dispersive, tir tendu de flash-ball au visage. Un autre camarade s’est écroulé au sol, se faisant secourir et transporter à l’hôpital par les voisin.e.s. Touché en pleine face, plus de la moitié des os de son visage ont explosé. Plusieurs personnes ont été blessées, et la chasse à l’homme dure plusieurs heures. De plus, quatre personnes ont été interpellées, une est toujours en garde-à-vue ce mercredi matin et une cinquante de personnes se retrouvent à la rue du fait de l’acharnement de la Mairie et de la Préfécture.
Nous adressons donc un message au nouveau maire de Toulouse et à tous ceux qui partagent ses idées et intérêts : les pauvres ne disparaissent pas à coups de tonfa magique. Les surveillances, contrôles, expulsions, répressions ne font au’ accroitre nos déterminations à ne pas nous résigner au jeu des pouvoirs publics de droite comme de gauche, et à choisir pour et par nous-mêmes nos conditions d’existence. Des bâtiments sont vides, des gens sont à la rue : réquisitionnons ce qui à été construit par le peuple pour loger le peuple.
Ici et maintenant, rencontrons-nous, organisons-nous.
Tous pour Tou.tes
Pouvoir au peuple
http://creatoulouse.squat.net/communique-de-la-campagne-de-requisition-dentraide-et-dautogestion-du-23-avril-2014/