Rennes : le collectif de soutien aux personnes sans-papiers encerclé pendant 3h par les CRS.

« Apprenant la venue du ministre de l’Intérieur à Rennes, le collectif de soutien aux personnes sans-papiers avait décidé de manifester ce matin tout au long du parcours emprunté par Manuel Valls. A 9h15, une vingtaine de personnes (militants du collectif, membres d’organisations politiques, syndicales et associatives) se réunit devant Rennes Métropole et tente de se diriger vers la gendarmerie boulevard Clémenceau. Au bout de vingt mètres, nos banderoles à peine déployées, une trentaine de CRS approche et nous somme de nous arrêter : « votre manifestation n’est pas déclarée ».Nous essayons d’expliquer que nous souhaitons faire passer quelques messages au ministre sur sa politique d’immigration et ses propos sur les Roms. Le ton monte : « c’est très simple, soit on vous pose quelque part et vous manifestez là où on vous dira, soit on vous met au chaud au poste ».Des militants s’insurgent contre cette interdiction de manifester. Un CRS ironise auprès de ses collègues : « on va encager tout ça ?! ». Les CRS s’impatientent, bousculent certains d’entre nous. Sans même nous laisser le temps de décider collectivement de l’attitude à adopter, ils nous contraignent à nous diriger vers la sortie du métro de l’autre côté de la rue, à une centaine de mètres de Rennes Métropole. Une fois sur place, nous sommes littéralement encerclés et notre manifestation est rendue invisible et quasiment inaudible. Nous parvenons tout de même à distribuer quelques tracts aux passants du métro et à scander des slogans en direction des fenêtres de Rennes Métropole : « régularisation des personnes sans-papiers », « non aux expulsions », etc. Lorsque nous voulons quitter les lieux, le mur de CRS nous en empêche. Seules des escortes policières pour aller aux toilettes publiques et des autorisations exceptionnelles de sortie ont pu être négociées aux forceps. En plus d’être bloqués toute la matinée dans le froid, nous avons dû subir des énervements de CRS contre des manifestants, des blagues graveleuses (un CRS accompagnant un manifestant aux toilettes : « vous voulez qu’on vous la tienne ? »), une remarque douteuse à l’égard d’une manifestante en fauteuil roulant (« ils ont sorti le fauteuil pour les caméras ? »). Cette garde à vue à ciel ouvert aura duré trois heures.

Nous trouvons scandaleux qu’un ministre socialiste ose affirmer qu’il ne veut voir aucun manifestant sur son passage et empêche ainsi des gens de manifester et de circuler librement. Nous étudions la possibilité de porter plainte. »

Voir aussi le récit fait par un blogueur de Mediapart, et un reportage sur la venue de Valls.