Entre 500 et 700 personnes se massent par un temps pluvieux et venteux sous le hall noir du palais de Justice en cette après-midi de lundi férié. La foule ne correspond pas au public ‘classique’ des manifestations nantaises : le large réseau socialiste et associatif subventionné de Nantes a fait le déplacement. Guin fait un discours inaudible sur les vertus de la nation républicaine, sur l’importance de pénaliser la parole raciste et appelle à constituer un « front antiraciste », il est copieusement applaudi.

Quelques membres du collectif antifasciste viennent gâcher cette liesse consensuelle, ils prennent la parole au mégaphone pour formuler quelques rappels :

  • Si le collectif ne peut que se réjouir d’un sursaut antiraciste, quelle est la portée d’une indignation de façade quand le pouvoir expulse des mineurs scolarisés, qu’il place des familles en camp de rétention, stigmatise les Roms ? C’est bien la police de Valls qui fait la chasse aux étrangers et qui réprime les manifestations de lycéens opposés aux expulsions.
  • Les insultes à l’encontre de Taubira sont inscrites dans un contexte : les agressions racistes, homophobes, fascistes se multiplient dans toute la France. Un jeune militant a été assassiné par l’extrême droite en Juin, sans que les partis qui s’indignent aujourd’hui ne réagissent réellement. Ceux qui s’opposaient aux manifestations homophobes à Nantes au printemps ont été bien isolés et férocement réprimés à Nantes comme ailleurs : menaces au flashball, gazages, arrestations, blessé.
  • Il y a presque un an jour pour jour, à l’automne 2012, la mairie socialiste et la préfecture envoyaient des dizaines de CRS armés pour expulser du Lieu Unique des sans-abris, des familles étrangères, venues occuper pour se protéger, s’abriter, protester. Le pouvoir envoyait ensuite les paramilitaire du GIPN contre des mêmes familles qui cherchaient à occuper un foyer d’hébergement. Alors même que la répression faisait rage dans le bocage nantais.

En définitive l’antifascisme et l’antiracisme sont l’affaire de toutes et tous, à chacun de se les approprier avec ses moyens, ses pratiques.

La prise de parole n’a pas été entendue par l’ensemble de la foule présente dispersée sous ce large préau, mais a été saluée par certain-e-s, de tou-te-s âges, bien content-e-s d’entendre un autre son de cloche que le discours formaté du pouvoir.