De la schizophrénie dans le bocage
Category: Local
Themes: Aéroport Notre-Dame-des-LandesZad
Places: ZAD
Qu’importe, car l’aéroport de Notre Dame des landes a encore pu constater combien le bocage lui disait non. Il n’y a d’ailleurs pas que les futures pistes qui se voient opposer un refus des potirons, bien que les écologistes et autres verts tiennent à ce qu’aucune autre contradiction n’émerge du bocage. Cela à grands renforts de « ne nous dispersons pas ». Les slogans doivent rester « agricoles ». A peine peut-on crier « Duflot démission ». Pourtant l’invective s’accompagne alors de sourires discrets, un rien complices. Quoi, qu’est-ce à dire ? Des écologistes contesteraient un projet de leur gouvernement, voire même un de leur ministre ? Ne nous égarons pas, rappelle-t-on avec plus ou moins de conviction. Non, l’Ayraulport ne passera pas, car les écolos désavouent le droit d’une « entreprise privée » (sic) à installer son terminal. Et puis, les verts ne seraient pas « au pouvoir ». Modestement, ils seraient « dépendants » des « oukases socialistes ». Voilà bien une schizophrénie drôlement aveuglée.
A y regarder de plus près, il est quand même fort de café de constater si peu d’embarras dans la critique. Car nos « amis » les écologistes défendraient la planète contre les promoteurs et constitueraient, si l’on peut dire, le « dernier rempart » contre les décisions de saccager la nature. J’ai bien essayé de comprendre comment cela était possible, mais à moins de sombrer dans une cécité schizophrène, je n’ai pas compris. Il est vrai que le mouvement écologiste a été rejoint par nombre de révoltés et que son parti-pris à demi libertaire lui offre parfois un capital de sympathie inaliénable. Mais à quoi servent les écologistes sinon à nous tromper ? Sont-ils contre l’état ? Non, contre l’autorité et la police ? Au contraire, ils en redemandent. Contre le salariat ? Non plus.
L’épuisement de ce que les marchands appellent des « ressources » apparaît dans la même ligne d’horizon que l’entassement des ordures. Après des siècles de misère, l’avenir de notre planète est désormais devenu clairement compromis. Il n’a fallu que quelques centaines d’années pour que le rapport marchand ravage la majeure partie de la planète, minéraux, végétaux, animaux. Mais voilà. Le capitalisme ne perd jamais seul. Les salariés en sont totalement dépendants pour survivre. Il n’y a pas d’en dehors du monde marchand. Partout, le capitalisme a étendu sa domination et sa guerre totale à ce qui fait le vivant. Le capitalisme a fait du travail salarié non seulement notre unique moyen de vivre, mais aussi notre seule existence sociale. Le travail salarié est une première violence faite à notre humanité. Mais sans travail, le salarié n’est plus qu’un paria. Le chômage est une seconde violence.
Ayant compris l’insupportable rôle du productivisme et annoncé la fin de l’exaction aveugle des ressources, les écologistes proposent alors une exploitation plus modérée, plus régulée en appelant l’état à organiser le rationnement. Certains apparemment décroissants prônent un jeûne volontaire de la consommation. Tout reste à vendre, même les déchets. Mais quoiqu’il en soit, le credo écologiste reste en plein accord avec le capitalisme : il faut que le salarié baisse sa consommation pour que la planète puisse encore supporter plus longtemps l’exploitation. En prêtant une oreille incrédule à ce raisonnement, je constatai que le prolétaire est encore floué, et plus même, puisqu’il est rendu responsable du saccage. Non, l’écologisme n’est pas une utopie libératrice, elle prolonge l’économie marchande par l’économie de la poubelle et l’exploitation par la misère volontaire. En prônant l’abstinence du consommateur, l’écologisme n’échappe nullement à la pauvreté classique du vieux monde. L’écologisme veut seulement rendre la marchandise plus présentable, écolo-compatible, voire équitable, mais sans aucune critique du rapport marchand. Le rapport marchand est une exploitation grossière qui économise notre vie à en mourir. L’écologisme n’y pourra rien. La question sociale ressurgit nécessairement.
Alors que viennent faire ces capitalistes du dénuement dans la ronde autour de ZAD ? Car, elle n’est pas anodine cette utilisation de l’espace reconquis, cette connivence de façade. Il s’agit pour les militants verts de contrôler, avec bienveillance certes, les protestataires qui partent à l’assaut de la reconquête des lieux, d’autant que chacun peut les reconnaître libertaires. L’escroquerie écologiste reste pourtant sensible et certains contestataires ne savent encore comment construire leur parole sans les apports hypocrites du discours écolo.
Occupons, occupons toujours le terrain. Car, nous, les opposants, tous ceux de la ZAD, sont beaucoup plus que ce que la farandole en voulu en faire. Ici se rencontrent des antiautoritaires, des anarchistes, des autonomes et autres antifas. Les révoltés n’ont nul besoin de se connaître pour se reconnaître. Nous sommes les résistants de la vie quotidienne, les expérimentateurs de l’anti-autoritarisme et les insurgés de la vie sociale. La ZAD est comme le point de ralliement provisoire de nos existences rebelles. Nous tous, nous le savons. La Commune n’est pas morte.
Pourquoi cette obstination à cracher sur ceux qui se battent à vos côtés mais qui ont à vos yeux le défaut d’être trop ceci, ou pas assez cela ?
De la cécité il en faut pour ne pas voir ni comprendre que l’immense majorité de nos congénères sont à des lieues d’avoir fait le quart du chemin vers une remise en cause du système capitaliste et que, par conséquent, il n’y a pas qu’une seule façon de lutter, honorable, qui serait la vôtre. Ne pas se battre au sein de la politique institutionnelle, ne pas s’adresser au plus grand nombre serait simplement accepter de laisser les choses s’empirer. Ne pas pouvoir penser qu’il en faut aussi du courage, pour occuper ces places, en supporter les charges c’est ne pas avoir le courage de l’empathie.
Avec un peu de mémoire et d’intelligence on peut aisément penser que pour gagner des luttes il faut savoir compter sur nos points commun plus que sur nos divergences, et toutes celles qui ont été gagnées, de la Commune – puisque vous y faites référence – jusqu’au Larzac en passant par la Résistance, ont jouit de ce bon sens partagé.
Par ailleurs puisque vous attaquez eelv sur le terrain de la politique vous feriez mieux de prendre connaissance de leur programme cela vous éviterait de dire des énormités qui ne font que prouver votre ignorance de la façon dont ils envisagent “l’aménagement de la société capitaliste”, en l’occurrence il me semble qu’elle puisse être plus ambitieuse que ce que vous pensez.
Également je ne pense pas qu’eelv ait une seule fois tenu des propos méprisant sur les zadistes, par conséquent dans votre obstination vous réussissez au moins une chose : être les dépositaires de la haine autodestructrice.
Je peux aussi rajouter que les choses ne sont surement pas aussi simple que vous le pensez et que parmi les zadistes de la première heure il y aurait bien quelques sympathisants eelv, et même certains membres…
Ce n’est pas mon cas, et je les défends comme je vous défendrai dans la situation inverse, simplement parce que cette haine ordinaire et fratricide me semble être une énergie bêtement dépensé, et à ce titre cela m’exaspère, et d’autant plus quand cela provient de gens qui voudraient changer le monde…
Abon, Robin, la Commune a été une victoire – et la république sociale française instaurée dès 1871 ! Classe !
C’est con qu’on vive dans un monde parralèlle où elle a été écrasée dans le sang.
C’est con aussi que la Résistance ait débouché, dans notre fichu monde parralèlle donc, sur des guerres et massacres coloniaux. Sûr que dans le monde “réel” ç’a été le progrès et l’abondance pour tout le monde !
Reste le Larzac, il est vrai, zone touristique.
Décidément y a un bug quand à ce qui est re^vé et voulu par les uns et par les autres. Pas sûr que ça converge.
“C’est compliqué… On est démunis, ces ultras sont totalement autonomes, on ne sait pas comment les virer ». Jean Philippe Magnen, « patron d’EELV 44 », Presse Océan du 14 septembre 2011
“Les squats de maisons à NDDL ne servent pas la lutte des vrais opposants au projet d’aéroport que sont les agriculteurs, la population [sic] et les politiques » François de Rugy, député écologiste de la première circonscription de la Loire-Atlantique
Ces « activistes d’extrême gauche qui sont dans la lutte pour la lutte », sont « minoritaires » dans ce combat et bien loin des « vraies questions » que soulèvent « les agriculteurs et expropriés (…) vraiment pas extremistes ». « Je ne veux pas qu’on caricature les opposants de Notre Dame des Landes simplement en les réduisant à ces quelques extrémistes » Barbara Pompili, coprésidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale
source : http://zad.nadir.org/spip.php?article578#nh5
Pour ma mpart je ne vois aucune haine ni aucun problème dans ce papier, mais une CRITIQUE…
assez bien vue au demeurant. et les écolos ne sont pas les derniers à discréditer les autonomes, les anars et autre libertaires, non ?
D’ailleurs ca se saurait si les verts étaient contre l’état.
C’est là la grosse faiblesse de ce papier , croire qu’il suffit de l’expliquer pour commencer un débat alors qu’il est clairment refusé depuis le début..D’ailleurs on a l’impression que Lodé quelque part regrette de ne pas s’entendre avec les écolos (Il avait appelé à voter Bové, çà prouve ses illusions, non ?
Quant à être avec et contre le gourvernement, c’est pour moi un épiphénomène…plus qu’une schizophrénie
En tous cas, Bravo de l’avoir dit….
Vive la ZAD, et à bas l’état
Quand au programme il n’est pas très ambitieux et le problème ne réside pas vraiment dans le programme mais dans toutes les résignations qu’il implique :
la première étant d’attendre que les Verts gagne les élections,
la seconde étant d’attendre que les Verts fasse les compromis qu’il faut avec le PS pour pouvoir gagner les élections,
la troisième étant d’attendre que les Verts se transforme en parti comme le PS pour pouvoir gagner les élections l’ultime étant l’abandon du programme au profit des élections pour pouvoir gagner les prochaines élections.
La “politique autrement” est une blague aussi drôle que la devise “Liberté, Egalité, Fraternité” affiché à l’entrée des centres de rétentions.
J’ai flirté un moment avec ce parti et je pense qu’il est très difficile d’y rester comme dans n’importe quel orga sans trahir ces convictions au profit de la reproduction de l’organisation.
Si Lodé a appelé à voter José ,on en connait d’autres et des “historiques” de l’anarchisme qui ont appelés à voter Chirac . Trop drôle ces”anars” qui appellent à voter car Libre à chacune et à chacun d’aller voter si sa conscience le fait souffrir mais de là à un appel.
Pour les verts c’est curieux ce manque d’honnêteté vis à vis de ces gens là et toujours cet argument de la haine . Suffit de citer, dénoncer , critiquer les zécolos libéraux pour être d’hhhorrrribles individus se complaisant dans la haine .? Tiens au fait on a pas entendu Dufflot suite au trois morts dans un squat à Lyon . Faut dire que la peau d’un rom ça ne vaut rien au yeux de la caste politique !
On remarquera l’extreme délicatesse d’EELV à propos de la dernière histoire concernant Ayrault:
“Jean-Marc Ayrault, lorsqu’il était maire de Nantes, a-t-il reçu un dessous de table versé par Compagnie Générale des eaux (aujourd’hui Véolia) ? C’est ce que suggère les journalistes Pascale Tournier et Thierry Gadault dans une biographie d’Henri Proglio, alors à la direction ce ce groupe.”
Parce qu’alors la question qui vient à l’esprit c’est: Si 12 millions ont été concédés par la CGE pour une usine d’incinération, l’obstination du PS local pour la construction d’un aéroport ne s’expliquerait elle pas par l’octroi de dessous de table de la part de Vinci?
Mais non, discrétion et silence de la part d’EELV sur le sujet, la bonne galtouse du PS doit etre bien trop appétissante pour qu’on se fache avec ses copains pour si peu, et on suit la stratégie employée par le PS, à savoir on en cause surtout pas.
Nos “camarades” écolos étaient beaucoup plus prompts à trainer bruyament dans la merde les “ultras”, les “autonomes” et autres “extrémistes” aux cotés desquels/elles ils prétendent désormais “se battre” que d’interroger leurs collègues socialistes sur leurs pratiques de corruption….
… cette capacité à dire tous pourris sauf nous (moi?) qui sommes (suis?) d’une cohérence totale! Effectiement on pourrait attendre un peu plus d’engagement de la part d’eelv ou de politiques locaux! Mais ceci étant dit, devenir anar, rejeter la représentation républicaine, vouloir détruire le système capitaliste n’est pas inné!
Vous les premiers avez suivi un certain chemin, (sensibilité écolo -> écolo -> décroissant -> anar p.ex.) et il me semble que vous oubliez que ceci vous a pris quelques années! Il serait bon (même si quand on nous chie dessus c’est pas facile) de se le rappeler souvent pour que ça nous donne envie d’aller éclairer la lanterne de ces bons bourgres qui me semblent sur le chemin!
C’est peu être pas assez radical, mais au jeu du plus radical gagnera, on perdra tous!
“Vous les premiers avez suivi un certain chemin, (sensibilité écolo -> écolo -> décroissant -> anar p.ex.)”
Excuse moi, “petite fleur”, mais parle pour toi… Les camarades radicaux/les n’ont pas fait leurs classes, comme tu fais mine de le croire, dans les partis de gouvernement ni chez les citoyens ou les associatifs. C’est un parcours rare et atypique. L’état du monde ne prédispose pas à commencer par l’aménagement. Et, pour les jeunes qui sont majoritaires, il faudrait qu’ils aient commencé bien tôt…
Par contre, l’inverse est fréquent, on commence par une radicalité, pas toujours bien critique d’ailleurs, et puis après on se résigne, puis on croit à l’impossibilité d’autre chose et enfin on se bat pour la gamelle des bonnes places (y en a pas pour tout le monde).
Mais apparemment ils existent(?). J’ai du mal à concevoir qu’on puisse venir de “nulle part niveau engagement” à anar, mais bon si tu en connais… Par ailleurs je n’ai jamais mentionné d’engagement dans les partis comme tu le sous entend, mais cela ne changerait pas grand chose à mes propos (sauf que je perçois là une tentative de dénigrement.. :-) ).
Cela me désole un peu que tu puisse penser et croire fermement qu’on réussira à changer quelque chose en tenant des discours qui clivent parmi les militants. Je n’ai décidément pas du tout la même conception de la lutte. J.Durant a communiqué comme une merde, mais là je pense que certain l’ont bien rejoint.
“J’ai du mal à concevoir qu’on puisse venir de “nulle part niveau engagement” à anar, mais bon si tu en connais… ”
C’est marrant, en trente ans je n’ai connu que ça à peu près.
Pour ma part je reste un peu ébahi du niveau d’ignorance en politique pratique, voire historique, que cela témoigne : en général, on commence par anar, ou une autre radicalité, pas par le ramassage des poubelles – et quand on commence par le ramassage des poubelles ont devient rarement critique. La pente ordinaire va de la radicalité vers l’opportunisme ; ainsi que, dans l’histoire, de la gauche vers la droite, voire pire. L’itinéraire inverse est tout à fait atypique. D’ailleurs, quand on a goûté aux avantages de l’intégration, et aux petits fours de l’associatif, on s’y colle soigneusement. Pas besoin d’avoir fait sciences-po, bien au contraire, pour savoir ça en peu de temps.
Et quant à l’appel à l’unité, on nous le fait depuis deux cent ans pour légitimer toutes les compromissions, quand ce ne sont pas les tyrannies, alors là aussi… pouet pouet !
Et bien nous ne connaissons pas les mêmes personnes, ni ne vivons les mêmes choses, et pourtant, je n’invente pas le ressenti que j’ai, juste pour contre carrer ce qui est dit dans l’article ou tes propos, comme j’espère que tu n’inventes rien.
En tout état de cause, le postulat d'”ignorance politique” me gène légèrement et viendrait conforter mes dires. Y’a pas une sorte de militant et les autres sont mauvais (ou même ne sont pas militants).
“on commence par anar, ou une autre radicalité, pas par le ramassage des poubelles”: ca me laisse bien pantois tout ça! Je ne crois définitivement pas qu’une personne puisse se métamorphoser en libertaire d’un coup, sans un léger processus de socialisation qui tende vers! Mais bon puisque tu ne connais que des anars innés….
J’aurais tendance à appeler à plus d’ouverture et de discussion plutôt que d’attendre que certains se “radicalisent” par magie! Je retourne à mes petits fours et autres privilèges de la haute bourgeoisie!