[nddl / poitiers] déchaînons-nous contre l’aéroport et son monde !
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Places: Notre-Dame-des-LandesPoitiersZAD
Nous ne nous enchaînerons pas !
La lutte « contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et son monde » n’est pas terminée. D’abord parce que les conclusions de la commission ad hoc ne laissent en rien présager l’abandon du projet. Ensuite parce que les infrastructures routières prévues laissent de toute façon intact le programme de métropolisation de la zone de l’estuaire Loire. Enfin parce qu’au-delà de l’aéroport c’est « au monde qui va avec » que le mouvement s’est attaqué.
À l’évidence, l’élément essentiel et déterminant qui a permis depuis trois ans de faire réémerger cette lutte et d’établir un rapport de forces moins défavorable aux opposants, ce sont les diverses initiatives d’occupation de la ZAD.
Il a toujours été affirmé que l’acceptation des formes d’action diverses (en particulier en refusant le clivage violence/non-violence) était plus une force qu’une faiblesse, et que si elles devaient donner lieu à des débats, certes parfois vifs, elles ne devaient pas s’exclure par des dénonciations publiques. C’est ce principe qui a permis qu’à de multiples reprises les tentatives du pouvoir socialo-écologiste, de ses policiers et de ses préfets, pour diviser le mouvement échouent.
Aussi, lorsque le président de l’ACIPA déclare à Libération, le 15 avril 2013, condamner les « comportements violents et inutiles qui vont entraver l’amorce de dialogue qui se dessinait avec les pouvoirs publics », à propos de chicanes installées sur une route et des affrontements qui se sont ensuivis avec les flics, on peut se demander si, pour certains, il n’est pas temps de mettre de côté celles et ceux qui, justement, avaient été un des éléments essentiels de la reprise de cette lutte. Quelques mauvaises langues pourraient aussi parler de récupération de la lutte à des fins électoralistes. Allons-nous en arriver à l’éternel couplet chanté sur les casseurs, les éléments incontrôlés, les voyous ou les anarcho-autonomes ? Il est vrai que d’autres, depuis 2011, s’étaient essayés à ce genre d’exercice. De De Rugy (EELV) considérant que « les squats ne servent pas la lutte… » à Magnen (EELV) se plaignant dans Presse Océan que ces squatteurs, « on ne sait pas comment les virer », en passant par Pompili (EELV) condamnant « toutes les violences », les dirigeants du parti « écolo » n’ont pas manqué pour dénigrer ce qui leur échappait et pour préparer le terrain à la reprise en main d’une lutte qui les chatouille là où ça fait mal : Dominique Voynet en 2000, alors ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement et figure emblématique des Verts, défendait le projet de Notre-Dame-des-Landes.
Nous sommes critiques vis-à-vis de la forme « chaîne » prise par la journée du 11 mai en ce qu’elle s’inscrit dans une grosse opération (qui coûte cher !) médiatisée qui omet dans la lutte contre l’aéroport le « et son monde » pour la réduire à une simple question environnementale et économique en oubliant la critique sociale. Une opération qui tend à mettre de côté tout ce qui s’est fait, se fait et se fera sur la ZAD – dont l’illustration fut, entre autres, « Sème ta ZAD » le 13 avril. Lors de l’AG des comités de soutien, le lendemain, nous avons pu constater que cette critique était partagée par beaucoup de comités ou d’éléments de ces comités.
Il n’en demeure pas moins que la journée du 11 mai ne peut se permettre d’être un échec, et nous contribuerons à ce qu’elle n’en soit pas un en participant et en organisant avec d’autres des forums de discussions, des tables de presse, etc., à la Chat-teigne et ailleurs, sur la simple constatation que nous avons tous davantage besoin de débats de fond sur les perspectives et de clarification sur l’avenir que de show. Nous préférons être déchaînés qu’enchaînés.
Des membres du Comité poitevin contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes
C’est peut-être justement parce que “nous ne pouvons pas nous permettre que”, et autres affirmations de nécessités incontournables (comme l’économie et le travail, quoi, entre autres exemples), que les choses continuent et continueront, et que nous ne les ferons jamais dérailler, par crainte et pusillanimité.
Qui sait ce qui se passerait si nous nous permettions de les envoyer au diable, avec “la lutte” et ses “convergences” ? Brouh ! Mieux vaut ne pas y penser. Rencoignons nous dans le coin de ce monde qu’il a la bonté magnanime de nous laisser, en attendant la reprise ou le crash.