Publication de “refuser d’être un homme”
Catégorie : Global
Thèmes : Contrôle socialGenre/sexualitésResistances
Depuis sa publication en 1989 (New York, Routledge), Refuser d’être un homme est devenu un classique dans les études de genre, largement cité dans les ouvrages de référence. John Stoltenberg déconstruit l’identité masculine comme un rapport social et trouve dans cette analyse les raisons de penser son changement. L’ouvrage aborde successivement la question de l’identité sexuelle masculine, de la pornographie et de la suprématie masculine et enfin la question du militantisme féministe et de l’identité sexuelle masculine. Le titre provocateur du livre interpelle tous les hommes qui s’interrogent sur leur identité et les rapports de genre dominants dans la société. À ceux-là, ce livre ouvre l’espoir d’un changement possible basé sur le consentement, la réciprocité et le respect dans les relations entre les hommes et les femmes. Les hommes ont le choix, nous dit John Stoltenberg, ils peuvent refuser l’identité masculine dominante. Au moment où se multiplient des tentatives de restaurer la virilité et détourner l’ébranlement du virilisme par le mouvement des femmes, John Stoltenberg déconstruit avec brio et dans un langage accessible l’essentiel du patriarcat tel que le vivent les hommes. Au-delà de la scie libérale des « stéréotypes », il y montre un investissement actif dans le pouvoir sur l’autre, instillé dans le rapport aux femmes et aux hommes, la sexualité, le contrôle social de la procréation et, en bout de ligne, dans l’identité sexuelle masculine. Militant proféministe et compagnon d’Andrea Dworkin (Pouvoir et violence sexiste, Sisyphe, 2007), Stoltenberg demeure l’analyste le plus attentif du machisme et du masculinisme contemporains. Il témoigne du construit de la virilité patriarcale dans ses diverses conséquences (viol, homophobie, objectification sexuelle, pornographie, violence conjugale, militarisme et contrôle masculin sur la procréation des femmes). Ses coups de sonde trouvent dans la culture occidentale et dans le quotidien des hommes – gays comme hétérosexuels – des résistances et des accointances (chez James Baldwin et Kafka, notamment) au projet radical d’une véritable égalité sexuelle, en validant une identité morale intime, qui place la justice au-dessus du plaisir encore éprouvé à « être un homme ».
Avant-propos de Christine Delphy ici: http://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2013/03…lite/
La première phrase de la préface de Mme Delphy mise en lien a de quoi laisser pantois :
« Pourquoi publier le livre d’un homme dans une collection féministe, qui publie d’ordinaire des livres écrits par des femmes ? Est-ce une entorse aux principes du féminisme radical ? »
Peut-être tout simplement parce qu’il vaut mieux considérer les gens d’après ce qu’il disent et pensent, et pas d’après ce qu’ils sont !
Plus je lis Delphy, plus son idéologie et sa façon d’envisager les questions m’apparaissent voisiner avec le racisme le plus plat !
Quant au texte de M. Stoltenberg, il aurait été bon qu’il prenne en compte que ce sont les conditions matérielles qui déterminent la superstructure idéologique, et pas le contraire ; et par conséquent que c’est la société de classe qui génère le sexisme et l’inégalité hommes-femmes, pas le sexe masculin en soi. Ce qui signifie que sans destruction des rapports de production capitalistes, il n’est aucunement possible d’y changer quoi que ce soit.
Je n’ai pas vu ni chez Mme Delphy ni chez M. Stoltenberg quoi que ce soit qui dise cela…
votre commentaire indique que vous n’avez lu ni delphy, ni stoltenberg.
Ben si, malheureusement ! En tout cas assez pour me faire une idée puisque les deux se répondent visiblement. Mais c’est sûr que je connais moins Delphy que les auteurs marxistes, et il est tout-à-fait possible que mon idée soit partielle, voire fausse.
Mais maintenant, puisque c’est vrai que je n’ai pas tout lu de ces deux personnages, peut-être Yeun peut-elle(il) éclairer ma lanterne et m’expliquer en quoi j’ai tout faux dans mon commentaire.
En tout cas, la première phrase de la préface de Delphy me reste sur l’estomac, d’autant qu’elle correspond clairement au tissu d’âneries qu’elle a commis avec sa « classe de genre ». Donc si je n’ai pas tout lu de Delphy, j’ai au moins suivi sa logique.
Après, faut voir…
le livre est consultable en librairie et en bibliothèque. merci de prouver plutôt vos dires.
Je crois avoir déjà posé les premiers éléments : la préface du livre de Stoltenberg par Mme Delphy ne parle JAMAIS de destruction des rapports de production capitalistes, et ne pose AUCUNEMENT les revendications féministes comme une composante de la lutte pour la destruction du capitalisme, mais complètement inféodées à elle (comme toutes les revendications particulières, d’ailleurs). Les idées ne sortent pas de nulle part, elles ont des fondements dans la société réelle, on ne peut donc pas détruire le sexisme sans toucher aux rapports sociaux qui le génèrent. Je postule donc que si la préface n’en parle pas, ça n’est pas présent non plus dans le livre !
Quant à la première phrase de ladite préface, elle prend comme base que, parce qu’il est écrit par un homme, il n’est pas naturel que le livre de Stoltenberg soit publié dans une collection féministe. Autrement dit : c’est le sexe de l’auteur qui devrait déterminer la publication d’un livre, et pas son contenu ! Et elle pose même cela comme une possible « entorse » aux principes, autrement dit une action qui leur est contraire.
Je maintiens que c’est une des bases du racisme : on considère qu’un humain est « différent » parce qu’il a une couleur de peau autre que la nôtre, c’est donc son apparence qui prime, et pas son essence d’être humain. Et c’est dans la ligne de ce que Delphy a écrit sur sa « classe de genre », où soi-disant les hommes exploiteraient le travail domestique des femmes.
La LCR (http://revuesocialisme.pagesperso-orange.fr/s8patriarca….html) et un site anarchiste (http://1libertaire.free.fr/BourdieuDelphy.html) ont démontré très clairement l’escroquerie théorique que constitue la « classe de genre » de Mme Delphy : il n’y a pas, il n’y a jamais eu de production de valeur au sein de la famille, qui est de toute façon économiquement la sphère de la reproduction de la force de travail, absolument pas celle du travail productif. Le travail domestique ne produit aucun surtravail, aucune plus-value, il ne donne lieu à aucune accumulation de capital, il ne peut donc donner lieu à aucune exploitation, et par conséquent la « classe de genre » est une idée inepte. Elle ne peut de toute façon être démontrée scientifiquement.
Toute idéologie qui se base sur des fausses divisions affaiblit fondamentalement le mouvement social révolutionnaire. Non seulement Delphy base sa réflexion sur une idée de « classe de genre » indémontrable théoriquement, mais elle montre que son appréhension des gens est basée sur leur apparence, et non sur leur essence et sur leur réflexion. Elle concède une « entorse » en ce qui concerne Stoltenberg, votre sire est trop bonne !
Il y a déjà eu des discussions assez tendues sur ce site contre ce genre d’expression politique « féministe radicale », qui n’est qu’une tentative de division artificielle du mouvement social. À mon tour de demander à Yeun de justifier un peu tout ce discours de division ; il serait bien qu’il n’y ait pas d’échappatoire, cette fois-ci : si on veut défendre un livre, il vaut mieux savoir ce qu’il y a dedans.
VSGCI tente l’exercice périlleux d’accrocher à une phrase (UNE!) de Christine Delphy une indigeste tartine de spéculation sur ce qu’elle doit nécessairement penser. Peu lui importe qu’elle dise la même chose que lui, à savoir qu’un homme peut, tout comme une femme, se livrer à une analyse *matérialiste* des conditions d’oppression de genre (à partir de son propre vécu s’il en témoigne honnêtement): non, notre vieux commentateur a sa phrase à ronger et se lance, patineur de fantaisie, dans l’espace discursif de figures obligées sur le féminisme qui doit nécessairement rester en retrait d’une analyse de classe économique. Lutte finaaaaaaale et tutti quanti…
Ce qui me rappelle l’aphorisme classique “Quand on n’a qu’un marteau, tout problème ressemble à un clou.”
Espérons tout de même que son coup de gueule ne dissuadera personne de penser plus avant…
Tiens donc ! Apparemment il faut que je justifie ce que j’écris – c’est normal – mais mes contradicteurs ne se sentent pas obligés de le faire !
Ben non, Delphy ne dit pas la même chose que moi ! Son analyse n’est pas « matérialiste », et celle de Martin Dufresne non plus : le matérialisme n’analyse rien du tout à partir d’un « vécu » personnel. Par contre, on peut analyser une pensée et constater qu’elle transparaît dans une citation ; jusqu’ici, personne n’a démenti de façon un peu construite ce que j’ai dit sur Delphy et Stoltenberg.
La première phrase de la préface de Delphy est non seulement répugnante pour tous ceux qui réfléchissent sur une base scientifique et sociale, mais elle se place dans une logique, dans un contexte idéologique qui peut se retrouver ailleurs. Et si le commentateur précédent a lu mon commentaire, il verra que je ne m’attaque pas à UNE phrase, mais à la base même des élucubrations de Delphy. Le commentaire précédent ne dément rien, n’argumente pas, n’a sur le fond rien à dire : il serait bon qu’il s’applique SES propres conseils, et rapidement, puisqu’il continue à nous parler « d’oppression de genre » sans apporter le moindre argument à l’appui !
On ne peut que constater que dès qu’on demande aux « féministes radicales » des explications, des arguments, les bases sur lesquelles discuter, il n’y a pas de réponse, du tout ! La lutte de classe est scientifique, la « classe de genre » ne l’est pas, point-barre ! Il va falloir que nos « féministes radicales » se rendent compte que leur idéologie est une CROYANCE, et rien d’autre. C’est bien beau de dire aux autres : va lire ceci ou cela ; il y a aussi un moment où il faut se mouiller et avancer soi-même des explications. Ou alors, on étale complaisamment son indigence.
De mon point de vue, le refus de vieux sympathisant de reconnaître Delphy comme matérialiste ressemble un peu à l’attitude des réaques qui défilent pour se conserver l’usage exclusif des formes sociales et relationnelles d’hétérolande. Et vice-versa : la question se pose de savoir si cela nous fait faire un grand pas dans l’émancipation de chercher à se réapproprier les formes hétérotes et patriarcales d’une part, comme l’économisme, le productivisme et autres babioles d’autre part. En d’autres termes, la question est de savoir si le patriarcat et le capitalisme sont simplement des complots de groupes d’intérêts universalisés, ou des systèmes totaux de formes sociales pour la réalisation desquelles on se concurrence.
Delphy est tout aussi matérialiste – et je dirais léniniste – que VS. Sauf que le matérialisme de l’une comme de l’autre se limite trop souvent à une critique de la distribution, à un essentialisme de statut aussi, et ne se lance pas dans la remise en question des formes sociales, politiques, relationnelles et économiques tenues pour « naturelles » ou « nécessaires ». En quelque sorte, c’est “économie politique critique” vs “critique de l’économie politique”. Il n’y a pas qu’un matérialisme, de même qu’il n’y a pas qu’un féminisme ni une seule option de critique sociale. Après, ce sont tous des paris sur le possible – la politique et l’histoire ne sont pas des sciences. Pour ma part je préfère parier haut : le renversement de l’économie et du monde des formes masculines.
« Delphy est tout aussi matérialiste – et je dirais léniniste – que VS. »
Il va falloir me démontrer cela, parce que je déments formellement : Delphy n’a RIEN de matérialiste, et il faudrait que les commentateur(trice)s précédents lisent les deux réfutations que j’ai mises en lien ci-dessus pour essayer de le comprendre. C’est bien pour cela que je considère son propos comme mensonger.
Il serait bon aussi d’expliquer de quoi on parle : productivisme ou économisme me sont totalement étrangers. Quant à me trouver plusieurs versions du matérialisme, j’attends quelque chose d’un peu plus détaillé : en ce qui me concerne, seul le marxisme est matérialiste, et ce matérialisme se veut scientifique.
Et vu que je ne comprends pas bien le propos de V13, je vais lui poser la question qu’il y a derrière le débat : est-il possible de détruire le sexisme sans toucher au capitalisme ? Et par conséquent, quelle est le problème le plus urgent, celui qui détermine le reste : le sexisme ou la société de classe ?
D’où la seconde question : qui a intérêt à établir une séparation, une division, entre hommes et femmes dans les luttes sociales ? Personne n’a une idée ?… Pourtant les bourgeois islamistes en Egypte et ailleurs ont clairement montré à quoi ça pouvait servir : à affaiblir le mouvement contre eux.
En fait, ce débat n’a rien de neuf : c’est tout bêtement l’affrontement entre la logique révolutionnaire et celle des réformistes. Stoltenberg est clairement dans les rangs des seconds, et apparemment Delphy aussi. Il va falloir se pencher sur des questions politiques précises…
En tout cas, le mouvement social a déjà répondu : dans aucune grève, aucun mouvement social les revendications des « féministes radicales » n’ont de réalité et d’existence. La lutte de classe par contre a de plus en plus droit de cité, et il émerge ça et là des minorités qui parlent clairement de détruire le capitalisme et cherchent comment faire. Il serait peut-être bon d’en tirer quelques conclusions, ou au moins d’y réfléchir…
C’est quand même fou comme certains parlent sans connaitre. Voici un lien pour en savoir un peu plus sur le contenu de ce livre. Pour ma part, je vais m’empresser d’aller l’acheter; ça a quand même l’air plus pêchu que les derniers commentaires complètement hors propos.
http://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2013/04…ains/
Je donne une information sans doute inutile quand des oreilles ont des murs, mais ça peut être utile pour d’autres: une féministe-lutte des classes comme Frédérique Vinteuil (des Cahiers du féminisme et donc proche de la LCR) admet quant à elle dans la ré-édition des articles de la revue: “Certains passages sont un peu datés. Il n’est pas certain que les longues considérations sur l’évidente complémentarité du féminisme avec le marxisme (…) nous vaillent aujourd’hui un large succès d’estime.” (“Cahiers du féminisme”, 349 pages, éditions syllepse, 2011).
Voilà un avis qui devrait sans doute faire réfléchir des communistes. A moins que, par un heureux hasard, ILS soient les seules personnes éclairées, qui oublient que: “L’émancipation des femmes sera l’oeuvre des femmes elles-mêmes.”
Un commentaire phantasmagorique, heu, antifeministe a été caché.
VSGCI, on est patient, mais cela a des limites… Si tu ne comprends pas le feminisme à cause de ta grille de lecture unique et étroite, cela ne te permet pas d’exprimer de tels jugements ici.
Un commentaire a encore été caché.
A son auteur : “comprendre le féminisme” ne signifie pas être d’accord avec toi, ni ton auteur de référence.
Cette lutte n’est en tout cas pas une “épine dans notre pied”, et personne n’est obligé sur ce site de te répondre. Depuis quand quelqu’un appartenant à la classe dominante (homme hétéro) peut-il se permettre de sommer comme tu le fais les personnes en lutte contre une domination qu’elle subisse de se justifier?
Bientôt tu vas nous expliquer qu’il faut dire aux personnes issues de l’immigration que la lutte contre le racisme est une lutte petite bourgeoise. Ou que les sans-papiers font le jeu du Capital en défendant leur lutte parcelaire…
Pas la peine de répondre ni de revenir, ces questions sont plus rhétoriques qu’autre chose.
Bref, si tu as besoin de pouvoir discuter de ces questions, je suis sûr que tu trouveras un tas d’espaces ou des gens seront prêts à écouter les propos que tu es capable de tenir. Mais ce n’est pas ici malheureusement…
A-t-on le droit de ne pas être d’accord avec le féminisme réformiste de Delphy ? De considérer que le dit féminisme réformiste ne sert aucunement la lutte de classe et qu’il s’inscrit sur des positions sexistes et catégorielles ? On peut se le demander… A-t-on le droit de se retrouver dans le féminisme internationaliste et prolétarien de Rosa Luxemburg, Clara Zetkin, Alexandra Kollontaï et Emma Goldman ? Personnellement, je ne me retrouve absolument pas dans le féminisme réformiste et démocratiquement bourgeois de Delphy et cie et, de ce fait, le critique sans pour autant polémiquer sur le sujet.
Ça reste toujours troublant, même quand on vieillit et qu’on a l’habitude, de voir à l’œuvre chez ses propres camarades la religiosité qui structure, depuis qu’il existe, le politique, et à laquelle d’ailleurs on a maintes fois soi-même adhéré. Notamment comment des textes et des thèses deviennent incriticables, expression de la réalité : les lire et les comprendre, c’est les approuver. On peut les expliquer, les paraphraser, soit. Mais les discuter, critiquer en interne, leur supposer de leur propre point de vue et intention des limites qu’on peut d’ores et déjà dépasser, des impasses dont on peut percer le mur, haram ! On ne peut être que l’ennemie, l’infidèle quoi, ou la fidèle. Cela vaut de Marx, de Delphy et de bien d’autres, mais surtout de nous, car c’est nous qui reproduisons ces principes.
Au reste, c’est symptomatique : tout le monde s’est écharpé sur Delphy, confirmant sa place hexagonale, et personne n’a causé du livre présenté. Le programme en est éminemment sympathique. L’approche sisyphienne, c’est autre chose. On ne sait jamais très bien si on est dans la critique sociale ou l’affirmation essentialiste, l’attaque ou la défense du pouvoir. Sans préjudice de quelques daubes assez stupides – haine des nanas trans, par exemple. Et c’est dommage, parce qu’il ne reste presque plus de féminisme radical aujourd’hui, et que nous en avons bien besoin. Mais sans tourner en rond dans les fétiches négatifs, attitude favorisée par notre marginalisation.
Si on avait l’audace de traiter le patriarcat comme un système de valeurs total, et non seulement le regroupement d’intérêts d’un statut social (ce qu’il est aussi), peut-être bien qu’on s’ouvrirait un sacré champ. De même pour le capitalisme. Mais il est vrai qu’alors on n’aurait plus rien à récupérer (pardon, à se réapproprier).
Relisons Scum (et tout Scum, pas seulement les premières lignes et la quatrième de couv’ !)
Un énième commentaire a été caché.
Comme précisé précédemment, indymedia est un outil d’émancipation pour leS lutteS contre toute forme d’oppression et de domination et non pas un espace uniquement La lutte Une et Indivisible.
Et les commentaires ça marche pareil, donc inutile de venir insulter qui n’a pas la même vision que toi. Oui on cachera, il y a moult autres espaces sur internet pour ces idées.
C’est pas faute de le rappeler, la charte est la, et ce serai bien de la lire avant de venir troller dans tous les sens un article qui aurait pu être intéressant au lieu d’un débat de remise en cause des luttes.
Partir du fait que les luttes autre que celle de classe sont réformistes, c’est qu’on s’est pas vraiment renseigné la dessus donc avant d’éructer sur indymedia et de déblaterer n’importe quoi – mais surtout des clichés – merci de se renseigner deux secondes. les commentaires sont la pour du complément d’information pas pour lancer n’importe quelle idée reçue.
Cette citation de VSGCI en date du 22/04/2013 à 00:28 résume ce pourquoi le marxisme et plus particulièrement la théorie de la valeur est premièrement incomplète et biaisée. Notamment lorsqu’il dit :
VSGCI dit : “l’escroquerie théorique que constitue la « classe de genre » de Mme Delphy : il n’y a pas, il n’y a jamais eu de production de valeur au sein de la famille, qui est de toute façon économiquement la sphère de la reproduction de la force de travail, absolument pas celle du travail productif. Le travail domestique ne produit aucun surtravail, aucune plus-value, il ne donne lieu à aucune accumulation de capital, il ne peut donc donner lieu à aucune exploitation, et par conséquent la « classe de genre » est une idée inepte. Elle ne peut de toute façon être démontrée scientifiquement.
”
Cette analyse – qui se fonde sur une vision finalement très orthodoxe de la théorie de la valeur- est androcentrée et sexiste en particulier, économiste et mécaniste en général. C’est à dire qu’elle donne la primauté à une analyse strictement économique et prétendue scientifique des rapports sociaux de pouvoir et d’oppression en concluant à une définition qui est donc forcément limitée et limitante de l’exploitation et de la domination. De la même manière que l’Etat est analysé comme un simple “outil” au service de la classe dominante dont on pourrait s’emparer pour la détruire (et à terme, pour le détruire…), et non comme une institution intrinsèquement oppressive, produite et au service de l’exploitation et de la domination (au moins en ce qui concerne l’Etat moderne depuis Hobbes et Rousseau), les archéo-marxistes façon VSGCI, tout comme les néo-marxistes sauce communisation, reprennent à leur compte les foutaises de la théorie de la valeur sans en critiquer l’essentiel.
Précisément, il n’y a pas de production de valeur au sens strict du terme, ou d’accumulation de Capital au sein du patriarcat en tant que tel parce que le patriarcat n’est pas le capitalisme ! Ce qui ne signifie pas qu’il n’y ai pas exploitation. Ou alors dans ce cas le servage de type chrétien traditionnel (notre féodalisme historique) n’est pas une forme d’exploitation, puisque le profit -et par conséquent l’accumulation de capital- y était théoriquement interdit ? Simplement l’exploitation en question est domestique. Et par conséquent on ne peut pas appliquer de manière binaire les outils d’analyse du capitalisme de Marx à la famille ou aux relations sociales de sexe puisqu’ils n’ont pas été pensés pour le faire (même si ça fait partie d’une des nombreuses contradictions du vieux karl qui ne contredisant pourtant de pas Engels lorsque ce dernier affirme à peu près que “la première division du travail est la division entre hommes et femmes dans la famille” ou encore que “Dans la famille, l’homme est le bourgeois, la femme joue le rôle du prolétariat” (in L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat”). A moi qui ne suis pas marxiste, qu’on me concède au moins ça : lorsque l’on invoque et mobilise les fantômes de Marx et d’Engels drapé dans les oripeaux de “La Science” à tout bout de champs, tout en niant le type d’évidence que même ces deux là n’ont pas osé nier, on a pas peur du ridicule. A partir de là, (et c’est donc valable pour Prolo) quand on n’a à invoquer que les noms de lointaines icones femmes révolutionnaires disparues pour refouler la question de l’oppression des femmes et de l’hétéro-patriarcat, c’est qu’on a pas grand chose à dire, et qu’on prouve par là que préfère les femmes et les féministes mortes et enterrées depuis un siècle. Surtout, c’est qu’on a aucune analyse à proposer concernant cette domination, à moins de sous-entendre qu’il s’agit d’une question de second rang (qu’on relègue donc, habilement, en l’enfermant soit même dans une sous-catégorie; à une “lutte parcellaire”).
Ou alors dans ce cas on considère que s’agissant de patriarcat et d’oppression des femmes, il n’y a pas exploitation au prétexte que le travail domestique n’est pas rémunéré et qu’il n’y a pas d’extraction de valeur. Conclusion de VSGCI ? Le féodalisme chrétien et l’esclavage moderne -au sens strict- (d’ailleurs souvent domestique) ne sont pas des formes d’exploitation ?
J’encourage VSGCI, prolo et tout les marxistes androcentrés durs de la feuille et autres anarcho-machos à lire Paola Tabet dans le texte :
“Ma thèse est que la division du travail n’est pas neutre, mais orientée et asymétrique, même dans les sociétés prétendument égalitaires; qu’il s’agit d’une relation non pas de réciprocité ou de complémentarité mais de domination : que cette domination se manifeste objectivement et que des constantes régissent la répartition des tâches, qui reflètent les rapports de classe entre les deux sexes”
et encore
“” Le contrôle par les hommes de la production et de l’emploi des outils et des armes est confirmé comme étant la condition nécessaire de leur pouvoir sur les femmes, basé à la fois sur la violence (monopole masculine des armes) et sur le sous-équipement des femmes (monopole masculin des outils). Condition sans laquelle ils auraient difficilement pu atteindre une appropriation aussi totale des femmes, une telle utilisation dans le travail, la sexualité, la reproduction de l’espèce”
Ma conclusion : patriarcat et capitalisme (comme d’autres système d’oppression et de domination) sont des systèmes autonomes et inter-dépendants. Ce qui signifie que lutter contre l’un ne signifie pas nécessairement lutter contre l’autre, mais que reconnaitre l’existence de l’un n’empêche pas de reconnaitre l’existence de l’autre et de lutter CONTRE LES DEUX !
Un membre de l’HAPRA* pour l’action directe, l’offensive et l’autonomie des luttes !
A bas le patriarcat. Stop. A bas le capitalisme. Stop. Feu à l’Etat stop.
bureaucrates, bourgeois et hommes blancs hétérosexistes accrochés à vos privilèges : tremblez. STOP.
* : oui c’est une blague. L’HAPRA n’existe pas (mais je pense tout ce que j’ai écris au dessus).