Ce texte est l’œuvre de quelques personnes présentes lors de moments d’affrontements avec la police sur la ZAD. C’est un retour d’expériences qui a pour vocation d’informer toutes celles et tous ceux qui sont prêts à venir en renfort pour défendre des lieux, des expériences grandeur nature au moment des opérations policières lorsqu’on est nombreu-ses-x à résister sur un secteur précis. Il aidera notamment toutes celles et tous ceux qui n’ont pas suffisamment d’expérience de ce genre de chose à mieux se préparer pour faire face à la violence des « forces de l’ordre » et surtout à pouvoir les ralentir efficacement. Il a pour but d’enrichir le savoir collectif en matière d’auto-défense face à la police afin d’éviter de prendre des risques inutiles et d’être victime des brutalités policières. Ce n’est pas un manuel de guérilla ni un guide légal, d’autres que nous ont déjà fait ce travail mieux que nous ne pourrions le faire. Nous avons donc essayé d’éviter de répéter ce que nous avons lu dans la documentation déjà accessible sur le sujet, à laquelle nous renvoyons expressément le lecteur désireux d’en savoir plus. On n’y trouvera donc pas de conseils du type « ayez toujours du sérum physiologique et le numéro d’un avocat sur vous » ni de recettes pour cocktails Molotov.
C’est plutôt une somme de réflexions diverses, de conseils sur les bons réflexes et les erreurs à éviter, individuellement et collectivement lors d’une confrontation avec la police à émeutes (et non pas anti-émeute, conception orwellienne s’il en est) sur la ZAD. Nous avons tou(te)s choisi des moyens divers de résistance face au monopole de la violence d’état et tous ces moyens sont les bienvenus, étant donné qu’ils garantissent notre imprévisibilité et qu’ils constituent donc notre plus grande force face aux troupes trop disciplinés de l’Empire. Il est clair que celui-ci tolère de moins en moins les expériences alternatives et les mouvements d’opposition active à ses projets technocratiques, et qu’il n’a toujours que la violence comme seule forme de dialogue à nous proposer dès lors qu’il n’est pas possible de nous acheter ou de nous convaincre. La guerre est la continuation de la diplomatie par d’autres moyens, disait Clausevitz. Voilà pourquoi le débat entre violence et non-violence est et demeurera stérile dès lors que nous sommes confrontés aux robocops, au gaz et aux matraques. Il y a un temps pour s’asseoir à une table et discuter, mais il viendra toujours un moment où nous devrons défendre nos lieux, nos combats face aux chiens de garde du capital et où toutes les tactiques, dès lors qu’elle n’augmentent pas le degré d’une violence déjà présente à cause de la police et ne mettent pas directement en danger les camarades seront les bienvenues, comme en ce moment sur la ZAD. Voilà pourquoi il importe de faire face et d’éviter les erreurs et les divisions qui nous ont trop souvent causées du tort. Sortons-là du débat comme nous y sommes rentrés, et passons au côté pratique des choses, quand elles dégénèrent…

La route ne nous appartient pas. Il faut s’en méfier dès qu’une opération policière est en cours, l’éviter le plus possible si on est seul ou en petit groupe, se considérer en terrain ennemi dès qu’on y met les pieds, d’autant plus que sur la ZAD elles constituent un véritable piège puisqu’on ne peut souvent pas s’en échapper sur les côtés à cause des haies, des fossés et des barbelés. Si vous devez emprunter la route, regardez autour de vous au fur et à mesure que vous avancez pour repérer les « sorties de secours » en cas de rencontre avec la police. Ayez également une bonne connaissance préalable du terrain, car c’est la clé du succès dans toute guérilla. Si vous ne connaissez que les routes sur la ZAD, le jour de l’opération vous serez complètement perdu puisque contraint de les éviter, et vous perdrez un maximum de temps à contourner les innombrables obstacles du bocage et à vous orienter. La route permet une charge rapide des fantassins et une mobilité maximale des véhicules, ce qui constitue le pré-requis obligatoire à une intervention efficace de l’ infanterie mécanisée, c’est à dire transportée par camions. Celle-ci est tributaire des routes, d’où l’utilité des barricades pour ralentir les troupes ennemies, mais sûrement pas pour les stopper durablement dans leur offensive. De là le précepte souvent entendu : « on ne peut pas tenir une barricade face aux flics ». Ce n’est pas une raison pour se barrer en courant dès qu’ils arrivent, puisqu’on a généralement un délai de plusieurs minutes entre le moment ou une section se place devant la barricade et la charge proprement dite. Il faut mettre ce temps à profit, ce temps gagné grâce à la présence d’une barricade pour préparer la défense et impressionner l’adversaire en lui montrant notre détermination, pour l’obliger à combattre là où nous avons choisi de le combattre, c’est à dire le plus loin possible du lieu à défendre sur un chemin qu’il sera forcé d’emprunter. Cette défense doit se faire dans l’esprit d’un recul inéluctable face à l’ennemi, étant donné que l’esprit n’est pas au corps à corps, puisque la plupart d’entre nous en a peur et n’a pas un profil de guerrier, et que les flics feront tout pour l’éviter, employant pour ce faire leurs fameuses grenades lacrymogènes qui vous forceront à reculer. Certain(e)s, il s’agit souvent des éléments les plus « chauds » du groupe ont tendance à l’oublier par bravade. Il faut donc un point de repli hors de la route, suffisamment large pour permettre le passage rapide de dizaines de personnes en quelques secondes. Les larges fossés suivis de talus bordés de barbelés sont donc à proscrire. Ils permettront votre passage, mais pas celui de tou(te)s les camarades en même temps lors de la fuite face à la charge. Un champ facilement accessible par une large ouverture pour le passage des tracteurs sera idéal pour ça. Il faut garder à l’esprit que ce qui nous importe est la défense du terrain hors de la route, car c’est la seule que nous pouvons réussir efficacement. En l’état actuel du rapport de force, nous sommes condamné(e)s à perdre les routes lors d’une opération policière, mais nous pouvons non seulement stopper mais même faire reculer l’ennemi dans les champs, les forêts et les chemins. Les flics s’éloignent rarement de leurs véhicules, donc des routes. C’est quand ils sont forcés de le faire qu’ils sont les plus vulnérables. Il ne faut donc pas chercher à s’interposer passivement trop longtemps face aux flics sur une route, surtout si elle est dégagée. Mieux vaut profiter du terrain autour, se disperser un peu pour ne pas constituer de cible trop compacte, sinon les flics n’ont plus qu’à charger dans le tas. On ne peut tenir une barricade sans trop de risques que si on est sûr de pouvoir s’échapper hors d’atteinte des flics dès qu’ils chargeront. Il est arrivé que des dizaines de personnes massées entre deux barricades sur la route se retrouvent pris en tenaille par les forces de l’ordre, le chemin qui constituait l’issue de secours ayant été lui aussi barricadé. Des personnes ont été arrêtées à cette occasion et ont écopées de peines de prison ferme. Cela n’avait rien d’une fatalité. Les camarades avaient eu plus d’une demi-heure pour se préparer à l’assaut et n’ont strictement rien fait pour y faire face. Il aurait même pu y avoir des gens piétinés. La seule issue de secours lors de l’assaut était un fossé suivi d’un talus sur lequel avaient été posé une ou deux palettes en guise de pont. Ça ne suffisait manifestement pas à permettre le passage de la cinquantaine de personnes présentes. Nous aurions pu être plus efficaces si les gens s’était positionnés dans les champs alentours, ne laissant que le nombre de personnes nécessaires pour faire face et pouvant s’échapper rapidement ensuite, en l’occurrence moins de 20 personnes. Des projectiles volant de part et d’autres sur la route auraient obligés les flics à regarder sur les côtés et à parer avec leur bouclier, les ralentissant efficacement. Il aurait pu ne pas y avoir d’arrestations, seuls les « traînard(e)s » ayant été interpellé(e)s, victimes du sauve-qui-peut général.
Autre souvenir qui jette une lumière un peu particulière sur l’opportunité du dialogue avec les flics, les sit-ins et autres tentations de faire baisser la pression : les seules arrestations dont nous avons été témoins sur la ZAD, outre celles racontées précédemment ont eu lieu à l’occasion d’un autre face à face, toujours sur une route. Cette fois-ci, une trentaine de personnes s’étaient laissées progressivement endormir par l’apparente décontraction et le comportement passif des gardes mobiles assez peu nombreux qui leur faisaient face. Certain(e)s se sont assis(e-s) sur la route, d’autres se sont mis à haranguer longuement les flics, façon moraliste, d’autres encore à jouer de la musique. Seule issue pour tous ces gens, dont bon nombre avaient dépassé la cinquantaine d’années : un petit trou dans la haie, de l’autre côté du fossé qui séparait la route du champ adjacent. Une seule personne pouvait passer à la fois, et non sans difficulté. Après analyse de la situation, nous y retrouvons la même absence de sortie de secours adaptée que la fois précédente. Nous avons décidé de ne pas rester là, et de revenir dans le champ d’à côté. Ça n’a pas raté, les flics ont chargé brusquement et ont maîtrisé 3-4 personnes. On a pu obtenir leur libération une heure plus tard, mais de nombreuses personnes ont été gazées, ont fait des chutes, ont pris des coups… Encore une fois, pas de fatalité ; il suffisait de jauger la situation calmement comme nous l’avons fait pour réaliser qu’elle n’était pas à notre avantage. Notre grand regret est, dans les deux cas cités de n’avoir pas osé(e)s élever la voix pour prévenir les camarades d’un danger qui malheureusement n’était pas immédiatement perceptible pour toutes/tous. La route est un terrain où nous n’avons jamais l’avantage. Par contre, des flics ont été légèrement blessé par des pavés ou des bouteilles jetés depuis le champ ou le bois d’à côté, sur lesquels ils n’avaient pas de visibilité. Cela les a forcé à s’arrêter et à envoyer de petits détachements pour reconnaître le terrain. Ceux-ci étaient vite forcés de rebrousser chemin à cause de la résistance active qu’ils y ont rencontré, retardant leur décision de charger pour prendre pied dans le champ de plusieurs heures (oui, plusieurs heures de face à face et ça n’a rien d’exceptionnel). Nous avons donc constaté l’efficacité d’une résistance à la fois passive et active venue de plusieurs côtés à la fois, provoquant constamment les flics pour les empêcher de se sentir en terrain conquis. Également notable est le fait que la résistance passive, pacifique et frontale est toujours la plus dangereuse pour celles et ceux qui y prennent part, puisqu’ils/elles s’exposent directement à la répression, souvent sans y être préparé(e)s. Il est clair que bien plus de personnes « non-violentes » se font arrêter sur la ZAD lors des affrontements avec la police que de personnes ayant eu des gestes offensifs envers elle, tout simplement parce que croyant n’avoir rien à se reprocher, elles ne réalisent pas le danger, ou alors trop tard. Ça ne changera pourtant rien, les flics les accuseront souvent de violences, d’outrage ou de rébellion, faux témoignages des leurs à l’appui.

Au risque d’énoncer des évidences, rappelons tout de même que la police n’est pas là pour maintenir l’ordre mais pour provoquer l’affrontement avec ceux qu’elle juge dangereux pour la sécurité de l’état. Elle n’est pas là pour attraper les criminels, mais pour faire du chiffre à l’aide de toute personne s’étant trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment, comme le type assis devant eux par exemple. Il n’ y a pas de dialogue possible autre que celui du rapport de force, et donc de l’intimidation face à des gens lourdement armés, astreints au silence et se considérant en terrain ennemi à reconquérir y compris « en faisant usage de la force ». S’ils doutent de notre détermination, ils feront un carton et pas de quartiers. S’ils croient avoir affaire à une véritable opposition qui n’hésitera devant rien pour les repousser, ils avanceront en prenant plus de précautions, car malgré l’impunité dont ils jouissent ils chercheront à éviter les bavures qui pourraient rendre la situation incontrôlable. Nous pensons qu’il n’y a donc pas d’utilité à vouloir faire baisser la pression par des manifestations de bonne volonté si nous voulons conserver nos acquis, cela ne sert qu’à se faire endormir. La demi-heure de préparation que n’ont pas mis à profit les gens dont il a été question dans le premier exemple pour se préparer à l’assaut avait été obtenue par une brève négociation avec les flics afin de faire partir ceux qui ne voulait pas assister à l’affrontement. Le seul résultat visible a été l’endormissement des gens présents, qui n’ont pas su faire face à l’assaut dans les bonnes conditions, occasionnant la retraite en désordre que souhaitait la police à ce moment-là afin de faire des arrestations. Nous pensons que le dialogue courtois avec la police n’a qu’une seule utilité : instaurer le doute et calmer les éléments trop bouillants des deux côtés. Il est important que le troufion de base sache qu’il n’a pas affaire à des « ultras » terroristes, mais à des gens réfléchis en situation de légitime défense face à l’arbitraire de l’état dont lui, troufion est le représentant légal. Ce dialogue n’en est en fait pas un, étant donné le devoir de réserve et la pression des officiers sur leurs troupes pour ne pas qu’ils parlent avec les opposants. Parlez donc aux flics si vous le voulez, mais ne prenez pas de risques inutiles et restez vigilant(e)s. Lorsque vous voyez un officier faire le tour de ses petits gars en leur glissant quelques mots à l’oreille à chaque fois, c’est probablement les ordres pour la charge qui va suivre. Celle-ci ne devrait donc pas trop tarder, et ne sera pas toujours précédée des sommations d’usage. Cependant, il y a souvent des tirs de grenades lacrymogènes avant.
En effet, la procédure veut que 1) les sommations soit effectuées, 2) on dispersent les opposants à coups de grenades lacrymogènes et assourdissantes, puis 3) on prend possession du terrain ainsi dégagé à l’aide d’une bonne charge. C’est ce qui se produit dans peu ou prou 90% des cas, du moment que les flics ont l’initiative. Dès que celle-ci change de camp, attendez-vous à beaucoup moins de précautions et de savoir-vivre de leur part. Le bluff, l’intimidation est une tactique toujours payante, quelque soit la situation. Peu de lanceur(euse)s de pavés sont des gens « violents ». Peu d’entre elles/eux espèrent blesser un flic, mais toutes et tous veulent faire peur. A tel point qu’il font parfois peur, à tort, à ceux qui se revendiquent de la « non-violence ». Ceux-là doivent comprendre que cette tactique là aussi est nécessaire, car rien ne ralentit mieux une escouade qu’une bonne pluie de projectiles, et celle-ci les obligent à s’arrêter à distance respectueuse avant de charger, plutôt qu’à jouer le rouleau compresseur imperturbable. C’est aussi un bon moyen de prendre conscience de notre force et de ses limites. Il est peu probable que vous mettiez hors de combat un flic avec un pavé. Dans la plupart des cas, celui-ci n’atteint pas sa cible, ou bien il est paré, ou bien il ne fait pas grand dégât à ces gaillards cuirassés de la tête au pied. On ne peut cependant pas écarter la possibilité d’un coup au but occasionnant une blessure grave, même si à notre connaissance cela ne s’est jamais produit sur la ZAD. Voilà pourquoi la boue, la peinture et le fumier sont à privilégier, car ils rajoutent l’humiliation au tableau et indisposent moins les « pacifistes », tout en aveuglant le flic qui le reçoit sur la visière. Le cocktail molotov, lui, est un véritable joker. Dans chaque intervention policière, il y a un avant et un après cocktail. Dès lors qu’un molotov atterrit devant eux, les flics changent d’attitude et deviennent beaucoup plus prudent, voir lâches. Il ne faut jamais oublier de quel côté est le courage. Le courage est de notre côté. Sans armure et pratiquement sans armes, sans discipline et sans la protection de la loi et de l’état nous affrontons une armée ayant toute latitude pour agir de manière violente, y compris lors d’une « bavure », vu que celle-ci n’est jamais sanctionné par la hiérarchie ou les tribunaux. Si vous en doutez, nous vous conseillons la lecture de l’excellent rapport d’Amnesty International dont voici le lien : http://www.amnesty.fr/sites/default…. Ce rapport examine entre autres des cas de décès en garde à vue. Avis aux amateur(ice)s…

Bref, soyez conscient(e) de la lâcheté de l’adversaire et de son manque de motivation préalable pour mieux l’impressionner. La guerre que nous menons face à lui est avant tout psychologique. Le simple fait de hurler fonctionne, soyez donc vous aussi une grande gueule face aux flics, en évitant bien entendu les insultes qui pourraient heurter les camarades, tel que « cassez-vous bandes de pédales » ou autres « ta femme eh ben moi je la suce, t’entends, j’l’encule bien profond » qu’on a parfois entendu. Ce genre de propos a déjà occasionné des prises de becs entre camarades devant les flics, ce qui est bien entendu contre-productif. Montez sur les barricades, faites croire au flics que vous êtes bien plus nombreu(ses)x que vous ne l’êtes, par exemple en allant les harceler par petit groupe si vous pouvez le faire depuis la forêt ou derrière des buissons, ça marche très bien et permet en plus d’écouter ce qui se dit de leur côté moyennant un peu plus de discrétion. Faites un maximum de bruit en tapant sur tout ce qui traîne. Soyez déroutant(e)s. Imaginez que ces braves policiers qui se lèvent de bon matin pour aller faire ce qu’ils appellent leur travail font face à une foule bigarrée, d’où sortent tour à tour des gens venus s’asseoir devant eux, leur offrir des fleurs, se mettre à poil, les haranguer longuement ou bien les insulter, leur jeter des pierres, des engins incendiaires ou de la merde au visage. De quoi être sacrément perturbé. César en perdrait son latin. L’humour est une arme redoutable, et souvent absent de ces moments de tension. Il est pourtant très important afin d’alléger l’atmosphère et de redonner le moral aux camarades. On ne saurait en abuser tant ses vertus sont grandes. Moquez-vous des flics dès que c’est possible. Quant au matériel (cailloux, nourriture, eau, boucliers, etc…), il est souvent oublié lors des charges et saisi par la police. Prenez-donc le temps de le mettre en sécurité plus en arrière lorsque vous sentez que la charge est proche, il est indispensable car la confrontation peut durer toute la journée, voire plus. Si vous vous en sentez le courage, n’hésitez pas à venir apporter des projectiles en première ligne s’il y a du monde pour s’en servir, vous rendrez ainsi un grand service. Transmettez alentour toutes les informations utiles dont vous prenez connaissance, par rapport à ce qu’il se passe plus loin, à la répartition des effectifs de police, les actions de soutien, qui sont les R.G, flics en civil ou indics présents, etc… si vous êtes en recherche d’infos fiables pour confirmer une rumeur, allez voir le porteur ou la porteuse de talkie-walkie ou de radio le/la plus proche. La circulation de l’information est un facteur crucial dans ces moments-là, elle aide à la cohésion du groupe et à la prise de décisions informelle et collective. Côté flics, ils agissent toujours sur ordre et il y a des choses à savoir : autorisation ou non d’employer les gaz, objectifs de l’opération, quota d’arrestations, démonstration de force ou bien ordre de “calmer le jeu”, etc… Si vous apercevez un blessé, réconfortez-le et appelez tout de suite un « médic », il y en a toujours un dans le coin. Ne prenez pas en charge vous-même les soins si ce n’est pas immédiatement nécessaire, comme dans le cas d’une hémorragie importante que vous pouvez tenter d’arrêter en comprimant la plaie, événement peu probable quand-même. Criez “flashball” si vous voyez un flic en épauler un avec l’intention de tirer sur quelqu’un. Surveillez les gens inconscients qui se mettraient à pique-niquer alors que la situation est précaire, et avertissez-les calmement du danger s’il existe. Soyez toujours extrêmement attentif aux autres, ils sont votre principale protection, et vous êtes la leur. Si vous sentez que certains se mettent en danger, ou bien font courir des risques aux autres de par leur inconscience, ne soyez pas timide et dites-leur franchement. Il arrive que des provocateurs cherchent à mettre les gens en situation de se faire attraper par les flics, soyez attentif à cela sans tomber pour autant dans la parano. Un type très motivé qui veut “casser du flic” n’en est pas forcément un, ni plus que celui qui joue au chef. Tout deux sont par contre nuisibles à l’esprit de groupe, il faut les remettre à leur place ou s’en inquiéter auprès des autres. Ne cédez jamais à la panique, c’est extrêmement contagieux et crée facilement un effet de troupeau qui peut faire prendre des décisions stupides, ou n’en faire prendre aucune lorsque cela s’avérerait pourtant nécessaire. Lorsque les lacrymos sont de sortie, passez-donc entre les gens leur proposer du sérum physiologique, beaucoup n’y pensent pas à temps. A titre individuel, restez sur les bords du groupe, sur les côtés et non pas à l’avant ou au milieu, vous avez de meilleure chance de pouvoir vous échapper rapidement en cas d’assaut, et vous aurez une meilleure vue d’ensemble sur ce qu’il se passe. Ayez toujours une sortie de secours en tête, vous éviterez d’hésiter au moment critique. De manière générale, éloignez-vous à l’arrière dès que vous ne comprenez plus la situation ou dès que vous êtes inquiet(e). Si vous êtes du genre à lancer des trucs pour toucher votre cible, lancez-les prioritairement lors des charges sous réserve que vous soyez bon(ne) coureur(euse), vous aurez de meilleures chances de succès, l’ennemi étant moins attentif, moins couvert par son bouclier et en train de foncer vers vous. Le top est d’être embusqué sur les côtés si le terrain le permet. Ne vous isolez jamais entre les flics et le groupe, ni à fortiori derrière les lignes ennemies. Vous pouvez tenter des actions de ce type à plusieurs, c’est risqué mais ça peut en valoir la peine. Ayez un(e) binôme, un groupe de potes qui va veiller sur vous et savoir qui vous êtes en cas d’arrestation. Autrement, ce n’est pas grave mais ne prenez pas de risques. Sachez que si vous n’avez pas ni cheveux longs ni vêtements trop cool et que vous êtes un homme seul, vous risquez d’être pris pour un flic, ce qui n’est jamais très agréable. Pensez à vous munir de miroirs, vous pouvez aveugler les flics avec lorsque le soleil est de la partie ou mieux lorsque ils utilisent des projecteurs la nuit. Dans ce dernier cas de figure ce n’est vraiment pas un extra, ceux-ci vous aveuglant complètement, rendant toute action difficile à mener alors que le contexte y est très favorable. Les flics lâchés de nuit sur la ZAD ont peur, ils ne voient pas forcément venir la menace et elle peut toujours leur tomber dessus. Pour en revenir aux projectiles, n’oubliez pas que les flics ne peuvent pas parer de tous les côtés à la fois. Ce qui fait que si en même temps il en prennent par devant depuis la barricade et depuis les côtés ils vont être obligés de se replier s’ils n’arrivent pas à chasser les assaillant(e)s plus loin. Lorsqu’on en arrive à un cas de figure semblable, où les charges policières alternent avec les contre-charges et les lancers de projectiles, n’oubliez pas de ne jamais vous approcher trop près des flics, à moins d’avoir une excellente raison de le faire, car vous pouvez être victime du « friendly fire », c’est à dire d’un tir venu de votre propre camp et aussi parce qu’en cas d’arrestation vous allez prendre pour tous les autres, y compris si vous êtes « pacifique ». Après tout, pour eux vous aurez pris part à un attroupement armé et masqué ayant refusé de se disperser après sommation. Les robocops sont lourds et bardés d’équipement divers, ce sont donc de piètres coureurs. Surveillez les quelques flics non cuirassés du coin de l’œil, soyez toujours prêt(e) à courir et vous n’avez pas de raison de vous affoler. En règle générale, une charge policière ne parcoure pas plus d’une trentaine de mètres avant de s’arrêter. Regardez donc derrière vous et ne courez pas trop loin, au risque de laisser des camarades seuls et d’inciter les flics à avancer pour venir les choper. Un bon moyen pour ne pas trop se fatiguer, sans se faire arrêter ni laisser trop de camarades derrière est de faire un bon sprint dès le début de la charge sans attendre que les flics se rapprochent mais sur une courte distance, puis de continuer à courir normalement en se retournant à ce moment-là. Lorsque vous voyez les flics s’arrêter après leur charge, retournez immédiatement vers eux, en restant à la distance qui vous semblera bonne, jamais moins de 15 ou 20 mètres, en tout cas dans un premier temps. Pensez à prendre un bouclier quelconque dans votre avancée si vous en trouvez un afin de vous protéger vous-même ainsi que les autres. Cela redonne du courage à ceux qui vous entoure de vous voir avancer et envoie un signal fort au flic, tout en les ralentissant. En effet, comme c’est généralement ce que font les gens après une charge, les flics gagnent peu de terrain au pris d’une dépense physique considérable et réalisent qu’ils ne font pas très peur à leurs adversaires. Toujours essayer de regagner du terrain sur les flics, sans prendre de risques inconsidérés mais avec obstination, sinon autant rentrer à la maison. Vous observerez de toute façon qu’ils ont un rituel bien rodé et facilement prévisible, et qu’ils ne prennent jamais le risque de s’isoler délibérément de leurs collègues pour frapper ou bien procéder à une arrestation. Le moment précis de la charge est quant à lui plus difficile à prévoir, ce qui fait que si vous êtes à moins de 50 mètres des flics soyez très vigilant(e) par rapport à leurs manœuvres, et restez éloigné(e) si vous n’êtes pas bien réveillé(e). Cependant, il faut remarquer que les flics procèdent généralement à peu d’arrestations, en tout cas dans le cadre d’une lutte hors zones urbaines, car la présence d’un véhicule est nécessaire pour évacuer au plus vite le ou les interpellés, sans quoi ceux-ci constituent un facteur d’emmerdement maximal pour les flics, qui ont d’autres chats à fouetter dans ces moments-là. Il arrive régulièrement que des personnes maîtrisées par les flics soient relâchés peu de temps après à cause de ça. Vous avez donc mathématiquement beaucoup plus de chance d’être arrêté(e) si vous êtes sur une route ou à proximité d’une route. En tout cas, ne perdez pas de temps et profitez du premier moment de calme relatif pour gueuler franchement et plusieurs fois « libérez nos camarades » avec motivation si vous apprenez que des arrestations ont eut lieu. A tous les coups, les gens autour de vous reprendront le slogan et foutrons la pression aux flics tout en se rappelant immédiatement ce pourquoi ils sont là. Ce simple « libérez nos camarades » est une telle manifestation de solidarité que tous les cœurs en sont immédiatement réchauffés.

Hors des charges, il y a un endroit dangereux et un moment dangereux. L’endroit dangereux, c’est juste derrière la première ligne, c’est-à-dire les quelques braves qui provoquent les flics, s’abritent derrière des boucliers improvisés et jettent des pavés ou autres. Juste là, à 10 ou 15 mètres derrière elles/eux, c’est le spot précis que vont viser les flics s’ils balancent des grenades assourdissantes, des grenades lacrymos ou s’ils tirent au flashball sans intention de faire mouche, ce qui arrive lorsqu’on à affaire à des humains, après tout. Soyez d’autant plus prudent(e) lorsque vous vous aventurez dans cette zone. Si vous remarquez un flic en train de vous pointer avec une arme, c’est un flashball, et dans ce cas-là si vous voyez qu’il ne vous lâche pas avec son canon, ne faites pas le héros/l’héroïne, reculez à plus de trente mètres (c’est à peu près la distance ou le flashball cesse d’être efficace et précis) et faites vous oublier quelques minutes. Si vous entendez les lacrymos (pop-pschiiiiiiit), levez la tête et éloignez vous du point de chute, ça peut brûler. Mieux vaut être bien couvert et avoir le visage propre, cela diminuera l’effet des gaz. Sachez également que ceux-ci peuvent occasionner des dommages irréversibles à l’appareil respiratoire et digestif, bien que ce soit rarement le cas dans des espaces ouverts. Évitez-les donc un maximum. Si une grenade tombée à proximité n’explose pas tout de suite, courrez, c’est peut-être une grenade assourdissante. Vous pouvez essayer de renvoyer les grenades, mais utilisez de préférence une raquette pour ça et ne vous précipitez pas trop : il est possible de prendre une grenade à éclats pour une grenade lacrymo dans le feu de l’action, et votre main ou votre pied s’en souviendrait, vos oreilles aussi. Dans tous les cas, ne paniquez pas : même à moins de 5 mètres du point de chute d’une lacrymo, du moment que le vent ne pousse pas le nuage dans votre direction et n’est pas trop changeant ni trop faible, vous êtes tranquille pendant un moment avant de commencer à sentir les gaz, le temps qu’ils se dispersent. Cependant, restez proche du groupe car c’est au moment où ces foutues grenades tombent ou que les flics chargent que vous êtes le plus susceptible d’être lâché(e) par les autres. N’ayez jamais une trop grande confiance dans le courage de vos camarades, c’est le meilleur moyen d’être arrêté bêtement. C’est triste à dire, mais réaliste. Jaugez tout le temps l’état d’esprit et des flics et des vôtres, et modelez votre conduite là-dessus. Méfiez-vous de l’esprit de troupeau qui fait parfois rester groupés à des endroits dangereux pour tout le monde, sachez prendre du recul sur les événements. Pour en revenir aux gaz, leur effet semble être cumulatif, c’est à dire qu’on peut en prendre une bonne grosse bouffée et ne pas trop en sentir les effets, et être vraiment indisposé un peu plus tard par seulement de petites quantités résiduelles, bien après la chute des grenades. Ce qui fait qu’il est important dès le départ de contourner le gros du nuage, pour pouvoir ensuite supporter des quantités plus faibles pendant plus longtemps. Il ne sert à rien de supporter stoïquement le gaz pendant que tout le monde fuit, pour ensuite être hors-combat à la moindre approche d’un nuage. Lorsque les gaz sont utilisés massivement, c’est quelque chose qu’il faut garder à l’esprit, en même temps qu’il faut toujours se placer par rapport au sens du vent, lorsque c’est possible. Le moment le plus dangereux, c’est lorsque les flics se replient, car c’est dans ces instants qu’ils sont les plus vulnérables, et ils le savent. C’est le temps pour eux d’envoyer le bouquet final, de vider les chargeurs et la peur peut alors les rendre plus agressifs et moins disciplinés. Ils auront alors la gâchette facile et auront plus souvent recours aux tirs tendus. C’est aussi le moment ou le courage renaît dans nos rangs, incitant bon nombre de gens à prendre des risques supplémentaires. C’est souvent un moment très marrant, voire grisant, mais évitez tout de même d’être la dernière victime du peloton. N’oubliez pas : il y a toujours un moyen approprié selon le moment d’être efficace contre les flics sans prendre beaucoup de risques, à vous de le trouver. Soyez toujours conscient que si vous avez peu de chance de sympathiser avec l’ennemi, peu de flics souhaitent faire autre chose que leur boulot et aller au delà des ordres directs en faisant du zèle. C’est avec leur trop grande discipline la grande faiblesse des forces de l’ordre, celle qui devrait vous inciter à ne pas vous laisser intimider. Au contraire, intimidez-les à votre tour, ça mange pas de pain comme on dit. C’est frappant de constater leur peu d’efficacité vu tous les moyens dont ils disposent. On a vu lors d’une énième opération de dégagement de route, lorsque la lutte s’est déplacée dans les champs autour un guerrier viking défier avec courage, que dis-je, avec une témérité insensée les flics qui venaient de nous repousser plus loin dans le champ. Avec son casque à cornes et son épée en plastique il a carrément chargé tout seul 2-3 flics un peu isolés, et les à fait reculer (!). La vidéo a été publiée sur le web. Le guerrier en question ne devait même pas mesurer 1m70, et n’avait rien d’un monstre… C’est une belle leçon d’audace et d’humour qu’il nous a donné, en tout cas. Sortez de votre tête l’image des guerriers invincibles et surentraînés ayant tout prévu que beaucoup associent aux gardes mobiles. Lorsqu’on leur laisse l’initiative, leurs tactiques sont excellentes, mais dès qu’ils font face à une résistance déterminée ils temporisent immédiatement, car eux non plus ne souhaitent pas le corps à corps ni faire de martyrs. Ils ne faut ni les sous-estimer ni les surestimer ; la légitimité, le courage sont de notre côté, et eux le savent, quoiqu’ils en disent, ce qui abaisse considérablement leur moral. Ainsi avons-nous souvent affaire à de simples pions que déplacent les officiers à grand peine sur un terrain qui ne leur est pas favorable, face à des camarades qui prennent toutes sortes d’initiatives personnelles et imprévisibles, ce qui je le répète constitue notre grande force. En conséquence, la police est souvent dépassée par les événements si vous restez mobiles et réactif(ve)s. Nous ne devrions pas chercher à nous discipliner, ou adopter de tactiques communes trop prévisibles, hors celles que dicte le bon sens tel que se masquer le plus souvent possible, ne serait-ce que pour atténuer l’effet des gaz. Les flics aiment beaucoup les photos-souvenirs et les films de vacances, ils sont très souvent en train de nous filmer lorsqu’ils interviennent. Se masquer permet d’éviter à certaines personnes un peu trop motivées de se faire identifier et cibler, ou d’être reconnues comme ayant déjà participé à des actions semblables. Si vous êtes là, c’est que vous êtes solidaires avec eux, quoi qu’ils fassent et même si vous n’approuvez pas leurs méthodes. Alors masquez-vous, même et surtout si vous n’avez rien à vous reprocher. Vous pourrez toujours discuter avec les camarades ensuite si certaines choses ne vous conviennent pas.  Définition de guérilla (source : toupie.org) :

Étymologie : de l’espagnol guerrilla, petite guerre, qui est un diminutif de guerra, guerre. Son utilisation remonte aux tactiques utilisées par les Espagnols pour lutter contre le régime imposé par Napoléon Bonaparte au début du XIXe siècle.

Le terme “guérilla” est employé pour désigner des combats réalisés par de petits groupes menant une guerre de harcèlement, de coups de main, d’embuscades et de sabotages contre une armée régulière. Contrairement au terrorisme, elle ne vise pas les civils. Elle a pour objectif de renverser une autorité en place en la déstabilisant par des confrontations peu intense mais de longue durée. Le terme “guérilla” est plutôt réservé à des combats politiques menés par des groupes de partisans qu’à des missions militaires de commandos conduites par des corps francs (détachement d’une armée chargé d’opérations de sabotage ou de la réalisation de coups de main). Par extension, “guérilla” désigne aussi les groupes qui mettent en œuvre ce type de combats. Caractéristiques de la guérilla :
– asymétrie des forces en présence (nombre, armement, organisation),
– effet de surprise des attaques,
– terrain d’action étendu et difficile d’accès,
– mobilité, dispersion et flexibilité des guérilleros,
– absence de ligne de front,
– un lien fort avec la la population locale.