Le renversement du monde renversé. Choses surréalistes vues et entendues a la ZAD.

Là-bas, il apparaît comme évident pour tout le monde que les bétonneurs cassent et les casseurs construisent.

D’ailleurs, chaque opération de com’ du pouvoir provoque l’inverse de l’effet recherché. Plus ils parlent de nous plus ils parlent d’eux-mêmes (prototerroristes-ultraradicaux-venus-d’ailleurs-violents-n’ayant-que-faire-de-l’écologie-professionnels-de-la-bagarre). Plus ils divisent, plus on est unis, plus il sont sérieux, plus ils font rires.

On pensait que leur bêtise était infinie, on découvre que leur cynisme se défend bien : après un mois et demi de matraquages, de gazages et des dizaines de logements rasés, le gouvernement propose une commission du dialogue.

150 motivés, armés de courage et de solidarité, tiennent tête a 2200 policiers surarmés de flash-balls, grenades, stupidité et autres lois républicaines.

Les pelleteuses des bétonneurs pataugent dans la zone humide.

60 élus s’enchaînent a la préfecture pour exiger la fin de l’opération policière contre les squatteurs anarchoautonomes.

40000 personnes ouvrent des squats ensembles.

Une des plus hautes magistrates de France en ouvre un autre.

On ne sait plus ou stocker les dons de soutien.

Il y a trop d’argent dans la caisse de soutien.

Des chaînes humaines de centaines de mètres de long acheminent les matériaux de récup’ en dansant la samba de la batucada. Une planche, une cuvette de chiotte, une botte de paille…

Ce sont les étudiantEs en architecture qui ont fait les plans des maisons illégales.

Les tronçonneuses et autres marteaux rythment la chorale de chants grégoriens.

Un punk, au centre de cette-dernière, l’écoute religieusement.

Les distinctions idéologiques les plus radicales volent en éclats face à l’imagination et la solidarité.

Ce sont les jeunes qui apprennent aux vieux, comme à cette dame qui ne savait pas ce que signifiait ACAB.

L’élaboration de barricades n’est plus un sujet de débat moral ou politique, mais technique.

Des Black blocks tentent une explication timide de leurs actions. Ils sont coupés nets par la famille venue pique-niquer : “encore heureux qu’on leur réponde ! Avec tout ce que vous prenez dans la gueule” !

Les radicaux sont dépassés par les modérés.

L’étonnement premier ne vient pas tant du fait que les gens se tutoient, mais qu’ils se parlent.

Les pieds dans la boue et les chaussettes mouillées, les gens rient.

Liste en cours…

(ne pouvant pour ma part voir tout ce qui s’y passe, j’invite chacun à poursuivre l’écriture de ce texte, en espérant qu’il n’ait pas de fin)