COLLECTIF
« Un toit pour tous et toutes ».

A propos de la réquisition de lieux:

 Il est important de rappeler que l’interpellation des pouvoirs publics ne date pas d’hier ! Depuis des mois et de manière régulière, les associations de soutien aux personnes en difficultés signalaient aux services de l’État et des collectivités locales le manque d’hébergements d’urgence. Aucune réponse politique n’a été apportée.

 Le premier étage du Lieu Unique a été réquisitionné de manière citoyenne et sans violence. Pendant plus de 2 semaines, le temps de la procédure juridique d’expulsion, une cinquantaine de militant-e-s avec et sans logement ont pu dormir au chaud, manger, vivre, de manière auto-gérée. Ce lieu a aussi servi à la tenue démocratique d’une AG quotidienne où toute la population nantaise était conviée. Nous n’avons rien dégradé au Lieu Unique, le directeur le dit lui-même dans Ouest France et Presse Océan. Nous avons été respectueux de l’établissement et de ses employés. Ils ont été invités à se saisir de l’événement pour organiser leur programmation sur le problème du logement. Les médias parlent de nous quotidiennement mais leurs comptes-rendus sont en décalage avec la réalité. Loin de s’emparer du problème, ils minimisent les faits. Un journaliste qui souhaitait couvrir la totalité de l’événement a été mis sur un autre sujet. Il semble qu’une chape de plomb pèse sur leurs écrits et reportages.

 Les occupations illégales ont 3 rôles dans notre mouvement: elles sont l’unique moyen de mobiliser la préfecture, puis la mairie; elles permettent de ne pas laisser indéfiniment les personnes à la rue; elles rendent visible les manques de moyens donnés par l’État ainsi que les personnes sans logement. Seule l’occupation permet de déclencher des moyens. L’occupation du Lieu Unique a permis l’ouverture des soixante places promises par la préfecture. Celle de Gustave Roch l’ouverture anticipée du foyer par la mairie après notre départ.

 Les expulsions de Gustave Roch, du LU, de la Manufacture, sont toutes démesurées en terme d’intimidation répressive et constituent un véritable gâchis d’argent public. Pour exemple, le dispositif policier à Gustave Roch a rassemblé 7 fourgons de CRS, 5 voitures de police, 2 voitures de la BAC, et les services du GIPN! Le foyer Gustave Roch est laissé vide 92% de l’année et a été pris par une trentaine de militant-e-s avec et sans logement par nécessité vitale. Il n’y a plus aucun sens des réalités. La réquisition est une mise à l’abri, l’expulsion est une mise à la rue.

 Une manifestation réunissant les personnes en lutte contre les expulsions liées à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et le collectif «Un toit pour tous et toutes» a déplacée samedi 27 octobre à Nantes 400 personnes. Le soir même une soirée concert de soutien a été donnée dans le lieu associatif BITCHE. Le collectif ne se démobilise pas, bien au contraire. Ce projet aéroportuaire démontre bien que le problème du logement et de l’hébergement n’est pas un problème d’argent mais de choix politique.
A propos des solutions proposées:

 Aujourd’hui, seules les familles ont été mises à l’abri temporairement et nous n’avons aucune assurance écrite quant à la pérennité de ces places et ce malgré notre demande en ce sens auprès de la DDCS. Le 115 répond toujours par la négative aux personnes isolées. Nous sommes actuellement une quarantaine de personnes de notre collectif encore à la rue (et assurément bien plus dans la ville de Nantes). Un couple avec 2 enfants en bas âges rencontrés par le collectif ce vendredi a eu pour réponse du 115 de rappeler lundi matin à 11h30. L’ouverture du foyer Gustave Roch n’est pas la mise en place de moyens supplémentaires mais le déplacement du problème avec l’attribution des places prévues pour les personnes isolées à des familles afin de faire bonne figure. Le maire, Patrick Rimbert, tente de faire croire par voie de presse que nous nous battons sans raison: non, nous sommes toujours dans la rue. Le maire ne parle que des familles: les personnes seules ou sans enfants ont-elles pour vocation de dormir dehors? La rue tue les enfants comme les adultes, comme en atteste le travail réalisé par le collectif « les morts de la rue ».

 Le plan Ayrault-Duflot n’est pas suffisant. La réalité c’est que les places ouvertes correspondent toujours à des rattrapages après coup, bien insuffisants (mais de quoi faire taire travailleurs/euses sociaux/ales et militants/es). 50 millions c’est moins que la rallonge décidée par Fillon pour 2010 par exemple… Les critiques de C. Duflot à l’égard de l’hébergement en hôtel ne produisent aucun effet réel sur le terrain. Le PS comme l’UMP assurent une gestion a minima de la misère que créée tant leur politique économique que leur politique migratoire.

 La présence policière et militaire massive à nos actions, la remise de personnes à la rue, le refus de la part des autorités de s’engager par écrit, la lenteur à mettre en œuvre des mesures d’urgence et les calomnies, constituent eux par contre de réelles violences, et de réelles dégradations autant de la situation que de la santé physique et psychique des personnes concernées. Les actions du collectif «un toit pour tous et toutes» demeurent légitimes, aussi longtemps que des personnes dorment à la rue contre leur gré.

 Le problème du logement n’est pas uniquement provoqué par l’arrivée des demandeurs d’asile comme le prétendent Monsieur Grosvalet, président du conseil général de Loire Atlantique et M. De Lavernée, préfet de Loire Atlantique mais est une question de choix et de priorité politique. Il touche aussi bien les français que les étrangers. Nous demandons que les pouvoirs publics cessent de distinguer les personnes seules des familles, les personnes sans-papiers des personnes avec papiers. Cette politique de tri et de contrôle social des pauvres n’a pour but que de créer des divisions, et est illégale puisque la loi est la même pour tous: «Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence.» (art L 345-2-2 et 345-2-3 du code de l’action sociale et de la famille). Cela n’est actuellement pas le cas. Nous demandons donc l’application de la loi. Nous demandons que le 115 propose une solution à toute personne qui en fait la demande.

 Nous constatons les mêmes problèmes de logements et les mêmes mouvements sociaux de révolte à Toulouse, Brest, Rennes, Angers, Paris, Nancy, etc… Le problème de l’hébergement persiste encore et toujours ici et ailleurs. Plutôt que de nous opposer, unissons-nous.

Collectif « un toit pour toutes et tous » réunissant associations, organisations, citoyens et citoyennes soutenu par AFPS 44, Alternative libertaire, CSF, CGT 44, CIMADE, CNL, Collectif Enfants étrangers citoyens solidaires( RESF 44), Collectif logement, collectif Uni-e-s contre une immigration jetable, DAL 44, Europe Ecologie Les Verts, GASProm-ASTI, Gauche Anticapitaliste, groupement des Retraités Educateurs sans Frontières, LDH, les Alternatifs, Logis Saint-Jean, MRAP, NPA, Parti de Gauche, PCF, SEN, US Solidaires…