Pour une fois, reconnaissons-le : c’est bernard-henri lévy qui a raison
Category: Global
Themes: Guerre
On dit aussi (et ce n’est pas très gentil, mais les gens sont méchants) : moi aussi, si je veux, je peux produire un cagoulé monsieur X, combattant de la liberté à Ma’arrat al-Numan (Syrie) – parce que bon, sincèrement, qui va se faire ch… S’embêter à vérifier si le gars n’est pas, en vrai, livreur de pizzas chez SpeedTartiflette, 06150, La Bocca, Alpes-Maritimes ?
Mais là, cependant ?
BHL a raison, quand il exige (ou sinon, il sort son Gilles Hertzog) que la communauté internationale (principalement composée de la France et du Qatar) prenne enfin ses responsabilités – et ne nous refasse pas le coup de 1938, quand Kofi Annan a signifié aux nazis (sous les applaudissements de Régis Debray la Rochelle) qu’il était plutôt (très) pour qu’ils envahissent la Pologne : elle est belle, franchement, l’ONU des « Norpois » [1].
BHL a raison, de constater que « s’alourdit d’heure en heure le bilan » des horribles tueries commises « de sang froid, à l’arme lourde », aux « hélicoptères de la mort » et aux « blindés transport de troupes et de matériels de guerre » (à ne pas confondre avec les chars dédiés à l’acheminement de kits de survie).
BHL a raison, de se scandaliser des insoutenables « images » d’« enfants au crâne fracassé » et « au visage en bouillie » qui nous arrivent tous les jours de l’Orient difficile.
BHL a raison de montrer à François Hollande qu’il est beaucoup « plus important » de procéder enfin aux « bombardements » des « tanks positionnés en position de tir » que de geler le salaire de ses ministres : c’est tout de même hallucinant que le mec continue de gouverner comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, et vazi que je te vais chez Pujadas annoncer que je retire mes soldats de la Kapisa – mais attendez, « Monsieur le Président », vous croyez vraiment que c’est le moment de jouer au Risk ?
(Laissez-moi vous dire, Monsieur le Président, que Monsieur le Président d’avant avait, me semble-t-il, et sauf votre respect, de plus grosses balloches que les vôtres : lui, du moins, ne tergiversa que peu, lorsque l’heure vint de buter son Kadhafi.)
BHL a raison, en somme, d’interpeller publiquement Monsieur le nouveau Président, et de lui demander, un peu fermement, si, oui ou non, « la France fera-t-elle » pour Gaza « ce qu’elle a fait pour Benghazi et Misrata » – ou si la France continuera de rester « les bras croisés face aux atrocités », genre 1310 Palestinien(ne)s tués sous les bombes, dont 410 enfants ?
Car en effet : les Palestinien(ne)s de Gaza meurent, mais « où sont les avions français », for God’s sake – et « où êtes-vous, amis de la liberté » ?
BHL a raison, quand il…
Attends.
Attends : je crois que j’ai mal lu.
Ah, fichtre, oui : j’ai mal lu.
En fait : BHL demande à François Hollande de « prendre l’initiative en Syrie » – et pas du tout en Israël, comme j’ai ballottement cru.
En fait, même – je viens de vérifier : quand ce sont des hélicoptères de la mort (ou des tanks) israéliens, qui font des hachis de civil(e)s ?
BHL ne demande pas du tout que la France – la Fraaance, comme disait feu Gaulle – intervienne.
Bien au contraire : il trouve que tout le truc dégage un délicat fumet de guerre antifasciste espagnole, et pointe que lesdit(e)s civil(e)s trépasseraient beaucoup moins, si de fourbes Arabes ne s’en faisaient des boucliers humains.
(Après quoi : il va recueillir chez les bombardeurs des brevets de voltairisme.)
Du coup, je doute : je ne suis soudain plus complètement certain qu’il ait complètement raison, parce que bon, l’humanitarisme sélectif, ça commence à devenir fatigant.
Notes
[1] L’aurions-nous attendue en 1999, l’ONU, que les Serbes, qui avaient tous un grand-père dans la Waffen-SS, auraient tranquillement perpétré un génocide au Kosovo. Fort heureusement, Madeleine Allbright sut la contourner, pour assurer la préservation, dans cette riante province, d’une exemplaire démocratie multi-ethnique où seules les minorités non-albanaises sont regardées comme sous-humaines – et dont BHL salua l’émancipation d’un vibrant : « Vive le Kosovo libre ! »
http://www.politis.fr/Pour-Une-Fois-Reconnaissons-Le-C,….html
Au secours ! Bernard Henri Levy veut entraîner la France pour bombarder la Syrie, un pays de 24 millions d’habitants
Bernard-Henri Lévy appelle François Hollande à prendre l’initiative en Syrie pour défendre devant le Conseil de sécurité des Nations unies une stratégie s’inspirant de celle suivie en Libye en autorisant des bombardements ciblés.
http://www.europe1.fr/International/Syrie-BHL-appelle-H…4673/
http://www.humanite.fr/monde/bhl-philosophe-officiel-au…84155
Pour Bernard-Henri Lévy, la guerre en Libye était motivée à ses yeux par la défense des intérêts d’Israël dans le monde.
Dernier invité de la première convention nationale organisée par le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif),
Bernard-Henri Lévy est revenu sur son engagement en faveur de la révolution libyenne. Invité à s’exprimer sur le thème des « nouveaux
défis pour les juifs de France », le journaliste et écrivain a évoqué les raisons qui l’avaient conduit à s’engager il y a huit mois contre le
régime du colonel Kadhafi. Ce fut « d’abord comme Français », mais, poursuit-il, « je l’ai fait pour des raisons plus importantes encore ».
Parmi celles-ci, « la croyance en l’universalité des droits de l’homme »mais aussi, plus curieusement, « pour une autre raison dont on a peu parlé, mais sur laquelle je me suis pourtant beaucoup étendu : cette raison impérieuse, qui ne m’a jamais lâché, c’est que j’étais juif. C’est en tant que juif que j’ai participé à cette aventure politique, que j’ai contribué à définir des fronts militants, que j’ai contribué à élaborer pour mon pays et pour un autre pays une stratégie et des tactiques ». Et Bernard-Henri Lévy de préciser le fond de sa pensée :
« J’ai porté en étendard ma fidélité à mon nom, ma volonté d’illustrer ce nom et ma fidélité au sionisme et à Israël. » Avant de conclure : « Comme tous les juifs du monde, j’étais inquiet. Malgré la légitime anxiété, c’est un soulèvement qu’il convient d’accueillir avec faveur : on avait affaire à l’un des pires ennemis d’Israël. »
Que Bernard-Henri Lévy fasse sienne la défense d’Israël contre ses adversaires dans le monde, c’est son droit le plus strict, et ce n’est
d’ailleurs un secret pour personne, tout comme était de notoriété mondiale l’aversion de Kadhafi pour cet État.
Plus contestable, en revanche, est l’enrôlement par BHL de « tous les juifs du monde »derrière la bannière du gouvernement israélien, au nom du syllogisme suivant : je suis juif, Kadhafi et Israël sont ennemis, donc je prends le parti d’Israël.
Cela à l’heure où la politique étrangère de cet État, notamment vis-à-vis des Palestiniens, suscite la réprobation dans le monde de tous ceux qui sont attachés, juifs ou non- juifs, à l’établissement d’une paix durable conforme aux résolutions de l’ONU.
À ce propos, on s’interroge : Bernard-Henri Lévy, qui tenta de s’engager comme soldat pour Israël pendant la guerre des Six -Jours mais y parvint trop tard, s’inscrit-il ici dans les valeurs d’universalité du judaïsme ou dans l’intérêt d’une nation du Proche-Orient ?
Ce qu’on relève en tout cas, c’est l’ampleur du mensonge du philosophe sur les prétendues raisons qui l’avaient poussé à militer pour une intervention étrangère en Libye : bien loin du souci de donner sa chance à la démocratie en chassant le tyran et de protéger les civils menacés par la répression du régime, BHL se faisait en fait l’instrument d’une banale raison d’État.
Sébastien Crépel
http://blogs.mediapart.fr/blog/giuliettalasubversive/29…our-b
Delon a dit : “le cinéma, mon cinéma est mort”. Avec BHL, le cinéma revit. Un nouveau type de star est né, inégalable : il est dans le champ de la caméra en même temps qu’il a l’oeil sur l’objectif, il fait l’Histoire en même temps qu’il la filme, il est simultanément dans l’action et la réflexion, héros et penseur, acclamé par une foule en délire à Benghazi comme sur la Croisette, il donne des ordres à l’Etat Major depuis le Café de Flore (je n’ose imaginer le prix auquel sera adjugé le bout de la nappe à Drouot), il est sur le terrain au milieu des rebelles en sueur, le brushing indestructible, le costume et les souliers vernis impeccables comme à l’âge d’or d’Hollywood, il est Spielberg et Delon à la fois. On est pétrifié devant autant de génie. Désormais, dans l’histoire du cinéma mondial, il y a un avant et un après BHL.
Projeté à Cannes lors du festival la semaine dernière, en salle la semaine prochaine, le nouveau film de Bernard-Henri Lévy “Le serment de Tobrouk” déclenche d’ores et déjà les commentaires habituels par rapport à ses productions.
Commentaires élogieux des directeurs de rédaction et éditorialistes, goguenards ou hostiles sur la toile. Comme pour son livre sur le même sujet, il est probable que le public ne se précipite pas pour aller voir ce documentaire, malgré le battage médiatique “king size” d’ores et déjà organisé.
Même les thuriféraires de BHL admettent qu’il en fait un peu trop pour se mettre en avant dans ce documentaire. C’est dire ! Mais le message qu’ils veulent faire passer est de reconnaître sa contribution essentielle et positive au changement du cours de l’histoire dans l’affaire libyenne. Sur le site de “The Weinstein Company” qui va distribuer le film aux États-Unis, on peut lire “il montre comment les idées et les convictions peuvent changer le cours de l’histoire à travers une intervention humanitaire et politique qui aurait sinon paru impossible”.
Nul ne peut nier que Bernard-Henri Lévy a participé à la sensibilisation du public face au massacre annoncé sur Benghazi. Mais si l’on regarde d’un peu plus près, sans se contenter d’une approche manichéenne ou “cirage de pompes”, on peut voir que la situation est plus complexe que la présentation d’une population libyenne sauvée par l’intervention d’un philosophe ayant accès au pouvoir politique et inversant, par son action providentielle, le cours de l’histoire.
Il faut tout d’abord se rappeler que Bernard-Henri Lévy avait fortement plaidé pour que l’intervention en Libye ait lieu sans le feu vert du Conseil de sécurité qu’il jugeait impossible à obtenir. Heureusement qu’Alain Juppé et les diplomates, que BHL méprise, ont obtenu le vote de la résolution 1973 au Conseil de sécurité.
Loin d’une guerre qui devait durer quelques jours, les combats pour mettre fin au règne de Kadhafi ont pris sept mois. Qui peut imaginer que la France et la Grande-Bretagne auraient pu mener des opérations militaires si longtemps sans un mandat du Conseil de sécurité ? À suivre la voie proposée par Bernard-Henri Lévy, nous nous serions retrouvés dans la même situation qu’en 1956 lorsque Paris et Londres sont intervenus conjointement à Suez. On se rappelle que ce fut un énorme désastre diplomatique, et à une époque où la suprématie occidentale était indiscutable, ce qui n’est plus le cas.
Par ailleurs, le sens de la résolution 1973 a été modifié en cours de route. Nous sommes passés de la responsabilité de protéger à celle du changement de régime, bref, une ingérence classique. Si tout le monde peut se féliciter de voir Kadhafi renversé, les conditions de ce renversement ont des conséquences stratégiques importantes et négatives.
Désormais, il est tout simplement devenu quasiment impossible d’évoquer de nouveau cette responsabilité de protéger. C’était pourtant un concept novateur qui permettait d’échapper à l’alternative ingérence-impuissance. Les Russes et les Chinois, qui ont été dupés après avoir laissé adopter la résolution 1973, s’opposent désormais à ce qu’elle soit évoquée de nouveau. La population syrienne en paye un prix lourd pour le moment. Par ailleurs, Bernard-Henri Lévy, qui s’est fait accompagner de deux Syriens à Cannes, oublie le message que lui ont envoyé les responsables de l’opposition syrienne il y a quelques mois. Alors qu’il voulait faire une OPA sur elle, ils lui ont dit “M. Bernard Henri Lévy épargnez-nous votre soutien”, et ils viennent de renouveler ce message.
Kadhafi renversé, non pas par une révolution mais à l’issue d’une guerre civile dans laquelle un camp était soutenu par une intervention militaire extérieure, la situation en Libye est bien différente de ce qu’elle peut être en Tunisie et en Égypte. La force militaire continue d’être l’atout majeur de la conquête de l’exercice du pouvoir. Il y a des risques de sécession et d’affrontements internes armés. Les atteintes aux droits de l’homme et les tortures continuent d’y être pratiquées à une grande échelle. Amnesty International et Médecins sans frontières, qui ont peut-être plus de légitimité à parler des droits de l’homme que Bernard-Henri Lévy, ont dénoncé ces pratiques et de ce fait mis fin à leurs activités en Libye. On pourrait ajouter les multiples exactions dont ont été victimes les Africains subsahariens sans que cela ne suscite beaucoup de réactions.
Au-delà de la Libye, le Mali a été très fortement affecté par les conditions de la chute du régime Kadhafi. Ce pays, qui était un modèle démocratique, est pris au tourment de la sécession de la guerre civile et des violences politiques.
La reconnaissance unilatérale prématurée du Conseil National de Transition (CNT) par la France a par ailleurs mis à mal l’unité européenne à un moment où elle n’avait pas besoin de cela.
On peut également parier que le documentaire ne contient pas l’aveu pour le moins étonnant fait par Bernard-Henri Lévy à la Convention nationale du CRIF l’hiver dernier, disant qu’il avait agi dans cette affaire en pensant à Israël : “J’ai porté en étendard ma fidélité à mon nom et ma fidélité au sionisme et à Israël […] C’est en tant que juif que j’ai participé à cette aventure politique, que j’ai contribué à définir des fronts militants, que j’ai contribué à élaborer pour mon pays et pour un autre pays une stratégie et des tactiques.”
Bref, l’enjeu du débat sur le “Serment de Tobrouk” ne porte pas seulement sur l’égo puéril et ridicule de BHL. Il porte sur une information respectueuse du public sur des sujets stratégiques essentiels. Le problème de BHL n’est pas qu’il ait l’âge mental d’un enfant de huit ans doté de moyens financiers colossaux lui permettant de réaliser ses caprices. C’est la manipulation de l’information à laquelle il se livre.
http://www.iris-france.org/informez-vous/blog_pascal_bo…o=154