Semaine internationale d’actions en solidarité avec les Neuf de Reykjavik
du 10 au 16 janvier 2011

Un appel a été lancé pour une semaine d’actions en soutien aux Neuf de
Reykjavik (RVK9), du 10 au 16 janvier 2011. Ces neuf individus,
anarchistes et gauchistes radicaux, risquent jusqu’à 16 ans de prison
ferme pour avoir manifesté contre le parlement islandais.

En décembre 2008, la balle qui tua Alexandros Grigoropoulos mit le feu aux
rues d’Athènes, un feu qui se propagea rapidement à toutes les villes de Grèce.

Ce même mois de décembre, à l’autre bout de l’Europe, en Islande, une
autre révolte était en route, née des décombres de l’économie qui s’était
effondrée à l’automne. Au cours de l’hiver 2008, l’Islande, première
victime de la crise mondiale, assistait à la plus large mobilisation de
son histoire. Des manifestations, rassemblements de masse et assemblées
populaires, actions directes et confrontations quotidiennes, et pour finir
des émeutes, réussirent à faire tomber le gouvernement de droite de l’époque.

Pourtant, tout comme en Grèce cette balle n’était qu’une seule des causes
d’une révolte qui tenait à des milliers de raisons, en Islande la bulle
qui éclata cet automne n’était que l’étincelle nécessaire à la rage et à
la frustration refoulées au cours de deux décennies contre le gouvernement
néo-libéral et plus largement, contre le système politique et économique
tout entier.

A l’heure actuelle, l’Etat islandais menace d’emprisonnement neuf
individus, choisis comme bouc-émissaires de l’insurrection qui mena à la
chute du gouvernement en janvier 2009.

Ils et elles sont les Neuf de Reyjavik.

Le 8 décembre 2008, pendant qu’en Grèce des milliers de personnes
descendaient dans la rue, à Reyjavik, en Islande, un groupe d’une
trentaine de personnes prenait d’assaut le parlement. Elles entrèrent dans
le but d’interrompre l’assemblée et de lire un communiqué de protestation.
Malgré le fait que l’accès aux tribunes publiques est ouvert à tous, la
police, secondée par les gardes, bloqua l’entrée et arrêta le groupe dans
l’escalier. Seuls deux des trente personnes parvinrent à accéder à la
tribune. Après une légère échauffourée, plusieurs personnes furent
arrêtées et les autres forcées de se disperser.

Un an plus tard, les autorités ciblèrent 9 de ces 30 personnes. Ils et
elles sont principalement accusé-e-s, entre autres, d’avoir menacé
l’autonomie du parlement. La peine associée est d’un an de prison minimum,
jusqu’à la perpétuité (soit 16 ans en Islande) !

Cette action n’en était qu’une parmi une pléthore d’actions qui eurent
lieu quotidiennement en Islande au cours de l’hiver 2008 : manifestations
massives, visites aux domiciles des ministres et banquiers, sabotages de
propriétés de l’Etat, perturbations des réunions gouvernementales et
sabotage massif du système de transmission en direct du débat annuel des
partis politiques. Une part intrinsèque de cette insurrection fut le
mouvement anarchiste en pleine expansion, qui trouve son origine dans des
années de luttes contre l’industrie lourde et la destruction
environnementale qui en résulte, toujours au nom d’un «développement vert» !

Les racines de cette insurrection apparurent clairement lorsqu’elle adopta
en masse et pour la première fois des tactiques de confrontation, comme
lors de l’attaque sans précédent du commissariat central de Reykjavik par
une foule de 500 personnes répondant à l’arrestation d’un anarchiste.

La révolte atteint son paroxysme les 20 et 21 janvier 2009, lorsque des
milliers d’individus se rassemblèrent devant le parlement afin d’empêcher
sa première assemblée de l’année. Le début de la fin pour ce gouvernement
fut signé par un nouveau groupe formé d’étudiant-e-s, Oskra, lorsque
celui-ci brisa les lignes de police devant le parlement. Cette action fut
suivie de 48 heures de rage et de furie, accompagnées de bruit, de feu et
de pierres. Le sapin de Noël fut sacrifié sur le feu et toutes les vitres
du parlement furent brisées sans exception. Pour la première fois en 60
ans les gazs lacrymogènes se répandirent dans l’air de Reykjavik.

La police à bout de nerfs, il restait deux options pour l’Etat : faire
appel à l’armée danoise (colons historiques de l’Islande) qui attendait
depuis 3 mois dans le port extérieur de Reykjavik, ou dissoudre le gouvernement.

Le procès de Neuf de Reykjavik est un cas flagrant de persécution
politique. Les enregistrements des caméras de vidéo-surveillance utilisés
comme preuves ne prouvent rien d’autre, et sans que le moindre doute soit
possible, que le fait que la violence était du côté de la police et des gardes.

Le gouvernement actuel «de gauche» a prit le pouvoir en mai 2009 sur le
dos du mouvement populaire qui avait renversé le précédent. Ce
gouvernement refuse de se mêler de ce procès. Il ne s’agit pas d’un manque
de volonté politique, mais bien d’une volonté politique claire de
criminaliser les éléments radicaux de la révolte, après avoir utilisé
cette même révolte et ignoré les exigences populaires de rétribution à
l’encontre des politiciens et des banquiers responsable de la crise, dont
aucun n’a été amené devant la justice !

Tout comme dans d’autres pays d’Europe, le «socialisme» semble être le
médium le plus approprié pour la plus vicieuse restructuration
néo-libérale de l’économie. En Islande, le gouvernement de gauche, avec la
bénédiction des syndicats vendus et sous la surveillance stricte du FMI,
est celui qui réalise les réductions budgétaires massives, la
privatisation et la grande braderie des ressources naturelles pour
développer plus avant l’industrie lourde. Tout ceci bien sûr au nom de «la
crise» et dans un climat de nationalisme, néo-fascisme et xénophobie qui
en sont la conséquence. Il est à noter que des groupes néo-nazis ont
soudain émergé et participé aux récentes manifestations «contre la crise»
à Reykjavik en 2010 ! Ils ont heureusement été attaqués par des
manifestants anarchistes.

L’audience finale du procès de Neuf de Reykjavik aura lieu au tribunal de
Reykjavik les 18, 19, et 20 janvier 2011. Un appel a été lancé pour une
semaine d’actions internationales en soutien aux Neuf de Reykjavik, la
semaine précédant le procès, soit du 10 au 16 janvier.

Pour cette petite île-Etat à la périphérie de l’Europe, toute attention
négative venant de l’étranger a un impact fort sur les autorités, l’élite
et les médias institutionnels. Pour cette raison il est impératif que nous
leur donnions toute l’attention négative qu’ils méritent. Que les
autorités islandaises sachent que le monde les regardent, qu’elles sachent
qu’il y aura des conséquences sérieuses si les Neuf de Reykjavik sont
condamné-e-s !

Nous appelons à TOUT TYPE D’ACTIONS en solidarité avec les RVK9 et contre
l’Etat islandais !

LA SOLIDARITE EST NOTRE ARME !

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Merci d’envoyer des photos, communiqués ou autres informations à propos
d’actions à rvk9@riseup.net pour permettre la traduction et diffusion des
informations sur place.

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Une liste des ambassades islandaises :

www.mfa.is/diplomatic-missions/icelandic-missions

Plus d’informations sur le procès (en anglais) se trouvent sur :
www.rvk9.org/in-english

Des informations sur le mouvement anarchiste et activiste en Islande se
trouvent sur : www.savingiceland.org (en anglais et un peu en français) et
www.aftaka.org/tag/english (en anglais)