Le procès marathon qui s’est tenu le 8 juillet – suite aux événements du 21 juin à la Fête de la musique de Poitiers –, et lors duquel 6 jeunes prévenus étaient accusés de « faits de violences, rébellion et outrages », a fait apparaître que les choses ne s’étaient pas déroulées comme l’accusation le prétendait : il n’y a pas du tout eu une « rixe avec la police », mais bien, comme les prévenus et leurs avocats ne cessent de le dire, un véritable tabassage policier de militants et militantes connus pour leur engagement politique.

Pour le Comité contre la répression des mouvements sociaux, ces événements sont une illustration supplémentaire des méthodes de répression policières mises en œuvre contre les mouvements sociaux, et en particulier certains de leurs acteurs et actrices – des méthodes expérimentées dans les quartiers puis généralisées : harcèlements et provocations en tous genres, suivis de tabassages, d’arrestations, de gardes à vue prolongées et de procès.

En ce qui concerne le 21 juin, les accusés, forts de ce qui s’était passé en octobre dernier et au risque de faire de la prison préventive – ce qui a effectivement été le cas –, ont refusé la comparution immédiate. Ils et elles ont donc été jugés lors de ce long procès du 8 juillet, qui a parfois été critiqué pour sa durée. Pourtant, l’attitude pointilleuse du président n’était-elle pas la seule façon d’éviter une justice expéditive ? Les incohérences et les contradictions dans les déclarations des policiers sont ainsi clairement ressorties, notamment celles du commissaire Papineau, directeur départemental de la sécurité publique : qu’est-il en fait arrivé place Notre-Dame ? comment ce directeur de la sécurité n’a-t-il pas pu reconnaître Nina alors qu’elle était passée à côté de lui ?… Et, de même, leurs omissions ont sauté aux yeux de tous – en particulier, faire état d’une condamnation antérieure pour une personne sans préciser qu’elle a ensuite été relaxée. Bien d’autres éléments sont apparus tout aussi nettement : que l’accusation reposait sur les seuls témoignages des policiers, également parties civiles, alors que d’autres gens avaient été témoins des événements – la défense a ainsi produit six témoignages ; que l’enquête sur le terrain avait été inexistante…

Nous espérons vivement que la justice tiendra compte de tous ces éléments et relaxera les 6 inculpés. Seulement, nous savons aussi que les juges suivent systématiquement la police dans les affaires la mettant en cause. Ils ont certainement peur que la désavouer, dans une société reposant sur la répression, ne conduise au désordre. Mais, dans le contexte de Poitiers, les choses ne sont pas aussi simples. La police s’est déjà fortement décrédibilisée. D’abord et bien sûr avec l’affaire du 10 octobre, où déjà les policiers, victimes et témoins mais aussi enquêteurs, étaient parties civiles et ont inventé un scénario. Puis – et depuis plus d’un an – avec toute une série d’affaires de « dégradations », d’ « outrages », d’« insultes » et de « menaces de mort » qui sont autant de montages policiers. Ensuite, lors de la manifestation en soutien aux sans-papiers du 6 février dernier, où la police a littéralement perdu son sang-froid, et arrêté pour mettre en garde à vue 6 jeunes connus pour être des militants devant les yeux ébahis des militants associatifs locaux.
Enfin, avec ce qui pourrait devenir l’affaire de la rentrée : cette personne tabassée par la Brigade anticriminalité au centre commercial des Cordeliers, le 24 juin dernier, et qui a été forcée de porter plainte à la gendarmerie étant donné que le procureur avait refusé de l’entendre.
Lors du délibéré du 29 juillet, soit la justice désavoue enfin la police et prononce une relaxe des 6 inculpés. Soit elle les condamne – ou encore cherche à ménager la chèvre et le chou en mélangeant peines de prison ferme, de prison avec sursis, et relaxe –, et elle prend alors le risque de se décrédibiliser elle-même.
Rassemblement devant le palais de justice de Poitiers le 28 juillet à 18 h !
Soutien lors du délibéré, le 29 juillet à 14 h !