C’est une habitude bien établie dorénavant à Poitiers. A chaque manifestation, y
compris festive, la police et la « Brigade anti-criminalité » provoquent,
photographient, filment, harcèlent les jeunes militants pour réussir à en arrêter
quelques uns à la fin. Pour faire du chiffre mais aussi et surtout pour isoler les
militants et casser le mouvement social. C’est ce qui c’est encore passé lundi, à
Poitiers. Ce fut une fête de la musique complètement morte parce
qu’institutionnalisée, avec ses rues vides, ses rares concerts choisis, une présence
policière massive :cocktail détonnant qui fait de Poitiers une ville tétanisée où
règnent l’ennui et l’intimidation. Les policiers, sous la direction omniprésente de
M. Papineau, directeur départemental de la sécurité publique (devenu célèbre pour
attirer vers lui des petits objets aussi divers qu’une pile, un briquet, un
caillou.., sans jamais être en rien blessé), n’ont pas lâché la quinzaine de têtes
connues de certains jeunes militants. Jusqu’à ce qu’ils entendent, diront-ils, une
menace et que, selon leurs déclarations, le même scénario se reproduise : une
bouteille atterrisse aux pieds de M. Papineau. Résultat : 5 policiers « blessés » et
6 arrestations.

Nous mettons « blessés » entre guillemets car les syndicats de police se sont
plaints que les policiers n’ont pas pu obtenir des ITT de la part du CHU, ce qui
voudrait dire que ce n’était pas si grave qu’ils le prétendaient… Et comment se
fait-il que sur 12 policiers sur-entraînés et dont c’est le métier, 5 se fassent «
blesser » par 6 jeunes plutôt fluets dont 2 filles (des militants dont on a vu
l’état physique bien amoché au tribunal) ? Manque d’entraînement ? Maladresse ?
Désir de passer pour« victimes » ? Les policiers de la BAC, fragiles ? Qui veut
croire à cette fable sinon le Préfet qui s’est empressé de porter plainte au nom de
l’Etat et quelques personnes à l’affût du moindre fait divers.

Selon le Comité anti répression il ne s’agirait que de méthodes de répression
policières des mouvements sociaux, méthodes déjà expérimentées dans les quartiers
puis un peu partout : harcèlements, suivis de tabassages, d’arrestations, de gardes
à vue prolongées et de procès. Que faisaient donc la police et la Bac à la fête de
la musique, des heures durant ? N’étaient-ils pas là pour provoquer et en découdre ?
Et le Maire n’était-il pas au courant de leur omni présence et de leurs projets ?

Comment donc les juges pourraient-ils encore faire confiance à M. Papineau, un homme
qui fut, le 10 octobre, tout à la fois la victime, le témoin, celui qui arrête,
celui qui interroge, celui qui enquête… l’homme orchestre de la répression quoi !
et tout cela sans l’ombre d’une seule preuve… Un talent rare qui devait être
réutilisé? Comment les juges ne s’apercevraient-ils pas que c’est cousu de fil blanc
: plus de 30 policiers au procès mercredi 23 juin, 12 se portant partie civile, et
le chef des RG présent. Et encore: un policier avec une attèle qui peine à faire
semblant de boiter ? Sans oublier un commissaire Papineau sur son 31, faisant une
entrée et une sortie spectaculaires ! Bref il ne manquait plus, comme le dira
d’ailleurs une avocate, que la venue du Ministre de l’Intérieur, et la pièce du 10
octobre était rejouée. Farce sinistre.

Pourtant, les juges ne croient pas toujours aux fables de la BAC. Même si le parquet
s’est pourvu en cassation, Nina a été relaxée, au début de l’année, sur demande de
l’avocat général lui même. Tous les policiers ne semblent pas y croire non plus. Qui
pouvait envoyer, il y a quelques mois, la note de M. Papineau – lettre étonnante et
fort instructive dans laquelle il mettait en cause le Comité anti répression et la
presse -, à cette même la presse locale sinon l’un des policiers destinataire ?

Outrage, rébellion et violence sont cités en chefs d’inculpation contre les 6 jeunes
militants qui, heureusement, décident de ne pas accepter la comparution immédiate,
ce sinistre outil de la justice pour annihiler toute possible défense. Le procès a
donc été renvoyé au 8 juillet, mais, en attendant, cinq jeunes militants sont en
détention provisoire à la prison de Vivonne et la dernière est placée sous contrôle
judiciaire.

Que les forces de l’« ordre » se sentent aussi libres dans leurs façons d’agir n’est
que la traduction d’un rapport de force en leur faveur. Grévistes, jeunes militants,
sans papiers, « radicaux » en font les frais depuis trop longtemps. Plus que jamais
nous appelons à ce que la peur change de camp.

Le Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux appelle à un premier
rassemblement en même temps que le rassemblement de soutien à Alain (convoqué le
lendemain par la juge d’instruction du TGI de Paris pour « outrage ») lundi 28 juin
à 18h devant le Palais de justice.

Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux – antirep86@free.fr –
http://antirep86.free.fr