Florence – manif contre la terreur d’etat le 10 avril
Catégorie : Global
Thèmes : Actions directesAnti-terrorismeInsurrectionnalismeLogement/squatRépressionResistances
VERS LA MANIF DU 10 AVRIL
Le 16 avril 2010, dans la Salle Bunker du Tribunal de Florence, aura lieu l’audience préliminaire pour decider si continuer les poursuites contre 19 camarad-e-s anti-autotitaires pour association subversive et d’autres délits specifiques.
Une enquête qui tourne autour d’une série d’occupations de bâtiments, d’actions démostratives et de manif non autorisées, et qui déjà mené, en novembre 2007, à l’expulsion de deux squats, l’Asilo occupato et Villa Panico (ensuite reoccupé), et à plusieurs perquisitions de domiciles.
Le parquet, incarné par le procureur général Giuseppe Quattrocchi et par l’inquisitrice renommée de subversifs Angela Pietroiusti, cherche à poursuivre en justice 19 camarad-e-s avec les lois anti-terroristes: le fameux article 270 du code pénale qui a déjà permis maintes fois des fantasieuses constructions et des arrestations préventives.
Entre temps, l’ancien adjoint à la sécurité Graziano Cioni s’est constitué partie civile contre les anarchistes, coupables de l’avoir raillé et d’avoir trop dérangé le Palais.
Nous organisons une manif pour le 10 avril comme prémière réponse à cette énnième tentative répressive; manif qui démarrera de Piazza della Repubblica à 15 heures.
Nous voudrions une manif déterminée et communicative, qui touche plusieurs endroits de la ville et qui denonce la terreur d’Etat dans ses différentes formes, en ne nous limitant pas à nous plaindre pour la répression qui nous touche directement. Une manif dans laquelle on ne parle pas uniquement des lois « anti-terrorisme » et des camarad-e-s en prison, mais surtout d’une répression généralisée qui humilie dans tous les aspects de la vie et qui frappe toujours plus fort sur les exploité-e-s, les « étranger-è-s » et les « italien-ne-s », au même temps qu’elle protège les coffre-forts. Pour en finir avec une Sécurité faite de villes militarisées, de prisons, d’arrêtés et de déportations. Pour réaffirmer que les seuls terroristes sont les Etats, les capitalistes et leurs larbins.
pour plus d’info lire le texte suivant:
FLORENCE – Sur une enquête pour sédition [eversione] à Florence, sur la solidarité et sur autres choses
Par et pour des gens qui luttent contre la répression
Le 27 novembre 2007, à Florence, la Digos (la Dcri italienne) faisait expulser et perquisitionner deux lieux autogérés à la recherche d’armes à feu et on ne sait pas quoi d’autre : l’Asilo occupato, dans la Via Bolognese et Villa Panico à S. Salvi, et effectuait des perquisitions dans plusieurs domiciles en Toscane, Ligurie et Piémont. En même temps, elle signifiait à huit personnes (une camarade du cercle anarchiste de Pise de la Via del Cuore et sept camarades de Villa Panico) autant de mises en examen pour association subversive en relation avec une entreprise terroriste et sédition [eversione] (art. 270 bis). Même si, suite à une forte mobilisation sur le territoire, Villa Panico était re-occupée trois semaines après (et est toujours ouverte aujourd’hui) ; même si la mobilisation et la grande solidarité de la part de plusieurs individus et groupes locaux avaient réussi à contrer l’aboiement médiatique et la répression policière ; tout ça n’a pas suffi à faire cesser la persécution acharnée de la part des flics et de la procureure en charge de la juridiction anti-terroriste de Florence, Angela Pietroiusti, à l’origine de cette enquête et d’autres du même genre. Pour ce qui concerne ces faits, on peut lire la brochure Per farla finita con i fantasmi – Strategie repressive a Firenze e in Toscana (Villa Panico, février 2008, téléchargeable sur le site www.informa-azione.info).
Ces jours-ci, on nous a notifié l’avis de conclusion de l’enquête, daté du 4 novembre 2008. Il y aura donc un procès. Voila, synthétiquement, les principales nouveautés :
1) la camarade de Via del Cuore n’est plus impliquée dans l’enquête, mais celle-ci est étendue à 12 autres personnes du milieu anarchiste et libertaire de Florence.
2) en plus de l’association subversive, des délits spécifiques sont reprochés à certaines personnes : interruption de service public et dégradation, pour une irruption dans un bureau de l’ENEL (l’EDF) en solidarité avec les anarchistes de Via del Cuore arrêtés, et pour protester contre le nucléaire, occupation et dégradation des murs du bâtiment de la Piazza Ghiberti, dégradation, incitation à commettre des délits et violation des lois électorales pour des tags sur les bureaux de vote pour les primaires du parti démocratique, le tout aggravé par le but de sédition [eversione]
3) sur les papiers du dossier, il semblerait que la connexion avec le braquage au bureau de la Poste à Stazzema (Lucca), pour lequel sont aujourd’hui en prison les camarades Daniele Casalini e Francesco Gioia, ait sauté. Cependant, la proximité avec le cercle de Via del Cuore à Pise est soulignée, et on reparle vaguement de la possession d’armes à feu.
Les fantômes ne veulent pas disparaître. Encore une fois, un groupe anarchiste et libertaire – le Panico et plus généralement le milieu anti-autoritaire florentin – est rangé dans une construction judiciaire qui transforme les lieux en « repaires » et des rapports d’affinité, de partage et d’amitié en liens associatifs. Et ça à travers l’utilisation abusive, devenue désormais insupportable, de la nouvelle catégorie de l’anarcho-insurrectionnalisme, grotesque déformation mediatico-judiciaire des théories et des pratiques insurrectionnalistes anarchistes. Le courant anarchiste insurrectionnaliste, qui, en Italie et à l’étranger, a eu (et en partie a encore) son propre parcours et son histoire, n’a fait que répandre l’idée et faire la propagande de la rupture insurrectionnelle, à réaliser avec tous les moyens nécessaires et pas seulement avec certains moyens, comme chemin indispensable vers la révolution. La propagande médiatique, suggérée par les appareils répressifs de l’Etat, a au contraire dénaturé ce parcours en créant la figure de l’anarcho-insurrectionnaliste, une espèce de spécialiste de la lutte armée qu’on remet sous les feux de la rampe à chaque fois qu’on veut entraver et réprimer n’importe quelle situation libertaire, même légèrement conflictuelle.
Même s’ils ne se sont jamais définis comme ça, plusieurs anti-autoritaires florentins se retrouvent maintenant rangé, par la Digos et la procureure Petroiusti, dans un « groupe affinitaire » doté d’un « programme concret et actuel », avec le but de réaliser des « actions directes violentes », « en partie mises en œuvre par la réalisation de certains délits » comme des occupations de bâtiments, menaces, dégradations, résistances à la force publique, manifestations non autorisées et interruptions de service public, le tout « à visée terroriste et de sédition [eversione] ». La voilà la nouvelle frontière du terrorisme, encore un autre grand fantôme médiatique qui recouvre désormais toute forme de résistance à la domination du capital et de l’Etat, infiniment plus violent que n’importe quelle action dressée contre lui.
Nous, on n’a pas la langue dans notre poche. Nous avons en commun -nous inculpés et d’autres amis, camarades, complices- un sentiment d’inimitié envers ce monde tel qu’il est, qui se base sur l’exploitation universelle, qui voudrait transformer le monde entier en une réserve à piller et en marchandise à vendre, qui veut réduire les individus en petits soldats obéissants de la guerre économique. Certains d’entre nous, aussi, ont également envie de le renverser, ce monde, et prennent au sérieux la révolution plus qu’ils ne se prennent au sérieux eux-mêmes.
Mais justement pour ça, non, on n’est pas un groupe. Mais justement pour ça, non, on n’a pas un programme concret et actuel. Et encore moins on n’a de dirigeants, ou chefs ou meneurs. Et pour ce qui concerne les buts, c’est-à-dire les intentions que flics et juges voudraient criminaliser, chacun de nous a les siennes, qui lui sont propres, et uniques comme chaque individu qui ne soit pas soldat d’une cause quelconque. Le reste, c’est-à-dire comment construire et répandre la mutinerie, ça tient à la variabilité des états d’âme, des ententes, des affections, des envies et aussi des affinités entre individus. Vous ne réussirez jamais, flics, juges, à programmer notre chaos.
La répression des anarchistes, des antagonistes et des anti-autoritaires est en train de prendre la forme d’une vraie chasse aux sorcières, de ressembler de plus en plus à l’ancienne inquisition des mouvements hérétiques et de se rapprocher toujours plus fréquemment de la persécution des semeurs de peste modernes: les étrangers hors U.E. différents par la couleur de leur peau, leur culture, leur langue mais, surtout, par les revenus et la position sociale ; les « européens » différents par le style de vie ou parce que en contraste avec certains aspects du système (comme par exemple les sdf, les squatteurs, les « punks à chien », mais aussi tous ces « simples citoyens » qui luttent pour de vrai, que ce soit contre des « grands travaux », une « restructuration d’entreprise » ou un contrat précaire, peu importe…).
La répression de la dissidence et de la diversité n’est sûrement pas une nouveauté historique, elle a été et elle est pratiquée par tous les pouvoirs de tout lieu et en tout temps.
L’aspect nouveau et relativement récent est qu’elle s’exerce de plus en plus avec le concours des medias – télé, journaux, mais aussi, à ne pas sous-estimer, l’édition. Cette participation opère à deux niveaux : un permanent, à travers le lynchage des gens « différents », la construction de « situations d’exception » continues et renouvelées, l’abrutissement pur par la télé et par le débat pseudo-culturel, la manipulation de l’histoire qui va de pair avec celle de l’actualité ; l’autre, plus précis, visant à préparer le terrain pour des manœuvres répressives spécifiques et à les glorifier a posteriori.
A notre avis, la clarté à démonter les ignobles constructions faites par les préfectures de police, les tribunaux et les journalistes doit aller avec l’inimitié permanente envers eux : il faut faire des efforts pour ramener la question de la répression dans ses termes réels, évacuer (aussi dans nos têtes et dans celles des autres) les fantômes, diffuser la contre-information en dehors du et contre le système des médias ; et ensemble réaffirmer notre élan rebelle et la solidarité entre tous les insoumis. Ce dernier point mérite un approfondissement.
Pendant plusieurs années, en Italie, on a souvent cru pouvoir se débarrasser du fait d’être un mouvement. Très bien, pour ce qui nous concerne, si ça veut dire se débarrasser de la politique politicienne et de la langue de bois, des nomenclatures plus ou moins masquées, des positions hégémoniques, de la mise à zéro de tout débat. Mais nous trouvons ça néfaste, si ça veut dire enterrer toute reconnaissance réciproque entre anti-autoritaires et casser la solidarité entre les personnes « différentes », en multipliant les sectes en même temps que leur impuissance respective. Dans la rencontre, dans la solidarité, dans la contamination, nous (mais c’est qui ce nous ?) ne craignons pas de nous perdre nous-mêmes, parce que, comme disait l’autre, la liberté d’autrui étend la mienne à l’infini.
Les constructions, les théorèmes et les criminalisations judiciaires sont rendus possibles, entre autres, par l’absence d’une réponse solidaire, déterminée, généralisée de tous les anti-autoritaires. Si on se regarde en face, on doit le reconnaître : on n’a pas été capables d’arracher nos camarades de la prison, on n’a pas réussi à endiguer les manœuvre de la répression. Et, peut-être on n’y a même pas réellement essayé. En remuant le marécage d’un « social » qui n’a aucune envie de se décomposer (sauf à y être obligé par l’insoutenable lourdeur de l’existant), on est des bêtes rares. En voie d’extinction, si on continue à affûter une arme émoussée.
A beaucoup, en Italie on s’est exalté face à la révolte grecque de cet hiver, à beaucoup on a dit, écrit, fait, solidarisé avec les insurgés, et à beaucoup on s’est dit, avec amertume, que l’Italie n’est pas la Grèce, que les conditions sociales et culturelles sont différentes, que là-bas il n’y a pas la distinction entre le « bon » mouvement et les « mauvais » anarchistes etc. Tout ça est vrai, mais il manque quelque chose, peut-être la chose la plus importante : si le mouvement anarchiste grecque, ces dernières années, a beaucoup grandi qualitativement et quantitativement jusqu’à devenir le détonateur d’une explosion sociale généralisée, c’est parce qu’il a eu au fil des années la capacité de réagir de façon unie et déterminée aux attaques de la répression, en réussissant souvent, bien avant ce tumultueux décembre à arracher à l’Etat les camarades emprisonnés (par exemple, les 7 de Salonique), à défendre les occupation attaquées, à tenir les flics en dehors des « bastions » (comme Exarkia et le Polytechnique).
En tant que personnes inculpées, nous ne demandons pas de solidarité. Plutôt, nous invitons tout le monde (y compris nous-même) à la relancer.
Florence, février 2009
Anarchistes et anti-autoritaires
Laboratoire contre la répression
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