Les deux mamelles de l’etat -ali et mohamed se sont suicidés
Catégorie : Global
Thèmes : ArchivesPrisons / Centres de rétentionRésistons ensembleViolence policières
Bonjour,
Voici le No 13, décembre 2003, du petit journal mobile recto-verso A4
“RESISTONS ENSEMBLE” du réseau contre les violences policières et
sécuritaires.
Il est destiné à être photocopié et à être diffusé localement, si le
journal vous plaît.
Vous êtes invitEes à participer à son élaboration, à sa rédaction, à se
joindre à l’équipe de rédaction. Nous attendons vos contributions,
propositions, critiques …
Sur simple demande, on vous le renvoie sous format PDF (c’est un fichier pas
très
lourd : 76 Ko) , ou éventuellement en JPG si vous n’arrivez pas à ouvrir le
fichier PDF, avec mise en page, sous format directement imprimable, avec en
prime un dessin de Faujour.
à bientôt.
L’équipe de réaction
NOUVEAU ! sur le site du réseau RE : vous pouvez télécharger tous les
numéros du petit journal RE, plusieurs guides juridiques, vous inscire sur
les listes d’info et de discussion, il y a des nouvelles des mobilisations
etc… son adresse :http://www.resistons.lautre.net/
+++++++=
RESISTONS ENSEMBLE / bulletin numéro 13 / décembre 2003
Les deux mamelles de lEtat.
D’habitude ce n’est pas comme ça. D’habitude c’est la violence sécuritaire
qui sévit. Qu’on meurt, qu’on aille en prison, les victimes sont les mêmes,
des pauvres, des enfants d’immigrés, habitants des cités, des quartiers.
Police, justice, prisons, l’arsenal des lois répressives et liberticides
assurent l’ordre social. Mais cette fois-ci ça change.
La mamelle répressive de l’Etat a été prise de court. Ali et Mohamed,
jumeaux de 22 ans, se sont suicidés le 28 octobre.
Ils étaient emploi-jeunes à la Mairie de Bordeaux, Mairie qui refusait de
les engager à la fin de leur contrat. Peu de cas a été fait de leur mort. À
part une centaine de jeunes qui manifestent, qui s’en soucie ? Leur suicide
n’est pas devenu une affaire nationale. Pour cause. C’est l’autre mamelle de
la société, la mamelle sociale qui les a assassinés. Des jeunes beurs qui ne
dealent pas, qui ne brûlent pas des bagnoles mais qui meurent pour ne pas
subir la misère, pour avoir du travail… ça dérange la machine de
propagande étatique.
Le capitalisme tue, ici et là, par les armes et par la misère. N’oublions
pas Ali et Mohamed !
Bauer, larbin dEtat.
Lionel Jospin rêvait d’un Observatoire national de la délinquance Sarkozy a
exaucé ses vSux, il vient d’en créer un, organisme indépendant, dont la
fonction officielle est de produire des chiffres, des statistiques au-dessus
de tout soupçon. Cet organisme sera présidé par un certain Alain Bauer
coauteur avec le fasciste Xavier Raufer d’un « Que sais-je » intitulé «
Violences et insécurité urbaine » où l’on peut lire « C’est qu’au-delà de
toutes les théories d’inspiration sociologique, l’origine la plus certaine
du crime, c’est le criminel lui-même ». Ce petit pamphlet, d’inspiration
américaine, servira de bible à la droite et à la « gauche » pour mettre en
place en France la théorie de la vitre brisée dont l’application concrète
est : la Tolérance Zéro, que l’on connaissait sous la formule populaire,
inventée par les libéraux du 19′ siècle : qui vole un oeuf vole un bSuf. Cet
individu qui se prétend criminologue n’est en fait qu’un prestataire de
service, qui a fait fortune en vendant des contrats locaux de sécurité aux
municipalités, après avoir hurlé aux loups et avoir joué un rôle ignoble
dans la mise en place de la politique sécuritaire.
Encore plus liberticide&
Le projet de loi Perben vient dêtre adopté en catimini le 27/11 à lAssemblée
Nationale. Perquisition de nuit en labsence des intéressés ; écoute et pose
de micros dans les véhicules et domiciles privés ; garde à vue allant jusquà
96 heures (la plus longue dEurope) sans lassistance davocats pendant les
interrogatoires ni permanence de juge la nuit ; instauration dun plaider
coupable (chantage institutionnel : réduction de peine contre aveux, le tout
sans procès) qui intervient après plusieurs jours de GAV, nier sa
culpabilité cest à présent prendre le risque concret de voir sa peine
alourdie& impossible de tout dire, plus de 400 articles du code de procédure
pénale sont concernés.
Ce projet de loi, sûrement le plus répressif, dans un jargon technique déjà
rodé pour semer la confusion et sous couvert de « lutte contre la
criminalité organisée » (notion assez vague pour devenir un instrument
daccusation facilement mis en Suvre, dautant plus que la procédure se
poursuivra même si les infractions ne relèvent plus de ce délit), vient
compléter larsenal liberticide déjà mis en place par les gouvernements
successifs. En modifiant profondément certains aspects de la procédure il
nous concerne tous. Son but : gérer au plus vite la plus grande partie des
affaires pénales en décuplant les moyens de laccusation au détriment des
droits de la défense. En bref, dégager encore plus les mains de la
répression pour mieux nous imposer le silence&
> Sur le vif
Condamnations dans laffaire de Pantin
Le 10 novembre avait lieu le procès de Mehdi et Tewfik dans une affaire
présentée à tort par les syndicats de police comme un guet-apens tendu par
une bande de jeunes armées de battes de base-ball. Laccusation fut même par
la suite démentie par un des policiers.
Arrivée dès 11h, la famille et les personnes, venues en soutien, attendent
devant la porte dune petite salle blindée par les syndicats de police
rentrés en priorité et protégée par des flics. Tous les membres de la
famille ne peuvent assister au procès. Laccès est même refusé au mineur dont
le violent contrôle didentité était à lorigine de laffaire. Interpellé
extrêmement brutalement en juillet 2002, un autre jeune sinquiète de son
sort, et reçoit immédiatement un coup de tonfa dun des policiers. Une
bagarre sen suit. Une policière reçoit un coup très violent sur la figure.
On ignore encore doù il est parti. Les jeunes accusés ont toujours nié
lavoir blessé et aucune preuve de leur culpabilité na été apportée. Mais à
lintérieur, le procès se passe mal, la présidente du tribunal refuse
dentendre les témoins. Les contradictions dans laccusation ne sont pas
soulevées. Des gamins ne pouvant pas être là au moment des faits sont mis en
cause sur le fondement dune vidéo déclarée inutilisable par la suite&
Verdict : 3 ans et demi dont 1 an avec sursis et 30 mois dont 8 avec sursis.
De lindignation de 2 jeunes face à la brutalité dun contrôle de police, on
arrive à de la prison ferme ! Une famille est détruite&
> Chronique de larbitraire
Devant la prison de la Santé à Paris&
250 à 300 personnes ont participé à la manifestation contre l’offensive
sécuritaire et la société carcérale, au soir du 15 novembre. Les
manifestants ont crié leur opposition aux quartiers d’isolement. Aux fusées
de feux d’artifice lancées par des manifestants, qui ont illuminé la façade
de la prison, les détenus ont répondu, depuis les fenêtres des cellules, par
des briquets allumés et des draps enflammés. Peu après plusieurs centaines
de policiers et gendarmes ont encerclé et embarqué tout le monde.
Moment émouvant, le cri « libérez nos camarades ! » est jailli, lancés par
les prisonniers, depuis leurs cellules. Au bout d’un contrôle d’identité de
3 à 5 heures tout le monde a été libéré sans inculpation. Empêcher une
manifestation autour dun sujet sensible, fichage des militants, la police de
Sarkozy a répondu, à sa manière, au Forum Social Européen qui se terminait
ce jour-là.
un cauchemar disparu avec Vichy ?
Institutionnaliser la délation, à Douai le commissaire divisionnaire J.
Marechal la fait. Lappel est lancé le 18 novembre dernier, la police
recherche des citoyens relais. Quel doux euphémisme ! Se cachant derrière
des mots, ils nous expliquent quil ne sagit pas dinciter les citoyens à la
délation, mais tenter dobtenir des renseignements : où est la différence ?
Condamné pour délit de solidarité
Le 19 novembre avait lieu la fin du procès de 3 passagers maliens accusés
d’entrave à la circulation d’aéronefet de violence sur agentpour être
intervenu lors d’expulsions sur un vol Air France Paris-Bamako le
11/11/2002. La nullité de procédure soulevée par les avocats na pas été
retenue. Dans lavion, les policiers qui étaient à linitiative des
interpellations nont pourtant que le statut de simple passager, cest le
commandant de bord qui doit en faire la demande. Malgré cela les 3 inculpés
ont été condamnés, pour sêtre indignés face à lexpulsion de sans papiers, à
100 jours amendes (de 4 à 6 euros la journée sans quoi cest la prison) et
dans les 1000 euros de dommages et intérêt dont une bonne partie ira
directement dans les poches des policiers&
Les condamnés de Fumel&
Ce nest pas la première fois que nous vous en parlons, mais voilà, les
militants qui avaient neutralisé, dans un acte de salubrité publique,
lincinérateur extrêmement polluant de Fumel ont été condamné à 4 et 6 mois
de prisons avec sursis ainsi que quelques 2000 euros de frais de justice
sans oublier les 32 jours de prisons préventive pour 3 dentre eux. Le
président du comité de soutien déclare : On assiste à une justice à deux
vitesses qui condamne des chômeurs et qui, de l’autre, cherche à étouffer un
dossier d’instruction à la suite d’une plainte déposée en décembre 99 sur
les conditions d’exploitation de l’incinérateur, corroborée par une enquête
de gendarmerie qui a mis en cause les élus”&
Sans-papier et victime
Le 13 juillet une équipe de 5 policiers procède à une opération anti-squat
et pénètrent dans lappartement dune famille dont la mère, sans papier, vit
en France depuis 3 ans et demi. Sous prétexte dun contrôle didentité ils en
profitent pour la voler, 320 euros ainsi que son téléphone portable, et la
giflent lorsque la jeune femme proteste. Embarquée, au commissariat, les
policiers mettent au point une fausse procédure. La clandestine, vendeuse à
la sauvette, les aurait insultés et aurait refusé de se laisser arrêter.
Laffaire aboutit au tribunal, et la victime est condamnée à une peine
damende. Elle décide de faire appel. Il faudra attendre quune des jeunes
femmes adjointes de sécurité présente ce jour-là craque devant le tribunal
pour enrayer la machine judiciaire et que la vérité éclate.
Depuis un brigadier et 2 gardiens de la paix du commissariat de Saint-Denis
ont été mis en examen et écroués.
> Agir
Roger Gimenez en correctionnelle, non à la criminalisation de laction
syndicale !
Suite aux grèves de mai-juin, pendant un sit-in pacifique organisé lors tour
de France, le déménagement brutal des manifestants a causé une écorchure
accidentelle sur un garde mobile. Malgré la reconnaissance de la hiérarchie
du caractère involontaire et anodin du coup reçu, Roger fait lobjet dune
plainte pour coup et blessure volontaire sur un militaire (aucun jour dITT
pour le gendarme !), et rébellion. Il risque jusquà 5 ans de prison.
La CGT, la CFDT, lATTAC, la Confédération paysanne appellent à signer une
pétition au http://www.local.attac.org/attac83/breve.php3?id_breve=278 et à
se rassembler le 17 décembre à 14 h devant le tribunal de Draguignan
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