extraits:

AU PRINTEMPS, SÉQUESTRE TES DIRIGEANTS, EN ÉTÉ FAIT TOUT SAUTER.

Y a plus de saison, et il va falloir revoir les vieux dictons aussi bien que les rythmes politiques annuels.

Normalement, juillet-août, c’est la trêve estivale, celle qui vient clore l’agitation étudiante ou le mouvement social du printemps, à coups de congés payés, de jobs saisonniers. Sauf qu’une famille sur deux ne part plus en vacances, et que la vague qui a secoué le pays il y a quelques mois n’a pas vraiment emprunté les formes convenues du triptyque revendication/mobilisation/négociation qui auraient permis d’en décréter la fin ou le report pour la « rentrée chaude ».

Le gouvernement annonce sur toutes les chaînes la sortie de crise, parce que l’économie, pour que ça marche, il faut y croire, et parce que finalement le discours sur la crise n’aura pas vraiment permis de faire passer la pilule de la restructuration économique globale. Mais ce revirement tactique dans le discours du pouvoir n’empêche pas l’explosion de nouveaux conflits, plus seulement dans les boîtes phares de l’industrie française, mais jusque dans les plus petits bassins d’emplois. Il y a des gestes qui circulent plus vite que des capitaux, et n’importe quel patron français qui préférerait partir investir dans l’économie florissante des pays de l’Est sait, vu le nombre de séquestrations rien que pour cet été, qu’il ne devra pas rencontrer ses salariés sans son nécessaire de toilette et une chemise de rechange…

Ça se dissémine partout, et ça se tend un peu aussi. D’abord avec la sécu privée embauchée pour veiller à ce que les dirigeants puissent bien rentrer chez eux chaque soir. Et puis dans les modes d’action, bien sûr. La conflictualité, ça augmente par palier : un geste émerge, souvent comme un dysfonctionnement, un acte un peu insensé, un coup de colère ; et puis il se diffuse, se répand, se rode, pour devenir immédiatement saisissable et évident . Alors émerge un nouveau geste, qui vient dépasser ou prolonger le premier, et ainsi de suite…