Le régime de la République Islamique mobilise tout son
appareil répressif pour faire taire les contestations croissantes.

Ainsi, ses forces militaires quadrillent toutes les villes en Iran
afin d’empêcher toute manifestation. L’appareil judiciaire et
parajudiciaire a rempli les prisons et commence à mobiliser des
bureaux et des maisons particulières afin de pouvoir arrêter
davantage. L’ampleur des crimes et sévices dans ces prisons est
inouïe. Les iraniens disent que la prison de Guantanamo est
comme un hôtel à côté de celle de «Kahrizak» ou les corps
mutilés des manifestants disparus ont été retrouvés. Les
conditions d’emprisonnement de «Kahrizak» sont tellement
terrifiantes qu’une partie du pouvoir ainsi que le guide suprême
affichent une «inquiétude» de circonstance et promettent de
construire une «prison moderne» ! Des «procès» collectifs sont
organisés et des opposants sont contraints à des aveux forcés
afin de dissuader le peuple de manifester. Mais malgré la
répression, le peuple iranien est déterminé à se débarrasser de
ce régime une fois pour toute.

Nous assistons à des
manifestations de masse au quotidien et les revendications se
radicalisent. Le peuple exprime de plus en plus clairement sa
dissension avec le régime afin de distinguer sa lutte de celle des
factions opportunistes internes au régime.
Aujourd’hui, le mouvement de révolte populaire qui a secoué
l’Iran contre la fraude électorale ne se pose plus la question de
savoir qui doit présider aux destinées de ce sinistre régime.
Moussavi, qui est un ancien premier ministre de la république
islamique, et qui porte une responsabilité dans le massacre de
milliers de prisonniers politiques dans les années 80 alors qu’il
était premier ministre, est loin, avec son programme pour un
“islam pur”, d’être une alternative. La mobilisation populaire a
pris désormais toute son ampleur et ne s’en prend pas seulement à Ahmadinejad mais au régime de la
République Islamique tout entier. Le nouveau slogan de “République Iranienne”, malgré son ambiguïté, marque
à tout le moins la volonté de rupture avec la théocratie.

Ce slogan a parcouru rapidement tout le pays et est devenu le mot d’ordre principal dans toutes les
manifestations depuis le du 30 juillet 2009. Moussavi qui depuis le début des manifestations insiste sur la
sauvegarde de la République Islamique et tente de canaliser le mouvement spontané du peuple iranien, n’a pas
adhéré à ce slogan et a immédiatement déclaré au cours d’une interview: “le slogan clef du mouvement vert
choisi par le peuple est la République Islamique, ni moins ni plus”.

La radicalisation et l’extension de la lutte populaire contraignent le régime à mettre en oeuvre davantage de
moyens de répression psychologique. A quelques jours de la prestation de serment d’Ahmadinejad, le 2 août
2009, le régime a mis en scène les procès publics des «casseurs» avec “Je n’ai pas voté et je ne suis pas venu
pour récupérer mon vote.

Je suis venue pour récupérer ma patrie.” des aveux extorqués sous la torture.

Parmi
ceux qui ont fait acte de repentance figurent plusieurs partisans «réformateurs» du régime qui ont été eux-
“Je n’ai pas voté et je ne suis pas venu pour récupérer mon
vote. Je suis venue pour récupérer ma patrie.”

mêmes, au cours des années 80, à l’initiative de la mise en place de l’appareil répressif du régime et du système
juridique et pénitentiaire, basés sur la torture et sur l’aveu, dont ils font aujourd’hui les frais ! L’organisation des
modjahedins de la révolution islamique, aujourd’hui remise en cause, était ainsi à la tête des services de sécurité
et des services pénitentiaires du régime et ses cadres jouaient un rôle important dans le système de
renseignement. Leur torture et leurs aveux forcés n’en forcent pas moins la colère et le dégoût et agissent comme
un révélateur des véritables fondamentaux du régime islamique : massacre, répression, Prison et torture.

La population estime que ces méthodes et ces aveux forcés sont monnaie courante dans le cadre de la République
Islamique qui les met en oeuvre depuis trente ans ; elle ne prête aucune portée à ces aveux forcés. Moussavi et
ses partisans jugent ces méthodes «sans précédant», car s’ils y reconnaissaient une quelconque ancienneté, ils se
mettraient eux-mêmes en cause.

Derrière la répression contre un certain nombre de membres de la faction réformatrice, le régime dissimule une
horreur d’une toute autre ampleur : la répression qui s’abat sur le commun des mortels lorsqu’il s’oppose au
régime. La plupart de ces inconnus n’arrive pas à la phase des aveux et meurt massacré sous la torture. Ces
«inconnus» sont oubliés par les grands media occidentaux qui préfèrent privilégier les partisans de la «vague
verte».

M. Rafsanjani, en ses qualités de Président de l’Assemblée pour la distinction de l’intérêt du système, et de
Président de l’Assemblée des experts, n’a pas pris part à la prestation de serment d’Ahmadinejad.

M.
Mohammad Khatami, ancien président, ainsi que plusieurs cadres du régime se sont également abstenus de
toute participation. Cette situation révèle une profonde dissension au sein du système islamique. D’un autre côté,
le peuple n’est pas disposé à évacuer la rue : chaque jour apporte une nouvelle raison pour qu’il continue sa lutte
contre ce régime oppresseur. Par leur présence en nombre et au premier rang, les femmes mettent en question
les discriminations sexuelles et la valeur misogyne promue par le régime. Le mouvement s’est étendu non
seulement à Téhéran mais aussi dans la plupart des grandes villes. La détermination et le courage des jeunes ont
réussi à embourber le régime.

Ce qui importe et qui peut être analysé est l’impact de ces événements sur la scène internationale. Ce mouvement
populaire a anéanti l’image caricaturale des iraniens construite par les médias occidentaux ainsi que l’identité
qu’ils établissaient entre le peuple et le régime. Une partie des mouvements antimilitariste et anti-globalisation
avaient pris part, dans l’opposition entre l’Iran et les Etats- Unis, pour le régime islamique et présentait même ce
régime comme un régime anti-impérialiste : il faut espérer que ce mouvement saura les sortir de l’erreur et les
amener au soutien du peuple iranien.

Mettre un terme à la République Islamique, qui est elle-même partie intégrante du système d’exploitation et
d’oppression mondial, portera un coup décisif aux forces et mouvements intégristes qui, partout, programment
et organisent l’esclavage et l’infériorité des femmes.
Le soutien massive à la lutte du peuple iranien par les peuples du monde entier est une réaffirmation du fait que
la lutte pour la réalisation d’une société de justice et de liberté dans un coin du monde concerne la majorité des
habitants de la planète ; une majorité qui pense à la construction d’un autre monde : au-delà de l’ordre capitaliste
et machiste actuelle.

Pour le mouvement spontané actuel en Iran, il est aujourd’hui vital d’une part, de dénoncer
les ruses et les manoeuvres des forces réactionnaires au niveau national et international, qui tentent de le dévier
et d’utiliser son énergie au profit de la réparation du système répressive actuel et d’autre part, de soutenir et
mettre en valeur les côtés radicales et progressistes de ce mouvement et d’essayer de lui donner un perspective
claire de libération et en premier lieu de l’émancipation des femmes de tout oppression fondée sur la différence
des sexes ou de classe !

6 août 2009
ORGANISATION DES FEMMES DU 8 MARS (IRAN – AFGHANISTAN)

www.8mars.com

femme8mars@yahoo.fr

Venez nous rejoindre tous les samedis à nos rassemblements de 15 heures à 17 heures à la
Fontaine des Innocents Métro Châtelet Les Halles