Après un long moment de flottement, les représentants syndicalistes refusant comme toujours la présence de non syndiqué-e-s en tête de cortège, la manifestation a fini par s’ébranler… en deux ! Une première partie, menée par des étudiant-e-s et libertaires, s’est engouffrée rue de Strasbourg et les « officiels » ont fait une première entorse au parcours prévu pour passer devant le château et contourner les cours St Pierre et St André. Lors d’une première retrouvaille cours de 50 otages, certains syndicalistes ont même commencés à en venir au mains en voulant reprendre la tête du cortège. Convaincu-e-s qu’il n’y avait aucune raison que ce soit systématiquement une intersyndicale qui se positionne en chef de file, les étudiant-e-s et libertaires ont réussi à reprendre leur place au grand dam des « représentants officiels ». Une deuxième scission aura lieu un peu plus loin vers la place du Cirque.

L’aspect négatif est bien sûr la tension inutile que cela a provoqué, et surtout l’incompréhension de la plupart des manifestant-e-s, bien loin de ces gueguerres stériles, ainsi que de grands moments de flottements, de stations sur place, retardant ainsi le départ de milliers d’autres manifestant-e-s toujours cantonné-e-s au point de départ, beaucoup d’entre elle-eux préférant rester dans leur groupes professionnels.

L’aspect positif vient justement de ces moments de scissions : plutôt que suivre comme des moutons sans réfléchir, les gen-te-s ont du se poser des questions, faire des choix, réfléchir. Voire, parfois, pour celles et ceux qui assistaient aux assauts des SO, perdre des illusions. Cela a aussi créé une dynamique, un sens : choisir vers où aller, quels étaient les lieux stratégiques pour manifester plutôt que suivre un parcours immuable quand la ville change de visage à grande vitesse. Certes, là, cela n’a pas donné grand chose, c’était brouillon, pas facile à gérer. Mais cela laisse entrevoir d’autres possibilités. Car, et ce n’est pas négligeable, il était beaucoup plus difficile pour les flics et RG de comprendre ce qui se passait quand personne ne le savait vraiment. Et être imprévisible est une force à ressentir et expérimenter face à un pouvoir qui cherche à tout contrôler pour ne pas s’effondrer.

Le reste est dans les légendes des photos.

Je n’étais pas à la manifestation de nuit. Je n’en connais que le triste résultat : 5 arrestations, sans blessé-e-s. 1 personne est sortie sans poursuites; 1 est sortie ce soir après 16 ou 17 h de GAV : il avait un lance-pierres dans son sac et il a refusé la comparution immédiate; les 3 autres passent en comparutions immédiates samedi 20 au matin.

J’espère qu’on ne se contentera pas d’attendre le 1er mai pour continuer à lutter car la lutte n’est hélas pas seulement dans ces promenades collectives. Il n’y a qu’à voir l’agenda d’indymedia (mais pas que !) : il regorge de moments qui ont besoin de beaucoup plus de monde pour faire avancer les choses.