« On ne fait plus la grève de la faim. Parce qu’il y a toujours des nouveaux, ils ne comprennent pas et puis, il y a différentes langues. Tout le monde a faim, donc, mais si c’est mauvais les gens mangent. Il faut survivre, on ne vit pas, on survit. Quand tu ouvres la boîte du manger, il y a une odeur de pourri qui sort, c’est pas mangeable. Hier, ils nous ont fait rentrer dans les chambres, tout le monde a poil, deux par chambre, on est à Guatanamo, à poil tous les deux, tu imagines ! Tu es à poil à côté de copain de chambre ! on est quoi ? Si au moins, c’était chacun à part. Ils ont peur, je sais pas… « Déshabille-toi ! Déshabille-toi !» comme ça à tout le monde, les fenêtres ouvertes et ceux qui sont dehors ils regardent, c’est quoi ça ? Les deux retenus qui étaient montés sur le toit, ont été amenés à l’infirmerie, on leur a donné des calmants. Ils nous ont tous enfermés avant l’heure.
Moi, je suis là depuis mardi. Ma femme est en Belgique, j’ai un certificat de concubinage, j’ai une adresse, j’ai tout, j’ai donné mon permis belge, j’ai donné ma carte belge, mais elle est épuisée, j’ai tout donné à l’avocat. Ma femme a téléphoné. Je suis avec elle depuis 4 ans. J’ai un contrat de 5 ans ça fait 4 ans et demi. J’attends les papiers (…) Ils veulent me renvoyer dans mon pays ! J’ai été arrêté à Perpignan, je me rendais en vacances en Espagne. Ma femme devait me rejoindre là-bas. C’est quoi ça c’est pas un pays, l’Europe on peut pas bouger. Il y a un type qui a un titre de séjour en Espagne, il a 3 enfants là-bas, il a sa femme. Un autre qui vit en Allemagne avec sa femme. Je ne sais pas comment ça se fait ça, ils ont leur carte d’un an ou deux et ils sont ici. Il y a un type qui a un visa italien qui est encore valable pendant 5 jours, ils l’ont attrapé et ils veulent le renvoyer dans son pays ! Un visa c’est un visa !
C’est difficile de faire la grève de la faim parce que il y a toujours des nouveaux, les gens ne comprennent pas.
Les gendarmes ont voulu gazer l’autre jour. Ils voulaient mais ils l’ont pas fait. Il y en a qui sont corrects. On les respecte, tout le monde les aime. Mais il y en a d’autres qui regardent méchamment , on dirait qu’ils vont te sauter dessus, ils font des grimaces racistes. Les gens ne veulent pas se laisser faire.
Les cabines sont à l’extérieur des bâtiments, en plein vent, il fait froid en ce moment. C’est difficile, il n’y a rien ici. Même pour la monnaie et tout. On a droit à changer la monnaie de 9 heure à 11 heure seulement. On veut faire de la monnaie et les gendarmes disent « après, après » et quand on revient à l’heure dite : « c’est trop tard maintenant ». Nous, on a besoin de nos cigarettes, de nos trucs, c’est quoi ça ? Après les gens s’énervent, je pense qu’ils le font exprès pour les énerver. Avec la Cimade, ça va, ils sont gentils. »

« Nous, les latinos, on n’a pas de problèmes, les gendarmes sont corrects avec nous. En fait, ça dépend de la situation de chacun. Je suis fait arrêté à la frontière. J’attends »

« On souffre beaucoup ici. Moi, j’ai des papiers en Espagne, je faisais un voyage à Marseille et je voulais revenir à Barcelone. Je ne voulais pas rester en France. J’ai une fille en Espagne, un travail, un logement, pourquoi est-ce que je suis ici ? Je suis arrivé mercredi, et il ne se passe rien. C’est Guatanamo ici. Il n’y a rien. On vient de plein de pays différents : Maroc, Algérie, Equateur, Sénégal, Kenya. Moi, je veux renter en Espagne. LIBERTE. Moi, je vis en Espagne. La police m’a arrêté dans le train. Il n’y a que des gens de passage. Les gens ne veulent pas rester en France.
Je ne sais pas si c’est un centre ou une prison, on se demande. Hier, il y avait une manifestation devant, des gens voulaient rentrer, des journalistes et des personnes qui veulent nous aider, on ne les a pas laisser rentrer. On est comme des chiens ici. On a rien de rien, on n’a pas de droits. C’est vrai. Je vis depuis 6 ans en Espagne, j’ai jamais été en prison, ni dans un centre. La police espagnole est beaucoup mieux que la police française. Les gendarmes sont très racistes surtout avec les Maghrébins. On a le droit de rien. Quand on veut entrer dans notre chambre pour dormir la nuit, il faut sonner. Il faut de l’argent pour le tabac pour le café, je comprends pas. Vous ne pouvez pas venir ici avec un caméra et tout filmer ici ?? Au tribunal, il ne se passe rien, le juge dit juste : « retourne dans ton pays ! ». Il faut attendre que l’Espagne envoie un laissez-passer. Il y a des gens qui ont fait une grève de la faim la semaine dernière. Ils voulaient que ça change : on a le droit de rien faire, on veut prendre douche, c’est non, on a besoin de monnaie, c’est non ! Il fait très froid. Ils ne nous laisse rien faire. On est des humains. Je veux savoir si je suis dans un centre ou en prison ! »

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