Salut ! Nous sommes des ancien·nes de NEC, avec une diversité de profils, des personnes investies dans les communs comme dans la coordination, des personnes de la première heure ou arrivées ces dernières années et avec des rôles tout aussi déterminants. Nous n’avons pas le carnet d’adresse de certain·es alors il n’y aura pas d’article dans Ouest-France comme celui annoncé ci-contre. Mais malgré cela nous pouvons toujours partager ce texte offrant une perspective plus collective et documentée.

Comme certain·es, nous avons eu la chance de découvrir, en parallèle d’un article Ouest-France de lancement de campagne solo de Margot M., un document débutant par un “Camarades” que nous trouvons légèrement déplacé et qui raconte l’histoire de la perspective de trois personnes,  Margot M., Clément B. et Esther L, document dans lequel nous retrouvons petites omissions, gros mensonges, et tournures de phrases bien choisies.

Ce document que fait circuler Margot à tout son carnet d’adresse pour tenter une énième fois de distordre les faits n’est qu’une vaine tentative de maintenir son existence politique personnelle s’autorisant alors pour le moins quelques inexactitudes. Monopoliser l’attention d’une grande partie du milieu militant local et du milieu politique même ailleurs en France sur 12 pages pour raconter sa petite histoire personnelle, n’est-ce pas un peu prétentieux ? Nous aussi on vous propose un écrit un peu long, mais c’est une réponse collective et politique et surtout, il y a des images ! Nous déposons notre réponse ici pour que les personnes que ça intéresse puissent la lire. N’hésitez pas à la partager à des personnes qui n’auraient reçu que la version largement manipulée de l’histoire. Voici une version PDF, plus facile à lire et à partager :

Soutien inconditionnel au lancement de campagne de Margot

Trouver encore aujourd’hui dans un article de journal la négation de VSS (violences sexistes et sexuelles) reprise telle quelle nous désole et est douloureux à lire, pour les victimes oubliées, pour leurs proches et dans une autre mesure pour toutes les personnes qui luttent contre ces violences. Il est encore aujourd’hui difficile de dénoncer la violence du patriarcat dans une société patriarcale.

Cette tentative de Margot et ses acolytes de réécrire l’histoire sept mois plus tard s’inscrit dans une tragédie qui se répète encore : celle d’une mémoire collective qui se perd et la confusion ambiante aide à cela. Nous ne pouvons plus compter ces personnages politiques qui, éclaboussés par des scandales ayant révélé leurs vrais intérêts et leurs méthodes, n’ont eu qu’à se faire oublier un certain temps pour revenir la fleur au fusil. C’est un travail sans fin de rappeler les faits.

Il y a trois personnes dont le pouvoir dépend directement de leur image publique, qui ont un intérêt à réécrire l’histoire et surtout un temps et une énergie pour cela que nous n’avons plus. Les seules personnes dont Nantes en Commun est l’élément majeur constitutif du CV sont justement les personnes qui refusent d’admettre la mort du mouvement, car il en va de leur réussite personnelle.

Ce qui est en train de se jouer ici est donc une lutte d’endurance : à quel moment n’aurons-nous plus l’énergie pour répondre suffisamment fort à leur mensonges de politicien·nes de formation ?

Ce sera donc probablement la dernière fois que nous reviendrons rétablir la vérité – sauf si une nouvelle indécence d’un niveau inédit venait à sortir. Nous tentons avec ce texte d’amener suffisamment de preuves des faits pour permettre au milieu militant d’agir en conséquence, et nous espérons pouvoir amener des débats plus larges sur nos manières de faire collectif.

Ce que révèle cette histoire, qui devait à l’origine se conclure par une médiation au sein de la petite équipe de coordination d’un mouvement militant, mais qui a atteint des sommets d’indécence, c’est comment les violences patriarcales sont intimement liées aux structures de pouvoir. Ce qu’elle révèle aussi, c’est l’immense énergie militante que peuvent faire perdre trois-quatre personnes trop attachées à leur position.

Ce qui s’est perdu de notre message dans ce marasme ambiant, c’est que nous ne cherchions pas initialement à lutter contre des personnes, mais contre une structure délétère, contre un système de pouvoir et que nous étions initialement prêt·es à travailler cela collectivement au sein du mouvement. Clément B. n’est pas un monstre, dans le sens où ce qu’il a commis ne sont pas des actes exceptionnels dans leur violence. Bien au contraire, Clément B. est simplement un homme d’une banalité désolante, à qui nous avons laissé beaucoup trop de pouvoir trop longtemps. Il est simplement un homme qui s’est rêvé apparatchik d’un micro-parti qu’il a voulu construire autour de son égo.

Démentir quelques mensonges

Clément est-il réellement la victime d’un sordide lobby woke ?

On lit p. 7 du document de Margot :

Aucune accusation de violence sexuelle“.

Certes, les personnes victimes des actes de Clément n’ont pas posé ces mots. Pourtant, quand une personne se sent sous emprise, cherche à sortir de la relation par tous les moyens mais y est maintenue, ramenée, qu’elle n’y consent plus, ce n’est pas si aberrant de s’interroger sur la place du consentement dans tous les aspects de la relation.

Nous saluons le soin mis dans leur écrit qui nous épargne des menaces de mort proférées par Clément B. Parce que c’est vrai qu’un mec qui dit “si tu continues je te tue” à une femme qui vient de découvrir des relations qu’il cachait, en faisant signe de lui trancher la gorge en passant son pouce sur son cou alors qu’elle le fuyait, ça ressemble beaucoup à ce qui précède un féminicide et donc c’est violent, trop pour être partagé sur leur si beau document. Bravo pour la finesse des mots choisis pour qualifier ces faits : “des mots très durs et désobligeants ont été employés. La personne accusée a reconnu une violence verbale.” (p.3) Merci pour ce soin de préservation, c’était beaucoup plus doux à lire même si on en perd un peu la teneur.

Ensuite vient le moment où Margot & co se drapent de l’étendard du féminisme matérialiste et donc nous accusent de ne pas l’être, sous-entendant de fait que si nous avions agi ainsi c’était par manque de conscience politique. Il se trouve que parmi nous il y a des camarades féministes queer et intersectionnel·les, mais aussi des camarades féministes matérialistes. Se servir des tensions historiques entre féminisme queer et féminisme matérialiste pour justifier la défense de violences patriarcales et de structures de domination, c’est abject et c’est aussi prouver sa méconnaissance du féminisme matérialiste (nous pensons d’ailleurs que le féminisme matérialiste et le féminisme queer peuvent tout à fait lutter ensemble. Nous pouvons que vous conseiller la lecture de Matérialismes trans de Pauline Clochec et la brochure Contre-offensive trans de l’UCL ou, comme première introduction plus accessible, la réponse en vidéo du youtubeur et militant Cassandre à la question “Tu te considères comme queer ?”).

En réalité ce qui se joue ici n’a rien de purisme militant, de woke ou de tout autre concept flou dont les réacs ont le secret, mais bien d’une problématique féministe presque aussi vieille que le féminisme lui-même. Cela fait déjà plusieurs décennies qu’il est évident qu’il ne suffit pas de défendre de grandes idées contre des oppressions pour ne pas les perpétuer soi-même. Ce qui a changé aujourd’hui c’est le rapport de force : ensemble, nous ne nous laissons plus faire. Nous luttons pour que la peur change de camp.

Ce qui pose par contre sérieusement question c’est l’aversion de Margot, Clément et Esther pour le féminisme queer et des petits détails comme le fait qu’une des premières choses faites lors du soir de l’attaque du Chapeau Rouge, ce fut de retirer le drapeau LGBTQIA+ antiraciste.

La douce et bienveillante attaque du Chapeau Rouge, ou pourquoi l’établi est un lieu volé illégitime

On peut lire p. 7 du document de Margot :

“Contrairement à certaines rumeurs, aucune violence n’a été exercée à ce moment-là. Nous avons d’ailleurs sollicité comme témoins plusieurs camarades d’organisations militantes alliées. Cagoules, battes, ou même kalach (tant qu’on y est !), n’étaient pas de la partie.”

Il y a bien eu plusieurs personnes cagoulées avec Esther L. et Margot M, et des personnes qui ne l’étaient pas. Les personnes présentes dans le café ont bien été poussé·es vers la sortie, sans leur consentement.

Les personnes venues en renfort n’étaient pour la grande majorité pas membres du mouvement mais plutôt issues des copinages et alliances de circonstance de Margot et Esther. Nous apprendrons après les faits qu’untel et untel “se sentent un peu cons d’être venus braquer le chap’, [qu’ils] ont juste répondu favorablement à un service demandé en dernière minute sans comprendre le contexte et dans quoi ils s’embarquaient pour la soirée”. Les quelques primo-militant·es qui avaient des shifts derrière le bar ce soir-là ont été poussé·es vers la sortie avec une violence verbale et des intimidations physiques qui peuvent paraître normales pour ces personnes qui ont un attrait pour la violence, mais ça ne l’est pas pour celles et ceux qui s’étaient engagé·es dans le projet du Chapeau Rouge.

C’est juste après avoir viré les aubergistes et les usager·es qu’iels ont changé la serrure, voici une photo (toujours prise par ce coin de rideau mal fermé) de quelqu’un·e avec l’ancienne serrure dans la main :

A propos de la batte que cite le document, évidemment ces propos sont faux et ne viennent pas de nous. Des chaînes de vélos au poing, ça n’a pas la même forme, même si selon certains experts les deux font, pour les citer, “très mal“.

Car ce qui est pour le coup parfaitement exact, c’est qu’il y a bien eu menace avec chaîne de vélo en guise de poing américain : au lendemain de l’attaque, nous avions organisé un rassemblement de protestation qui a vu passer autour de 150 personnes face à cette prise par la force. Il s’est transformé en rencontre conviviale et en fin de soirée, devant le café, il restait une poignée de personnes. Plusieurs personnes parmi celles ayant attaqué le café la veille, qui n’ont jamais fait partie du mouvement mais qui squattaient les lieux sous les ordres de Margot et Esther pour éviter qu’il ne soit repris, sont descendues menacer les quelques personnes restantes.

Ces intimidations et menaces ont inquiété nombre de militant·es qui n’étaient pas prêt·es à mettre en jeu leur intégrité physique pour récupérer leur café, tout aussi légitimes qu’iels étaient. La peur de l’escalade de la violence a figé et empêché que le Chapeau Rouge puisse rester un commun. Ce lieu a depuis été rebaptisé l’Établi par les auteur·ices de l’attaque et fonctionne avec les ressources matérielles, juridiques et financières qui appartenaient à des dizaines de militant·es avant ce vol. C’est un lieu volé.

Clément, Margot et Esther n’ont pas détourné d’argent, vraiment ?

On jette ici rapidement quelques preuves, les plus faciles à vous présenter. C’est loin d’être exhaustif, mais certaines nécessiteraient de plus longues mises en contexte. Clément B. était le seul à avoir une réelle visibilité sur ce qui entrait et sortait des comptes de l’association quasiment toute l’année 2023, ce qui lui a permis de réaliser des opérations non-justifiées collectivement, mais surtout, l’essentiel des abus n’étaient pas traçables et visibles sur les comptes car se sont faits via le cash que générait le café.

Nous avons par exemple une grande suspicion de détournement d’une cagnotte anti-répression. Nous ne pourrons probablement jamais le prouver puisque pour seule preuve matérielle nous avons son entrée sur les comptes puis aucun reversement de cet argent, prouver que quelque chose n’existe pas est difficile.

Clément, Margot et Esther qui mentent à tout le milieu militant avec une totale décontraction

On lit p.7 de leur document (dernier paragraphe) :

“Depuis plusieurs mois, nous avons lu des accusations des plus déconcertantes : nous aurions volé de l’argent pour des iPhone à 1 000 €, des billets d’avion, de la cryptomonnaie,…”

Voilà rapidement la preuve pour l’achat de crypto, une dépense qui apparaît à différentes reprises, qui en soit pourrait éventuellement être justifiée mais ne l’a jamais été, et surtout encore une fois, iels nient les faits avec la plus grande décontraction :

Ensuite, dans le texte de Margot, p.8, on peut lire :

“Par contre, il y a eu plusieurs temps de présentation des comptes du Chapeau Rouge à destination des aubergistes, y compris fin 2023.”

C’est malheureusement une vaste blague : seul le solde total a été présenté, qui en septembre 2023 était en déficit alarmant. Malgré de multiples demandes émanant de différentes personnes qui géraient le café, l’accès à la consultation des comptes leur demeurait interdite. Ce n’est qu’en mars 2024 que nous avons obtenu le détail des comptes dont sont issues les captures d’écran, légalement mais contre leur volonté.

Margot et Clément qui volent allègrement une partie des bénéfices du Chapeau Rouge

Les preuves sont noyées dans plus d’un an de relevés bancaires, dont voici un résumé. C’est la compilation des virements des comptes du Chapeau Rouge vers ceux de l’association de la Panoplie Agile, association appartenant exclusivement à Margot et Clément, sur laquelle personne d’autre n’a la moindre visibilité. Si la rémunération de deux services civiques (115€ par personne par mois, sachant que dans cette période il y a eu des mois sans services civiques) justifie une partie des virements, on voit très bien que les comptes n’y sont pas en plus d’une tentative de noyer le poisson en ne faisant que des virements de montants différents alors que rien ne le justifie. Il y a au grand minimum 2 000€ de virements ne correspondant à rien de décidé collectivement partis sur le compte de ces 2 personnes qui ont toujours refusé de s’en justifier.

Esther qui se sert dans la thune du café associatif pour se payer un voyage en avion

Si se faire défrayer par le mouvement pour un mandat est quelque chose de tout à fait acceptable, ici c’est bien un billet d’avion acheté sans le moindre mandat et nous l’avons découvert presque un an plus tard.

Margot, Clément et Esther qui s’auto-sponsorent et font profiter les copinages

Il y a eu aussi des téléphones et des ordinateurs portables, achetés pour les copain·es de Margot et Clément, avec l’argent issu du Chapeau-Rouge, sans le moindre avis collectif. N’est-il pas bien pratique d’être copain·es des personnes qui ont la carte bleue de tout un mouvement ? Voilà parmi d’autres quelques exemples d’auto-sponsors décidés unilatéralement et que nous avons découvert bien plus tard.

Un petit achat sur Back Market

Quelques jours plus tard, un autre petit achat Amazon. Est-ce un des PC portables achetés en soum-soum, autre chose ?

Et un exemple d’achats de multiples billets de train pour déplacements perso, après un an de conflit, la dissolution de l’équipe de coordo et une assemblée où leur légitimité était fortement remise en question par tout un mouvement, sauf elleux.

Clément qui pique dans la thune de la lutte Doulon Gohards pour rembourser les dettes du Chap

Extrait d’un CR d’une réunion à laquelle ont participé deux camarades de l’équipe du Chap (tous les autres membres de la coordo du Chapeau Rouge avaient déjà quitté le mouvement, de colère), ainsi que Margot et Clément, dans laquelle Clément annonce la bouche en coeur qu’il a piqué 3 000 balles dans les caisses de Sauvons les Gohards pour renflouer les caisses du Chapeau Rouge. Gros blanc, Margot répond que ça risque de les mettre dans la panade si ça venait à s’apprendre, ce à quoi Clément a répondu, avec un sourire dont lui-seul a le secret, qu’il arrivera à remettre de l’argent sur le compte avant que les autres collectifs ne s’en rendent compte. Des informations que nous avons aujourd’hui, nous espérons nous tromper, Sauvons les Gohards n’a jamais revu cet argent.

L’Etabli doit toujours 12 000€ à deux camarades

Deux camarades avaient prêté de l’argent pour faire vivre les communs. Le premier au lancement du Chapeau Rouge, le deuxième pour les Rencontres Nationales du Pouvoir Habitant #2. Cet argent n’a pas été remboursé et bénéficie aujourd’hui aux quelques personnes qui ont été suffisamment décomplexées pour s’octroyer le droit de s’accaparer le commun de tout un mouvement. L’établi qui réunit ces différentes personnes et tout ce qu’elles ont volé, n’a à ce jour pas remboursé ces 12 000€ et ne prévoit pas de le faire puisque les personnes n’ont répondu à aucune des multiples sollicitations que nous leur avons adressées.

Avons-nous réellement refusé de payer le loyer ?

On peut lire p. 9 :

“Occupation physique et refus de payer le loyer du local, accaparement des revenus générés par l’activité du bar pour un montant d’au minimum 11 404,37 € pour la part dont nous avons connaissance (janv-mars 24)”

Première fausse information : nous avons toujours proposé de payer, et ce à maintes reprises. Nous refusions cependant très clairement que l’argent passe par leur intermédiaire, n’ayant plus aucune confiance en leur intégrité. Avec les preuves que nous avons présentées juste avant vous comprenez évidemment pourquoi.

Captures d’écran à l’appui, deux parmi d’autres.

Ensuite, Margot nous parle d’un “montant d’au minimum 11 404,37€”… Mais enfin, d’où sort encore cette information inventée qui a l’air d’être issue d’un savant calcul au doigt mouillé ? Nous n’avons pas fait ces bénéfices du tout. Les calculs ne sont pas bons.

Sommes-nous à l’origine d’un quelconque harcèlement de ces personnes ?

Parmi la foultitude de choses dont on ne sait rien, “Collage massif de stickers autour de nos domiciles “viol, agressions sexuelles : la peur doit changer de camp” (p.9). Ça ressemble juste aux collages random des féministes nantaises qui sont un peu partout en ville non ? On trouve ça super que le centre-ville soit recouvert de tous ces messages, mais ceci n’a aucun lien avec nous.

Nous avons lu “Plusieurs mails anonymes à l’employeur d’une des cibles ainsi qu’à l’ensemble de ses collègues de travail afin de remettre en cause son emploi à travers une série d’accusations mensongères” (p.8). Dit comme ça franchement ça fait peur oui, alors on a fait le point. Et… il y a quiproquo au moins ! Si ce n’est une victimisation mal placée.

Il y a eu 1 mail, puis sa relance. En effet, dans le cadre d’un travail d’enquête et d’évaluation de la thune détournée (tout ne peut pas figurer dans ce document), nous avons pris connaissance qu’une fondation a donné 20 000 € pour un projet du mouvement, mais nous n’en avons jamais vu la couleur. Ce projet, qui avait été justement discuté et conçu initialement dans l’équipe de coordo du mouvement (capture d’écran plus bas d’un document interne où la maison d’édition est abordée), a ensuite été revendiqué par Esther comme son projet personnel (capture d’écran à l’appui plus bas). Cette fondation a donc été contactée avec une question : “une personne revendique cet argent comme étant celui d’un projet personnel, avez-vous donné cet argent à une personne ou à un collectif ?”. La réponse a été : “Il ne s’agit pas d’un soutien à une personne individuelle, conformément aux pratiques de la Fondation.”

Hypothèse : Esther n’a pas compris que lorsqu’elle a un mandat de la part du collectif pour réaliser une demande de subvention, si elle l’obtient, cet argent ne devient pas “son argent de poche personnel” mais reste bien destiné au projet d’un commun.

Clarification : Ce n’est pas un quelconque employeur mais bien le financeur d’un commun qui a été contacté, dans le cadre d’un détournement de 20 000 balles, par Esther L. et Clément B. Ce dernier avait le projet d’y faire éditer un livre à son nom. En l’occurrence, il s’avère que cette fondation est aussi l’employeuse de Margot M. D’où la tentative d’instrumentalisation en faisant passer cela pour du harcèlement.

Alors ça nous chafouine presque de voir les choses racontées ainsi, mais on se met aussi à la place de ces personnes et on comprend que c’est vraisemblablement très désagréable de s’être senti·e finalement surveillé·es comme ça dans la gestion des affaires du collectif qu’iels ont considéré, par méprise, être le leur, voire que ça doit énerver et donner envie de déformer la réalité pour discréditer ses détracteur·euses.

Nous sommes tristes que la “direction”, comme elle se qualifie elle-même (joie inégalée de découvrir de nouvelles terminologies à chaque nouvelle lettre secrète envoyée), ait eu peur de se faire “putscher”, pour les citer, et nous comprenons mieux ce récent mouvement de panique et cette communication en grandes pompes. Pour rassurer : personne ne cherche à s’imposer politiquement autant que ces 3 personnes. Et ce, sans avoir eu besoin de passer par la case “perte de toute crédibilité politique en raison d’une somme d’actes qui parlent plus que les discours”, discours toujours très bien écrits disons-le. On signerait presque.

Avons-nous, nous aussi, utilisé NEC pour se faire une carrière ?

On lit p. 8 de leur document :

“Ceux qui organisent les attaques contre nous ont détourné les projets que nous avons montés dans le cadre du mouvement de leur vocation militante anticapitaliste. Pour eux, c’était des opportunités de réorientation professionnelle, soit en devenant salarié d’un “commun”, soit en se servant du mouvement comme une rampe de lancement pour lancer leur entreprise.”

Alors pour commencer, les personnes ici accusées sont les mêmes qui ont monté ces projets à vocation militante anti-capitaliste. Parce que, spoiler, ces 3 personnes ne sont pas “un mouvement” à elles seules. Et donc l’attaque semble un peu tordue et on n’a pas compris tout de suite si une quelconque matière avait pu alimenter ce fantasme.

On clarifie donc :

  • Aucun commun n’a de salarié·es : Margot s’est probablement basée sur une coquille journalistique qui a rapidement été corrigée sur la version web.
  • Personne n’a lancé son entreprise sur la base de son expérience dans ce mouvement politique.

Donc c’est juste faux. Des espèces d’allégations sans matières tangibles.

On rappelle ici que les seules personnes qui veulent faire leur carrière sur la base de ce mouvement politique sont les 3 acharné·es dont nous parlons tout au long de ce document.

Et aujourd’hui, soyons clair·es, avoir fait partie de ce mouvement n’est pas un tremplin. C’est plutôt une charge constante dans le milieu militant que de devoir se dissocier de comportements et postures délétères qui ont fait l’identité de Nantes en Commun auprès de nombreux collectifs.

Elsa Deck Marsault a été instrumentalisée

La seule fois en 5 ans où une intervenante queer a été invitée publiquement, ce fut Elsa Deck Marsault en plein milieu du conflit, par Margot M. Elle a servit à Margot, Clément et Esther de token féministe au moment où iels défendaient des structures de pouvoir. Elle sait d’ailleurs bien nous le rappeler, comme unique argument dans sa lettre (p. 5) :

“Nous avions d’ailleurs entamé une réflexion à ce sujet, notamment en invitant l’année dernière, Elsa Deck Marsault, l’autrice du livre Faire Justice, Moralisme progressiste et pratiques punitives dans la lutte contre les violences sexistes (2023) qui défend une justice transformatrice et critique les pratiques punitives qui bien souvent ne tiennent pas compte des personnes victimes et de leurs besoins.”

Elle leur a aussi servi d’argument d’autorité pour déclarer que la manière de dénoncer les actes de Clément B. en interne n’était pas la bonne. Alors même que l’autrice, dans son livre Faire justice, p. 93 et 121, dit justement que vu la situation dans laquelle nous étions, elle n’identifie aucune méthode idéale : quelle justice transformatrice est possible quand l’auteur nie tout pendant des mois et a une totale impunité ? L’ultime indécence dans tout ça est que, justement, Elsa Deck Marsault répète dans ses interviews qu’une de ses plus grandes peurs en sortant ce livre a été la récupération politique.

A un moment, il s’agit de choisir avec qui on lutte et pourquoi

Nous pensons que pour juger les professionnel·les de la politique, il s’agit de ne pas se laisser berner par les discours mais plutôt de se concentrer sur les actes et leurs effets.

Clément B. et Margot M., à l’instant où leur image publique et donc leurs chances d’atteindre la mairie ont été mises en danger, n’ont plus eu aucune considération pour le collectif. De même pour Esther L. qui, à l’instant où son comportement a été questionné, a cessé tout d’un coup de dire aux nouveaux et nouvelles “à Nantes en Commun on prend les décisions de manière horizontale” comme elle faisait jusque là, pour finir par dire à partir de janvier 2024 “je fais ce que je veux c’est moi la présidente de l’asso du Chapeau Rouge” (décision prise sur un coin de table quelques semaines avant par une toute petite poignée d’individus et quasi personne n’était au courant).

Si nous n’avons évidemment rien en soi contre les personnalités politiques de notre camp social, c’est bien contre le phagocytage des luttes sociales par carriérisme et l’exploitation de nouveaux et nouvelles militant·es pour des intérêts personnels que nous luttons.

Ce qui les anime, ce n’est pas la victoire de notre camp social, mais le désir profond de parvenir (référence au Refus de parvenir, c’est à dire le refus de faire passer ses intérêts personnels de carrière (les privilèges, les distinctions, la promotion individuelle, etc) avant l’intérêt de la lutte, concept très cher aux anarchistes révolutionnaires du début du XXème siècle et aussi, ironie, aux établis des années 70). Tout·e camarade raisonnable à leur place aurait fait profil bas et aurait mis son énergie au service de dynamiques existantes plutôt que lutter à tout prix pour son pouvoir. Iels attirent à elles et eux les nouvelles forces militantes, les consomment, puis, quand elles ne leur sont plus personnellement utiles, les jettent (sur ce point, nous sommes particulièrement navré·es de voir l’instrumentalisation faite, notamment, de personnes précaires dans différents contextes).

Nous ne disons pas ça seulement pour réduire leur pouvoir de nuisance en permettant aux personnes qui pourraient être amenées à les côtoyer de s’en protéger, mais aussi parce que ce sont des schémas qui se répètent dans l’espace et dans l’histoire militante. Nous voulons que soit mise au centre de nos débats, de notre pratique militante, la manière dont nous voulons faire collectif. À un moment, il s’agit de choisir avec qui nous luttons et pourquoi, ce que nous voulons construire pour changer le rapport de force. Il y a des pratiques et des structures délétères qui s’auto-alimentent de par notre absence de considération.

Nous ne sommes pas les seul·es à mettre en lumière ces pratiques aujourd’hui, et c’est à la fois rassurant et inspirant pour nous. Nous ne pouvons par exemple que vous conseiller la lecture du Prophète rouge de Julie Pagis sorti il y a quelques semaines, le très bon article de Frustration Magazine sur le même thème qui s’appelle Pour en finir avec les “prophètes rouges” et la violence militante, ou l’excellente brochure Offensive micro-politique, écrite par trois membres de Reprise de Terre et aussi publiée dans Socialter.

De ces cinq années d’expérience à leurs côtés, nous identifions plusieurs mécanismes contre lesquels nous devons lutter dans nos collectifs et organisations. Ce sont des choses qui paraîtront évidentes pour des camarades expérimenté·es, mais le gaslighting dans les jeunes organisations – et certaines moins jeunes – arrive tellement rapidement, nous l’avons vécu.

NEC s’est présentée, les deux années avant le conflit, comme étant sans instance décisionnaire structurée pré-établie. Il y avait au contraire une instance décisionnaire structurée très concrète, avec une équipe de coordination dans laquelle se prenaient les décisions, qui était en réalité inconnue d’une grande partie des personnes qui s’investissaient à NEC, notamment via les Communs. Les deux dernières années, Clément B., Margot M., Esther L. et une autre personne ont formé un groupe affinitaire concentrant (consciemment ou non) les pouvoirs concrets : l’argent, le légal, l’image publique et le réseau (cette situation semble courante, et bien présentée par Jo. Freeman, dans son texte Tyrannie de l’absence de structure publié en 1970, sur ses années dans l’équivalent états-unien du MLF, traduit en français ici).

Bien au-delà des débats horizontalité/verticalité dont il n’est pas question ici, nous voulons mettre en valeur un constat : il n’existe pas de collectif ou de mouvement sans structure. Soit cette structure est collectivement visibilisée et choisie, donc collectivement rediscutable et améliorable, soit elle est invisibilisée et subie.

C’est quand tout va bien qu’il faut prévoir quand tout ira mal. Quand la confiance disparaît, il ne reste plus que les rapports de force. Il faut, avant que tout aille mal, prévoir des issues de sortie du conflit pour éviter que le seul rapport de force restant soit celui de la violence.

Dans l’histoire de NEC, il y a eu un gouffre entre la structure affichée et la structure concrète. Comme a dit une des petites mains autoproclamées du mouvement, dégoûtée par les agissements de Clément, Margot et Esther : “on aimerait vivre dans le monde merveilleux du site internet de Nantes en Commun”.

Nous regrettons de ne pas avoir eu nous aussi accès à une éducation bourgeoise, en famille, à Science Po ou à Audencia, qui permet autant de d’assurance que de décomplexion, se donnant les moyens de réussir son oeuvre en marchant sur les autres, de l’accaparement des ressources matérielles à celui des mérites de la réussite d’un mouvement construit pendant des années par des dizaines de personnes.

Se revendiquer du matérialisme et du marxisme, citer Makhno dans une tentative ratée de refondation du mouvement autour de leurs personnes, se lier à des camarades antiracistes et anticoloniaux au moment des municipales pour ensuite ne se mobiliser que si c’est valorisable dans une story instagram… Tout au long de ces cinq dernières années, Margot M. et Clément B. ont revendiqué des concepts qu’iels n’ont pas appliqué elleux-mêmes, se sont identifié·es à des auteur·ices tout en manipulant leur discours en piochant dans ce qui les arrangeait et en ignorant le reste, et ont manipulé des personnes remarquables autours d’eux. Tout ça dans un même objectif : se draper d’un prestige qui n’est pas le leur.

En se concentrant encore sur les actes et leurs conséquences plutôt que les discours et les postures, qu’est-ce qu’il y a de matérialiste ou de marxiste dans les actions de Margot M. et Clément B. et leurs conséquences ? Qu’est-ce qu’il y a de féministe ? Qu’est-ce qu’il y a d’antiraciste et d’anticolonial ? Très concrètement, presque rien, si ce n’est des postures.

On le voit aujourd’hui autour de l’Établi : cette recherche frénétique de s’associer à l’image de personnes célèbres et remarquables et en même temps de se mettre au centre en faisant mine de soutenir des luttes dans lesquelles des camarades y contribuent plus en une semaine qu’iels n’y ont contribué toute leur vie, mais qui n’ont jamais cherché à rediriger la lumière vers elleux.

En dehors d’instagram, nous n’avons vu ces personnes sur des luttes féministes ou anti-racistes que les rares fois où elles parvenaient à se mettre suffisamment au centre pour prendre la lumière des caméras. Jamais un soutien discret et régulier. Jamais un soutien qui vient se positionner derrière les personnes concernées. On a même pu entendre une remise en cause de la légitimité des personnes concernées. La médiatisation possible de leur présence est le déterminant de leur mobilisation. Si ça permet de raconter une belle histoire, se donner une bonne image de militante intersectionnelle, alors vous pourrez les apercevoir s’intéresser à autre choses qu’elles… mais l’illusion dure peu. Nous avons été abasourdi·es de voir à quel point cette perception était partagée à Nantes dans de nombreux milieux et réseaux.

Tout dans leur discours laisse penser qu’iels se persuadent d’être indispensables à une gauche de rupture à Nantes. Cette gauche de rupture n’a pas attendu Margot M. pour exister, lutter et s’organiser.

Nous nous sommes rendu compte bien trop tard que si NEC baignait dans un quasi entre-soi blanc ce n’était pas un jeu du sort mais plutôt parce qu’une grande partie des personnes racisées qui ont participé au lancement du mouvement se sont senties utilisées en tant que token, par Margot et Clément, et se sont donc éloigné·es.

Depuis ces sept derniers mois, plusieurs camarades ont pu se retourner et rejoindre à nouveau les luttes. Il est réjouissant de voir que ce que ces camarades ont construit ou rejoint mettent ces problématiques au centre. Nous espérons que ces considérations se partagent plus largement à l’avenir.

A l’heure de l’urgence politique dans laquelle nous nous trouvons, d’une gauche radicale rarement aussi peu à la hauteur et peu organisée, pouvons-nous nous permettre de laisser quelques carriéristes user et jeter les trop rares personnes qui font le pas de s’organiser pour lutter ? C’est selon nous une responsabilité collective de notre camp social que de conserver cette mémoire des précédents, agir activement pour sortir des contradictions de nos propres structures, apprendre de nos erreurs, en finir avec les chef·fes autoproclamé·es carriéristes et les despotes, retrouver notre force militante collective. Nous n’avons pas le luxe aujourd’hui de répéter inlassablement les mêmes erreurs ! Retrouvons notre force militante collective et soyons plus soudé·es que jamais dans les luttes !

Pour finir, merci aux personnes qui ont cru,qui croient et qui croiront les personnes victimes de VSS.