Plus de 1000 auteurs refusent la collaboration avec les éditeurs israéliens complices
Catégorie : Global
Thèmes : Boycott total
Lieux : Monde
Plus de 1000 auteur-ices, dont des lauréat-es du Prix Nobel, du Prix Booker, du Prix Pulitzer et du National Book Award lancent un boycott de masse des éditeur-ices israélien-nes complices de la dépossession du peuple palestinien.
Par le Palestinian Festival of Litterature, le 28 octobre 2024
Cette déclaration de masse représente le plus grand boycott culturel contre les institutions culturelles israéliennes de l’histoire.
Plus de 1 000 auteur-ices, dont Sally Rooney, Annie Ernaux, Arundhati Roy, Viet Thanh Nguyen, Max Porter, Ocean Vuong, Percival Everett, Abdulrazak Gurnah, Rupi Kaur, Michelle Alexander, Judith Butler, Rachel Kushner, Jhumpa Lahiri, Valeria Luiselli, et bien d’autres encore.Les signataires ont déclaré qu’elles et ils ne pouvaient pas, en toute conscience, collaborer avec des institutions israéliennes sans s’interroger sur leur relation avec l’apartheid et les déplacements de population.
Voir la lettre complète et la liste des signataires ici (en français, en anglais)
CONTEXTE :
Les écrivain-es ont rejoint une campagne lancée il y a plus de vingt ans par la majorité absolue de la société civile palestinienne, y compris les syndicats d’écrivain-es, les syndicats, les universitaires et les intellectuel-les, qui ont appelé les personnes travaillant dans le secteur culturel à refuser de travailler avec les institutions universitaires et culturelles israéliennes qui sont complices des violations des droits de l’homme commises par Israël à l’encontre du peuple palestinien et qui soutiennent l’apartheid et le génocide.
Le refus vise la complicité institutionnelle et non l’identité. Les institutions culturelles peuvent mettre fin à leur complicité en répondant à deux exigences :
- Dénoncer le régime d’apartheid génocidaire d’Israël et s’en distancier.
- Affirmer les droits protégés du peuple palestinien en vertu du droit international, y compris le droit au retour.
L’écrasante majorité de l’industrie de l’édition israélienne reste silencieuse sur la pratique systémique d’Israël de cibler les écrivain-es et les universitaires palestinien-nes pour les tuer ou les persécuter, sur la destruction par Israël des bibliothèques, des imprimeries et des maisons d’édition palestiniennes[1], sur la pratique désormais largement connue du scolasticide[2], alors même qu’Israël continue de détruire les écoles, les universités, les bibliothèques et les archives palestiniennes[3], et dans plusieurs cas, non seulement elle reste silencieuse, mais elle soutient les actions de l’armée israélienne[4].
Nous – une coalition de groupes de solidarité énumérés ci-dessous – avons identifié et recherché 98 maisons d’édition israéliennes et, de toutes, une seule a répondu aux deux demandes fondamentales décrites ci-dessus : une petite maison d’édition indépendante appelée November Books.
November Books a écrit : « Nous sommes attachés à l’idée, en accord avec les voix palestiniennes et démocratiques en Israël, qu’Israël ne devrait pas être un État juif mais plutôt un État de tous ses citoyen-nes et reconnaître le droit au retour tel qu’il a été accepté par l’ONU. Nous nous opposons fermement à toute forme d’inégalité et d’apartheid. Nous n’avons aucun contact ni aucune relation avec des entités israéliennes dans les territoires palestiniens occupés : nous n’y vendons, n’y imprimons et n’y distribuons pas nos livres ».
Une position éthique et non complaisante est possible.
LES AUTEUR-ICES :
Plus de 1 000 auteur-ices sont parmis les premier-es signataires.
Il s’agit notamment de :
Nana Kwame Adjei-Brenyah, Kaveh Akbar, Michelle Alexander, Dionne Brand, Jericho Brown, Simone Brown, Judith Butler, Amit Chaudhury, Anne Chisholm, Siddhartha Deb, Junot Díaz, Natalie Diaz, Brian Dillon, Ben Ehrenreich, Inua Ellams, Annie Ernaux, Nick Estes, Percival Everett, Eve L. Ewing, Shon Faye, Mary Gaitskill, Greg Grandin, Guy Gunaratne, Abdulrazak Gurnah, Marilyn Hacker, Isabella Hammad, Mohsin Hamid, Omar Robert Hamilton, Will Harris, Tobi Haslett, Afua Hirsch, Cathy Park Hong, Leslie Jamison, Ha Jin, Daisy Johnson, Owen Jones, Rupi Kaur, Naomi Klein, Hari Kunzru, Rachel Kushner, Jhumpa Lahiri, Raven Leilani, Ben Lerner, Jonathan Lethem, Layli Long Soldier, Valeria Luiselli, Carmen Maria Machado, Miriam Margolyes, Hisham Matar, Maaza Mengiste, China Miéville, Pankaj Mishra, Viet Thanh Nguyen, Tea Obreht, Torrey Peters, Max Porter, Casey Plett, Derecka Purnell, Sally Rooney, Jacqueline Rose, Arundhati Roy, Sarah Schulman, Kamila Shamsie, Christina Sharpe, Nikesh Shukla, Leanne Betasamosake Simpson, Gillian Slovo, Astra Taylor, Miriam Toews, Jia Tolentino, Justin Torres, MG Vassanji, Cecilia Vicuña, Ocean Vuong et Mirza Waheed.
La dernière liste mise à jour, est disponible ici.
EXEMPLES DE COMPLICITÉ :
Les grandes maisons d’édition commerciales et universitaires israéliennes publient de la propagande sur l’armée israélienne, la stratégie contemporaine de développement des colonies illégales, des récits historiques coloniaux sur la création d’Israël qui effacent et déshumanisent le peuple palestinien, et collaborent directement avec l’État israélien, y compris le ministère de la défense.
Modan Publishing, l’un des plus grands éditeurs, travaille en partenariat direct avec le gouvernement israélien, produisant et commercialisant des livres de propagande pour la maison d’édition du ministère de la défense.
Plusieurs presses universitaires sont complices en raison des activités de recherche et de développement de technologies et de systèmes d’armes coloniaux menées par les universitaires israéliens.
Bar-Ilan University Press est l’éditeur du prix du Fonds national juif (FNJ) récompensant « un livre original de recherche et d’étude sur le thème de la construction de terres et de la colonisation ».La maison d’édition Am Oved, un label majeur, est détenue par la Histadrout, ou Nouvelle fédération générale des travailleurs, qui a été une institution colonisatrice clé pendant 100 ans. David Ben-Gourion en était le secrétaire, elle a été à une époque le deuxième plus grand employeur de tout Israël, elle continue à posséder d’autres instruments de colonisation clés – tels que la Bank Hapaolim, qui finance les colonies, et Zim shipping, qui est bloqué dans les ports du monde entier pour les cargaisons d’armes. Même lorsqu’ils s’expriment en tant que syndicalistes, ils publient des déclarations internationales en faveur des opérations israéliennes à Gaza depuis la première opération de ce type, Plomb durci, en 2008/2009.
Les deux principales chaînes de librairies israéliennes, Steimatzky et Tzomet Sefarim, fonctionnent comme un quasi duopole, avec des centaines de succursales, y compris dans les colonies de Cisjordanie. La grande majorité des livres publiés dans le commerce sont donc automatiquement disponibles pour être distribués dans les magasins des colonies.
Les éditions Am Oved sont sur le point d’être rachetées à 25 % par Steimatzky. Les éditions Modan sont copropriétaires de leur concurrent, Tzomet Sefarim.
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