Fémicide au congo
Category: Global
Themes: Genre/sexualités
“Un véritable fémicide a lieu en ce moment dans la République démocratique du Congo”, a déclaré Stephen Lewis, ancien ambassadeur du Canada à l’ONU et envoyé spécial de l’ONU pour le VIH/SIDA en Afrique, lors d’une conférence à l’Université de Montréal, le 9 octobre 2007. On assiste à une barbarie indicible sous l’œil du monde sans que personne n’intervienne. . La violence est si extrême qu’il est impossible de la décrire à la radio, ajoute Aline Gobeil de Radio-Canada. Il n’y a aucun équivalent sur terre, selon Stephen Lewis. Ce qui se passe dans l’est du Congo est la continuation du génocide au Rwanda. Des miliciens hutus ont trouvé refuge au Congo, depuis 1994, attirés par ses richesses, et y perpètrent en toute impunité, à la face de l’opinion mondiale, viols, mutilations, cannibalisme.
Le 7 octobre dernier, le New York Times publiait un article parlant d’”épidémie de viols au Congo” ! Un médecin travaillant dans l’épicentre de cette “épidémie” déclare qu’on ne sait pas pourquoi ces viols ont lieu, mais qu’une chose est claire : “Ils ont pour but de détruire les femmes.”
Au 20e siècle les pulsions de destruction humaines se sont exprimées contre des minorités ethniques ou religieuses : noirs, arméniens, juifs, tsiganes, tchétchènes, tutsis, arabes etc. Avec le développement des communications et la mondialisation, ce genre de crimes ne peut désormais plus être commis dans le secret, sans que la planète en soit informée presque immédiatement…
Aussi il ne faut pas être grand clerc pour deviner qu’au 21e siècle, ce sont les femmes et les enfants qui seront les premières et les principales victimes de la violence. De nombreux signes en témoignent déjà, comme l’apparition des termes de féminicide – pour désigner les crimes institutionnels (puisque protégés) qui frappent les femmes de Ciudad Juarez ou de RDC – ou de pédocide pour ceux également protégés dont l’affaire Dutroux n’est que le sommet de l’iceberg, ou bien ceux qu’ont dénoncés Alpha Blondy ou le cardinal Tumi.
Féminicide et pédocide – ou pourquoi pas féminipédocide ? – finiront peut-être par désigner ce qui pourrait devenir le trait marquant de ce siècle, comme génocide l’a fait pour le précédent : si tout n’est pas mis en oeuvre dès maintenant pour informer et mettre en garde contre ce phénomène.
“Les monologues du vagin” d’Eve Ensler ou “La profanation des vagins” de Bolya, “La guerre contre les femmes” de Jessica Mariani, les rapports d’Amnesty International et de l’ONU : nous sommes déjà prévenus et n’avons aucune excuse.
La violence n’est pas masculine. Des femmes violent et tuent. La violence est humaine, mais la domination est masculine. C’est pour cela qu’à côtés des “bleus” de l’armée russe, des faibles dans les prisons américaines et ailleurs, ce sont les femmes et les enfants qui vont le plus subir les coups, les viols, les tortures et les assassinats dans ce siècle.
Lire féminicide et non fémicide