« – Le nombre de suicides en détention, en France, a atteint 122 personnes en 2005, dépassant la « cote d’alerte » (en 2001 il y eut 104 suicides). Chaque jour, 3 tentatives de suicide dans les prisons françaises (donc 90 tentatives par mois), et 3 débuts de grève de la faim. Un suicide effectif tous les trois jours.

– La décision de construire de nouvelles prisons ne solutionnera absolument pas le problème des prisons françaises. Ce problème est non pas d’abord une question de manque de locaux, mais une question d’état d’esprit des mondes judiciaire et pénitentiaire qu’il faut d’abord transformer et réformer en urgence. Il faut « sanctionner et relever efficacement », et non plus « punir et anéantir », comme les résultats actuels le manifestent hélas au grand jour. Arrêtons la casse ! Il faut aussi utiliser en plus grand nombre les peines de substitution, éviter au maximum les détentions provisoires, doubler ou tripler le nombre des travailleurs sociaux affectés dans les prisons. »

Le président Sarkozy, sur le parvis de l’Elysée, dit qu’il n’a pas peur des mots. Il offre à la vindicte « populaire » la formule « castration chimique ». Mais il durcit le ton, impose des peines planchers qui vont inévitablement faire exploser le nombre de personnes incarcérées en France.

Pour quel résultat? Les crimes, les délits, les actes de pédophilie, les vols, les viols, les violences conjugales vont-ils disparaître? Réussirons-nous à enfermer tous les criminels et tous ceux qui agissent contre la loi? Les prisons, comme les « asiles » et les hôpitaux sont souvent des espaces « cache-misère », des lieux de rétention des imperfections d’un monde qui accentue les différences sociales, mais aussi, ce que je vais appeler la fracture pénale…

On justifie l’existence et le développement de l’espace carcéral français par des problèmes d’insécurité urbaine mais aussi d’insécurité sexuelle… Et pourtant, la très grosse majorité des personnes qui sont en prison, ne sont pas des ordures finies, des hommes et des femmes pénétrés par le « Mal » quand ceux qui ne sont pas en prison, seraient eux, simplement imprégnés par lois et principes qui défendent le « Bien ».

La prison, c’est le monde des junkies, des personnes désocialisées, des membres les plus cassés des couches populaires. La prison a aussi ses grands truands, ses pédophiles, ses meurtriers, mais allez, une fois dans votre vie, assister à un procès d’assise… Le cinéma et la télévision nous offrent généralement une image de celui ou celle qui va en prison sous le prysme du bien ou du mal… Et pourtant, étrangement, la prison, en France tout du moins, pays fondé sur une constitution très particulière, est essentiellement la face émergée d’un effondrement social généralisé.

J’ai fait le choix d’attaquer ce sujet sous cet angle, parce que je ne supporte pas les raccourcis sur ces questions gravissimes.

La prison… Qu’est-ce que c’est? A quoi ça sert? Quelles sont les conséquences? Sommes-nous égaux face à l’incarcération? Choisissons-nous vraiment la bonne voie en accélérant les incarcérations de mineurs et de jeunes adultes?

Andy Vérol