Le NFP veut juste «mieux gérer» le capitalisme
Le Nouveau Front Populaire (NFP) considère qu’il devait arriver au pouvoir à la suite des élections législatives, prétendant qu’il y mènerait un programme de changement favorable aux couches populaires. Ne soyons pas dupes, car les expériences passées des gouvernements dits de gauche nous apprennent où cela mène. Par exemple, sur les retraites, le NFP ne prétend revenir que sur le pire de la dernière réforme : l’âge de départ à la retraite. Il ne parle pas de revenir sur la réforme faite par François Hollande en 2014, qui a porté à 43 annuités le temps de travail nécessaire pour avoir une retraite pleine. Bref, même avec une telle réforme, la plupart des gens ne partiront pas à 62 ans. De plus, dès que Lucie Castets a été pressentie pour devenir Première ministre, elle a considéré que le smic à 1 600 € était un «horizon»; bref, que cela ne se ferait pas immédiatement… voire pas du tout. Et les autres réformes proposées par le NFP se contentent de corriger quelques excès du macronisme sans chercher à inverser la logique actuelle.
L’exemple de l’Angleterre est révélateur de la duperie de la gauche gouvernementale : à peine arrivé au pouvoir (début juillet) le premier ministre de gauche (Keir Starmer, parti travailliste) annonce «Les choses vont empirer avant de s’améliorer… des décisions difficiles… un budget douloureux… des sacrifices à court terme». Le NFP risque de nous sortir le même discours rapidement, s’il arrivait au pouvoir.

Derrière Macron, le MEDEF
Macron a refusé de nommer un gouvernement basé sur le programme du NFP. Ce n’est pas qu’un caprice personnel. Le MEDEF fait pression sur Macron, considérant que le programme du NFP amènerait le «déclassement» de la France. Pourtant, le Medef ne craint pas le pire avec le NFP, il sait très bien qu’un gouvernement dit de gauche ne s’attaquera pas à ses intérêts fondamentaux. Mais empêcher sa nomination clarifie les choses : tout gouvernement doit être à la botte des intérêts immédiats des capitalistes et n’offrir aucun espoir aux couches populaires.
Dans cette logique, on comprend les errements de Macron cherchant désespérément à concilier ce que lui ordonnent ses donneurs d’ordre et la situation concrète : la gauche a une majorité relative à l’assemblée et beaucoup de gens s’illusionnent encore sur elle. Céder au NFP pour Macron, ce n’est pas craindre une politique offensive contre les intérêts des capitalistes, c’est laisser croire aux opprimé·es qu’ils et elles ont gagné contre Macron, et donc le grand capital, via des politicien·nes de gauche au objectifs pourtant peu offensifs. Le NFP ne s’y est pas trompé en proposant Lucie Castets, politicienne proche du PS et absolument pas radicale. Même LFI encense cette politicienne car le NFP cherche à montrer à Macron et au MEDEF qu’il a compris le message : pas de radicalité politique pouvant créer de l’espoir.

Agir par nous-mêmes
L’électorat de gauche s’est mobilisé aux élections législatives pour faire barrage à l’extrême droite. La crise politique actuelle va renforcer le sentiment «ils sont tous pourris» … et nourrir l’extrême-droite avec son discours «dégagiste». Pourtant, nous pourrions profiter de la faiblesse actuelle du pouvoir politique pour agir par nous-même. Ne pas attendre un gouvernement de gauche, qui nous trahira comme il l’a toujours fait; ne pas attendre de futures élections dans l’espoir que la gauche soit majoritaire. Nous ne devons pas nous enfermer dans l’espoir qu’un gouvernement de gauche mettraient en place un programme en notre faveur. Il y a peut-être une brèche politique dans laquelle s’engouffrer car, quitte à se référer au Front Populaire, autant reprendre le meilleur de celui-ci : la grève offensive de 1936.
Il n’y a pas de gouvernement stable face à nous, profitons-en!
Quitte à nous mobiliser, autant le faire par nous-même et pour nous-même, et non pas pour les politiciens du NFP.

 

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