Dans une enquête récente, la revue médicale The Lancet considère que l’invasion de Gaza fera de très nombreuses nouvelles victimes. Du fait de la famine, des épidémies et de la destruction des infrastructures, le bilan total serait d’au moins 186 000 morts.

Le célèbre journal scientifique britannique « The Lancet », qui fêtait l’année dernière ses 200 ans et dont peu de gens nient l’autorité sur les questions médicales et de santé publique, a publié vendredi 5 juillet une enquête consacrée au décompte des victimes gazaouies depuis le 7 octobre 2023. D’après les estimations, si l’offensive s’arrêtait maintenant, les dégâts considérables et les risques sanitaires résultant des opérations génocidaires de Tsahal porteraient le bilan de la guerre de Gaza à des niveaux apocalyptiques : l’armée israélienne serait ainsi à terme responsable de 186 000 morts.

Comme l’expliquent les auteurs de l’enquête, « les conflits armés ont des effets indirects sur la santé, au-delà des blessures directes causées par la violence. Même si un conflit s’achève immédiatement, il continuera d’y avoir beaucoup de morts indirects dans les mois et les années qui viennent du fait des maladies reproductives, infectieuses et non-infectieuses ». Si le ministère de la santé gazaoui décompte, au 19 juin 2024, 37 396 victimes de l’offensive israélienne, les morts indirectes causés par les effets de l’offensive seront beaucoup plus nombreux. Considérant ces chiffres fiables et rappelant qu’ils sont reconnus par les services secrets israéliens eux-mêmes, les chercheurs tentent de déterminer le nombre des morts indirects que causera l’offensive en cours à Gaza dans les mois et les années à venir.

Sachant que les chiffres du ministère de la santé sous-estiment le nombre de victimes réel, les chercheurs considèrent que les chiffres qu’ils avancent ne constituent qu’une hypothèse basse, établie à partir des bilans des autorités palestiniennes. L’ONU craignait, en effet, dès mai, que plus de 10 000 personnes ne soient ensevelies sous des débris de bâtiments, empêchant leur identification et leur dénombrement par les institutions hospitalières.

Pour fonder leur hypothèse, les chercheurs constatent en effet que dans « les conflits récents, le rapport entre les morts directs et les morts indirects peut aller de trois à quinze. En appliquant une estimation basse de quatre morts indirects pour chaque mort direct au bilan de 37 396 victimes, il n’est ainsi pas improbable que le conflit actuel à Gaza aura tué jusqu’à 186 000 personnes ou plus. Si nous partons du recensement de 2022, qui évaluait la population totale de la bande de Gaza à 2 375 259 habitants, un tel bilan représente 7,9% de la population de l’enclave ».

Ces chiffres résultent de certaines hypothèses restrictives et ne tiennent pas en compte du rapport de l’ONU, que les chercheurs mentionnent cependant, qui considérait qu’en raison de la destruction de 35% des structures de l’enclave, 10 000 personnes se trouvaient encore probablement sous les décombres. Il se pourrait ainsi que le bilan final de l’opération de Tsahal soit, à long terme, bien plus lourd. Il se pourrait, en outre, que le rapport entre les morts directs et indirects soient bien supérieur au rapport de quatre pour un, utilisé dans l’enquête.

En effet, la très forte densité de population à Gaza et le ciblage méthodique de l’ensemble des infrastructures gazaouies par Tsahal laissent supposer un bilan bien plus catastrophique. Israël s’attaque en effet aux infrastructures gazaouies (plus d’un bâtiment sur trois dans l’enclave est d’ores et déjà détruit), impose un blocus quasi-total de l’enclave, cible ouvertement l’UNRWA, qui constitue l’un des tout derniers organismes humanitaires opérant sur place, et s’attaque tout particulièrement aux hôpitaux, transformés en véritables charniers, tout en menant une guerre psychologique particulièrement brutale contre la population gazaouie.

Cette maximisation des victimes indirectes du conflit constitue une politique consciente de l’Etat colonial, alors que certains de ses dirigeants avouaient, par exemple, il y a plusieurs mois vouloir militariser les épidémies pour faciliter le nettoyage ethnique de la bande de Gaza.

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