RDV jeudi 27 juin 18h30 devant la préfecture.

Au même endroit à partir de 17h30 ce soir, rassemblement prévu depuis le 13 juin par l’intercollectif Personne à la rue pour alerter sur la situation des personnes à la rue avec distribution de repas à 19h / collecte / distribution / recrutement de bénévoles dans une ambiance familiale 😁

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Féministes Révolutionnaires Nantes inscrit sa lutte contre l’extrême droite et le macronisme au quotidien, ainsi que contre toutes les formes d’oppression systémiques. Retours sur nos positionnements politiques

Le 27 juin dernier, Nahel est tué par un policier à Nanterre, après avoir été menacé verbalement, une arme pointée sur lui, lors d’un contrôle routier. 15 jours après le meurtre d’Alhoussein près d’Angoulême, 5 ans après celui d’Aboubacar Fofana à Nantes, abattus par la police dans des circonstances très similaires, ce meurtre s’inscrit dans la longue série de ce que le pouvoir nomme – très mal- « bavures policières » à l’encontre des jeunes des quartiers.

Ces meurtres n’ont de cesse de rappeler que la police, comme L’État qu’elle représente, sont racistes.

Face aux mouvements de révolte auxquels le meurtre de Nahel adonné lieu, et comme en 2005 suite aux meurtres de Zyed et Bouna, la machine médiatique et le gouvernement cherchent à masquer les causes réelles de ces soulévements – le racisme d’Etat, le continuum colonial et la suprématie blanche – et pointent tour à tour les parents, les jeux vidéos, les réseaux sociaux, l’école.

Lorsque l’évidence des faits qui ont par chance été filmés (le meurtre d’Alhoussein a été totalement invisibilisé parce qu’il n’a pas été filmé) est reconnu à reculons, ils martèlent qu’il s’agit de l’acte d’un policier isolé, d’une « brebis galeuse ».

Ils masquent à dessein la dimension systémique des violences contre les personnes racisées. Ils nient la dimension politique des révoltes et martèlent des « appels au calme » et des « retour àl’ordre », sans reconnaître que cet « ordre » dont il est question est fondamentalement raciste et classiste.

Les quartiers populaires subissent depuis des années despolitiques sécuritaires de surveillance et de déshumanisation : ségrégation spatiale, présence policière croissante, surveillance généralisée, criminalisation de la présence dans l’espace public… Autant de mesures discriminatoires, classistes et racistes.

Si le meurtre de Nahel, comme celui d’autres jeunes des quartiers populaires avant lui, est le résultat de la multiplication et de la banalisation des violences policières, si les stratégies de répression violente et autoritaire ont bien été déployées contre des militant:es des mouvements sociaux au delà des quartiers populaires, si nous condamnons fermement toutes les violences de ce type contre toustes les militant.es,nous alertons néanmoins sur la nécessité de rappeler sans détours que les violences policières à l’encontre des personnes racisé-es, particulièrement des quartiers, sont des violences racistes qui charrient avec elles l’histoire coloniale de la France.

Ce racisme systémique tue des personnes pour ce qu’elles sont : noires, arabes. Si dès les révoltes de 2005, la réponse du gouvernement a été la militarisation de la police, les violences racistes précèdent le renforcement des politiques sécuritaires et ne s’y réduisent pas.

Désenfantisation*1 de la jeunesse racisée entraînant systématiquement des condamnations lourdes, criminalisation de la victime pour justifier de l’acte du policier, décrédibilisation et dépolitisation des stratégies de résistance des dominées, répression violente : autant d’outils d’un racisme systémique quit raverse l’État et ses organes.

La stigmatisation par le pouvoir, et par d’autres, des révoltes – d’ailleurs qualifiées d’émeutes pour leur ôter toute légitimité politique – en raison des dégâts matériels causés et des symboles pris pour cible (école, bibliothèque, transports en commun etc.) est hypocrite.

Tous les lieux détruits dans cette contestation sont les témoins d’un environnement qui porte en lui-même l’enclavement des quartiers populaires, les humiliations, les discriminations (à l’école, à l’hôpital, sur le marché de l’emploi…), qui font le quotidien des populations qui s’insurgent.

Tous les lieux détruits dans cette contestation sont les témoins d’un environnement qui porte en lui-même l’enclavement des quartiers populaires, les humiliations, les discriminations (à l’école, à l’hôpital, sur le marché de l’emploi), qui font le quotidien des populations qui s’insurgent. La casse du service public est orchestrée depuis des décennies par les gouvernements de gauche comme de droite qui se sont succédés, et a un impact particulièrement dévastateur pour les populations les plus précaires des quartiers.

Cette stratégie du gouvernement témoigne d’une volonté d’invisibiliser le fond du problème – racisme systémique, paupérisation et précarisation des populations –  et de justifier les mesures d’exception qui les visent – discours sur un“ensauvagement” des quartiers populaires qu’il faudrait mater. D’autre part, nous dénonçons les analyses présentant les révoltes en cours comme des expressions virilistes. Parler de violence masculine en mettant sur un pied d’égalité dominant et dominé, revient à invisibiliser la réalité des oppression vécues par les personnes racisé-es.

Ces révoltes sont des révoltes contre la suprématie blanche et le racisme d’État, ce sont des révoltes antiracistes.

Nous condamnons le sexisme palpable dans l’acharnement contre la mère de Nahel dont le comportement est scruté ainsi que dans la culpabilisation des parents et des mères de la jeunesse qui réclame justice, pointées comme responsables par le gouvernement*2.

Nous dénonçons la gestion autoritaire des mouvements de révoltes en cours et la démesure des moyens déployés par le gouvernement : envoi du RAID et du GIGN, déploiement d’une force policière disproportionnée, arrestations massives, répression judiciaire avec des peines lourdes prononcées contre des mineurs, couvre-feu.

Alors que l’on sait que la police vote majoritairement à l’extrême-droite, que la France a été condamnée par trois fois par la Cour Européenne des Droits Humains et que l’ONU enjoint à l’État de se pencher sur les problèmes d’un racisme – que l’on sait structurel – dans la police, on ne peut pas nier la gestion purement néo-coloniale de la situation par le gouvernement. Il est d’ailleurs intolérable que celui-ci couvre sans complexe cette police*3 qui appelle par le biais de ses syndicats à la guerre civile et menace d’un coup d’État, usant du pire vocabulaire pour désigner les jeunes racisées des quartiers populaires comme ennemis à abattre.

Nous dénonçons également avec force la complaisance totale que la police, mais aussi le gouvernement, ont envers les groupuscules fascistes, pour certains alors même qu’ils sont dissous, qui commettent des exactions et des ratonnades depuis des mois dans l’indifférence du pouvoir et, parfois, avec la complicité des forces de l’ordre qui leur laissent champ libre.

Enfin, il est intolérable de constater que sans être inquiétée le moins du monde, l’extrême-droite lève des fonds pour le meurtrier de Nahel, cagnotte qui atteint des sommes astronomiques*4 et témoigne de la fascisation décomplexée de notre société.

Pour conclure

  • Nous exigeons l’abrogation de la loi de Février 2017 la loi de Février 2017 qui élargit l’usage d’une arme à feu par les policiers notamment en cas de refus d’obtempérer. Alors que jusqu’en 2017, les policiers n’étaient – en théorie – autorisés à utiliser leurs armes qu’en cas de légitime défense, cette loi donne unvéritable permis de tuer à la police.
  • Le nombre de personnes tuées par la police suite à un « refus de contrôle » a été multiplié par quatre depuis 2017 (une personne par an en moyenne entre 2002 et 2017 et plus de 4 par an depuis la Loi)*5 . Au delà de l’abrogation de cette loi, nous exigeons l’abolition de l’institution raciste, sexiste et classiste qu’est la police.Nous soutenons les revendications du syndicat de la magistrature qui dénonce le manque d’indépendance de l’IGPN qui sous le joug du ministère de l’intérieur ne peut livrer d’enquête juste et impartiale. Preuve en est le nombre très faible de poursuites judiciaires à l’encontre de policier sauteurs de violences ou crimes. Nous exigeons la mise enplace d’un organe indépendant.
  • Nous encourageons les personnes qui le peuvent à se rendre dans les tribunaux lors des comparutions immédiates. En effet, comme en 2005 des condamnations lourdes et immédiates sont déjà prononcées. Alors que Eric Dupont Moretti soutient une justice expéditive et raciste, même envers de très jeunes personnes, il est essentiel de montrer notre soutien.
  • Nous invitons toutes les personnes le pouvant à faire des dons aux cagnottes pour soutenir les familles de Nahel et Alhoussein ainsi que pour la Legal Team Antiraciste qui soutient les personnes interpellées.Contre l’immonde soutien donné au policier qui a tué Nahel, nous incitons tout le monde à signaler la cagnottepour diffamation et à interpeller GoFundMe sur lesr éseaux sociaux.Enfin, nous encourageons à rejoindre massivement tous les rassemblements qui ont lieu partout en France pour soutenir la famille de Nahel et dire notre colère.

Signataires :  Féministes Révolutionnaires Nantes – NPA Nantes – Pour une MEUF 44, association de soignant-es féministe -Paloma – Nous Toutes 44 – les Colleux-ses Nantes – Gasprom, ASTI de Nantes – Union locale CNT Nantes