La période est gerbante. Les attaques transphobes se succèdent et augmentent en termes de quantité et de degré : que cela soit au niveau institutionnel avec la proposition de loi d’Eustache-Brinio et des Républicains passée le 28 mai au Sénat, au niveau médiatique avec l’importation d’un discours anglophone particulièrement agressif envers les personnes trans ou encore à un niveau matériel, en témoigne encore l’expulsion de nombreux squats partout en France qui offraient un espace de vie autonome à des personnes TPG.

La période est gerbante. Que cela soit en France, où le sécuritarisme règne en maître, où les esprits virent rapidement à un fascisme bientôt assez mûr pour être cueilli et où le racisme gangrène tout le pays. Que cela soit à l’international, avec l’avancée quotidienne du projet colonial de l’état d’Israël en Palestine ou avec la répression par l’état colonial français de la lutte anti-impérialiste kanak ou les génocides au Congo et au Soudan. Ou encore un violent backlash anti-féministe et un climat particulièrement transphobe qui semblent se pérenniser autour du globe. En somme, les chiens de la réaction aboient en meute, quelque soit leur langue, et leurs canines sont acérées. Le capitalisme se durcit, ses laquais veillent et resserrent leur étreinte autour des peuples, des vies et des corps.

La période est gerbante, MAIS les perspectives émancipatrices et d’espoir ne sont pas mortes pour autant : les luttes de libération palestinienne et kanak illustrent ces capacités de résistance. Les différentes mobilisations et sabotages en faveur de ces luttes ou bien les ripostes transoffensives – notamment aux États-Unis où l’on peut assister à de véritables épisodes d’autodéfense populaire face à des groupes fascistes et transphobes – illustrent également une possibilité proprement offensive face à cette dérive générale (parfaitement cohérente par ailleurs) .

Nous ne pouvons pas nous limiter à une posture exclusivement défensive. Bien que nécessaire dans le contexte actuel, elle ne saurait être la seule réponse à adresser, sans quoi le rouleau compresseur du fascisme ne saurait être enrayé. Nous ne pouvons pas non plus être dupes face à la récupération opportuniste de nos luttes par des groupes réformistes ou électoralistes, même (et surtout) de gauche. Ces organisations se sont toujours avérées intéressées, si elles ne trahissaient pas tout simplement la lutte, et notre émancipation ne peut passer que par une autonomie dans nos vies et dans nos luttes, ainsi que par le dépassement radical de tout ce que nous connaissons.

Face à l’offensive transphobe et réactionnaire, nous ne manquons pas de cibles à abattre pour avancer notre libération. Nous appelons ainsi à participer à la riposte trans et à la dynamiser vers une transoffensive !

Face aux volontés de limiter l’accès à toute transition au bon vouloir de l’ordre médical, nous prenons notre autonomie en main pour produire et obtenir librement nos hormones, pour se partager des savoirs communs et transitionner comme on le désire, sans qu’aucun médecin ne puisse rien avoir à en dire. Face aux tentatives de repsychiatrisation de nos transitions, nous nous opposons non seulement à celles-ci mais aussi au système psychiatrique dans son ensemble, ainsi que de tout autre système carcéral.

Face à la répression constante de nos luttes et de l’autodéfense, nous ne voulons pas seulement finir dans les « bonnes » prisons ou cellules, mais en finir avec toute forme d’enfermement. Face aux appels à la « protection » des enfants et à la défense de la famille nucléaire, nous assumons notre volonté d’abolir la famille et de permettre la pleine autonomie et autodétermination des enfants, dans leur choix de transitionner comme de mettre le feu à leurs écoles suite à un énième meurtre policier.

Face aux lois répressives qui nous forcent à travailler pour se payer un logement minuscule, dans un contexte où les personnes trans sont appauvries en plus grandes proportions, nous continuerons de tenter d’occuper des lieux sans l’accord des propriétaires, et de construire ensemble des modes de vie en opposition à la cellule familiale et à l’isolement imposé par la société capitaliste. Face au règne de la propriété privée, nous continuerons de voler, collectivement ou individuellement. Face à la surveillance généralisée, nous ne voulons pas seulement pouvoir changer notre état civil plus facilement : nous refusons tout fichage et toute intervention de l’État dans les façons que nous avons de nous définir et de nous comprendre, et donc tout concept même d’état civil.

Notre autodétermination ne s’arrête pas à attaquer l’État qui régit nos corps dans un territoire donné, nous désirons l’abolition de toutes les frontières et de tous les États qui les gardent, pour l’autodétermination de tous les individus. Nous sommes contre tout, car nous voulons tout, et tout de suite !

Dans cette optique, nous proposons de ne pas laisser ce mois des fiertés se dérouler dans le calme et la pacification habituelles. Sortons des carcans usuels pour ponctuer tout le mois – et au-delà – d’actions autonomes et décentralisées en tout genre. Que ce soit seul∙e, en groupes affinitaires ou dans des cadres ouverts plus larges, retrouvons-nous pour détruire tout ce qui nous opprime. Discutons des possibilités d’action et de débordement des cadres, partageons savoirs et compétences offensives, et mettons-les en pratique ! On propose aussi une cartographie de quelques adresses liées à divers politiciens, militants, organisations ou institutions transphobes pour commencer à donner quelques idées, qui a bien sûr vocation à être complétée, et ne saurait être exhaustive.*

Il existe mille façons de faire chier les transphobes, soyons créatif·ve·s, donnons nous les moyens de faire et surtout de faire sans se faire attraper !

Nike les fachos,

https://framacarte.org/fr/map/carte_190163 *

*Nous recommandons chaudement d’ouvrir cette cartographie via des moyens numériques sécurisés (ToR au minimum).