Takakia #2

Hululements crépusculaires pour une résistance libre et sauvage

90 pages – printemps 2024

prix libre (coût de fabrication 1,75 euros)

abonnement de soutien : 20 euros (3 numéros par an)

tirage 1000 exemplaires

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Sommaire

ARTICLES ET RECITS

Solidarité avec l’insurrection kanak

Résister à la technosphère

Guerre aux plantes

Libérer la nature… ou défendre des terres agricoles ?

Au carrefour de la logistique. La géographie du transport industriel

Les sons de la disparition

Bòsc. Récit d’un carnage.

Au plus profonde de la nuit, la lune est la plus claire. Plongeon dans l’effervescence écologiste et le sabotage anti-industriel dans les contrées allemandes

Contact !

Il y aussi quelque chose de triste dans notre fascination pour la rébellion des orques.

Quitter les sentiers battus

Des tirs dans la nuit. Quand un franc-tireur prend le système techno-industriel dans sa ligne de mire

RUBRIQUES

Résistances hexagonales

Bloquer ce qui empoisonne

Journées d’action contre le béton

No passarail

Devant la porte des ecocidaires

Perturbation d’un débat sur la future mine de lithium

Mobilisation contre les géants de l’électronique à Grenoble

Contre la relance nucléaire, riposte anti-autoritaire

Perturbation d’une réunion publique pro-nucléaire à Bure

Bribes et fragments de la résistance contre l’A69

Mauvaises herbes

Cueillette printanière: Broccoli sauvage et Egopode

Aguérissement

10 minutes

Contes

Ainsi nous leur faisons la guerre. Épisode 2: Back to Basics

Recensions

Nous n’avons qu’une seule terre & Retour aux sources du Pléistocène

La part sauvage du monde

La rueé minière au XXIe siècle

ANNEXES

La Gazette. Dépêches de la résistance férale

Petites annonces

Collapso Quiz

Petite présentation de la revue :

Sur le plateau tibétain, au nord des géantes de l’Himalaya, une plante rare s’accroche aux falaises granitiques glacées, témoins robustes du Jurassique. Sur le toit de la planète, les pousses vertes de cette plante restent proches du sol, dépassant rarement l’épaisseur d’un doigt, et ses feuilles sont minuscules. Très rare, son vert vif et éclatant n’a été observé que par peu d’humains. Le nom vernaculaire en japonais, nanjamonja-goke, reflète bien la résilience hors commune dont fait preuve cette plante : la « mousse impossible ».

La mousse Takakia, est le plus vieux genre taxonomique de plantes connu. Elle a probablement 390 millions d’années, plus vieille que le supercontinent Pangée qui a commencé à se séparer il y a 200 millions d’années pour former les continents tels que nous les connaissons aujourd’hui. Si Takakia est particulièrement âgée, les mousses sont parmi les plantes les plus vielles sur terre. Leur résilience, leur capacité d’adaptation et d’évolution sont tout simplement uniques, ce qui les rendent capables de prospérer presque partout : dans les déserts les plus secs comme dans les forêts luxuriantes, sur les collines de l’Antarctique balayées par les vents et aux sommets des montagnes.

Dans le monde moderne, les mousses, pourtant si fondamentales pour le vivant, ont été relégués au décor. A proximité de la présence humaine, elles font souvent l’objet d’une impitoyable guerre chimique afin de les expulser du pavé et du béton, des cadres, des fenêtres et des seuils de portes. Est-ce que ce serait une coïncidence que dans les imaginaires de villes en décrépitude, dans des rêves de la chute de la société industrielle, les mousses – plantes porteuses de vie et résilientes face aux pires pollutions et radiations – sont parmi les premières à recouvrir les ruines des usines et des métropoles, des autoroutes et des déchetteries ? Dans la revanche de la nature, les mousses avancent. Et avec elles, la vie non-domptée, le sauvage, la farouche, le rudéral.

Takakia a survécu à au moins quatre extinctions massives dela faune et de la flore, toutes dues à des changements climatiques. Ce n’est pas la première fois que les mousses voient les glaciers fondre. Mais aujourd’hui un défi autrement plus grand se dresse devant la mousse impossible. Désormais, sa résilience mythique est mise à rude épreuve par la crise écologique totale qu’est la société industrielle. C’est ce que Takakia sur le plateau tibétain raconte aux humains qui sont allés la trouver : d’année en année, son combat se durcit, mais sa résistance ne faiblit pas. Elle recule, mais elle se bat, inlassablement. Takakia marque une ligne de démarcation : résistance et liberté ou soumission et agonie. Le souvenir des mousses qui ont verdi la planète et ont donné naissance à tout ce qui vit et croît à la sortie de chaque ère de cataclysmes n’a pas été effacé. Aasaakamek, celles qui couvrent la terre. Aujourd’hui, cette force viscérale vient nourrir le fabuleux rêve de les voir couvrir les ruines industrielles de l’Anthropocène. Chaque pousse de Takakia rappelle le défi actuel : œuvrer à la chute de la société industrielle ou périr avec elle ; résistance libre et sauvage ou soumission morbide.