Près d’un demi-siècle après la mort du dictateur Franco (tranquillement, dans son lit !) ses crimes, et ceux de ses partisans, pendant et après la guerre civile sont restés impunis, sous tous les gouvernements qui se sont succédé depuis la période dite de « Transition ». Gouvernements de droite (rien de surprenant), comme de gauche (tous les partis d’opposition avaient accepté l’héritage politique franquiste en échange de leur légalisation). Mais depuis plusieurs années, nombre d’associations mémorielles remettent en question la Loi d’amnistie (amnistie qui consiste surtout à faire le silence sur tous les crimes fascistes). Parmi leurs principales revendications :- L’annulation des jugements prononcés contre celles et ceux qui s’étaient opposés au putsch des militaires factieux en 1936, et ont ensuite poursuivi leur combat contre le régime franquiste.- La mise en œuvre des fouilles permettant de retrouver et dévoiler les innombrables fosses communes qui parsèment tout le territoire espagnol. Fosses communes où furent jetés des milliers de corps de celles et ceux qui s’opposèrent au coup d’État militaire.On aurait pu penser que, sous les derniers gouvernements socialistes, ces revendications auraient pu être satisfaites ; ce n’est, à l’évidence, toujours pas le cas. Le premier point se heurte à la Loi d’amnistie, toujours en vigueur. Quant au second, le moins que l’on puisse dire, c’est que le gouvernement socialiste autoproclamé « le plus progressiste » ne met pas les moyens nécessaires aux recherches et identifications des corps ensevelis.

 

Où  en  est – on  ?

Finalement, ce sont certaines communes, et surtout des associations mémorielles, qui recueillent et débloquent les budgets permettant les fouilles mettant à jour les fosses communes. Inutile de préciser que les budgets alloués sont assez limités et très variables suivant les régions et ceux qui les dirigent (il y a les décisions de l’État central, mais aussi des Communautés autonomes aux couleurs politiques différentes). Un exemple récent, la Cantabrie s’est dotée, aux dernières élections, d’un parlement dominé par la droite (Parti Populaire : 15 sièges) appuyé par l’extrême-droite (VOX : 4 sièges).

Évidemment, ce parlement autonome s’accommode fort bien de la Loi d’amnistie assurant l’impunité des crimes franquistes. Face à ce parlement et à la mollesse des socialistes du PSOE, se dresse l’Association « Mémoire et Démocratie de Cantabrie», qui remet en cause les différents points de la Loi d’amnistie en dénonçant l’agressivité subie par les organisations victimes du franquisme, et en présentant un « catalogue » de revendications et propositions.

On y trouve pêle-mêle, et dans le désordre :

  • 1) la dénonciation des procès sommaires, emprisonnements illégaux, tortures, bombardements des populations civiles sans défense, camps de concentration (en Espagne), travaux forcés (esclavage), disparitions « forcées », exécutions extrajudiciaires, expropriations illégales de biens, déportations, violences sexuelles comme moyen de harcèlement et terreur, exil politique, etc.
  • 2) Dénonciation, pour l’après-guerre, de la répression systématique exercée contre les femmes, les vols de bébés, les assignations à résidence des femmes encore en vigueur jusqu’aux récentes décennies (années 1980).
  •  3) Dénonciation du manque quasi total de vérité, justice et réparation.
  •  4) Dénonciation de la légitimation de ceux qui tirèrent profit du travail esclavagiste et de la spoliation des biens des victimes de la répression
  • 5) Dénonciation du silence sur le rôle complice de l’Église catholique officielle avec les structures du système franquiste.
  • 6) Dénonciation de la limitation de la Mémoire à la période de la guerre en ignorant que tout ne s’arrêta pas à la mort de Franco, mais qu’on continua de constater des atteintes aux droits humains pendant la « Transition ».

 

 

Arrêtons-là cet inventaire de mesures énoncées en Cantabrie, mais aussi par d’autres associations, dans d’autres régions d’Espagne, mesures qui n’ont pas été retenues sous la mandature du gouvernement socialiste (crainte de déplaire à une partie de l’électorat), et qui ne risquent pas de l’être sous un gouvernement de droite (il ne faut pas « réveiller un passé douloureux » !).

 

 

Bref, le combat mémoriel n’est pas prêt de se terminer, que ce soit sous un gouvernement socialiste (PSOE) « le plus progressiste » (sic), sous un gouvernement de droite  (PP, et ses habits neufs du franquisme) ou d’extrême-droite  (VOX se réclamant carrément du créateur de la Phalange, parti fasciste de José Antonio Primo de Rivera, grand admirateur de Mussolini).

 

 

 

Ramón

Groupe Salvador Seguí