[zad] rencontres intergalactiques du 24 au 28 août : espaces de résistances
Publié le , Mis à jour le
Thèmes : Prisons / Centres de rétentionRacismeResistancesZad
Lieux : Notre-Dame-des-LandesZAD
à L'ambazada - zad nddl
Ils nous empêchent de respirer ? Foutons-les en l’air !
Un virus traverse le monde : le virus de la révolte. Elle est vêtue d’un gilet jaune ou armée d’un parapluie, ornée d’un paliacate zapatiste, un genou à terre, poing serré et levé … à visage découvert ou bien masquée, la révolte ressurgit pour revendiquer le droit de vivre, libres, égales, égaux …
Pour préserver leurs privilèges à tout prix, les tyrans au pouvoir lâchent la bride aux instincts les plus inhumains, intentionnellement ils étouffent la vie. Ils spéculent sur la misère et nous pompent l’air en ventilant sans cesse leurs promesses cyniques. Ils voudraient nous maintenir sous contrôle, en survie artificielle. Alors que tous les jours certain.e.s d’entre nous risquent leur peau face à leurs violences policières.
Mais les temps changent et le vent tourne. Partout sur la planète gronde un courant d’air vif. Il insuffle espoir, amitié et solidarité entre les sacrifié.e.s, qui n’acceptent plus qu’on les prive de leur existence. Une bouffée d’oxygène entre gaz lacrymos et gaz à effets de serre pour celles et ceux qui veulent tout changer. Tout n’est pas précipitation, mais tout le monde se retrouve dans la cohérence de l’urgence, les jeunes se projettent dans l’avenir, d’autres se préparent depuis longtemps. On s’organise, des courants convergent, des horizons s’ouvrent, on reprend haleine. Les poumons remplis du désir d’une autre vie, d’espaces d’autonomies, d’humanité partagée, soufflons sur les braises encore et encore ! Du 24 au 28 août 2020, retrouvons-nous sur la Zad de Notre Dame des Landes pour attiser l’énergie collective au delà des frontières
Programme des rencontres
(Sous réserve de changements et autres pandémies)
Un service de multi-traduction via des émetteurs FM sera assuré par le collectif Bla, apportez votre téléphone + écouteurs si vous voulez être autonomes, sinon du matériel sera à mis à disposition.
Nous souhaitons défrayer les intervenant.e.s et les musicien.e.s, au moins pour leur transport, et nous avons quelques frais de location de matériel à couvrir. Une caisse de dons à prix libre sera disposée au point d’accueil pour permettre à tou.t.es les participant.e.s de contribuer aux frais de l’événement.
Lundi 24 août
14h Ambazada > Projection : “Le char et l’olivier” (2019) de Roland Nurier sur l’histoire de la Palestine, de son origine à nos jours.
16h Ambazada > Proche-Orient. Vivre ensemble dans l’égalité et la justice ?
La Palestine apparaît et disparaît des fenêtres médiatiques au gré de événements violents, renvoyant dos à dos les protagonistes du conflit. L’aspect colonial est gommé : le peuple autochtone palestinien, marginalisé et réprimé, continue d’être une population étrangère dans son propre pays. Le soutien s’organise et des Juifs antisionistes tent de faire bouger des lignes idéologiques et politiques. Quelles lectures et perspectives peut-on tirer de ces dynamiques, où en est la campagne de boycott aux produits Israéliens, quid des enjeux stratégiques actuels, des espoirs d’égalité et de justice ? Avec Pierre Stambul, membre de l’Union Juive Française pour la Paix.
17h30 Ambazada > Jeju-do (Corée du Sud). Les enjeux de la lutte contre un second aéroport
L’île de Jeju est un haut-lieu touristique né dans les années 1980. L’île, habitée par 600000 personnes, reçoit plus de 15 millions de touristes par an. Un second aéroport est en projet depuis 2015 pour doubler cette fréquentation en 2035 et fait l’objet d’une forte contestation locale. Localement, après la fin de l’occupation japonaise en 1945, Jeju-do connaît un processus révolutionnaire violemmentréprimé en 1948-1949 par le gouvernement sud-coréen et l’armée américaine. Cette mémoire, strictement interdite jusqu’à la fin des années 1990, n’est pas sans lien avec l’éclosion de diverses luttes locales pour résister à l’industrialisation touristique et retrouver le sens de la localité. + Visio-conf (à confirmer) et apéro coréen.
19h Scène extérieure 1 > concert des Bonheurs Inutiles
21h30 Ambazada > Présentation de la lutte de Hong Kong
Rappel du contexte historique et du statut spécial du territoire de Hong Kong et pourquoi il y a eu le mouvement des parapluies en 2014 (qui était en fait, une ZAD géante qui a duré 3 mois dans les axes principaux de la ville et de l’île). On abordera le mouvement de révolte de juin 2019 jusqu’à la période Covid, avec des dates clés comme la nuit de collusion entre les forces de police et les mafias locales, l’attaque de la police dans le métro, les jeunes ados qui se sont fait tirer dessus à bout portant, la mort d’une excellente nageuse de 14 ans dans des circonstances qui laissent planer le doute du rôle de la police. Pour parler aussi de l’actualité avec la loi de Sécurité Nationale, les arrestations de manifestants agitant des feuilles blanches et plus récemment, l’interdiction pour les partisans pro-démocratie de se présenter aux élections législatives.
23h Ambazada > Projection d’un enregistrement diapos commentées par un militant de Hong Kong.
21h30 Espace Chapiteau > Projection : “Zusammen haben wir eine chance” (90 min – sous-titré en Anglais). Le film “Ensemble, nous avons une chance” documente les mouvements et les luttes antiracistes auto-organisés depuis la chute du mur de Berlin du point de vue des personnes touchées par le racisme en Allemagne.
Mardi 25 août
10h30 Ambazada > Kichwa ! Projections d’un court docu sur la communauté autonome de Sarayaku en Equateur. Visio-conf avec des membres de cette communauté (à confirmer).
11h00 Ambazada > Mapuche ! Visio-conf avec des membres de cette communauté en lutte (à confirmer).
14h Ambazada > Chiapas. Evolutions et avenirs des communautés rebelles Le soulèvement zapatiste de 1994 avait apporté de l’espoir et ouvert des imaginaires chez nombre de milieux militants du monde. Malgré la guerre de basse intensité menée par le gouvernement Mexicain, les communautés rebelles, épaulées par des « brigadistes » volontaires internationaux, poursuivent le développement des projets d’autonomie et d’autres initiatives dépassant leur territoire. Avec Lumaltik Herriak, association Basque de soutien aux communautés zapatistes.
15h15 Ambazada > Abya Yala (Abya Yala : « Terre dans sa pleine maturité » à la place de « continent Américain ») / Europe : les Femmes de la Sexta s’organisent dans l’autre Europe Nous sommes maintenant plusieurs milliers de par le monde à avoir répondu présentes à l’appel des femmes zapatistes à nous rencontrer dans les montagnes du Chiapas. Ce moment a permis à beaucoup d’entre nous de comprendre la nécessité d’une organisation tant locale qu’internationale. « Tu n’es pas seule companera » : dans le cœur de chacune résonne cette phrase et c’est en l’ayant à l’esprit aujourd’hui que nous nous sentons plus fortes pour affronter l’hydre capitaliste et patriarcale et que nous avons décidé de nous organiser par-delà les frontières. Avec la collective Fxmmes de la Sexta dans l’Autre Europe – Réseau de résistance et rébellion.
Survol de plusieurs luttes au Mexique : Présentation du rassemblement « Combo pour la vie » en décembre 2019 au Chiapas, puis un topo sur les mégaprojets en cours : Train Maya, Corridor transocéanique, PIM, aéroport de Santa Lucia… Présenté par des membres du Réseau de Rébellion et de Résistance Fxmmes de la Sexta dans l’Autre Europe.
16h30 Ambazada > Présentation de “Bloque Latinoamericano”, un réseau d’organisations sociales et politiques latino-américaines de gauche, féministes et internationalistes de Berlin.
17h Ambazada > Equateur, mémoire des révoltes Situation politique en Equateur depuis la révolte d’octobre 2019. Rétrospective commémorative du 30ème anniversaire du premier soulèvement indigène, jour historique pour les résistances du continent d’Abya Yala. Projection : “Le premier soulèvement indigène” (sous-titré en français)
18h30 Ambazada > “Mur-mur moi Valparaíso” Documentaire audio-photos 50 min, réalisé en 2018. Un panorama de la ville qui fait écho à l’atmosphère du Chili avant l’explosion sociale d’octobre 2019.
19h30 Scène extérieure 1 > concert de Buterflai groupe Basque qui interprète des chansons principalement écrites par des personnes incarcérées dans les prisons d’État espagnoles.
21h30 Ambazada > Chili. L’effervescence sociale bouillonne à nouveau dans les rues Ce n’est pas que la hausse du prix du métro qui est la cause de la révolte, mais 46 ans d’abus et d’humiliation d’un système de profiteurs. Le monde des affaires libère sa meute de policiers et de militaires sociopathes, n’ayant aucune idée des droits humains fondamentaux. L’éducation au Chili est désastreuse. Un système conçu pour que les pauvres n’aient pas accès à la culture et ne soient qu’une main d’œuvre bon marché. Les enseignant.e.s, les infirmièr.e.s, les travailleuses et travailleurs en général, gagnent un salaire de misère. Les forêts, les lacs, les plages, les routes ont aussi été privatisées. Le prix de l’eau, de l’électricité, des carburants est en constante augmentation. Encore de nos jours les indigènes sont battus et tués. Ce Système et cette Idéologie de la mort ne tiennent pas et nous ne pouvons répondre qu’avec plus de Rébellion, d’Organisation et une “Nouvelle Culture”, celle de la Solidarité, de la Coopération, de l’Autonomie, de l’Économie Communautaire et Solidaire, de l’Autogestion et de la protection de la Nature dont nous faisons partie. Hasta que la Dignidad se haga Costumbre… y Valga la pena Vivir !
21h30 Espace Chapiteau > Projection : “La sinfonica de los Andes” (115 min – sous-titré en français). Le Nord du Cauca est la région de Colombie la plus touchée par le conflit armé interne depuis 1940. C’est là qu’émerge un orchestre de musique ancestrale composé de jeunes indigènes de l’ethnie Nasa qui, avec leurs instruments, leur voix et leur poésie, se souviennent de Maryi Vanessa Coicue, Sebastian Ul et Ingrid Guejia, trois des centaines d’enfants indigènes qui sont morts à la suite de cette guerre entre les guérillas de gauche, les groupes armés d’extrême droite, les trafiquants de drogue et l’État colombien.
23h Ambazada > Projection : avant-première du docu “Les pieds sur terre, chronique de l’Estallido social” (25min). Le 18 octobre 2019, l’insurrection prend dans tout le Chili. En arpentant les rues, il est peut être possible d’entrevoir ce que la lutte est venue bouleverser. La voix d’une habitante de la capitale fait écho à la rage, la dignité et la créativité qui se lisent dans les murs de Santiago.
Mercredi 26 août
10h30 Espace Chapiteau > Les étoiles de la guerre. Des cantinières de la Commune de Paris aux cantines engagées autogérées d’aujourd’hui, la nourriture reste la discrète substantifique moelle des luttes. Comment se nourrir les un.e.s les autres, pour ne plus manger dans la main du capitalisme ? Ravitaillements et repas partagés, un avant-goût d’autonomisation alimentaire populaire. Cultiver ensemble la nourriture, échanger des savoir-faire, des recettes, se rencontrer en partageant des moments de saveurs, mélanger nos rêves pour mijoter d’autres réalités…”Nourrir les ventres pour laisser libre la pensée”. Discussion avec Fahima Laidoudi du Réseau Graine Pop des Luttes de Montreuil et d’ailleurs, co-organisatrice du festival des cantines autogérées, avec la participation du collectif des Lombrics Utopiques de Sucé sur Erdre, des équipes de l’Autre Cantine de Nantes, des membres de l ‘Internationale Boulangère Mobile, du Réseau de ravitaillement de Rennes, de la Cagette des Terres et de cantines militantes Vegan.
14h Espace Chapiteau > Écologie sociale et municipalisme libertaire. Des approches réalisables ? La nature, les sociétés sont en crise et les gouvernements et les industriels détournent les idées écologistes en générant de nouvelles sources de bénéfices. Dans ce contexte, la pensée de Murray Bookchin qui en appelle à un changement de vision globale (qui a inspiré l’organisation sociale au Rojava), peut-elle s’avérer essentielle, efficace ? L’écologie doit-elle se faire plus sociale ? Doit-on investir les instances locales pour socialiser des pratiques égalitaires, transformer les rapports de pouvoir ? Avec deux personnes qui ont bien connu Murray Bookchin et traduct.rices.eurs de « Pouvoir de détruire, pouvoir de créer » et Floréal Romero, auteur du livre « Agir ici et Maintenant ».
16h30 Espace Chapiteau > Quelle auto-défense collective face aux violences policières ? La vague d’émotion et de révolte suite à la mort de Georges Floyd a permis, à l’appel du comité vérité et justice pour Adama Traoré, de réunir des dizaines de milliers de personnes à Paris le 02 juin 2020, ce qui a permis d’imposer le débat public sur les violences policières sans pour autant réussir à créer un réel rapport de force constant. Pour construire un rapport de force dans la durée, il nous faut aller plus loin dans les débats sur la police, sur son abolition, son remplacement par d’autres formes de gestion collective. Par exemple, dans le cas français, où en sommes-nous de nos revendications qui ont des décennies comme celle du démantèlement des BAC, du désarmement de la police, de l’interdiction du plaquage ventral, ainsi qu’une douzaine d’autres revendications portées par les familles des victimes… Nous devons, en puisant dans les expériences de par le monde et dans notre mémoire des luttes, souvent occultée ou non transmise, réfléchir à des stratégies pour en finir avec la police telle qu’elle existe. Table ronde avec la Fahima du collectif Vies Volées, avec la participation de membres des collectifs « Justice et vérité pour Babacar », collectif « Désarmons-les », l ‘Assemblée des Blessé.e.s.
19h Scène extérieure 1 > Concert Cyril Auchapt – Intergalactik Musik
21h30 Espace Chapiteau > « Univers Transversal » avec Malcom Ferdinand. Le navire monde dans lequel nous voguons est aujourd’hui encore fondé sur l‘esclavage. Comment sortir de la pulsion d’exploitation que quelques humains prédateurs imposent encore aujourd’hui à autrui, à l’ensemble du vivant et globalement à l’environnement ? Comment transformer la volonté de puissance primaire d’une minorité dominante qui enferme l’ensemble de l’humanité dans des empires hiérarchiques : économiques, politiques, dogmatiques, qui dévastent de façon toujours plus efficace nos conditions de vie sur cette planète ? Comment dépasser la raison du plus fort qui encourage la rivalité entre individus, entre sexes, entre clans, entre classes, entre prétendues races, pour construire enfin du sens commun, du partage, du respect, de la vie collective, un sentiment d’appartenance à ce même navire monde ?
21h30 Ambazada > Projection : “Espero tua revolta” (90 min – sous-titré en français). “J’attends ta révolte” suit les luttes étudiantes brésiliennes depuis les marches de 2013 jusqu’à la victoire du président Jair Bolsonaro en 2018. Inspiré par le langage du mouvement, le film se concentre sur les voix de trois étudiants, représentants des axes centraux de la lutte.
Jeudi 27 août
10h30 Ambazada > Bretagne, les renouveaux du mouvement Indépendantiste, avec des membres de Douar ha frankiz
10h30 Espace Chapiteau > Présentation des luttes en Indonésie. Mines, conflits agraires, destruction de l’environnement. L’arrivée à la présidence de Joko Widodo en 2014, censée faire tourner la page de l’ère dictatoriale de Suharto, a fait considérablement augmenter les conflits agraires. On y découvrira aussi la situation de la Nouvelle-Guinée occidentale, où la population locale exige un référendum d’autodétermination pour se désannexer de l’emprise indonésienne. Visio-conférence avec Javeira Rosa, activiste pour des Droits Humains et membre du mouvement féministe en Papouasie, qui lutte contre le racisme de la part de l’Etat indonésien envers les femmes en Papouasie de l’ouest.
12h30 Grand repas Indonésien
14h Ambazada > Rojava. Les aléas d’une révolution Plusieurs milliers d’internationalistes sont partis combattre les islamistes de Daech aux côtés des forces révolutionnaires Kurdes. A peine la victoire sur Daech était-elle proclamée que le gouvernement des Etats-Unis s’en attribuait le mérite et invitait le président Turc Erdogan à envahir les territoires conquis sur le « califat » dans le nord de la Syrie. Les intérêts géostratégiques des grandes puissances ont-ils eu raison de l’utopie communaliste mise en place dans les cantons autonomes Kurdes ?
Avec un combattant des YPG et auteur du livre « Plaidoyer pour le Rojava ». (Visio- conf à confirmer) et Tony Rublon, du magazine Kedistan et président des amitiés Kurdes de Bretagne. Présentation par un membre du CCFR du livre « Hommage au Rojava », sortie prévue en septembre.
16h30 Espace Chapiteau > Pays Basque. Un processus de paix bloqué ?Depuis l’arrêt de la lutte armée d’ETA en 2011, la gauche indépendantiste a choisi des voies pacifiques et institutionnelles pour tenter d’arracher des reconnaissances dans divers domaines. De courtes avancées ont été obtenues, le paysage politique s’est transformé mais ces virages stratégiques posent débat autour des objectifs et des moyens entrepris. De nouveaux courants émergent et de vieilles revendications refont surface. Quels bilans, quels lendemains pour les luttes de ce pays ? Avec Filipe Bidart, ancien militant de l’organisation Iparretarrak
16h30 Ambazada > Indonésie (suite) : Rangga va présenter l’expo des affiches sur les murs de l’Ambazada, en solidarité avec les paysans dans leur lutte contre l’accaparement de leurs terres.
Projection du film « Sexy killer » de Watchdoc sur les dégâts de l’industrie minière, notamment celle du charbon pour la production d’électricité. “Media et films documentaire” présentation par Dandhy Laksono.
18h45 Scène extérieure 1 > Contre le bétonnage imminent des rives de l?estuaire de la Loire et l?extension du port autonome Nantes-Saint Na- zaire , le Collectif Carnet et le Village du Peuple appellent à l?action.
19h30 Scène extérieure 1 > Concert
21h30 Ambazada > Projection : “Mugetatik’at – Au-delà des frontières” (37min). Documentaire traitant des violences policières en Pays Basque et en France. ZAD de Notre-Dame-des-Landes, quartiers populaires, Loi Travail, mouvements des Gilets Jaunes… À chaque contestation, sa répression.
21h30 Espace Chapiteau > Projection : “I am the revolution” (75 min – sous-titré en français). Présenté par sa réalisatrice Benedetta Argentieri, ce documentaire rassemble le témoignage de trois femmes luttant pour la liberté et l’égalité des genres, vivant dans trois des pires pays concernant les conditions des femmes : Afghanistan, Syrie et Irak. Le film nous fait découvrir les lames de fond féministes au Moyen Orient.
22h30 Ambazada > Projection : “A nos corps défendants” (90mn). Ce film que ianB vient présenter recueille des témoignages de familles victimes des crimes d’e l’État français. Il aborde la question de la domination, ou comment l’Etat traite les corps étrangers pour mieux les contrôler. Il est question de racisme, de torture et d’un combat vital pour la vérité. Les protagonistes de ce film n’avaient pas choisi de devenir un jour visibles, mais les violences systémiques en ont fait des combattant·e·s, à leurs corps défendants.
23h30 Espace Chapiteau > Projection : “La Bataille de la Plaine” (75 min, 2020) Ce film présenté par Nicolas Burlaud, un des réalisateurs, raconte la longue bagarre qui a opposé les habitants de “la Plaine”, notre quartier du centre de Marseille contre un projet de “requalification” et de “montée en gamme” du marché et de la plus grande place de Marseille, et la SOLEAM, Société d’Aménagement de Marseille, qui menait ce projet. Dans les faits, le conflit s’est fini par la construction d’un invraisemblable mur de 2,50 de haut en béton tout autour de la Place, sous protection quasi-militaire, au milieu des gaz lacrymogènes. Au-delà d’un conflit local, le film dresse un état des lieux d’un processus de gentrification des villes désormais généralisé. Il permet également de questionner un urbanisme sans doute dépassé qui exclut toute participation des habitants.
Vendredi 28 août
10h30 Ambazada > Algérie. Forces et fragilités d’un mouvement populaire. Le surgissement populaire du 22 février 2019 exprimait le refus d’un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika ainsi que la volonté de « dégager » le système en Algérie. Pour la première fois dans l’histoire de ce pays, des milliers, des millions de personnes ont manifesté chaque semaine en bravant les menaces du régime militaro-policier. Si l’élection d’un nouveau Président puis le Covid-19 ont marqué un coup d’arrêt à la mobilisation, la répression étatique s’est en revanche poursuivie. Avec un observateur régulier du Hirak.
14h Espace Chapiteau > Présentation du Mouvement Yoallahsuuren par un jeune activiste du Cameroun. Ce mouvement concerne l’ensemble du continent africain, qui subit toujours plus l’ingérence impérialiste de la Françafrique et de la Chinafrique. Ces puissances étrangères continuent à piller les richesses du continent africain, en entretenant les dictatures, les guerres territoriales et les guerres de denrées, exploitant les populations africaines, déstabilisant le tissus social et dévastant l’environnement de ce continent.
14h Ambazada > “Las Kellys”. Las Kellys est une organisation de femmes en Espagne, exilées pour la plupart, qui nettoient les hôtels et qui se battent pour leurs droits de travailleuses. Elles ont un syndicat très actifs dans différentes villes. Vania, une des “Kellys” viendra présenter leur lutte et leur documentaire.
15h30 Ambazada > Récits de l’exil. Projection : « Plongé dans le noir ». Le court-métrage de la commission jeunesse de la FASTI. Après deux ans de travail d’écriture et de réalisation, le film des jeunes de nos associations est sorti ! Ce court-métrage documentaire écrit et réalisé par 30 jeunes migrant-e-s retrace les moments marquants de leurs parcours migratoires.
Suivi d’une discussion avec des militant.e.s du GASPROM (Groupe de Solidarité, de Partage, de Révolte, pour l’Ouverture du Monde et des Frontières) membre de la FASTI (Fédération des Associations de Solidarité avec Tou-te-s les Immigré-e-s).
17h Ambazada > Toutes aux Frontières : présentation de l’Action Féministe contre les frontières européennes les 17 et 18 octobre 2020.
Accueil, camping, expos et tables d’info, concerts, cantine à prix libre conscient, bar, autogestion, visites de la ZAD… Tout coup de main est bienvenu ! Nous nous rassemblerons en adaptant les formes et la taille de la rencontre à l’évolution de la situation sanitaire, ainsi qu’en nous appuyant sur ce qu’offre la zad en terme de grands espaces extérieurs et d’infrastructures. Merci de prendre avec vous tentes, duvets, lampes frontales, grosses laines (climat Breton le soir), masques et gel hydro-alcoolique.
Infos pour accéder à la Zad : https://zad.nadir.org/spip.php?article7&lang=fr
Si vous voulez vous inscrire dans l’organisation logistique, écrivez à : contactintergalactique@riseup.net
Pour + d’infos pratiques et mise à jour de la programmation :https://zad.nadir.org/ https://www.nddl-poursuivre-ensemble.fr/ ou sur la page facebook : www.facebook.com/zadnddlinfo/
Front commun avec le Carnet et le village du peuple de Donges : Cette semaine se veut aussi un moment de convergence avec les autres luttes contre des projets destructeurs autour de la Loire. Le site naturel du Carnet et les fermes et prairies autour du Village du Peuple à Donges sont menacés par des projets d’extension industrielle du Grand Port Maritime de Nantes Saint Nazaire. Au Carnet, Le Grand Port Maritime projette dès la fin d’année 2020 de détruire quelques 110ha de zone naturelle, qui abritent pas moins de 116 espèces protégées et 51 ha de zones humides, en bord de Loire pour aménager un parc “éco-technologique”. Ce projet mortifère fait aussi partie des 12 sites livrés “clés en mains” par Macron aux industriels. De Donges au Carnet, il y a urgence à stopper la condamnation à mort de l’estuaire de la Loire. Un week-end de mobilisations inter-luttes aura lieu aussi les 29 et 30 août prochains pour implanter la résistance au Carnet. Des rendez-vous/visites sont à prévoir du côté du Village du Peuple. Nous invitons les participant.es à Zadenvies à leur rendre visite aussi à ces occasions. Plus d’infos sur la lutte au Carnet : stopcarnet.fr Pour suivre le Village du Peuple à Donges
:https://www.facebook.com/pages/category/Cause/Le-Village-du-peuple- 2090939627641088/ Camping sur place + cantine. Merci de prendre avec vous tentes, duvets, lampes frontales, masques et gel hydro-alcoolique.
Cette semaine intergalactique est l’occasion de s’informer, d’échanger de débattre avec l’appui de personnes investies ou ayant été investies sur différents fronts. Ce sera aussi un moment de rencontres informelles et diverses dans une atmosphère d’autogestion, pour continuer à se connaître et s’organiser pour les nombreux combats qui se préparent dès aujourd’hui…
Plus que jamais, Terre et Liberté !
Tiens les traîtres.ses, fiché.e.s, ami.e.s des préfectures, autoritaires et vendu.e.s veulent faire croire à une radicalité ?!
“La seule utilité des appelistes est de rendre l’astrologie et la traîtrise respectable”
Que de blabla! Avec tout ce romantisme et ces jolis mots, on se demande à qui vous vous adressez. Enfin non, disont que c’est surtout très visible.
Alors on s’ennuie sur l’ex ZAD ? S’occuper des récoltes pour sa petite exploitation biobio finalement c’est pas si marrant ?
Quand vous parlez de “composer”, c’est sur le même mode que le CMDO qui nous avait sorti ce mot pour expliquer pourquoi il fallait absolument s’allier avec tout.e.s les citoyennistes (de l’ACIPA qui crachait dans la presse sur les occupant.e.s à EELV qui faisait son fond de commerce électoral) et se dissocier des autres occupant.e.s qui n’étaient pas dans cette stratégie politicienne pour garder son petit jardin et sa petite exploitation ?
Ce monde nouveau que vous proposez n’a rien de désirable, ça n’est que la suite des multiples traitrises que les mouvements ont vécu de la part d’arrivistes de votre genre.
Allez, un peu de lectures pour les personnes qui n’auraient pas encore eu toutes les infos (ou que celles des “vainqueurs”)
La brochure « Le mouvement est mort ! Vive… la réforme ! » – https://infokiosques.net/spip.php?article1530
« Appel pour retrouver un sens politique à la lutte qui se mène aujourd’hui sur la ZAD » – https://nantes.indymedia.org/articles/41490
« Que reste-t-il du champ des possibles ouvert par la zad ? » – https://infokiosques.net/spip.php?article1678
« Le milieu est pavé de bonnes intentions » – https://infokiosques.net/spip.php?article1707
« Réflexions à propos de la ZAD : une autre histoire » – https://infokiosques.net/spip.php?article1734
Les maos régionalistes de l’ex zad invitent, dont les différents nationalismes !
Bureaucrates, vous nous crevez, on vous crèvera !
Le programme est tellement dense que vos reporters dévoué.es ne pourront établir qu’un récit partiel des rencontres…
Premier jour des rencontres intergalactiques
Nous arrivons en milieu de journée à Notre-Dame-des-Landes sur le site des rencontres établi dans le champ qui jouxte l’Ambazada. Y sont déjà installées : la cantine des Schmrutz, le four de l’Internationale Boulangère Mobile, la scène pour les concerts, le chapiteau de la mutmat, l’espace enfant organisé par la Bulle (collectif rennais de garde d’enfants pendant les luttes), l’énorme camion qui fait office de bar, le “barbar”, …
La fidèle équipe de traduction simultanée bla est également présente, à l’étage de l’Ambazada. Les radios circulent dans le public pour pouvoir assister aux discussions en espagnol et en anglais.
Enfin, covid oblige, les participant.es se masquent en entrant dans l’Ambazada, – comme au bon vieux temps !!
Palestine
Nous commençons ces rencontres par la projection du film “Le char et l’olivier” (2019) de Roland Nurier sur l’histoire de la Palestine, de son origine à nos jours.
Ensuite, Pierre Stambul, membre de l’Union Juive Française pour la Paix, nous raconte la situation actuelle en Palestine, notamment à Gaza, où 2 millions de personnes sont enfermées sur un rectangle de 10km sur 40km.
Hong-Kong
Après le repas du soir, nous assistons à une présentation du mouvement des parapluies de 2014 à Hong kong, puis de la lutte des deux dernières années, par une militante hong-kongaise. De nombreuses images sont projetées, notamment sur les occupations d’université et la répression des milices pro-chinoises et du gouvernement chinois.
Depuis juillet 2020, la fameuse loi de sécurité est passée. Plusieurs dizaines de personnes ont déjà été arrêtées sous le coup de cet loi répressive.
Deuxième journée
Le temps est maussade mais la pluie n’effraye pas les plus de 300 personnes déjà présentes aux rencontres. Tout le monde se regroupe sous les structures pour manger les salades et le gaspacho délicieux de la cantine.
Amérique latine
Abya Yala : « Terre dans sa pleine maturité » à la place de « continent Américain »
En ce début d’après-midi, nous assistons à une présentation des brigades d’observation des droits humains au Chiapas face à la militarisation du territoire zapatiste par le collectif Lumaltik Herriak, une association basque de soutien aux communautés zapatistes.
Intervention des membres du réseau de la Sexta (sixième déclaration des zapatistes en 2005).
Résistance à des méga-projets soutenus par le nouveau président Obrador.
Au sud du Mexique, le gouvernement mexicain veut créer une boucle ferroviaire, le “train Maya”. Ce projet touristique irait du Yucatan jusqu’à l’entrée du golf du Mexique et relierait des sites archéologiques mayas et des stations balnéaires.Il menace les espaces naturels tout au long de son trajet. Il vise à drainer le flot intarissable de touristes arrivant à Cancun, l’une des plus grandes stations balnéaires mondiales. L’EZLN a défilé pour s’opposer au projet qui menace certains de ses territoires et qui s’insère dans un projet d’aménagement capitaliste beaucoup plus ample. Il est en effet également censé se connecter à un autre train inter-océanique de marchandises lui même connecté à un mega-projet en cours : celui de la construction de milliers d’éoliennes construites dans l’isthme de Tehuantepec, de “l’énergie verte” pour les multinationales européennes.
Les communautés indigènes résistent également à la construction au sud de la capitale Mexico, de deux centrales thermoélectriques : le projet PIM et à celle de l’aéroport de Santa Lucia.
#yoprefierolavida
Mercredi 26 août
Troisième journée des rencontres intergalactiques qui ont lieu sur la zad de Notre-Dame des Landes. La foule afflue davantage chaque jour. Les gens sont venus des quatre coins de France et d’ailleurs pour se plonger dans d’intenses discussions sur l’état des luttes aux quatres coins du monde. Nous sommes maintenant plus de 400.
Les discussions se sont enchainées toute la journée sous un grand chapiteau, face à une scène sur laquelle les concerts se succèdent la nuit tombée.
Des visites sont organisées tous les matins, pour faire découvrir la zad à toutes celles et ceux – très nombreux.ses – qui n’ont jamais foulé le sol de la zad.
Pour lire le compte-rendu des deux premières journées : Rencontres intergalactiques à la zad : Premières journées
La journée commence par une petite séquence de test des micros. Une équipe de traduction éblouissante est présente sur toute la semaine : Bla. Les traductions sont simultanées, et résonnent en anglais, espagnole et français dans des radios portables à disposition. Toute personne peut donc intervenir dans une de ces 3 langues.
Les étoiles de la guerre – Cantines en lutte
Discussion avec Fahima Laidoudi du Réseau Graine Pop des Luttes de Montreuil et d’ailleurs, les Lombrics Utopiques de Sucé sur Erdre, des équipes de l’Autre Cantine de Nantes, des membres de l’Internationale Boulangère Mobile, du Réseau de ravitaillement de Rennes, de la Cagette des Terres, de la cantine des Schmrutz et de la zad.
À travers les camps et les évènements de ces dernières années, on se rend compte que les cantines sont capitales. Le travail que représente le fait de nourrir les gens est très conséquent, des cantines ne cessent de se monter.
Cette discussion est une invitation à les rejoindre ou à leur filer des coups de main un peu partout.
Introduction de Fahima de Graine pop des luttes.
On vient pas de nulle part, on s’inscrit dans une histoire de lutte. Si la commune libre de Paris – ça fera 150 ans l’année prochaine – a pu tenir 70 jours, c’est grâce aux cantinières [1]. À l’époque c’était la misère, avec la peste qui n’était pas très loin, donc le ravitaillement était crucial. Pourtant c’est très peu documenté. On imagine qu’elles ont certainement fait les robins des bois, et vider les réserves de l’État pour se ravitailler.
Juste après les barricades, les premières à subir la répression sanglante, c’était les cantinières. Elles ont été photographiées pour les ficher et éviter qu’elles aillent en Allemagne continuer à nourrir les luttes.
La première coopérative de cantine a été mise en place par un type de l’AIT [2], dont le premier objectif était de permettre la réunion des travailleurs sans mouchard. Ça leur permettait effectivement de se retrouver, de manger sainement et pas cher, c’était un abonnement.
Il y a très peu d’image de tout ça, si des étudiant.es cherchent des sujets, il faut travailler là-dessus !
Tout ça pour dire que nous on a rien inventé, on vient d’une histoire collective dans laquelle on va puiser ce qui a marché et pas marché.
Tour de table des cantines
Les lombrics utopiques
Nous faisons des cultures collectives avec des personnes exilées, sur Nantes. On ravitaille “L’autre cantine” grâce à ce qu’on produit. Une partie de ces légumes permet de nourrir aussi une autre cantine mobile de lutte. Pour ça on a acheté du matériel pour faire à manger pour 100-200 personnes. On récupère aussi auprès de producteurs locaux, le plus possible végétariens et biologiques, et on va sur les lieux de blocages ou de manifestations. Les gens peuvent nous contacter pour nous demander de venir.
Un retour d’expérience qu’on peut faire, c’est sur la marche pour le climat de 2018. Avant la marche, beaucoup des jeunes étaient allés à Mac do ou au kebab. Y’avait une forme de dissonance cognitive. La marche suivante, on est venu avec la cantine mobile et des discours sur les manières de s’autonomiser. C’est donc un moyen pour nourrir les luttes mais aussi pour interpeller et discuter directement avec les gens de questions politiques. Par contre on a été assez peu visible, c’est assez important de pouvoir être bien visible sur les places publiques.
La cagette des terres
C’est un réseau de ravitaillement dans le pays nantais. Ça fait 3 ans qu’il agit dans le coin, depuis 2017. Cette initiative vient de la zad, mais aussi de paysan.nes du coin. Dans les années 70, à partir de 68, il y a eu un grand lien entre paysans, étudiant et ouvrier. Les paysans venaient ravitailler les usines, et les étudiants venaient travailler dans les fermes. On trouvait que c’était quelque chose d’important à remettre au goût du jour. On voulait redonner une continuité à cette histoire.
Le fonctionnement de la cagette s’articule autour de 4 piliers :
les producteurs et productrices du pays nantais. Ils et elles nous donnent ou nous vendent des choses, au prix qu’ils veulent.
l’équipe qui fait les repas, qui va sur place, etc.
des petites mains, qui donnent des coups de mains pour faire des conserves, etc.
les cotisants solidaires, qui donnent de l’argent. Certaines sections syndicales sont devenues cotisantes.
On a construit une structure mobile, une sorte de très belle remorque, qui nous permet d’emmener les repas, mais aussi du matériel de sono, etc. Cette structure est très visible et c’est déterminant. Nous on a fait beaucoup de petit déjeuner sur les piquets de grève, parce qu’on s’est rendu compte que c’était un moment très dur pour les grévistes, à 5h du matin… Donc on fait souvent les petits déjeuners et les banquets de grève. On a participé intensément au mouvement des retraites.
Il y a un petit réseau qui s’organise entre les différentes cantines et réseaux de ravitaillement ici (Lombrics utopiques, L’autre cantine, Réseau de ravitaillement de Rennes, etc.). Et c’est assez beau de voir ces interactions.
Aussi la cagette des terres est pensée pour intervenir avec de la nourriture, mais ce qui nous importe aussi c’est de mettre des tables et des bancs, marquer notre présence, créer une porte d’entrée pour des rencontres, etc. C’est un outil précieux pour créer des ponts.
Cantine des Schmrutz
C’est une cantine vegan créée il y a une vingtaine d’année, par deux personnes veganes. À l’époque sur la plupart des évènements, les repas n’étaient jamais vegan. Depuis, ces deux personnes se sont mises aussi à produire des légumes.
C’est une structure associative parce que c’était plus facile pour la gestion financière et matérielle. Le vegan est vachement plus facile pour la gestion des produits frais, pour les chaines du froid et la péremption des produits.
C’est aussi les Schmurtz qui nourrissent les rencontres intergalactiques…
L’autre cantine
La cantine s’est créé il y a deux ans, lors d’un campement d’exilé·es qui avait lieu sur une place à Nantes et qui réunissait plusieurs centaine de personnes. On était quelques un·es à faire à manger chez nous, pour nourrir le camp. Un jour on s’est retrouvé pour s’organiser mieux, et des gens nous ont dit qu’ils avaient ouvert un lieu disponible pour faire une cantine.
Le mieux était évidemment que les personnes exilées fassent à manger elles-mêmes, donc les équipes se sont montées comme ça. C’était il y a deux ans, on s’est monté en association pour des questions de praticité, on s’est mis à faire des récup’, et on a aussi tenu beaucoup de discours pour dénoncer les conditions d’accueil et la précarisation galopante. Globalement, on fonctionne avec des récup’ et des dons. Les lombrics utopiques nous filent aussi un sacré coup de main.
On est une quarantaine dans la co-présidence de l’association, mais plutôt une centaine à être actif. Avec un réseau plus large de plusieurs centaine de personne à qui faire appel à des moments.
On fait des cantines quotidiennement depuis deux ans, au square Xavier. Les récup’ auprès des magasins (qui défiscalisent ce qu’ils donnent) nous permettent de tenir ce rythme. On aimerait aussi avoir plus de liens direct avec des producteurs, mais on a du mal à sortir la tête pour voir ailleurs que la gestion quotidienne.
Le lieu nous permet aussi de faire de la distribution de vêtement, de l’accueil de jour, etc. Participer à la cantine est aussi un appui dans les démarches administratives.
L’autre cantine est pas mal suivie à travers la France, on communique souvent sur la situation à Nantes pour les personnes exilées. L’autre cantine a continué pendant tout le confinement.
Cantine de la zad
J’ai participé au camp action climat de 2009 sur la zad, et il y avait 3 cantines. À l’époque le discours vegan était très minoritaire, et 10 ans plus tard ce sont les politiciens eux-mêmes qui disent qu’il faut limiter l’élevage et développer les protéines végétales. Pour moi c’est un thème centrale. Pour sortir de ce système de production, faut mettre les mains dans la terre.
Avec la cantine de la zad, on a changé de nom à chaque fois, la dernière c’était “Vivre libre et nourrir”. Pour le moment y’a plus grand monde dans la cantine, alors on recrute ! Et sinon on sait qu’on peut rejoindre d’autres cantines ailleurs. On est souvent allé à Calais, faire des cantines pour la jungle.
Quand je suis arrivé ici, j’avais beaucoup d’idéaux politiques et je me suis dit qu’il fallait d’abord bouffé et pas juste rester dans le monde des idées.
Graine pop des luttes
La particularité de Graine pop des luttes c’est que c’est un réseau, pas un collectif. C’est un réseau de rencontres qui s’est créé en 2005, quand on se prend de grand coups dans les quartiers populaires. On se dit qu’on va pas s’en sortir tout seul et qu’il faut sauter le mur et aller voir ce qui se passe ailleurs. Pendant les occupations des indignés et de nuit debout, on voit qu’à chaque fois faut recommencer de zéro au niveau du matériel. On se dit alors qu’on va faire du commun, regrouper du matériel et qu’on peut mettre à disposition pour les occupations. On essaie de faire que le matériel revienne. Y’a beaucoup de dons.
Graine pop des luttes, c’est un outil pour les quartiers. Aujourd’hui on est plus trop isolés. Les jeunes de 2016 contre la loi travail se sont rapprochés de nous. En 2005 y’a une phrase de Sarkozy que je kiffe, elle est magnifique il faut le reconnaître : “Si les luttes des quartiers populaires et du CPE se réunissaient ce serait la révolution”. Voilà c’était une bonne claque pour les gauchos. Et là, en 2016 moi j’ai halluciné, les jeunes ils étaient à fond. C’est une nouvelle génération avec laquelle y’a plein de choses qui sont possibles. Y’a une prise de conscience que chacun de notre côté on ira pas bien loin.
Actuellement dans les quartiers, les luttes autogérées sont par terre, complètement déstructurées. Tout ce qu’on avait gagné s’est écroulé. C’est dramatique et je le dis avec les larmes aux yeux. Aujourd’hui les gens se tuent entre eux, et on va vers la favela. Le système en face a tout fait pour nous destructurer, et nous il faut qu’on regarde aussi ce qui ne va pas.
Quand on regarde pas les ennemis communs, on se construit des ennemis entre soi. Donc Graine pop des luttes propose comme outil : la bouffe. Toutes ces histoires dramatiques commencent par des frigos vides. Par des enfants qui ne peuvent plus aller à la cantine parce que les parents ont plus de bouffes. Donc, on commence par là.
En 2016, on a eu deux crimes policiers à Beaumont et aux Lilas. À Beaumont, ils faisaient déjà des choses ensemble avant ça, et donc ils ont pu réagir. Aux Lilas, ils sont tellement écrasés quotidiennement qu’ils arrivent pas à s’organiser, et ce crime est très peu connu.
Pour faire plus court, on montre aux gens comment se nourrir, comment faire de la récup’, comment trouver des plans, etc. Il y a des endroits où les gens achetent de la bouffe pas cher, d’autres qui ne font que de la récup’. Chaque groupe fait comme il veut, c’est ça l’autonomie. On se transmet les expériences, mais chacun fait comme il veut là où il vit.
Là on cherche à monter une structure pérenne, avec un resto et une coopérative.
Réseau de ravitaillement en pays rennais
En 2016 sur Rennes y’avait plusieurs cantines de lutte. On a décidé de fusionner tout ça et de créer le réseau de ravitaillement.
On fait beaucoup de récup auprès des producteur et auprès d’une plate-forme bio. On fait des repas de soutien pour des collectifs de lutte. Parfois on fait un peu de sous, et alors on divise entre de l’auto-financement, des dons pour l’anti-repression et pour des collectifs de lutte.
On était ici en 2018 pendant les expulsions. On a aussi soutenu les facteurs et factrices en grève : on leur faisait à manger et on faisait aussi des paniers repas pour soutenir la grève.
On a aussi soutenu le personnel de Manitou, ils était 13 à faire grève. Notre présence les remotivait, faisait du lien et les soutenait matériellement.
On a aussi fait ça auprès des cheminots.
On est présent.es dans les manifs avec du thé et du café, mais aussi avec des alternatives aux merguez de la CGT, des sandwiches vegan. Le but c’est de motiver les gens, et de faire du lien.
On réfléchit aussi à comment faire pour que ces liens se perennisent dans le temps, avec les producteurs, avec les syndicats, etc. Depuis le confinement, nos distributions ont un peu changé puisqu’on fait beaucoup de ravitaillement auprès des personnes dans la galère. On se demande comment donner du contenu politique à ces distributions.
Internationale Boulangère Mobile
L’IBM a été créée en 2018, ici à la zad, pendant la fête de la victoire contre l’aéroport. On était un grand nombre de personne à faire du pain dans des collectifs et des situations différentes. On s’est demandé comment faire du lien et comment intervenir dans des évènements.
Moi, je fais partie de la Pâte mobile, on fait du pain pour des camarades, et pour des réseaux de soutien. On est bénévole. Mais il y a aussi des gens pour qui faire du pain c’est une manière de se dépatouiller dans le capitalisme et qui gagnent de l’argent comme ça. Donc y’a une grosse diversité de structures parmi nous. On essaie de construire des solidarités parmi nous, en s’échangeant des recettes, des coups de mains administratifs ou des idées. Là y’a l’idée de monter une école de boulangerie autogérée, avec une première session test qui a eu lieu cette année.
Au-delà de la construction de ce réseau, y’a aussi un enjeu autour de notre intervention dans les luttes sociales. Ce qu’on fait pas mal c’est de venir sur des camps internationaux pour faire du pain, comme par exemple à Ende Gälende l’année dernière.
L’IBM est un réseau francophone pour le moment, mais on a envie de dépasser ce cadre et de se lier avec des collectifs d’ailleurs. Et on est toujours à la recherche de nouveaux liens pour renforcer ce mouvement.
Débat
Plusieurs questions et témoignages surgissent après cette présentation, dont la question de savoir comment donner plus de sens politique à ce qu’on fait. Qu’est-ce qui distingue les cantines de luttes des restos du coeur ?
Une personne du public et une autre du réseau de ravitaillement de Rennes témoignent de leur tentative d’écriture de textes ou de banderoles. Ou du fait d’accompagner les distributions de petite revue de presse, d’un agenda des prochains rdv de manif, d’impression d’articles chouettes,…
Une personne de L’autre cantine : “Ce qui nous distingue de l’humanitaire, c’est le fait de ne mettre aucune condition sur les distributions, et d’intégrer les gens dans l’organisation. On ne fait pas les choses pour les gens, on fait les choses ensemble. Il faut de la patience pour réussir à partager ensuite le sens politique de ce qui est tenté, ce n’est pas simple mais on a pas trouvé mieux.”
Une personne de Graine pop de lutte : “Je ne comprends pas le fait de vouloir se distinguer du secours pop : Quand tu distribues de la bouffe, tu fais déjà de la politique, les gens ils discutent, etc. Quand tu vas chez l’assistante sociale tu ressors encore plus dégoutée. Alors quand tu rencontres des gens bienveillants, déjà tu relèves la tête. Les gens ils posent des questions, s’informent sur qui tu es. Nourrissez déjà les ventres vides, et après ça laissera de la place pour réfléchir !”
Une personne de la cagette des terres : “Nous on ne nourrit pas les luttes, on ne nourrit pas le monde. Les gens qu’on rencontre ce ne sont pas des gens qui ont faim, même si y’a des galères bien sur. Donc nous c’est sur qu’on se triture pour trouver comment donner un autre sens à ce qu’on fait. On se dit moins qu’on nourrit, mais qu’on agit sur des ambiances, qu’on tient la rue, etc.”
Une autre de la cagette des terres : “Tout ça ne s’oppose pas, et ce qui nous traverse tous je pense, et qui nous distingue des autres organisation, c’est qu’on est capable de prise de risque bien plus fortes, d’audace, y compris quand le pays est confiné et que toutes les autres orga sont fermées…”
Murray Bookchin, écologie sociale & communalisme
Intervention de Floréal Romero.
Murray Bookchin est revenu en force depuis l’autodétermination du Rojava. Territoire sur lequel sa pensée a été réactualisée concrètement par le PYD. Pour Floréal Romero, ce resurgissement nécessite une compréhension plus complète et une adaptation de sa théorie à ce qui se joue ici et maintenant.
Romero est un espagnol exilé qui attend la mort de Franco pour retourner sur la péninsule. En attendant, il cherche de l’inspiration dans l’anarchisme, où il ne trouve que des sigles vidés de leur contenus. C’est à travers la lecture de Murray Bookchin qu’il prend l’initiative d’agir concrètement. De retour en Espagne en 1987, il constate l’effacement de la mémoire populaire par 40 ans de franquisme. La reconstruction est difficile. Il tente de mettre en place un éco-village, cela s’avère vite être une impasse. Il se consacre alors à la réactualisation de la pensée de Bookchin.
Murray Bookchin
Murray Bookcin naît en 1921 dans le Bronx, au sein d’une famille juive exilée de Russie. Il est marqué par l’assassinat de Sacco et Vanzetti en 1927. Sa grand-mère lui dit : « n’oublie jamais ce que fait le capitalisme à ceux qui s’y opposent ». Lorsqu’il a neuf ans, son père meurt, il doit travailler pour survivre. Il entre au parti communiste, vend des journaux et prend des cours du soir avec des ouvriers. En 1936, il est en désaccord avec la ligne du parti qui considère les socialistes comme des fascistes. Là-dessus s’ajoute l’alliance entre l’URSS et l’Allemagne nazie et le soulèvement espagnol. Ces événements le forcent à quitter le parti et il tente de rejoindre les Brigades internationales, mais à 15 ans il est trop jeune pour partir sur le front. Il rejoint alors une organisation trotskyste. Peu de temps après Trotski est assassiné et le trotskysme éclate en groupuscules. Bookchin s’intéresse particulièrement à la question écologique.
En 1948, 500.000 ouvriers mènent une grève très dure aux États-Unis. La bataille est gagnée par le patronat. Les syndicats se muent en comités d’entreprise et les ouvriers acceptent les améliorations proposées par le patronat. Le syndicalisme-révolutionnaire, socle combatif de Bookchin, s’effondre. Le prolétariat s’effrite, la classe ouvrière est démantelée et intégrée dans l’amélioration capitaliste. Le mouvement est à la recherche d’un nouveau sujet révolutionnaire, l’ouvrier ne faisant plus office.
En 1962, Bookchin publie un livre qui met en lumière les pollutions de l’industrie agricole et les destructions de l’écosystème qu’elle engendre. Pour lui la première contradiction du capitalisme, celle qui consistait à réduire en l’esclavage le prolétariat pour fonctionner, a pris fin aux États-Unis. Il révèle la deuxième contradiction du capitalisme : pour exister, l’économie est obligée d’anéantir toutes formes de vie. C’est sa structure même, croître ou mourir, qui oblige cela. Bookchin affirme qu’il n’y a pas d’aménagement possible du capitalisme. Il publie Our Synthetic Environment quelques mois avant Silent Spring de Rachel Carlson, qui déclenche un raz-de-marée dans la politique fédérale envers les biocides de synthèse. Murray Bookchin passe inaperçu car, contrairement à Rachel Carlson, il remet fondamentalement en cause le capitalisme.
L’écologie sociale
Les 4 piliers de l’écologie sociale de Murray Bookchin sont :
1. Le Constat. Il est facile à établir et il est plutôt consensuel : le capitalisme détruit le vivant.
2. L’Analyse. Bookchin considère le capitalisme comme un système économique obligé de croître, un sujet automate, qui détruit irrémédiablement tout ce qui entre en contact avec lui. Il décrit l’État comme une pièce fondamentale du capitalisme qui solutionne les conflits de classe, formalise et normalise les altérités, et surtout favorise le marché. Il pense l’État et le capitalisme comme interdépendants.
3. Le but. Sortir du capitalisme.
Bookchin puise de l’inspiration dans les types de cultures ou de sociétés qui ont précédé le capitalisme, tout en prenant en compte les nécessités et spécificités locales.
4. Les moyens.
Effacer toute forme de domination.
Très inspiré de la révolution espagnole, il critique toutefois la décision de la CNT de ne pas assumer le pouvoir en Catalogne. Il critique les leaders ainsi que l’absence de structure qu’il considère comme favorisant toujours les plus forts. Il considère le consensus comme une manière pour les plus insistants de prendre le pouvoir. Il pousse à aller déceler où se situe réellement le pouvoir et à distinguer entre le pouvoir qui engendre des rapports de domination et le pouvoir de créer, d’imaginer, de mettre en place. Il pense qu’on ne peux pas tourner le dos aux lieux où se prennent les décisions, qu’il faut prendre en main nos affaires là où on habite. Il propose, dans le communalisme, de se présenter aux élections municipales pour prendre le pouls des forces en présence. Cela pour développer des assemblées décisionnelles qui ont pour but de remplacer les conseils municipaux. Ces assemblées ont pour tâche de prendre en considération le milieu dans lequel elles naissent, qu’il soit social, écologique, quelles que soient les différences entre les habitants de ce milieu. Pour mettre au point sa pensé, il tire le meilleur de la critique marxiste du capitalisme, le rejet de toutes formes de domination issu de l’anarchisme, la nécessité de prendre en compte la variété des formes de vie de l’écologie et la structure du confédéralisme. En effet, une structure fédérale permet l’articulation entre les différentes communes.
Bookchin critique férocement les technologies dans leur utilisation actuelle, tout en mettant en avant le rôle libérateur auquel on peut les employer. Il admet que les décision doivent se prendre à la majorité, tout en considérant les positions minoritaires.
Il critique deux positions qu’il juge extrémistes, la première étant de considérer que l’humain peut dominer les autres règnes vivants, la deuxième que l’humain est un animal. Il voit l’être humain comme singulier des autres règnes, sa différence avec les animaux étant la conscience de soi, la pensée rationnelle et la capacité d’imagination. Son rôle est alors d’inventer des formes d’organisation sociale et de les entretenir dans le respect de son milieu et des êtres vivants qui le compose.
Tournée de cookies pour tout le monde
Quelle auto-défense collective face aux violences policières ?
Avec des membres des collectifs « Justice et vérité pour Babacar », collectif « Désarmons-les », l’Assemblée des Blessé.e.s et Vies volées.
On assiste à une montée du fascisme, du racisme, des crimes policiers aujourd’hui dans de nombreux pays. Depuis quelques années, on parle de ces thématiques là sur la ZAD et on fait du lien avec les familles des victimes.
Vies Volées
Fahima Laidoudi présente le collectif Vies Volées : depuis 2011, Ramata, sœur de Lamine Dieng a la volonté de réunir toutes les familles de victimes.
Car chaque famille repart à zéro à chaque crime policier : trouver un avocat, parler aux médias, … De plus, les mêmes mécanismes se mettent en place de la part de la police : effacer les preuves, culpabiliser les victimes, … Vies volées a la volonté de mettre les expériences de ces familles en commun : Trouver de l’argent pour l’avocat, avoir une liste d’avocat, …
La question qu’on a envie de se poser aujourd’hui c’est : Quelle police voulons-nous ?
Vérité et Justice pour Babacar
Présentation de Awa Gueye.
Le 3 décembre 2015, Babacar a été assassiné de 5 balles dans le dos dans le quartier de Maurepas à Rennes. Il faisait une crise d’angoisse et avait besoin de pompiers. Mais c’est la police et la BAC qui sont venues et qui lui ont tiré dessus. Awa insiste sur le fait que c’est parce que Babacar était un enfant de tirailleur sénégalais, un homme noir, que la police l’a assassiné. La police a porté plainte contre Babacar le jour où il a été tué.
Quand Awa a appris la mort de son petit frère, elle a mené seule l’enquête dans les jours qui ont suivi pour connaître la vérité sur la mort de son frère. Babacar a été enterré au Sénégal. Mais Awa est revenue en France pour mener la lutte avec toutes les familles de victimes de violences policières, et aussi auprès des gilets jaunes.
Les policiers ont demandé une mutation, mais continuent à porter des armes.
L’expertise balistique a révélé l’année dernière qu’aucune balle n’est arrivé en face de Babacar.
De plus, les scellés des armes ont été détruits « par erreur ».
Awa a demandé une reconstitution des faits. Elle a demandé des nouveaux éléments.
Les policiers sont prêts à tout pour étouffer le dossier mais Awa ne lâchera pas le combat.
Présentation du collectif Désarmons-les et de l’assemblée des blessé.es
Ian du collectif Désarmons-les commence son intervention avec une citation de la sœur de Jacob Blake, Letetra Widman : « Je ne suis pas triste, je ne veux pas de votre pitié, je veux le changement ».
Depuis 2012, le collectif a des liens avec « Urgence notre Police Assassine », puis avec des personnes mutilées lors de manifestations, dans les quartiers et dans les stades.
Le lien s’est fait lors de l’état d’urgence et de l’assignation à résidence de 25 anarchistes et 800 personnes de la communauté musulmane en 2015.
On combat la police comme institution raciste et l’histoire coloniale française. On est dans une perspective décoloniale, anti-nationaliste, anti-autoritaire et libertaire. On a aussi une approche sensible : on se pose la question de qu’est-ce que ça implique d’être blessé·e, en disqualifiant l’approche viriliste. Ce n’est pas non plus une association d’aide aux victimes, on fait avec les familles. C’est un collectif horizontal, sans leadership assumé, et réflexif sur les questions de race et de genre.
Ces dernières années, avec le collectif, on a fait des tables rondes, des formations sur les armes de la police, des manifestations, des actions, de l’éducation populaire, des formations sur le maintien de l’ordre colonial, des accompagnements juridiques, des témoignages de moralité, des plaidoyers, des tribunes de dénonciation, et on a aussi participé à la commission d’enquête parlementaire sur le maintien de l’ordre (là on a touché à nos limites en termes institutionnels). On soutient des campagnes abolitionnistes, on demande le désarmement de la police : grenades, taser, mais aussi matraque et tonfa… On soutient financièrement les blessé·es, on fait des accompagnements psychologiques des victimes, on soutient les campagnes des familles de victimes comme la campagne contre les techniques de plaquage ventral (« Laissez-nous respirer ») ou comme la campagne contre la loi « permis de tuer » (qui a par exemple permis un non-lieu confirmé dans la mort d’Angelo Garand).
On a participé à diffuser les applications « bad citizens » (sur les droits juridiques) et « Urgence, violence policière » (qui permet de filmer la police et d’envoyer les données directement sur un serveur).
On prépare aussi une campagne contre les experts judiciaires (qui sont ceux qui innocentent les flics) et une autre pour faire pression sur les sociétés d’assurance (parce que le fait d’être blessé en manif’ rentre dans la catégorie « émeutes et violences urbaines » et n’est jamais pris en charge par les assurances).
La situation actuelle nous permet d’assumer plus clairement des objectifs comme le démantèlement de la police. Ce qui pose directement la question : Qu’est-ce qu’on fait sans police ?
Deux groupes aux USA réfléchissent concrètement à l’abolition de la police : « 8 to abolition » & « MPD150 ».
Lutter pour l’abolition de la police demande que nous reprenions en main notre sécurité quotidienne, et pose la question de la justice communautaire.
La question de la justice réparatrice demande que nous nous questionnons sur nos attitudes face à toute sorte de conflits, des plus grave aux plus quotidiens. Qu’est-ce qu’on fait face aux viols, aux meurtres, aux troubles psychiatriques ? La première chose à se dire, c’est qu’on n’appelle plus la police ! Au pire, on se rend dans le commissariat mais on ne les fait pas venir dans nos communautés parce qu’ils font de la merde une fois sur deux, et l’autre fois ils ne servent à rien.
On ne va pas brûler les prisons tout de suite, on va d’abord les vider, notre stratégie n’est pas réformiste, mais on y va de pas à pas :
• Définancer la police, empêcher le remplacer les policiers, … agir pour la démilitarisation des communautés, le désarmement de la population…
• Vider les prisons. Bloquer la construction de nouvelles prisons,
• Décriminaliser les pratiques de survie (vagabondage, prostitution, vol à l’étalage, …).
• Investir dans les services communautaires, dans nos communes, … On réinvestit l’auto-organisation de la sécurité communautaire.
• Procurer des logement pour tou.tes parce que les personnes à la rue sont les premières victimes des violences d’État. Procurer des Soins pour tou.tes, faire attention les un.es aux autres (le care).
• Rappeler la dimension internationale de ce combat, l’importance de l’abstentionnisme et la méfiance envers les institutions.
Distinction entre répression et oppression :
On s’est concentré dans nos milieux militants sur l’anti-répression. Or, un militant blanc de classe moyenne, quand il va en manifestation, il choisit d’y aller, il va au devant des violences policières.
A contrario, l’oppression va vers les personnes qui n’ont pas choisi. L’auto-défense se situe du côté de ces opprimés (exemple des blacks panthers).
Pour soutenir les familles de victimes de violences policières, on appelle à aller aux marches blanches, signer des pétitions, partager l’information, filer de la thune, imprimer des stickers, vendre des t-shirts, coller des affiches, …
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Notes
[1] Il y avait aussi 1 ou 2 hommes, mais c’était surtout des femmes
[2] Association Internationale du Travail