[nantes] combattre le racisme aujourd’hui
Published on , Edited on
Themes: Racisme
Places: Nantes
17
Nov
on Saturday 11/17/2018 at 1:30 pm
CEMEA, 102 rue St Jacques 44200 Nantes (en face l'entrée de l'hôpital).
CEMEA, 102 rue St Jacques 44200 Nantes (en face l'entrée de l'hôpital).
S’informer et débattre, avec Gérard Kerforn, responsable national du MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples).
Thèmes abordés : les différentes formes de racisme, le racisme systémique, le communautarisme, le caractère universel du racisme et du combat antiraciste, les limites de l’action juridique (internet), liberté d’expression et lutte contre le racisme…
Juste je m’interroge en voyant les thèmes abordés.
1° Les différents types de racisme ? Je crains fortement que derrière cette formulation se cache la volonté d’aborder le thème popularisé par des théoriciens réactionnaires du racisme anti-blanc. L’expérience du festival afroféministe Nyansapo organisé par Mwasi à l’été 2017 a montré que les mouvements antiracistes dit de gauche n’avaient aucune vergogne à relire l’histoire du racisme et a accusé les personnes racisées d’être racistes envers les Blancs.
Pour aller plus loin :
http://www.regards.fr/societe/article/pourquoi-le-racisme-anti-blancs-n-existe-pas
https://www.franceculture.fr/societe/le-racisme-anti-blancs-existe-t-il
2° Le communautarisme ? J’espère qu’il sera question d’évoquer la réalité de ces ghettos de riches, comme le XVIème arrondissement dont les habitant-e-s ont lutté contre l’installation d’un centre d’hébergement pour SDF et ont voté aux présidentielles à 80% pour François Fillon. J’espère qu’ils parleront des grandes écoles qui accueillent uniquement des bourgeois blancs. J’espère qu’ils parleront d’Alliance Vita qui lancé une campagne contre la PMA sans père à l’échelle de toute la France ou de ces églises intégristes implantées à Nantes.
Pour aller plus loin : https://www.dailymotion.com/video/x4wu9e2
J’espère qu’au moins les personnes qui lisent ce commentaire et sont dans la perplexité se pencheront sur les ressources vers lesquelles je renvoie. Aujourd’hui, la thématique du racisme anti-blanc a gangréné tous les milieux militants et l’emploi du terme communautarisme vise à stigmatiser des communautés qui n’ont pas choisi de vivre dans des lieux de ségrégation sociale et qui trouvent un refuge dans la conservation d’une culture minoritaire.
Final en mode tract : Attaquez-vous aux dominant-e-s, aux structures d’oppression et arrêtez de faire passer pour des combats progressistes de gauche le recyclage humaniste des thématiques de l’extrême-droite.
Bisous
Pas très honnête intellectuellement ce procès d’intention alors que le débat n’avait pas eu lieu.
Il n’y a d’ailleurs jamais été question de racisme anti blanc.
Poser des questions sur les différentes formes de racisme ou le communautarisme n’est pas imposer des réponses mais susciter la réflexion.
“Attaquez-vous aux dominant-e-s, aux structures d’oppression et arrêtez de faire passer pour des combats progressistes de gauche le recyclage humaniste des thématiques de l’extrême-droite.”
Les militantes et militants qui combattent depuis toujours les idées d’extrême-droite et luttent concrètement pour l’égalité des droits apprécient la leçon !
Se définir comme antisouchien, c’est pourtant se situer sur le terrain de l’ED. en reprenant leurs termes.
Tout le monde est concerné par le combat antiraciste qui doit être universaliste et pluriel.
Le combat antiraciste aujourd’hui
Tel était le titre de la formation organisée dans le local des CEMEA* à Nantes le 17 novembre dernier avec, comme intervenant, Gérard Kerforn, de la fédération des Landes, membre du bureau national du MRAP.
Les fondateurs de notre mouvement, le 22 mai 1949, ne pouvaient évidemment prévoir que 70 ans plus tard, ce combat resterait toujours indispensable même si les formes en ont changé.
Dans son rapport paru l’an dernier, la CNCDH** a rappelé clairement qu’”au-delà d’une simple question morale, la lutte contre le racisme est une mission d’utilité publique, puisque le racisme est un renoncement aux valeurs républicaines et une menace pour la démocratie.”
L’exposé de Gérard a donné lieu à des échanges enrichissants. Il était structuré autour des points suivants.
– Le combat antiraciste est universaliste. Les replis identitaires s’observent sur tous les continents mais les aspirations à l’égalité aussi. Cet universalisme implique de ne pas isoler l’antiracisme des combats contre d’autres discriminations comme l’homophobie ou le sexisme.
– Dans nos sociétés occidentales, les séquelles du colonialisme, de l’esclavage ou de la collaboration dans la construction de l’idéologie raciste sont essentielles à prendre en compte. Mais il faut éviter une explication raciale du racisme (post colonisés ou “racisés” contre post colonisateurs par exemple). Ce serait négliger la question sociale surdéterminante dans les rapports de domination. D’autant plus que la hiérarchisation des racismes et les cloisonnements identitaires sont récupérés par l’extrême-droite. Les exclus doivent se réunir au-delà des origines réelles ou supposées. Les mémoires ne doivent pas s’opposer mais se partager. L’islamophobie n’a pas remplacé l’antisémitisme, elle s’y est ajoutée. Combattre le racisme, c’est en combattre toutes les formes.
– Considérations morales et explications politiques doivent structurer le combat antiraciste. C’est ce qui a toujours inspiré le travail de proximité du MRAP et a permis l’adoption des lois antiracistes en créant les rapports de force nécessaires.
– Ces lois ont cependant des limites. Si elles nous permettent de sanctionner les
auteurs d’actes racistes, elles sanctionnent peu le racisme systémique (contrôles au faciès, violences policières) et l’explosion du racisme sur internet.
-Le travail idéologique contre les préjugés et le développement des actions de terrain (sport, culture, fêtes) doivent être étroitement associés pour lutter contre les fragmentations identitaires.
Au-delà de recettes pour améliorer la société, il s’agit bien de redonner à la dignité humaine toute sa place. L’enjeu est de construire ensemble notre avenir commun.
Et pour ce combat, nous ne sommes pas trop nombreux.
*CEMEA : Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Éducation Active
**CNCDH : Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme