[bure] week-end de renforcement de l’occupation et rencontres intercomités
Themes: EcologieKurdistanNucléaireResistances
Places: Bure
Maison de Résistance - rue de l’Eglise, Bure
Il y a quelques jours à peine, nous avions déjà le sentiment que ces rencontres inter-comités étaient cruciales. Et puis il y a eu le 17 janvier et l’abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Désormais, nous vous invitons à ce rendez-vous des 3-4 mars avec la conscience claire et précise, lumineuse, qu’un mouvement large et divers, porté et amplifié par des comités de lutte présents sur l’ensemble d’un territoire, peut en quelques années venir à bout de toute l’obstination d’un État et de ses gouvernements successifs. C’est une brèche qui s’ouvre. Le moment est plus que jamais venu de nous réunir, de nous organiser, de sortir des cases et des lieux qu’on nous assigne pour mieux nous tenir en respect, et de donner vie partout à la lutte antinucléaire. On ne nous atomisera jamais
Dépasser l’échelon local : s’organiser contre Cigéo !
Vous le savez : depuis 20 ans l’Andra colonise la Meuse pour y implanter le centre de stockage radioactif Cigéo, un site industriel titanesque, presque unique au monde. Le projet avance malgré des failles de sécurité énormes, récemment pointées par un rapport de l’ASN ; les rachats de terre étouffent les agriculteurs et l’argent qui coule à flot muselle les élus… Mais la désertification progressive de la zone, soigneusement orchestrée par des nucléocrates soucieux d’acceptabilité par le vide, n’a pas pour autant empêché des dizaines de personnes de s’installer à Bure ces dernières années, et d’y rejoindre la lutte menée avec obstination depuis deux décennies…
Boycott du débat public, camp VMC, 200 000 pas, occupation, expulsion, réoccupation, chute du mur, réréoccupation, grilles de l’écothèque, semaine d’action, 15 aout… Les grandes dates des années écoulées sont connues, nous les avons égrainées comme des mantras, d’infotours en infotours, de publications en publications. Mais c’était toujours des moments qui s’ancraient ici, à la frontière de la Meuse et de la Haute-Marne. Des moments que l’État et l’Andra aimeraient cantonner au statut de lutte locale, d’épiphénomène facile à circonscrire.
Au mois de septembre 2017 une vague de perquisitions change la donne et entraîne une vive réaction de Rennes à Toulouse en passant par Paris, Lyon et le Limousin, de Florence à Biedefeld, et même jusqu’au Rojava. Passée l’indignation, une évidence subsiste : la lutte contre Cigéo peut désormais surgir partout. Cette réaction de soutien montre encore une fois que les territoires en lutte comme Bure, NDDL, Roybon ou encore l’Amassada n’ont pas seulement pour objet la protection d’espaces singuliers, mais bien la lutte éminemment partageable et partagée contre une conception du monde faite de gestion utilitaire et capitaliste des territoires : des campagnes aménagées comme des lieux de production et de dépôt, des banlieues comme réserves à main d’œuvre servile, des centres-ville comme lieux mercantiles sécuritaires et aseptisés…
C’est bien aussi pourquoi l’action ne doit pas rester cantonnée au Bois Lejuc mais rentrer en résonance avec d’autres luttes, d’autres lieux, d’autres rêves. La propagande médiatique et politicienne voudrait faire passer celles et ceux qui luttent pour une poignée de criminels, une « association de malfaiteurs », quelques dizaines de personnes isolées au fin fond de la Lorraine. Mais depuis des mois, des dizaines de comités contre Cigéo se forment et commencent à résister à leur manière partout : à Toulouse, Lille, Lyon, Angers, Blois, Paris, La-Roche-Bernard, Mende, Albi, dans le Jura, Dijon, Saint-Père-en-Retz, Longwy, etc.
Marche, chantiers, discussions !
L’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, désormais officiel, peut nous donner une force nouvelle pour agir partout où nous sommes contre le monde de profit et de mort qu’ils veulent construire. Car bloquer Bure, c’est bloquer la filière nucléaire dans son impossible exutoire. Cela ne se fera pas en un claquement doigt : il faut sortir de l’apathie et de la résignation qui nous paralysent depuis les grandes victoires antinucléaires de Plogoff, du Pellerin, du Carnet, de Neuvy-Bouin ; relever la tête et reporter ce combat au premier plan des luttes anticapitalistes et écologistes, partout. Tant qu’il y aura des centrales et des déchets à gérer pour des siècles ou des millénaires, il n’y aura pas de changement social profond.
Mais comment faire ? Comment garder le lien entre nous malgré la distance, nos différents contextes de vies, le temps qui passe trop vite ? Comment se coordonner et agir de concert pour faire reculer le monstre ? Comment garder le même niveau d’information sur les dossiers techniques, les recours juridiques et les échéances à venir? Comment réagir de manière coordonnée à de nouveaux travaux sur place? Déjouer les ruses de la répression qui isole et démoralise? Construire un mouvement suffisamment fort pour mettre en échec toute tentative d’expulsion du bois Lejuc d’ici à l’automne 2018 ?
Pour réfléchir à tout cela, pour débattre, se rencontrer, s’outiller et renforcer l’occupation de la forêt, nous invitons tous nos soutiens, individus, associations et comités de lutte antinucléaire à venir se rassembler sur la zone le 1er week-end de mars. Le rendez vous est donné samedi 3 à 10H devant la Maison de Résistance, puis nous marcherons vers la forêt. S’en suivra un week-end de ballades, de chantiers collectifs, de créations artistiques sur pans de murs à l’abandon, de discussions et de fête. Un week-end pour accorder nos montres avant le printemps et faire retentir nos voix partout où des aménageurs bétonnent avec mégalomanie.
Et si vous êtes trop loin pour venir, vous pouvez profiter de l’occasion pour nous écrire sur burepartout (at) riseup.net, nous dire où vous en êtes, vos idées, vos besoins… Ou bien même organiser des rencontres intercomités régionales ce week-end là ou plus tard, des rassemblements locaux ou des actions de soutien. Ca nous fera très chaud au coeur.
On a hâte de vous voir !
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Infos pratiques
Programme prévisionnel
Vendredi : on vous accueille avec plaisir! Et même quelques jours avant, il y aura toujours des trucs à faire et de fantastiques repas à partager !
Samedi : RDV à 10H pour le café / Départ à 10h30 pour la forêt / Cantine collective en forêt / Après-midi de chantiers, ballades, grimpe et peinture / Cantine du soir et lecture musicale à la Maison de Résistance.
Dimanche : journée de discussion : présentation des comités / état des lieux de la lutte, des projets de l’andra, des prochaines échéances et de la répression / discussions en petits groupes sur les pistes d’action des comités. Soirée festive pour celles et ceux qui restent !
Les jours suivants : n’hésitez pas à rester un peu pour finir les chantier et passer des bons moments!
Transport
Le rendez-vous est donné à BZL (la Maison de Résistance), au 2 rue de l’Eglise, 55290 Bure.
Si vous avez de la place dans votre voiture ou si vous cherchez un trajet, n’hésitez pas à utiliser notre site de covoiturage bure’car’bure.
Hébergement
Le sleeping de BZL sera probablement rapidement rempli ! Si vous venez en groupe et que vous souhaitez être hébergé.es ensemble, ou si vous souhaitez éviter le camping en mars, contactez logistiquedodobure (at) riseup.net et on essaiera de vous mettre en relation avec un lieu ami !
Il y aura également des places dans des cabanes en forêt, et possibilité de camper (prévoyez de bonnes couvertures!!) dans les bois ou dans le jardin de la maison.
Truc à penser et à prendre avant de partir :
De quoi dormir au chaud (tentes, couettes, duvets, couvertures…) des chaussures anti-boue, de bonnes chaussettes…
De la peinture pour décorer le mur (il reste de la place!)
Des clefs usb si vous voulez qu’on vous passe brochures, films et autres supports pour des soirées de soutien chez vous.
A savoir aussi qu’il n’y a pas de magasin, distributeur de billets, tabac et autres enseignes commerciales à moins de 15 bornes, il vaut donc mieux prévoir en avance !
Sinon il y a une liste de matos dont on a toujours besoin !
Plus tard dans le mois de mars :
Les chantiers en forêt continueront dans les jours et semaines qui suivent.
Le week-end du 9-10-11 mars : Week-end autour du Kurdistan et du communalisme
Les 15 et 16 mars : Rencontre et discussions autour de l’enfermement des mineurs
APPEL A CONVERGER VERS BURE SAMEDI 3 ET DIMANCHE 4 MARS (Et AVANT et APRES !)
RASSEMBLEMENT INTER-COMITES DE SOUTIEN ET DE LUTTE MAINTENU !
Après l’expulsion du bois Lejuc jeudi 22 février, à grands renforts de gendarmes mobiles et de caméras embarquées de BFM TV, nous sommes profondément touché-e-s. Touché-e-s parce que des dizaines de lieux de vies et des souvenirs inquantifiables ont été, en l’espace de quelques heures, rasés par les bulldozers et les pelleteuses. Touché-e-s, parce qu’en plus de la forêt le 22 février c’est également la Maison de Résistance, lieu historique de rencontres et d’organisation de la lutte qui a été attaquée. Touché-e-s, parce que, à l’issue de cette journée, 2 hiboux sont en prison, en détention préventive. Touché-e-s parce que, immédiatement après la mise en scène médiatique du « retour de l’Etat », des hiboux et chouettes sont remonté-e-s dans les arbres pendant près de 4 jours pour narguer les nucléocrates.
Cette expulsion fait mal, mais cela fait plus de 20 ans qu’à Bure nous luttons sans relâche contre un des pires projets mortifères qui soit. Depuis juin 2016, le bois Lejuc était occupé, défendu, habité, et les travaux y étaient bloqués. Cette forêt est devenue un des cœurs battants de la lutte, nous y avons vécu des moments magiques, il s’y est renforcé au cours des deux dernières années un mouvement de luttes multiples, complémentaires et déterminées. Que nous habitions à Bure au quotidien, ou à mille kilomètres, que nous luttions dans des associations ou des collectifs plus informels, cette forêt nous y avons mis énormément de nous-mêmes. Partout en France et en Europe des vies s’y sont accroché-e-s de mille manières. La forêt n’est pas à nous, elle est en nous, partout. Le soir du 22 février, plus de 70 rassemblements “pour” Bure se sont organisés : c’est une première historique.
L’État n’a cessé d’insister sur la « quinzaine » d’opposants expulsé-e-s, comme toujours pour minimiser, réduire et caricaturer l’opposition. Mais le 22 février des milliers de personnes sont descendues dans la rue, à Bar-le-Duc, Nancy, Metz, Paris, Dijon, Nantes, Lyon, Blois, Albi, Mende, Leipzig, Gorleben, et des dizaines d’autres lieux. Pour accueillir cette réaction il n’y a pas de mots adéquats.
Avant l’expulsion, nous avions pensé le 3 & 4 mars comme un week-end de rencontres inter-comités et de renforcement de l’occupation. Étant donné le changement de la situation, nous avons dû réfléchir, et nous sommes toujours en train de penser à l’évolution de ce week-end. Mais plus que jamais après l’expulsion le 22 février il nous est important de nous retrouver. Le 3 & 4 mars nous voulons tenir ces discussions que nous devions avoir. Nous voulons manifester que notre détermination est intacte. Le gouvernement a cherché à dissocier le mouvement entre des « délinquant-e-s » cagoulé-e-s à expulser, et des « associations écologistes » avec qui dialoguer d’urgence. Le seul dialogue que nous réclamons, c’est celui qui, entre nous, nous permet de construire une lutte large et inclusive qui dépasse les frontières de la Meuse.
Pour être parfaitement sincères, la situation que nous vivons à Bure est imprévisible. Le programme du week-end n’est pas précisément déterminé. Une partie de la journée du samedi 3 mars (de la matinée au début d’après-midi) sera consacrée aux rencontres et discussions entre comités et tous-tes celles et ceux qui veulent lutter avec Bure partout où elles et ils sont. D’ores et déjà, nous mettons en place, du mieux que nous pouvons, avec toute l’énergie que nous avons malgré tout, une logistique pour accueillir au mieux les centaines de personnes, pour assurer des cantines collectives, etc. Toute l’aide dans l’autogestion de ce moment sera fondamentale, car c’est cette autogestion qui depuis quelques années a permis de mettre en échec en partie le projet de poubelle nucléaire. Nous avons toujours dit que Bure était partout, qu’il n’y avait pas un « centre » légitime de la lutte et ses « soutiens » mais que nous luttions ensemble, partout, à notre mesure. Plus que jamais cette chaîne de solidarité et de soins est cruciale.
La suite du week-end, le samedi après-midi et le dimanche, va dépendre de nombreux autres facteurs, en particulier de la teneur du dispositif policier (répressif) qui sera déployé. Nous pensons à de nombreuses choses. Nul d’entre nous n’a envie d’un deuxième 15 août 2017, où il y a eu de multiples blessé-es dont un ami gravement touché au pied. La préfecture porterait l’entière responsabilité si elle faisait encore une fois le choix de la violence et de la brutalité, muselant ainsi la contestation qui ne cesse de grandir. Nous, nous souhaitons que lors de ce week-end tout le monde trouve sa place, peu importe son âge, son origine, ses habitudes militantes, et nous y porterons un maximum d’attention. Pour réaffirmer que la forêt est en nous.
Nous rappelons que l’Andra, dont la propriété du bois est toujours contestée en justice, n’a pas le droit de faire des travaux dans la forêt. Nous appelons donc samedi après-midi à la construction d’une vigie autour du bois Lejuc pour surveiller ses agissements. Cette vigie sera la matérialisation de notre détermination.
Nous invitons d’ores et déjà les comités de lutte existants, et tous ceux à venir, à ramener des banderoles symbolisant leurs comités, les luttes qu’ils et elles mènent ; des combinaisons blanches (“de peintre”?); des masques de hibou, de la peinture, etc… Nous appelons également à se renseigner sur la liste des besoins matériels et logistiques après l’expulsion (https://vmc.camp/2018/02/22/expulsion-bois-lejuc/ ) .
Le 3 & 4 mars, mais aussi après, nous nous retrouverons pour discuter et construire ensemble d’un bout à l’autre de la France et de l’Europe, et pour renforcer toutes les occupations et installations qui se mènent et continueront de s’ancrer sur place.
On ne nous atomisera jamais !
Signataires : Quelques hiboux de Bure et d’ailleurs, Cedra, Eodra, les Habitants Vigilants de Gondrecourt
Info : http://burestop.eu / http://vmc.camp / http://cedra52.jimdo.com
Programme
Vendredi 2 au soir
Accueil permanent dans la cuisine de la Maison de résistance de Bure (BZL) pour aider à la répartition des couchages, à l’inclusion dans les tâches d’autogestion etc. À 18h30, un premier temps d’accueil et d’information sera proposé avant de manger ! Repas servi à BZL.
Samedi 3 mars
En matinée (À Mandres-en-Barrois) :
08h30 : début du petit déjeuner
09h30 à 12h30 : rencontres intercomités et discussions entre les différents comités de lutte et les différentes personnes désireuses de soutenir la lutte à Bure.
12h30 : REPAS
Après-midi, 14h : Mandres, départ collectif de la marche vers la forêt et construction d’une vigie en lisière du bois…
Soirée !
Dimanche 4 mars : poursuite des activités du samedi !
Les différents rendez-vous :
À partir de 10h : rendez-vous à Mandres-en-Barrois pour continuer des discussions, ateliers, en fonction des envies des gentes. Possibilité de proposer tout type d’atelier durant le week-end ! Pour l’instant:
Préparation d’une saynète de théâtre sur Bure !
Discussion sur l’organisation d’un événement dans le Centre pour l’anniv de Tchernobyl fin avril début mai !
Pleins d’autres choses à proposer et imaginer !
Il y aura en parallèle du programme sans doute des quantités de choses pas annoncées, un peu de joyeux chaos, beaucoup d’improvisation. Quoi qu’il en soit, nous porterons (et vous encourageons à porter) une grande attention à ce que tout le monde puisse, au maximum, trouver une place et se sentir bien.
Nous vous attendons nombreux-euses lors de ce week-end (et avant, et après) !